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19/04/2017

Marie-Ève Munger: retour aux sources

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Complètement sous le charme. Je suis rentrée comblée, émerveillée, après le superbe récital donné ce jeudi 13 avril par la soprano colorature Marie-Ève Munger à Jonquière.
Éblouissante, magnifique, une voix souple, agile, un timbre exquis, des prouesses vocales incroyables. Intensité dramatique par moments, légèreté à d'autres. Une première partie consacrée à des pièces qui l'ont incitée à entreprendre et poursuivre des études en chant classique, ainsi qu'elle les a présentées. Sérénades de R. Strauss et Schubert, Ave Maria de Schubert, Rejoice du Messie, une mélodie de Rachmaninov (très rare, un bijou!), et une valse: Il bacio (Le baiser), de Luigi Arditi.
Sa venue dans sa ville natale soulignait les 30 ans de Jeunesse en choeur la chorale fondée par sa mère Gisèle Munger, avec laquelle elle a fait ses débuts.marie-Ève munger,jeunesse en choeur,louise-andrée baril,récital,jonquière,gisèle munger
Gisèle a donc dirigé l'ensemble, formé d'enfants et d'adultes, pour l'interprétation de quelques airs, entre autres Vois sur ton chemin et Un ami dans la vie: c'était agréable et touchant.
La pianiste Louise-Andrée Baril, que tous les chanteurs s'arrachent, a fait merveille, soutenant, prenant la relève, dialoguant avec Marie-Ève: complicité extraordinaire entre ces deux interprètes unissant talent et expérience. Madame Baril a par ailleurs accompagné les choristes avec grâce et empathie.
En deuxième partie, les extraits des opéras Lakmé et Roméo et Juliette ont permis, si ce n'était déjà fait, de savourer l'immense savoir-faire et les incroyables ressources vocales et dramatiques de Marie-Ève Munger. Après une interprétation fabuleuse de l'aria Je veux vivre, elle a offert, en rappel, son grand succès: la chanson d'Olympia (extrait des Contes d'Hoffmann), extraordinaire performance que je ne me lasse jamais d'entendre chaque fois que j'assiste à un de ses concerts.
Tout s'est déroulé simplement et naturellement, et les nombreuses personnes qui étaient à la salle Pierrette-Gaudreault ont toutes, je crois, compris et apprécié cette chance que nous avions d'entendre une enfant de la région qui est applaudie sur les grandes scènes du monde.

12/04/2017

Vent et mouvement

Louise Bouchard, Valérie Milot, Jean-Michel Malouf, orchestre symphonique du saguenay-lac-saint-jean, Nicolas Gilbert, Mozart, Beethoven

Valérie Milot (photo: Krystine Buisson, Le Nouvelliste)

Nous y allions pour la Septième, bien sûr. Présentée en deuxième partie, elle m'a entièrement comblée. L'extraordinaire 2e mouvement, allegretto qui s'ouvre andante, s'amplifie, danse, marche et s'achève sur une note très douce, comme suspendue dans le temps et l'espace.
Non seulement entendre, mais voir jouer cette oeuvre géniale, observer le travail des sections et deslouise bouchard,valérie milot,jean-michel malouf,orchestre symphonique du saguenay-lac-saint-jean,nicolas gilbert,mozart,beethoveninstrumentistes, comment le relais passe des uns aux autres: un régal!
La fougue du chef qui insiste sur les passages emportés et passionnés: une fin de concert éblouissante. Le public, très nombreux, a applaudi longtemps, mais après une telle oeuvre et une telle prestation, il n'y avait pas de rappel possible, histoire de nous laisser goûter encore longtemps ce que nous venions d'entendre.
Le duo flûte et harpe, en accord avec l'orchestre, a été aussi très bien, avec cette agilité des deux musiciennes à se répondre, à reprendre chacune les mélodies et les variations du merveilleux Mozart: on entendait très bien chacun des deux instruments qui par essence ne sonnent pas très fort.
Pour la première oeuvre, c'était bien que le chef donne quelques explications  avant de la jouer, cela nous a permis de bien suivre le développement de ces notes et accords un peu étranges. Son amis Nicolas Gilbert, le compositeur de cette pièce, a aussi écrit un roman intitulé Le joueur de triangle, racontant la vie d'un musicien d'orchestre. Le personnage du chef de l'orchestre a été inspiré à l'auteur par Jean-Michel Malouf, nous soulignait ce dernier.

