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14/02/2011

La dictature des Grammies

kentNagano.jpgLa remise des Grammy Awards est une fête américaine et anglophone, sans grand intérêt pour nous, Québécois... à moins que des Québécois gagnent des récompenses, ce qui se produit régulièrement d'ailleurs.

Les médias aujourd'hui n'en ont que pour Arcade Fire, un groupe montréalais qui a trahi ses origines pour faire de la vulgaire pop américaine (en anglais bien sûr), et qui a remporté le Grammy de l'album de l'année.

Aucun média, même la très montréalaise Presse, n'a mentionné qu'un autre Montréalais (d'adoption, comme la plupart des membres d'Arcade Fire), Kent Nagano, directeur musical de l'Orchestre symphonique de Montréal, a lui aussi remporté un Grammy dimanche, et que ce n'était même pas son premier. C'était pour le meilleur enregistrement d'un opéra, L'amour de loin, de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho (livret en français de l'écrivain libanais Amin Maalouf), pour lequel il a agi comme directeur musical et chef de l'Orchestre symphonique Deutsches de Berlin. Je ne suis pas sûre que j'aimerais beaucoup cette oeuvre, mais c'est au moins quelque chose de singulier, d'original, de créatif, qui mérite très certainement d'être souligné: rien à voir avec les ornières de la musique rock formatée et mortellement ennuyante.

C'est le pianiste Alain Lefèvre qui, au cours d'une entrevue qu'il donnait (sur un tout autre sujet) sur les ondes de CBJ, a mentionné la chose à l'animateur Jean-Pierre Girard. Ce dernier n'en revenait pas... et moi non plus, car aucun des journaux montréalais que j'ai lus n'en a parlé (Le Devoir, avec ses heures de tombée pas possibles, n'a même pas parlé des Grammies lundi, c'est peut-être remis à mardi!), ni la radio, ni la télé. Au moins, la nouvelle était sur le blogue d'Espace-Musique, ici. (On n'a pas jugé bon de demander au maestro sa réaction, mais j'imagine qui'il aurait affiché, au sujet de cette récompense, la sérénité et la retenue qui conviennent!)

Tout ce qui est anglophone, américain, et en général assez affreux, intéresse les médias de Montréal. Le moindre chanteur inconnu, le moindre groupe qui sort un premier disque ou donne un spectacle en anglais dans une salle miniature tapisse leurs ondes et leurs pages.

Tandis que parmi les artistes francophones, seuls les plus populaires  (ceux qui vendent beaucoup de disques!), semblent dignes de mention.

Colonisés, dites-vous?

(Une autre montée de lait sur le même thème, ici)

Il s'appelle Denis Gagnon

photosDenisGagnon.jpgDimanche 13 février, c'était la dernière journée de l'exposition consacrée au designer Denis Gagnon. J'ai eu le plaisir de visiter Denis Gagnon s'expose  au Musée des Beaux-Arts à Montréal en novembre dernier. J'ai trouvé fascinantes les créations de cet artiste originaire d'Alma, et qui fait vraiment sa marque, non seulement dans le milieu de la mode, mais dans le milieu de la création en général, et même auprès du public ordinaire, qui a appris à le reconnaître à ses grosses lunettes carrées. (Les photos proviennent du site du Musée des Beaux arts de Montréal).

Superbe exposition, et mise en scène extraordinaire de l'architecte Gilles Saucier, parfaitement en accord avec les pièces exposées, même si elle ne s'effaçait nullement devant elles. Pour tout dire, c'était une expérience à vivre, à voir, à entendre. Et les robes: de pures merveilles. Je ne pourrais pas les porter, mais j'admire les couleurs (noir et blanc pour celles-là), les rayures et les formes, le mélange des textures, tissu, cuir, métal.

Denis Gagnon vient de présenter à Montréal, dans le cadre de la Semaine de la mode, sa collection hiver 2011, qui, paraît-il, intègre des couleurs. (Quelques images de sa collection printemps-été 2011 au bout de ce lien.)

L'automne dernier, j'étais allée à la salle Orphée (à Jonquière) pour voir le film que lui a consacré le réalisateur Khoa Lê, intitulé Je m'appelle Denis Gagnon. Le designer était présent, ses parents aussi, de même que le réalisateur. Un parcours atypique, un homme à la fois mystérieux et intéressant. Je les ai photographiés tous les deux:

Denis Gagnon, Khoa Lê, film__________

Otto Dix

Au MBA avec mon amie Andrée, j'avais aussi visité cette fois-là l'exposition des oeuvres du peintre Otto Dix. Un artiste troublant, qui ne peint pas la beauté, mais les horreurs du monde. Il faut voir, pour comprendre. Certains artistes créent de la beauté, d'autres veulent nous donner des électrochocs en soulevant le voile sur les côtés les plus sombres de l'activité ou de la nature humaines: les deux positions sont légitimes, à mon avis, c'est au visiteur, spectateur, auditeur, de placer tout cela dans les espaces appropriés de son intelligence.

