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15/10/2014

La curée

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Ce qu'il reste du nid: voilà le titre que je voulais d'abord donner à ce billet, où j'aurais présenté des photos d'un nid de guêpes déserté, quelque peu abîmé par la pluie et le vent mais encore solide sur la branche du lilas japonais où la colonie avait jugé bon de le fixer.

J'ai donc pris quelques photos comme celle que vous voyez ci-dessus, et je me proposais de retourner dans ma cour arrière pour en prendre de meilleures si d'aventure le soleil daignait se montrer.

Cependant, ce n'est pas le soleil qui s'est montré, mais une corneille. Qui s'est acharnée sur ce qui restait du nid, sous le regard envieux de deux de ses congénères.

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Alors je suis passée en mode vidéo pour filmer ce qui se passait à travers la fenêtre de mon bureau (donc les sons que l'on entend sur les deux vidéos proviennent de l'intérieur de la maison: portes ouvertes ou fermées, radio (l'émission Médium Large du vendredi)). Méthodiquement, la corneille détruisait le nid avec son bec, arrachant peu à peu les fines couches de ce papier de guêpes dont il était fait.

 

Un toit sur le toit

À un moment donné en effet, le "toit" alvéolé du nid est tombé par terre, où la corneille est allée le chercher. Le tenant dans son bec, elle s'est envolée pour aller le déposer sur le toit du garage, où elle a poursuivi son oeuvre, chassant d'un coup de bec ses compagnes dès qu'elles voulaient s'approcher d'elle.

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Il est bien connu que la corneille d'Amérique s'attaque régulièrement aux nids des autres oiseaux pour dévorer leurs oeufs ou leurs petits. Mais pourquoi s'acharner sur un nid de guêpes, vide?

Cherchant une explication à cet étrange comportement, j'en ai trouvé deux:

dégustation... ou vengeance.

Dégustation si l'objet avait pour elle un délicieux goût de friandise. Vengeance s'il lui rappelait son propre nid... et son enfance malheureuse!

Je n'ai pas réussi à trancher la question...

Mais j'ai pensé qu'il fallait changer le titre que j'avais prévu pour ce billet. Emprunter un titre de Zola m'est apparu plus pertinent que de pasticher celui d'un documentaire québécois sur le Tibet.

10/08/2014

Super lune

lune, super lune

Le ciel était clair, j'ai capté, piégé cette super lune du mois d'août que je vous livre ici, pieds et poings liés, immobile et lumineuse.

lune,super lune,août 2014

Entre Jack et moi, c'était la course à qui des deux serait le premier à publier des photos de la super lune sur son blogue. C'est lui qui a gagné. Voyez ici.

lune,super lune,août 2014

C'était dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil
Dans l'ombre
Ta face et ton profil?...

N'es-tu rien qu'une boule?
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras?

Est-ce un ver qui te ronge,
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci?

Qui t'avait éborgnée
L'autre nuit? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu?

Je viens voir à la brune
Sous le clocher jauni
La lune
Comme un point sur un i.
               (Alfred de Musset)

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05/08/2014

Aluminium, pêche, golf et réminiscences

En bonne autochtone d'Arvida dont le père a travaillé pour Alcan, j'étais intéressée par l'exposition Les joyaux en aluminium présentée à la Pulperie de Chicoutimi.
Un objet en particulier m'a touchée et fascinée dans cet ensemble un peu hétéroclite de pièces en aluminium (qui proviennent de la collection française Jean Plateau et de la collection de La Pulperie-Musée régional).
Il s'agit d'un canot en aluminium confectionné en 1934 par Eddy Gagnon. Une photo montre ce grand pêcheur et chasseur devant l'Éternel avec l'un de ses fils, Jean, à l'issue d'une pêche quasi-miraculeuse: huit belles prises (brochets ou ouananiches, je ne m'y connais pas trop) enfilées sur une branche. pulperie,chicoutimi,aluminium,collection jean-plateau,eddy gagnon,hélène gagnon
Comme il est interdit de prendre des photos de l'exposition, je ne peux que vous proposer ces deux images (trouvées sur la Toile) où on aperçoit partiellement le canot en arrière-plan, derrière un heaume et derrière un buste.pulperie,chicoutimi,aluminium,collection jean-plateau,eddy gagnon,hélène gagnon

Le canot et la photo ont fait remontrer des souvenirs...

Car Eddy Gagnon était le père de mon amie et compagne de classe Hélène Gagnon, une Arvidienne qui s'est notamment distinguée par ses exploits au golf.

