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06/11/2012

Attachons le p'tit !

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Le plus plus jeune frère de mon père déménage bientôt à Lévis, en face de Québec. Il retourne donc sur la Rive-Sud, où il a passé la plus grande partie de sa vie, y compris son enfance à Saint-Roch des Aulnaies. Mon père, qui est l'aîné de huit frères et soeurs, a suggéré à son cadet de rechercher, à Lévis, l'emplacement de la maison où ont vécu leurs grandes-tantes, soeurs de leur grand-père.

Ces deux femmes étaient donc les tantes de mon grand-père Lucien. Celui-ci, se souvient mon père, évoquait souvent un événement qui l'avait fortement impressionné quand, enfant, il avait séjourné pendant une semaine chez ses deux tantes. C'était en 1903 ou 1904, au moment où les tramways commençaient tout juste à circuler à Lévis, une nouveauté qui faisait bien peur aux gens de l'endroit.

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Alors quand mon grand-père, qui avait tout de même sept ou huit ans, allait jouer dehors, ses tantes l'attachaient dans la cour comme s'il avait été un bébé de deux ans, pour l'empêcher d'aller dans la rue et de se faire frapper par un tramway!tramway,lévis,grand-père,pelletier

Mis en service en 1903, quelques années après la disparition de celui de Québec (qui avait d'ailleurs fait long feu), le tramway de Lévis a roulé jusqu'en 1946, ce qui représente une surprenante longévité.

Et quand on lit son histoire (j'avais placé ici un lien qui n'existe plus malheureusement), on comprend la réaction des tantes de mon grand-père: il y a eu un nombre incroyable d'accidents plus ou moins graves impliquant des passagers, des piétons, des enfants, des cheveaux, des ivrognes, plus une grève, du vandalisme, des attentats...

28/10/2012

Attention! chute de géants

Dans la forêt sans heures
On abat un grand arbre.
Un vide vertical
Tremble en forme de fût
Près du tronc étendu.

Cherchez, cherchez oiseaux,
La place de vos nids
Dans ce haut souvenir
Tant qu'il murmure encore.

(Jules Supervielle)

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Ces deux grands ormes qui ont grandi à Arvida, en face de chez moi, furent abattus la semaine dernière. Voisins de celui dont j'ai parlé ici l'an dernier, ils étaient aussi atteints par la maladie hollandaise de l'orme. C'est la Ville de Saguenay qui désigne les arbres à abattre et qui effectue le travail.

Cette maladie cause tellement de ravages qu'il est même interdit de les récupérer pour en faire du bois de chauffage. Ils sont passés à la machine, réduits en poussière. Cliquez l'image ci-dessous pour voir la chute de l'un d'eux.

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L'image suivante pourrait s'intituler "Après le massacre". Mais celui-ci n'était pas terminé puisque les deux autres ormes que j'ai photographiés encore debout, de part et d'autre de la maison de droite, ont subi le même sort quelque temps après.

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Pour terminer, voici un sonnet de Pamphile Lemay:

À un vieil arbre


Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t'ai vu, n'est-ce pas? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l'orage avait un noble geste,
Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.

D'autres, autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste;
Et toi-même, aujourd'hui, sait-on ce que tu fus?

O vieil arbre tremblant dans ton écorce grise!
Sens-tu couler encor une sève qui grise?
Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés?

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,
Et, pour tromper l'ennui dont ma pauvre âme est pleine,
J'aime à me souvenir des nids que j'ai bercés.

 

19/10/2012

Deux sites, deux styles

Musée du Fjord, maison des bâtisseurs, Alma, La Baie, musées, site historique, histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean. multimédia

Au cours de l'été, j'ai assisté à deux présentations multimédia offertes par deux musées qui font connaître l'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Fort intéressants, les deux documents sont aussi très différents dans leur conception, leur style et le genre d'expérience offert aux visiteurs.