27/05/2010

Bixi mundo

Tout le monde le dit: le Bixi à Montréal, c'est génial. Et pour nous, Saguenéens, un sujet de fierté, bixiMOntreal.jpgpuisque ces vélos offerts en location libre-service sortent des ateliers de l'entreprise saguenéenne Devinci. Ce genre de système système existe depuis longtemps dans les villes d'Europe (Vélib à Paris, Bici à Barcelone, Sevici à Séville...), mais sans doute qu'il n'était pas transférable directement en Amérique, pour des raisons à la fois politiques, financières, géographiques et climatiques.

Maintenant, après avoir fait ses preuves, Bixi fait des p'tits (ou des p'xis!) et s'apprête à essaimer partout, y compris en Europe!

Il sera en effet mis en service à Londres le 30 juillet prochain, sous le nom de  London cycle hire.

velibLondres.jpg

 

bixiangl.jpgLe magazine Life en a présenté une belle série de photos il y a quelques jours, cliquez sur la vignette ci-contre pour y accéder.

 

Il ira bientôt rouler de l'autre côté de la planète, à  Melbourne en Australie, dans une belle livrée bleu électrique:

bixMelbourne.jpg

 

Et voilà, en maquette,  les jolies couleurs du bixi, baptisé niceride, qui roulera à Minneapolis (et dans plusieurs autres villes du Minnesota):

bixMinneapolis.jpg

Washington et ses environs auront des bixis dès cet automne, et Boston a également signé un contrat pour ce système de vélos urbains.

Bixi roule depuis l'an dernier  à Ottawa et à Toronto, et si je ne me trompe pas, il y porte les mêmes couleurs qu'à Montréal.

16/04/2010

Vies éphémères

grandMormon.jpg

Il y a déjà presque deux mois, je suis allée, avec mon amie Andrée, voir les Papillons en liberté au Jardin botanique de Montréal. Cela veut dire que, sauf pour quelques espèces comme les monarques, les papillons que j'ai vus alors sont aujourd'hui morts et remplacés par d'autres qui sont sortis de leur cocon depuis. C'est le cycle de la vie, et celle des papillons est particulièrement brève: en moyenne un mois, mais seulement 24 heures pour certaines espèces.

J'adore en général visiter les serres du Jardin botanique quand le froid souffle dehors, j'en ai déjà parlé à quelques reprises sur ce blogue, notamment ici, et j'ai placé un un album photo dans la colonne de droite.

Visiter ces papillons (qui sont là jusqu'au 25 avril) est une expérience tout à fait extraordinaire. D'habitude j'y vais seule, cette fois j'étais avec une amie, on a pu échanger nos impressions, c'était merveilleux.

J'ai pris quelques vidéos avec mon appareil photo, elles ne sont pas terribles, je vous dirige donc vers celle du jardin botanique, elle est vraiment meilleure.

La photo du haut (empruntée au site Web du Jardin botanique) montre un grand mormon (papilio memnon) le plus grand des papillons présentés là. Il possède une vision en couleurs très spécialisée et un vol de grande précision.

Et voici un morpho bleu:

morphoBleu.jpg

Et la question que tout le monde se pose:

QUE FAIT-ON AVEC LES PAPILLONS À LA FIN DE L’ÉVÉNEMENT?

Voici la réponse, trouvée sur le site:

"Plusieurs papillons ayant terminé leur vie au cours de l’événement sont récupérés pour les besoins éducatifs de l’Insectarium. Les papillons vivants sont pris un à un, puis expédiés vers d’autres volières en activité. Cette année, les papillons seront acheminés au Jardin botanique du Nouveau Brunswick. Ils feront ce voyage dans des petites enveloppes à papillon nommées «papillotes» afin de ne pas perdre leur énergie et ne pas endommager leurs ailes. Les œufs et les chenilles seront quant à eux envoyés en Ontario, à Niagara ou à d’autres éleveurs."