Concert : Vent et mouvement
Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Chef: Jean-Michel Malouf
Solistes: Valérie Milot, harpe, Louise Bouchard, flûte
Programme: Nicolas Gilbert: À l'Aube
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour flûte et harpe en do majeur KV 299
Ludwig Van Beethoven: Symphonie en la majeur no 7

Le dimanche 26 mars 2017 au Théâtre Banque nationale, Saguenay

31/03/2017

Musique d'un océan à l'autre: deux octuors

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Deux quatuors solides et expérimentés, l'un du Saguenay l'autre de Victoria en Colombie-Britannique se sont unis pour présenter deux oeuvres rarement jouées et vraiment extraordinairesquatuor saguenay,quatuor lafayette,niels wilhem gade,octuor,mendelssohn

Le Quatuor Lafayette, fondé en 1986, est le seul ensemble musical au monde à comprendre les mêmes artistes qu'à sa fondation, et ce sont quatre femmes. Le Quatuor Saguenay (anciennement Alcan) réunit quant à lui deux femmes et deux hommes.
Je ne connaissais pas du tout Niels Gade, un compositeur danois qui a parfois travaillé avec Mendelssohn.
Sa musique est intense, très belle, facile d'accès. Et l'octuor de Mendelssohn est un chef-d'oeuvre absolu.
Ces formidables musiciens ont rendu justice aux oeuvres et complètement envoûté le public réuni dans la salle du Conservatoire (à 17h pour moi, le concert fut répété à 20h).

Un son riche, des nuances infinies, un accord parfait entre tous et toutes: bonheur total, vraiment.

Interprètes: Quatuor Saguenay, Quatuor Lafayette
Programme: deux octuors à cordes
Niels Wilhem Gade op 17, Félix Mendelssohn op. 20
Le mardi 13 février 2017, à la salle Jacques-Clément du Conservatoire de Saguenay

21/03/2017

Charles-Richard Hamelin et le Quatuor Saguenay

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Charles-Richard Hamelin et le Quatuor Saguenay

Le vendredi 20 janvier 2017 au Théâtre Banque nationale de Chicoutimi

 

Superbe concert réunissant le pianiste Charles- Richard Hamelin et le Quatuor Saguenay (autrefois Quatuor Alcan). Un début un peu difficile d'accès, selon moi, avec la grande sonate no. 1 de Robert Schumann: oeuvre longue, pas toujours intéressante dans ses développements. Mais le pianiste a su trouver des accents qui accrochent, lui donner même à certains moments des couleurs qui faisaient penser au Chopin qui allait suivre. Il a su me captiver...

Puis la très connue polonaise  opus 53,  "Héroïque", de Chopin: oeuvre brillante... brillant pianiste qui l'a explorée et mise en valeur dans ses moindres nuances: merveilleux!

Le tout s'est terminé par le quintette pour piano et cordes de Brahms, où tant le pianiste que chacun des membres du Quatuor ont su faire merveille pour nous donner des moments absolument sublimes.

Article de Daniel Côté dans Le Quotidien: http://www.lapresse.ca/le-quotidien/arts/201701/21/01-506....