Au Musée du Ford à La Baie (c'est lors d'une balade à vélo que j'ai pris cette photo où on aperçoit l'arrière du bâtiment ainsi que l'église St-Alexis), le spectacle s'intitule Voyage au coeur du fjord du Saguenay. Le spectateur s'installe confortablement dans un siège moulé où il peut ajuster son angle de vision, ses écouteurs, choisir sa langue, pour un fabuleux voyage dans l'espace-temps, qui se déroule sur plusieurs écrans. Le document, très bien fait et de grande valeur, offre des images magnifiques qui retracent la naissance, l'histoire, la géologie du fjord du Saguenay. Grâce à des effets visuels et sonores et à des illusions d'optique, on éprouve des sensations physiques assez fortes: on survole, on plane, on accélère, on monte ou on descend, on plonge au fond des eaux. Le rythme calme et progressif nous laisse le temps d'éprouver chaque sensation et d'assimiler ce qui est montré. C'est une expérience en profondeur, contemplative. Une ambiance presque zen, je dirais.

À l'Odyssée des bâtisseurs à Alma, c'est tout le contraire: le document trépidant, agité et survolté s'intitule fort justement  Aquavolt. Vous pouvez en avoir une bonne idée en visionnant la vidéo ci-dessous.

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Il faut d'abord parcourir une partie du parc thématique pour se rendre à l'ancien château d'eau, où on est accueilli par le Professeur, un savant fou excité et volubile qui nous fait entrer au coeur de cette enceinte métallique reconvertie en salle de projection multimédia. On s'y tient debout, à l'intérieur d'un écran circulaire (les parois du réservoir d'eau) sur lequel défilent en tous sens et à toute vitesse des images extraordinaires du lac Saint-Jean, de ses pionniers, des activités qui s'y pratiquent. (Détails très intéressant sur le projet au bout de ce lien). Le tout agrémenté de quelques stimuli sensoriels: vibrations, vrombissements, goutelettes d'eau, fumée, froid. On sort de là un peu étourdi, la tête pleine de bruit et de fureur: divertissant et instructif.

Ces deux expériences sont formidables, d'autant plus que les deux endroits offrent aussi, dansmusée du fjord,maison des bâtisseurs,alma,la baie,musées,site historique,histoire du saguenay-lac-saint-jean. multimédia une grande salle, une exposition interactive agrémentée d'artefacts, de graphiques, d'images et autres documents qui évoquent divers aspects de l'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Et cette histoire, nous pouvons en être fiers: nos ancêtres ont mené une vie très dure, sans argent, sans confort matériel, mais ils ont travaillé si fort qu'aujourd'hui, nous jouissons (pour la plupart d'entre nous du moins) d'une vie agréable, confortable, et que nous figurons parmi les sociétés les plus riches de la planète.

Remercions-les pour leur courage, leur vaillance, leur détermination et leur abnégation. Des vertus que nous avons peut-être oubliées... et  remplacées par une consommation effrénée de biens matériels. (Excusez cette petite considération morale: une fois n'est pas coutume!)

01/10/2012

De la grande visite

Grues géantes, Usine Lapointe, Rio Tinto, Arvida

Récemment, trois grues géantes étaient à l'oeuvre à l'usine Lapointe, quigrues géantes,usine lapointe,rio tinto,arvida fabrique des câbles d'aluminium. D'abord propriété d'Alcan, puis de Rio Tinto Alcan, elle a été achetée par l'Américaine General Cable (quelques détails ici et  ).

De chez moi, j'ai pu observer le grand ballet aérien qu'elles exécutaient dans le ciel. Plus de détails sur leurs travaux dans cet article du Quotidien. La vraie star, c'est la grue télescopique que l'on aperçoit sur la photo de droite, qui venait pour la première fois à Arvida: c'est "la plus grosse grue mobile hydraulique au monde". Mis en marché par le fabricant allemand Liebherr, ce mastodonte qui peut soulever une charge de 1500 tonnes a été récemment acquis par les Grues Guay au coût de 12M$.

Cet intéressant et fascinant spectacle a duré plusieurs jours. J'avais déjà observé des ouvriers qui réparaient et repeignaient l'une des quatre cheminées de l'usine Lapointe, installés dans une nacelle soulevée par une grue.

Une autre cheminée, vraiment très rouillée, fut tout simplement remplacée lors de ces travaux plus récents.

Les hommes ont travaillé longtemps à la déboulonner.