 

03/03/2010

Saguenay Montréal et vice-versa

La semaine dernière,  j'ai assisté à un concert de l'Orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Kent Nagano à la Place des Arts. Le soliste invité, Vadim Repin, violoniste assez réputé natif de Sibérie, jouait le concerto de Beethoven. Une oeuvre que je connais fort bien et que je me réjouissais d'entendre en concert.
J'ai eu un gros doute pendant le premier mouvement: je me suis demandé si le soliste était vraiment, totalement engagé dans ce qu'il faisait, ou s'il jouait sur le pilote automatique. En plus, il s'est vadimRepin.jpg emmêlé les doigts à quelques reprises, ce qui en soi n'est pas trop grave, quand l'âme y est. Les critiques de Montréal ont été très durs, à son endroit, surtout Christophe Huss, du Devoir.
Pour ma part, après la déception causée par le premier mouvement, qui en plus m'a semblé bien trop lent, j'ai fort apprécié  les deuxième et troisième, même si j'ai continué à douter de la sincérité du soliste. Malgré quelques difficultés de kentNagano.jpgcommunication  entre ce dernier et le chef, l'orchestre m'était agréable à entendre et m'a semblé impeccable.
Le vendredi précédent, l'OSM et Nagano avaient joué le même programme, donc ce même concerto de Beethoven,  au Palais Municipal à La Baie, sauf que le soliste était Andrew Wan, le violon solo de l'OSM, qui a peut-être mieux fait que Repin après tout, mais je ne l'ai pas entendu.

En deuxième partie, la symphonie nº 1 de Brahms, que j'ai assez appréciée, même si je ne la connaissais pas et continue à préférer la deuxième.

 

Des Saguenéens

Assise à la corbeille, j'ai pris mes jumelles et me suis amusée à repérer les cinq musiciens de l'OSM qui sont originaires du Saguenay. Celle que je connais le mieux est Marianne Dugal (photo), qui est maintenant deuxième violon solo associé. Je l'avais mariannePhoto.jpginterviewée tout de suite après sa sélection par l'OSM, alors dirigé par Charles Dutoit. Si vous voulez lire les textes que j'ai écrits à cette occasion, suivez ce lien. (Sa situation a changé depuis, je crois qu'elle a au moins un enfant).
Il y a aussi le violoncelliste Sylvain Murray (frère de la pianiste Sandra Murray), qui a commencé très jeune à jouer pour l'orchestre symphonique régional et est passé par les Violons du Roy avant de se retrouver à l'OSM. Je l'ai interviewé et suis allé l'entendre en concert plusieurs fois, dont celle-ci.
J'ai vu aussi le corniste Jean Gaudreault. C'est le fils de Gabrielle et Yvon Gaudreault. Je me souviens vaguement l'avoir interviewé (ça doit faire plus de 30 ans), mais je me rappelle qu'il avait été sélectionné pour l'OSM en même temps qu'un autre musicien du Saguenay, un hautboïste... dont j'ai oublié le nom!
Enfin je connais bien le nom, mais pas la personne du flûtiste Denis Bluteau, qui a quitté la région depuis longtemps, et je ne connais pas du tout le clarinettiste Alain Desgagné, qui a étudié et fait carrière dans l'Ouest avant de se joindre à l'OSM il y a neuf ans.

 

Une centenaire

La présentatrice de la soirée du 24 février a souligné la présence dans la salle d'Aline Séguin, une dame de 105 ans qui avait manifesté le souhait d'entendre Nagano et l'OSM. Cette charmante histoire est racontée ici.

 

18/08/2009

Beethoven version Tremblay

jPhilTremblayReduc.jpgPendant que la foule se pressait et se compressait sur les sites des deux cent mille festivals qui se déroulent à Montréal pendant l'été,  je me suis rendue dans la métropole  (pendant la tenue de deux obscurs festivals que j’ai  volontairement ignorés) pour entendre deux concerts où il n’y avait pas foule, mais qui m’ont entièrement comblée: le chef natif de Chicoutimi Jean-Philippe Tremblay (bonne interview accordée à Nathalie Petrowski, de La Presse) et l’Orchestre de la Francophonie canadienne qu’il dirige depuis sa fondation en 2001 présentaient les neuf symphonies de Beethoven en quatre concerts, à la salle Pierre-Mercure. L'OFC avait  présenté ces mêmes symphonies en juillet au Palais Montcalm de Québec, où elles ont été captées en vue d’une publication sur CD (détails de ce projet ici).
J’aurais bien aimé assister aux quatre concerts, mais c’était impossible pour diverses raisons. Donc j’ai entendu le premier concert, symphonies 1, 2 et 3 (l'Héroïque), et le troisième, symphonies 6 et 7. Il y a quatre ans, le chef Yannick Nézet-Séguin avait proposé lui aussi les neuf symphonies avec son Orchestre métropolitain à la Place des Arts , et j’avais pu toutes les entendre. J’en ai parlé ici et là.
Les interprétations proposées par Jean-Philippe Tremblay étaient magnifiques, meilleures, à mon sens, que celles de YNS, même s’il y a eu davantage d’erreurs techniques chez les musiciens, mais c’est pardonnable compte tenu de leur jeunesse et si on met dans la balance leur dynamisme et le haut niveau de qualité qu’ils ont d’ores et déjà atteint. (Jack a parlé de ces concerts sur son blogue, ici.)beethoven.jpg

