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05/05/2010

André Laplante et le quatuor Alcan: l'intensité Brahms

quatuorAlcanImg.jpgSoirée formidable mardi à la salle Pierrette-Gaudreault: le Quatuor Alcan offrait trois oeuvres pour le dernier concert de la saison de l'orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et un invité de marque pour jouer avec lui la dernière oeuvre de ce dernier programme: le pianiste André Laplante (je vous envoie à un site en français, car son "official website" est uniquement en anglais... dommage!).
C'était plein ou presque: environ 230 personnes (les sièges de la partie avant n'étaient pas disponibles). Les mélomanes de la région ont reconnu un grand nom et s'y sont précipités, mais ils devraient courir aussi vite pourr assister aux concerts donnés par le quatuor Alcan seul.
Je me suis surprise à vibrer en écoutant Dmitri Chostakovitch, qui n'est pourtant pas trop dans ma palette de compositeurs. Le quatuor a livré une interprétation remarquable, fougueuse et sensible, de son quatuor no 3, composé en 1946. L'oeuvre évoque la guerre, a pris la peine d'expliquer David Ellis avant de la jouer: cela m'a aidée à comprendre et permis de saisir que les pizzicati marquaient le passage au dernier mouvement même s'il n'y avait pas eu de silence après le quatrième. J'ai adoré ça.AndrePiano.jpg
Il y a eu le Haydn, au début, le no 5 de l'opus 76 qui, dit-on, marque un sommet dans l'art du quatuor. J'ai aimé, mais je trouve cette musique un peu trop claire, trop facile. Je préfère les quatuors de Mozart et surtout de Beethoven. Mais tout de même, c'était très beau, surtout le dernier mouvement.
La pièce de résistance, c'était le quintette pour piano et cordes de Johannes Brahms, qui occupait toute la deuxième partie.

(Sur youtube ici, le troisième mouvement avec Pinchas Zukerman, Ida Kavafian, Gary Hoffman, Paul Neubauer et le pianiste David Golub, décédé en 2000, quelque temps après cette performance)

Grand musicien au sommet de son art, André Laplante se montre totalement habité par la musique tout s'exécutant avec un minimum d'effets visuels et théâtraux. Calme et serein, il regarde ses collègues avec une sorte de tendre complicité pour synchroniser les départs et arrêts, se montre très gentil avec sa tourneuse de pages qui a beaucoup d'ouvrage, car l'oeuvre dense et riche, comporte "beaucoup de notes" mais pas trop... (l’empereur Joseph II aurait dit après avoir entendu L’Enlèvement au sérail : « Trop de notes mon cher Mozart, trop de notes ! »)
johbrahms.jpgTout le monde je crois était conscient d'entendre de la grande musique et de vivre des moments exceptionnels. Des pages et des pages de passages sublimes (une belle description de l'oeuvre ici ), un défi technique pour le pianiste et les musiciens qui l'ont totalement assumé sans oublier l'essentiel: le coeur et l'âme. Bref un chef-d'oeuvre. On ne pouvait qu'écouter et se laisser emporter.
En rappel les musiciens ont rejoué un passage du quintette (3e mouvement je crois) car c'était impensable de proposer une autre oeuvre qui nous aurait sortis de ce que nous venions d'entendre.

Notes:

- Laplante et le quatuor Alcan vont jouer ce même quintette de Brahms demain (jeudi 6 mai) à l'église Unie St-James au concert d'ouverture du Festival de musique de chambre de Montréal.

- Nous sommes donc très chanceux d'avoir pu entendre cette même oeuvre ici à Saguenay, et pour un prix ridicule.

- Je trouve qu'André Laplante ressemble à Richard Desjardins, ou l'inverse. Ce sont deux grands artistes, chacun à sa manière.

- Dans son mot de bienvenue le directeur de l'Orchestre, Jocelyn Robert, a fait référence à l'espoir d'une nouvelle salle à Saguenay, des propos qui ont été chaleureusement applaudis.

- Je regrette toujours de ne trouver, sur le petit programme accompagnant les concerts de l'Orchestre du SLSJ, aucun mot sur les oeuvres jouées. Il suffit de quelques lignes parfois pour rendre une oeuvre plus accessible, pour nous préparer à l'écoute et en améliorer la qualité et l'agrément. Si on veut faire oeuvre utile, former un nouveau public en aidant les néophytes et les jeunes à comprendre ce qu'ils entendent, c'est essentiel, il me semble. Et pour les habitués, c'est une délicate attention qui fait toujours plaisir.