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Puis la grue a enlevé les sections une par une (j'ai raté ces moments malheureusement), avant d'en reposer des neuves. J'ai raté ça aussi, mais voici le résultat:

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Elle était la plus laide, elle est devenue la plus belle(!) Sûrement très jalouses, ses trois soeurs vont peut-être bientôt réclamer qu'on leur fasse la même opération...

23/09/2012

D'autres nous-mêmes

Festival international de la marionnette, Saguenay, Jordi Bertran, marionnette

Dernier jour du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay. Un très bel événement, que je fréquente régulièrement depuis ses débuts il y a une vingtaine d'années. J'ai vu cinq des quelque vingt spectacles du programme régulier de cette édition 2012.

Comme tant d'autres, je suis attirée et fascinée par les marionnettes, ces humains miniatures créés et manipulés par des humains.

J'admire ces artistes qui font accomplir à leurs créatures (sosies ou projections d'eux-mêmes) des gestes qui ressemblent à ceux que posent les "vrais" humains. Quand, grâce à leur habileté et à leur ingéniosité, ils  leur donnent des attitudes qui évoquent les nôtres. Quand ils les font courir, danser, rire, fuir, montrer de la peur ou de la colère. Lever le petit doigt, hausser les épaules, baisser la tête: quelle merveille que des êtres en principe inanimés puissent agir ainsi, comme nous. Nous nous projetons en eux, c'est inévitable.

L'attrait vient aussi sans doute de ce parfum d'enfance qui se dégage de toutes ces prestations. On se revoit, avec nos poupées, nos peluches, nos Barbie, nos super-héros en plastique, que nous avons manipulés en leur prêtant des sentiments et des intentions, en imaginant qu'ils nous donnaient la réplique, qu'ils nous obéissaient ou nous désobéissaient: nous leur donnions une âme, comme le font depuis des siècles les marionnettistes.

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À cet égard, les plus belles manipulations que j'ai vues cette fois étaient de trois types. Les marionnettes à gaine du Chinois Yeung Faï, (photo ci-dessus)avec son spectacle Hand Stories. Ses personnages sont de véritables oeuvres d'art, finement détaillées, qu'il fait bouger avec subtilité et réalisme.

Les marionnettes à fils du très habile Catalan Jordi Bertran (Le sens des fils) étaient aussi très intéressantes. Édith Piaf, Charlot, Ophélie, un rocker et quelques autres dansent, courent, chantent, se déplacent et vivent grâce à un imposant réseau de fils dont certains ne font bouger qu'un seul doigt. (Cliquez sur l'image du haut pour voir le numéro avec Charlot).

Et enfin le théâtre d'objets (inspiré des marionnettes à tige) du Français Christian Carrignon, qui nous offre son délicieux Théâtre de cuisine. Accroupi sous une petite table, il fait évoluer ses minuscules personnages (bouchons de liège coiffés de capsules, papillottes, pièces de monnaie), au bout de tiges qu'il fait glisser dans des fentes.

Dans les trois cas, on y croit et on s'émerveille de tant de précision et de créativité.

Mais je continue à me demander pourquoi des adultes, en principe des gens sérieux, consacrent toute leur vie à la création et à l'animation de marionnettes, à la seule fin de divertir petits et grands (c'est aussi pour gagner leur vie, mais il y a d'autres façons de le faire, moins compliquées et moins risquées).

Cela pose en fait toute la question de la nature du divertissement, du spectacle. Question à laquelle diverses réponses ont été données par nombre de philosophes et d'artistes...

01/09/2012

Ah! la lune...

Les étoiles et la lune me fascinent. J'ai maintes fois tenté de photographier cette dernière... avec des résultats décevants la plupart du temps. Quand elle brille et se détache sur le ciel noir, c'est particulièrement difficile, sinon impossible d'en obtenir une image claire et fidèle.

Mes meilleures photos de la lune, les voici. Je les ai prises récemment à la brunante, sur le mont Jacob, avec mon petit Canon.

lune,mont jacob,jonquière,cne

L'astre est un peu pâle, mais enfin, il est là.