J’ai été agréablement surprise et complètement conquise par la lecture qu’a faite le jeune maestro de ces oeuvres que j’aime depuis toujours (j'expliquerai pourquoi dans une prochaine note):  interprétation dynamique, survoltée même à certains moments, passionnnée et passionnante. Après la dernière note de la première symphonie, la plus réussie à mon avis de celles que j’ai entendues, même si les autres l’étaient aussi, le public, très peu nombreux ce premier soir, était complètement soufflé. (Sur Youtube, cette symphonie no.1 dirigée par Herbert Von Karajan, (photo du bas) qui adopte un tempo très lent dans le premier mouvement.)

Il y a eu aussi des moments plus calmes, magnifiques de fluidité et d'harmonie, par exemple les premier et dernier mouvements de la sixième, la Pastorale, où on entendait bien le texte et les sous-textes,  les mélodies superposées et alternées avec clarté dans un équilibre parfait. Beethoven avait un sens de la composition exceptionnel, et c'est fabuleux quand on peut littéralement le percevoir dans le jeu d'un orchestre en direct.

Et puis les deux marches funèbres, soit le deuxième mouvement de  la troisième, et  celui, sublime, de la septième symphonie:  majestueux, prenants, et en même temps rendus avec simplicité et retenue: de la pure beauté.

karajanNB.jpgJ’ai apprécié chaque seconde de ces deux concerts, les jeunes musiciens ont bien suivi le chef, malgré quelques hésitations et quelques couacs venant des cors, mais on en entend aussi chez des orchestres bien plus aguerris.

 

En somme, j’ai trouvé là tout ce que j’attends d’une prestation publique.
Là est mon plaisir...

et les festivals peuvent aller se rhabiller, ou, s’ils préfèrent, s’arracher mutuellement la tête...

24/09/2008

Manger au musée

larrivage.jpg

À Montréal, au début de l’été, je suis retournée dans les bistrots que j'aime bien, situés dans les musées. J’apprécie particulièrement L’Arrivage,   au musée Pointe-à-Callière. (Merveilleux musée aussi dont j'ai déjà parlé).
Ouvert seulement le midi, en semaine pour les travailleurs et gens d’affaires, et le dimanche pour les groupes qui veulent fêter et les touristes. Sur la table d’hôte, en fin de semaine, il y a deux plats de style petit déjeuner ou brunch; j’ai pris des oeufs bénédicte, excellents, mon conjoint a mangé du merlin, après une soupe de style bisque de homard. Et un petit trio de mousses et gâteau pour dessert. Avec une demi-bouteille de vin blanc. La nourriture excellente et raffinée, le service attentif et le prix plus que raisonnable font de ce resto l’un des secrets les mieux gardés en ville.
Par les larges fenêtres de la salle à manger, au deuxième étage du musée, on a une vue extraordinaire sur le port et les environs.
J’y suis allée notamment le dimanche du Grand Prix de Montréal, on entendait les vroum-vroum au loin sur le circuit Gilles-Villeneuve, tandis que des escadrilles sillonnaient le ciel.derDerAlfred.jpg
À l’étage supérieur, une galerie qui fait le tour de l’édifice permet d’observer les principaux sites et monuments du vieux-Montréal (par exemple l’édifice Alfred, sur la photo).
Il y a aussi le Café des Beaux-Arts,  au musée du même nom. Un peu moins raffiné, et pas mal plus cher que l’autre, celui-ci a aussi son cachet: on s’assoit le long des grandes vitrines par lesquelles on peut observer les autres sections du musée: le hall d’entrée, les escaliers, les gens qui circulent. Ambiance agréable, un endroit à découvrir.
Et une découverte pour terminer: Caf & Bouffe,  un petit resto de quartier sur Villeray. Les plats sont simples et délicieux, la carte offre un excellent choix, les pâtes sont à l'honneur,  le tout à un prix très raisonnable. On apporte son vin, il faut payer comptant et, comme il y a peu de places, il vaut mieux réserver.