 

08/05/2014

NEM et réminiscences

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Ce vendredi 9 mai, le Nouvel Ensemble moderne donnera à la Maison symphonique un grand concert qui soulignera entre autres ses 25 ans d'existence. Cet orchestre de musique de chambre a été fondé par Lorraine Vaillancourt, formidable musicienne qui en assure encore aujourd'hui la direction artistique.
J'assisterai à ce concert, qui sera au coeur d'une réunion exceptionnelle, celle des élèves de Rhétorique 1964, du collège du Bon Pasteur de Chicoutimi. Je faisais partie du groupe, de même que Lorraine Vaillancourt et plus d'une vingtaine d'autres jeunes filles.

nem,montréal,nouvel ensemble moderne,lorraine vaillancourt,conventum,bon pasteur,chicoutimiÀ cette époque, Lorraine était déjà une pianiste accomplie, et déjà très engagée en musique contemporaine, tout en demeurant très discrète sur cet aspect de sa vie. Mais nous le savions, et parfois nous insistions pour qu'elle nous joue quelque chose. Alors elle s'asseyait au piano, jouait  Beethoven ou Schoenberg, tandis que nous nous l'écoutions, fascinées et vaguement jalouses de sa virtuosité.
50 ans plus tard, devenues des femmes d'âge mûr (!), des mères et des  grand-mères pour plusieurs, nous serons une vingtaine à nous retrouver à Montréal pour une série d'activités culturelles et gastronomiques, style conventum et retrouvailles. Ce sera vraiment extraordinaire d'être dans la salle avec le public pour assister au concert donné par la plus célèbre d'entre nous et son ensemble.
Auto-proclamées les Pastourelles, nous nous sommes réunies à plusieurs reprises au cours de ces 50 ans, en divers endroits: Québec, Ottawa, centres de villégiature, en souvenir de ces belles années pendant lesquelles moi et mes merveilleuses compagnes (Lorraine, Agathe, Michèle, Constance, Lise, Myriam, Line, Francine et les autres) avons franchi les étapes du cours classique, qui s'appelaient Éléments latins, Syntaxe, Méthode, Versification, Belles-Lettres, Rhétorique, Philo I et et Philo II.
Et pour souligner de façon toute particulière nos 50 ans (!), les amies de Montréal nous ont concocté tout un programme, quelque chose de vraiment spécial.

 

PS. Lorraine Vaillancourt et le Nouvel Ensemble moderne représentent, comme l'écrivait Christophe Huss dans Le Devoir samedi dernier, "25 ans de modernité qui ose". On peut lire tout l'article en cliquant ici

29/04/2014

Opéra, arias, Traviata

Je reviens sur cette magnifique Traviata que nous a offerte samedi l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour ses 35 ans. Curieusement le lendemain, les médias régionaux n'en avaient que pour un certain James Blunt qui chantait ce même soir à La Baie.
De grands noms, il y en avait aussi pourtant, au Théâtre Banque nationale. Et de la grande musique. La Traviata de Verdi est un pur enchantement musical, une succession d'arias célèbres imbriquées dans une partition pleine de pièges pour les chanteurs.

Ce drame romantique inspiré de La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils raconte comment  la courtisane Violetta Valéry tombe amoureuse d'un jeune homme, Alfredo, auquel elle renonce, et qu'elle retrouve au moment où elle est emportée par la maladie.

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Solistes, instrumentistes et choristes ont collaboré avec le maestro Jacques Clément, le metteur en scène Rodrigue Villeneuve et le chef du choeur symphonique Pierre Lamontagne pour servir au public qui remplissait la salle du Théâtre Banque nationale une version concert musicalement impeccable et dramatiquement émouvante de cette oeuvre extraordinaire.
La soprano colorature Aline Kutan fréquente Violetta depuis son adolescence, et l'aborde aujourd'hui avec la belle maturité imposée par le rôle.
Ayant totalement maîtrisé l'aspect technique de chaque mesure, elle peut maintenant se livrer, librement (sempre libera!) et avec un plaisir manifeste, à toutes les prouesses vocales imaginées par Verdi, nous éblouir et nous laisser sans voix!
Polyvalente, vous dites? Elle exulte d'abord dans la grande aria du début, È strano, et ses différents passages: Gioia et Gioire (joie et jouir!),  Fors'è lui, A quell'amorFollie! et le Sempre libera final: toujours plus vite, toujours plus haut.
Par la suite, elle sait calmer son chant et son jeu pour décrire le drame de Violetta, qui se résigne à quitter Alfredo qu'elle aime pourtant, exprimant sa douleur avec une intensité plus intérieure, rendant crédibles sa maladie et sa mort dans le superbe Addio del passato.
Le baryton Jean-François Lapointe semble parfaitement à l'aise sur cette scène qu'il habite totalement de sa présence, de sa prestance, de sa formidable voix, et remplit sans aucun problème toutes les exigences techniques et vocales de la partition.