Cette autre photo montre aussi les lumières de la ville de Jonquière au loin:

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Et enfin avec la croix du mont Jacob, sur laquelle je n'ai malheureusement trouvé aucune information:

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Je ne suis pas la seule à être fascinée par la lune. Les poètes lui ont dédié nombre d'écrits. Il y a le célèbre Clair de lune, de Victor Hugo (cliquez sur le titre pour le lire en entier) qui commence ainsi: "La lune était sereine et jouait sur les flots", ainsi que la très longue et très belle Ballade à la lune d'Alfred de Musset.

Je préfère vous citer un court et excellent texte de Goethe (même si c'est en traduction):

A la pleine lune qui se levait

Veux-tu sitôt m’abandonner ?
Tu étais si près tout à l'heure !
Des masses de nuages t'obscurcissent, ,
Et maintenant te voilà disparue.

Tu sens toutefois quelle est ma tristesse,
Ton bord surgit comme une étoile !
Tu m'attestes que je suis aimé,
Si loin de moi que soient mes amours.

Poursuis donc ta course ! Epands ta clarté
Au ciel pur, dans tout son éclat!
Bien que mon cœur souffrant batte plus vite,
Bienheureuse est cette nuit !

 

Sans oublier La Lune d'automne, une belle chanson de Michel Rivard, que vous pouvez écouter en cliquant sur cette image:

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18/08/2012

Les vertiges de Madame

Voici une autre femme qui parle, celle-là d'un unique sujet.

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Au cours du voyage en Grèce, nous participons à une excursion en autobus au Cap Sounion, à partir d'Athènes. Nous rencontrons un groupe différent de ceux que nous avons vus jusque-là. Des Québécois et des Français. Au premier arrêt, mon mari et moi nous approchons de quelques personnes parmi lesquelles nous avons cru reconnaître des enseignants, avec qui nous pourrions peut-être converser. Parmi eux, une femme, dont nous ne saurons jamais le nom.

Mais nous allons vite savoir en revanche qu'elle souffre du vertige des transports. C'est la première chose (et la seule!) qu'elle nous dit. Donc il faut qu'elle soit placée dans la première rangée quand elle voyage en autocar, sinon elle a mal au coeur et elle peut vomir. Et cela ne doit pas durer plus d'une demi-heure. Elle nous raconte toutes les occasions où des gens l'ont empêchée de s'asseoir à l'avant. Et tous les vertiges dont elle a souffert lors d'autres voyages. On se demande vraiment pourquoi elle s'obstine à voyager.
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Tout à coup, les vertiges de cette femme deviennent le sujet de l'heure, le centre d'attraction de toute l'excursion. Le magnifique temple de Poséidon, que nous allons visiter? Aucun intérêt, comparé aux vertiges de Madame! (Qui pourtant ne l'affectent pas quand elle se tient sur cette vertigineuse falaise battue par les vents...)

Avec ces autres voyageurs, nous pourrions parler de mille choses intéressantes. Quelques-uns d'entre nous s'y essaient d'ailleurs. Mais à tout moment, Madame ramène ses vertiges sur le tapis. Et son mari semble l'encourager à en parler, et nous encourager à l'écouter. Peut-être veut-il, plus ou moins consciemment, nous donner une petite idée du supplice que c'est de vivre avec une telle personne...

Je ne la connais pas et je me fous de ses vertiges. Mais comme sa voix forte et sa stature imposante lui permettent d'attirer l'attention et de monopoliser la conversation, je dois faire semblant de m'y intéresser, bien malgré moi.
Et ça finit par déteindre sur mes pensées...

Nous retrouvons en effet notre dame aux vertiges le lendemain, dans le car qui nous conduit à l'aéroport. J'évite de lui parler, mais je me prends à vérifier si elle a réussi à s'asseoir à l'avant. Et, comme le trajet est plus long que prévu pour diverses raisons, à me demander si elle va tenir le coup!


14/08/2012

Variations à Métabetchouan

"Rouler dans la nuit et dans la pluie pour aller entendre le pianiste David Jalbert jouer les Variations Goldberg au Camp musical. En pleurer tellement c'est beau. Et au retour, déguster une nectarine blanche juteuse et bien sucrée. Quelle formidable soirée!"

David Jalbert, Variations Goldberg, Camp musical du Lac-Saint-Jean, Métabetchouan

Voilà ce que j'ai écrit sur ma page Facebook vendredi dernier 10 août au retour de ce magnifique concert auquel mon conjoint et moi venions d'assister. Et voilà ce que je pourrais écrire avec encore davantage de conviction aujourd'hui, en revivant cet événement exceptionnel. David Jalbert vient tout juste d'enregistrer lesdites Variations Goldberg (il parle de ce projet sur la vidéo accessible en cliquant l'image ci-dessus) que nous connaissons si bien aujourd'hui grâce à Glenn Gould

Après une présentation brève et extrêment claire de l'oeuvre, de sa structure et du défi technique, physique et intellectuel qu'elle représente pour tout pianiste (on retrouve l'essentiel de ses propos sur la vidéo), le musicien s'est installé au piano...

Pendant plus d'une heure, les 200 personnes présentes dans la salle ont retenu ldavid jalbert,variations goldberg,camp musical du lac-saint-jean,métabetchouaneur souffle et écouté, presque autant avec les yeux qu'avec les oreilles. En effet, en plus d'entendre la beauté sonore de cette musique ainsi interprétée, on avait sous les yeux le visage expressif et concentré du pianiste, et surtout ses mains qui se promenaient sur les touches comme des ailes d'une nuée de papillons en folie.

Pas une toux, pas un déplacement de chaise pendant toute cette heure où le pianiste a découpé et soigné chacune des 30 variations de Jean-Sébastien Bach. Concentration totale de part et d'autre.

Du pur bonheur pour nous, spectateurs privilégiés. L'impression d'avoir vécu, ensemble et grâce à David Jalbert, un moment hors de l'ordinaire, hors du monde, hors du temps.

01/08/2012

Détective privé(e)

En nettoyant ma cafetière Nespresso l'autre matin, j'ai pensé qu'un détective moyennement fûté pourrait, en examinant le réceptacle où tombent les capsules après usage, faire des déductions assez précises sur nos habitudes de vie et certains de nos déplacements.

État général de la situation: nous sommes deux adultes (pour ne pas dire aînés). Chacun de nous prend un espresso (café Nespresso) après chaque repas, midi et soir. (Le matin, nous buvons du café filtre).

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Voyons un peu les différents cas de figure, soit la quantité et la couleur des capsules que notre Sherlock Holmes en résidence trouverait dans la cafetière en fin de journée.

1) Quatre capsules en tout (photo ci-dessus):  deux de teinte rouille (couleur des capsules de decaffeinato instenso), et deux d'autres couleurs. Soit deux cafés réguliers après dîner, et deux décaféinés après souper. Conclusion: ce fut une journée normale, nous étions à la maison une bonne partie du temps.

 

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2) Trois capsules: deux déca, et une d'une autre couleur (comme ci-dessus). Conclusion: soit l'un de nous était absent le midi et une partie de l'après-midi (car même quand je dîne à l'extérieur, je prends un café en revenant à la maison, si c'est avant 14 heures), soit l'un de nous (et rarement moi!) a oublié de prendre son café après dîner. Il est peu vraisemblable que ce soit de propos délibéré. (Et d'autant moins si la cafetière est encore allumée à 16 heures...)

3) Deux capsules de couleur: nous n'avons pas pris de déca, donc nous avons soupé tous les deux à l'extérieur, chez des amis ou au restaurant. 

4) Une déca et une de couleur: l'un de nous est absent pour quelques jours.

5) Aucune capsule: nous sommes partis tous les deux en voyage.

6) Plusieurs capsules (5-8), le réceptacle déborde: nous avons la visite de mon fils et de sa conjointe, qui boivent plusieurs cafés au cours de la journée, utilisant parfois deux capsules pour un seul grand latté. Ou alors (mais c'est plus rare), nous avons reçu des gens à souper et la plupart d'entre eux ont bu un espresso.