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Conférant une certaine noblesse au changeant personnage de Giorgio Germont, le père d'Alfredo, venu implorer Violetta de quitter son fils, il nous a bercés de son timbre profond et de sa grande musicalité, d'abord dans son long et superbe duo avec Violetta-Kutan: Pura sicome un angelo, et surtout le passage ponctué d'ornements Un di, quando le veneri furent magnifiques, de même que le célèbre Di provenza il mar, chanté à son fils.

Là aussi, puissance, contrôle, agilité, émotion: la foule a fait la fête à ce grand artiste né ici. (Sur la photo ci-dessus, on le voit dans le rôle de Giorgio à l'Opéra de Francfort, avec le ténor Francesco Demuro. M. Lapointe reprendra ce rôle en 2015 au Deutsche Oper de Berlin).
Le ténor Éric Thériault possède une belle voix, bien étoffée, un timbre brillant qu'il a su mettre en valeur. Il a connu cependant quelques pénibles instants où sa voix ne sortait plus: il était souffrant m'a-t-on dit. Il s'est repris ensuite, et a assuré les beaux airs qui suivaient, mais on le sentait fragile, peut-être inquiet que le problème revienne.

Somme toute, même si c'était une version concert, l'émotion passait fort bien, grâce notamment à la discrète et efficace mise en espace de Rodrigue Villeneuve.

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L'Orchestre, placé derrière un écran transparent sur lequel étaient projetées quelques scènes de bal, de foules en Europe, et aussi des textes résumant l'action, a soutenu solidement les moindres nuances des solistes, et cela même si le chef Jacques Clément ne pouvait avoir beaucoup de contact visuel avec eux.

Il y eut bien quelques petites erreurs dans la présentation (coupe de champagne manquante, lettre apparue au mauvais moment), mais ce sont des détails mineurs, inévitables peut-être vu le peu de temps de répétition alloué à la production. Le miracle est que malgré ces contraintes, tout ait fonctionné et donné ce splendide résultat.

Chapeau donc à ces solistes exceptionnels, aux choristes, aux musiciens et à leurs chefs, qui ont su faire vivre et vibrer pour nous cette admirable musique de Verdi.

27/02/2014

Baisse de régime...

En 2013, j'ai vu beaucoup moins de spectacles, concerts et films que les années précédentes. Avec l'âge, j'hésite de plus en plus à sortir, surtout le soir, l'hiver. Et donc je n'ai pu ajouter que 23 billets à mon site Billets de concert pour l'année 2013 au Saguenay.

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Comparativement à 40 en 2012, et à mon double record: 45 en 2011 et en 2010!

Je n'ai pas l'intention de chercher à battre à nouveau mon record. Au contraire, je cible davantage mes sorties, j'ai même laissé filer plusieurs productions du Metropolitan Opera.

Cependant, j'y prends autant, sinon davantage de plaisir. Et j'apprécie toujours ma chance de pouvoir m'offrir ces sorties qui non seulement m'enrichissent l'esprit, mais me permettent de partager ce plaisir avec les autres spectateurs. Je rencontre souvent, parmi eux, des gens que je connais et que j'estime.

Je ne rédige pas toujours un billet (sur ce blogue) à propos des événements fréquentés. Il arrive que j'aime bien un spectacle ou un concert, mais que je n'aie rien de particulier à en dire.

Je me contente régulièrement d'un statut sur ma page Facebook, ou même d'une discussion avec Jack. Beaucoup moins sorteux que moi, ce dernier préfère la plupart du temps entendre mon compte rendu et l'envisager à la lumière de ses connaissances et de ses opinions.