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Autres inférences possibles:

7) Si les deux capsules de couleur sont de teinte très pâle, genre beige ou rose, c'est qu'il est temps que je regarnisse le coffret. Explication: les plus pâles étant les plus faibles en caféine, nous les aimons moins et les buvons en dernier. Il ne reste donc que celles-là dans le coffret de présentation, et je devrais par conséquent en ajouter de nouvelles.

nespresso,café,détective,déduction,inférence8) Sherlock Holmes pourrait remarquer que j'ai pris ces photos entre 11h18 et 11h21 am (heures indiquées sur la cafetière Sunbeam). Si j'étais soupçonnée d'avoir commis un délit dans un autre lieu, et à cette heure-là (mais quel jour????) j'aurais un alibi!

Pour terminer, j'aime beaucoup ma Nespresso, cadeau de retraite offert il y a six ans par Jack, qui en profite bien lui aussi!  C'est le modèle Le Cube, qui n'est plus offert je crois.

Et j'adore notre espace café, aménagé lors des rénovations de la cuisine. En voici une vue d'ensemble. On n'a même pas besoin de déplacer la Nespresso pour s'en servir. Et on peut dissimuler tout ça en fermant les portes de l'armoire.

21/07/2012

Ma nouvelle amie

la fée des bois, Chicoutimi, Raoul Hunter, sculpture,

Au cours d'une belle balade en vélo jusqu'à Chicoutimi, je me suis assise sur un banc dans le petit parc triangulaire formé à la jonction du boulevard Saguenay et de la rue Racine. Tout en avalant mon sandwich au fromage et mon thé glacé, j'ai observé et photographié ma compagne: la Fée des bois.

Il s'agit d'une sculpture en aluminium réalisée en 1960 par Raoul Hunter. De retour chez moi, j'ai fait des recherches pour trouver le nom de l'artiste. En poursuivant ma recherche, j'ai réalisé que je le connaissais déjà, puisqu'il s'agit du célèbre caricaturiste au journal Le Soleil, où il a travaillé de 1956 à 1989.

Voici le socle de la sculpture:

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L'inscription est un peu difficile à lire, je la transcris fidèlement (c'est-à-dire en majuscules et sans les accents qui auraient dû normalement s'y trouver):

LA FEE DES BOIS
OPERATION CP*
1960
HOMMAGE A LA FORET

(*Opération CP: "opération conservation et protection (de la forêt)", une initiative prise à l'époque par  L’Association forestière Saguenay–Lac-St-Jean (AFSL).

Une sculpture en aluminium en hommage à la forêt, un peu étrange, non?

Ceci dit, elle est charmante, cette fée des bois. Elle se détache admirablement sur la toile de fond formée par le Saguenay, ses rives... de même que les fils électriques, le boulevard et ses voitures!

Voici une autre photo que j'ai prise: hier:

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J'ai aussi pris une photo de face, mais je vous propose plutôt d'aller voir celle, bien meilleure, qui se trouve sur le site de Raoul Hunter, ici.

J'ai trouvé deux poèmes de Victor Hugo ayant pour thème la Fée.

Le premier est lyrique et tendre:

LA FÉE


Viens, bel enfant! Je suis la Fée.
Je règne aux bords où le soleil
Au sein de l'onde réchauffée
Se plonge, éclatant et vermeil.
Les peuples d'Occident m'adorent
Les vapeurs de leur ciel se dorent,
Lorsque je passe en les touchant;
Reine des ombres léthargiques,
Je bâtis mes palais magiques
Dans les nuages du couchant.

Mon aile bleue est diaphane;
L'essaim des Sylphes enchantés
Croit voir sur mon dos, quand je plane,
Frémir deux rayons argentés.
Ma main luit, rose et transparente;
Mon souffle est la brise odorante
Qui, le soir, erre dans les champs;
Ma chevelure est radieuse,
Et ma bouche mélodieuse
Mêle un sourire à tous ses chants.
J'ai des grottes de coquillages;
J'ai des tentes de rameaux verts;
C'est moi que bercent les feuillages,
Moi que berce le flot des mers.
Si tu me suis, ombre ingénue,
Je puis t'apprendre où va la nue,
Te montrer d'où viennent les eaux;
Viens, sois ma compagne nouvelle,
Si tu veux que je te révèle
Ce que dit la voix des oiseaux.

 

et le deuxième est une fable cruelle et comique:

 

         L'OGRE ET LA FÉE

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.

Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...