Parfois même c'est lui qui publie sur son blogue un billet au sujet d'un truc que j'ai vu!

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Outre les spectacles vus au Saguenay, j'ai ajouté les billets d'expositions (5) que j'ai vues et de concerts (2) auxquels j'ai assisté à Montréal.

Tout cela représente un énorme travail, fastidieux et répétitif à l'occasion, beaucoup de vérifications, de corrections, de reprises.

Ce n'est jamais vraiment fini d'ailleurs. Il y a encore plusieurs corrections et modifications à apporter sur mon site Billets de concert. Mais comme je l'ai déjà écrit, cela me passionne et m'aide probablement à garder mon esprit alerte et fonctionnel.

 

 

25/09/2013

Fusion musicale

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Une sonate de Brahms merveilleusement jouée par le jeune violoncelliste Stéphane Tétreault et le pianiste Chen Zhengyu. Au deuxième mouvement (qu'on entend sur la vidéo, par Stéphane Tétreault et un autre pianiste), je remarque que le thème, joué d'abord de façon sautillante avec des notes détachées et attaquées (spiccato peut-être), est repris ensuite legato, sur des notes égales et liées entre elles. Sans doute que bien d'autres compositeurs ont utilisé ce genre de variation mais là, il m'éblouit soudain, et à chaque reprise, j'admire le contraste saisissant entre ces deux styles, qui donnent une ambiance totalement différente à la même ligne mélodique: d'abord joyeux, alerte et dansant, et ensuite langoureux et romantique.

Ce concert tout entier, présenté dimanche dernier par les Jeunesses musicales à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière, était d'ailleurs un pur joyau. J'avais vu le violoncelliste jouer à Laterrière l'an passé (voir mon billet ici). Il était déjà excellent mais depuis, il a progressé de façon remarquable, me semble-t-il. Beaucoup plus à l'aise, il fusionne davantage avec son instrument (un Stradivarius de 1707, prêté par Jacqueline Desmarais). Il joue avec tout son corps, comme dans un pas de deux, son visage est expressif, parfois extatique, comme s'il était  submergé par la beauté de ce qu'il joue.

Mais il n'oublie rien: ni les notes de ses partitions dont certaines sont d'une difficulté extrême (il joue tout de mémoire), ni le rythme (infernal à certains moments), ni la technique. Il possède tout ça à merveille. Bach, Haydn, Schubert, Saint-Saëns et Tchaïkovski sont au programme, et en rappel, la très belle Méditation de Thaïs, de Massenet.

Le pianiste est tout aussi expérimenté et talentueux. La connivence entre les deux musiciens est parfaite, c'est merveilleux de les voir et de les entendre, totalement concentrés et engagés dans leur jeu, un plaisir partagé par l'auditoire qui remplit presque tous les sièges.

29/06/2013

Dans l'arrière-cour des Violons

Il y a deux semaines, avec mon conjoint et un couple d'amis, j'ai eu la chance d'assister à un événement exceptionnel: le pianiste Marc-André Hamelin et Les Violons du Roy jouant les trois derniers concertos de Beethoven à la salle Françoys-Bernier du Domaine Forget.

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Il fallait réserver tôt car les billets pour ce concert, donné le dimanche après-midi (les mêmes musiciens avaient présenté les concertos nos 1 et 2 la veille), se sont vite envolés et je n'ai pu obtenir que des sièges disposés derrière la scène, face au public, comme en offrent quelques salles de concert.

Finalement, ces places se sont révélées les meilleures de toutes. Nous avions le privilège de voir la scène en plongée, et de tout voir. Le chef Bernard Labadie nous faisait face, donc nous pouvions observer ses moindres gestes et expressions, comprendre sa façon de communiquer subtilement avec le soliste et avec chaque section de son orchestre.

Je pouvais regarder tour à tour chaque musicien, observer le jeu de ses mains et de ses doigts, le voir tourner ses pages, nettoyer ou vérifier son instrument quand il ne jouait pas. J'ai remarqué le manège du timbaliste qui, à tout moment, posait l'oreille sur son instrument... peut-être y décelait-il quelque imperfection sonore. D'infimes détails qui n'affectent pas le son, mais qui contribuent à le créer.

Et c'était régal aussi de jeter les yeux sur Marc-André Hamelin, de suivre la course agile de ses doigts sur le clavier, de percevoir les vibrations de la musique dans ses bras et ses épaules, partageant ainsi, de façon quasi indécente, sa concentration et son bonheur de jouer.

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Cette situation nous donnait en fait un grand avantage sur les autres spectateurs qui, assis dans la salle, ne pouvaient voir tout cela que partiellement.

Le visuel s'ajoutait donc au son pour nous aider à savourer chaque instant de ce voyage exceptionnel au coeur de ces trois grands chefs-d'oeuvre. Nous pouvions même, grâce à cela, mieux comprendre la structure et l'originalité de chaque mouvement de chaque concerto.

Le numéro 3, noble et dépouillé, le numéro 4, intime et contrasté, et le numéro 5, Empereur, immense et flamboyant. Le voici, joué par Krystian Zimeerman et dirigé par Leonard Bernstein

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Avec des nuances, des cadences, des explosions sonores et des instants suspendus où s'envole, tout doucement, une seule note. Remarquables musiciens, remarquable exécution.

Merveilleux.

Pour ajouter au plaisir des sens, de délicates bouchées composées de produits du terroir charlevoisien nous furent servies à chacun des deux entractes.

J'ai été comblée à tout point de vue...

29/11/2012

La voix flûtée du souvenir

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Le programme du concert donné en mars dernier par l'Orchestre de chambre McGill à la salle Bourgie (j'ai parlé de cette salle dans mon précédent billet) annonçait, entre autres pièces de musique baroque, le concerto en sol majeur pour flautino de Vivaldi. En lisant ce titre, mon coeur s'est mis à battre. Allait-on vraiment jouer ce concerto pour flûte à bec sopranino que je connais si bien? J'avais des doutes car je ne connaissais pas le numéro de la pièce (RV 443, op. 44) et l'oeuvre est habituellement indiquée en do majeur, et non en sol.

Et pourtant oui, c'était bien elle. (Cliquer sur l'image ci-dessus pour entendre le  premier mouvement, joué par Giovanni Antonini et l'ensemble Giardino Armonico).

Que de souvenirs pour Jack et moi!

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Matthias Maute

En route pour Aix-en-Provence où nous allions étudier pendant deux ans, nous avons passé quelques jours à Paris. C'était en 1970.

Avant notre départ, nous avions acquis un lecteur de cassette. Bien que portatif,  il était de taille respectable, un peu comme un gros porte-documents qu'il fallait transporter par une courroie à l'épaule. Nous n'avions que quelques cassettes audio, achetées déjà gravées (il était difficile sinon impossible de transférer un microsillon 33 tours sur une cassette audio!). Sur l'une d'elles, il y avait ce très pur et très aérien concerto de Vivaldi.

Dans notre petite chambre au troisième étage de l'hôtel du Brésil, où il n'y avait ni radio, ni télé  (ni ascenseur, et les toilettes étaient sur le palier... mais il s'est modernisé depuis, si on en croit le site), nous avons écouté ce concerto de Vivaldi des dizaines de fois, sans jamais nous lasser. Et nous l'avons fait jouer souvent pendant tout notre séjour à Aix, même quand nous avions la télé!

Nous étions vraiment émus de le réentendre, 40 ans plus tard, à Montréal, joué à la flûte à bec sopranino par Matthias Maute. Excellent interprète, il est aussi compositeur, et le programme comprenait une de ses oeuvres, un concerto en hommage à Henry Purcell. L'autre soliste (flûte à bec et flûte traversière) était Sophie Larivière, et le concert, plutôt bon, a offert d'autres oeuvres de Vivaldi, et aussi de Télémann et Handel.

Mais c'est le concerto de Vivaldi pour flûte à bec sopranino qui nous a fait vivre les plus beaux moments de cette soirée à la salle Bourgie.