Le blogueur étatsunien Charlie Stewart raconte les débuts d'Hélène dans le texte qui suit (cliquez pour mieux lire):

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Il y explique notamment qu'à l'âge de huit ans, elle a commencé à frapper des balles avec trois bâtons de golf trouvés dans les équipements sportifs de ses six frères (elle avait aussi quatre soeurs!).

Son père lui a aménagé un petit parcours où des boîtes de conserve faisaient office de trous, dans le parc en face de chez elle (devenu depuis peu le parc Lévesque). Inscrite au club Saguenay d'Arvida d'abord à titre junior, elle impressionnait avec un coup de départ extraordinaire, très droit et bien plus puissant que celui de la plupart des hommes inscrits au même club.

Elle a ensuite connu une belle carrière amateur, remportant de nombreux tournois où elle a représenté successivement le Québec, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. 
Elle s'appelle maintenant Hélène Gosse (du nom de son mari australien) et vit depuis plusieurs années aux États-Unis, où elle joue encore au golf, en plus d'enseigner et d'agir comme formatrice et coach pour l'équipe de jeunes golfeuses de la Shady Side Academy de Pittsburgh.

Un coup... de circuit
Mais la force de frappe d'Hélène ne se manifestait pas seulement au golf. Dans nos parties de balle-molle, au Collège du Bon Pasteur, quand elle se présentait au marbre, un cri retentissait dans l'équipe adverse: "les filles, reculez-vous, c'est Hélène!"

Les vaches avaient beau reculer jusqu'au fin fond du champ, la balle filait toujours bien trop haut et trop loin pour qu'elles puissent l'attraper.

Hélène s'offrait à chaque fois un coup de circuit.

Un jour, elle a cogné si fort que la balle est allée fracasser une fenêtre de l'Évêché, sur le terrain voisin.

Notre mère supérieure était certes en colère, mais je crois qu'elle admirait secrètement les talents sportifs de notre compagne. Et qu'elle éprouvait une certaine fierté (bien dissimulée) en allant révéler le méfait d'Hélène aux autorités de l'Évêché.

Monseigneur s'est montré magnanime, accordant son pardon à la pécheresse... et à ses complices.

28/07/2014

Des fleurs sur la tourbe

Jolie excursion vendredi aux Jardins Scullion, situés à l'Ascension de Notre-Seigneur (ce nom étrange distingue la petite municipalité du Lac-Saint-Jean d'un autre village québécois appelé L'Ascension, situé celui-là dans la région des Laurentides).

J'y ai découvert, entre autres merveilles de la nature, une plante carnivore!

Sarracenie pourpre, jardins scullion, L'Ascension, fleur carnivore

Le guide qui conduisait notre petit groupe sur les trottoirs de bois du sentier forestier a attiré notre attention sur la sarracénie pourpre, c'est son nom.

Une plante carnivore dite passive. Autrement dit elle n'a pas à bouger pour que son piège infernal, combinant paroi verticale et cils inclinés vers le sol, emprisonne les insectes dont elle se nourrira.

Sarracenie pourpre, jardins scullion, L'Ascension, fleur carnivore

Elle est étrangement faite puisque ses feuilles (qui attrapent les insectes, au bout de la flèche blanche) poussent au ras du sol, tandis que son unique fleur (flèche bleue) s'ouvre gracieusement au bout d'une longue et mince tige.

En bas elle se nourrit, en haut, elle séduit...

Le dessin ci-contre permet de bien comprendre son anatomie.

Sarracenie pourpre, jardins scullion, L'Ascension, fleur carnivoreFascinant de penser qu'un végétal se nourrit d'animaux. Larves, insectes. Comme si l'ordre habituel était inversé.

Le guide nous a expliqué qu'il n'y aurait pas de risque à glisser un doigt dans une de ses feuilles... tout en nous déconseillant fortement de le faire...

Il y avait un grand nombre de représentantes de l'espèce dans cette tourbière au-dessus de laquelle nous marchions: c'est le milieu où elle aime s'installer et grandir.

Je vous présente une autre de mes photos, sur laquelle la fleur carnivore me semble particulièrement bien entourée: quelques petits bleuets à sa gauche, et à l'arrière, un beau plant de thé du labrador, un autre habitant des tourbières, auquel on ne cesse de découvrir de nouvelles vertus médicinales et curatives.

 

sarracenie pourpre,jardins scullion,l'ascension,fleur carnivoreVoyez encore la sarracenia purpurea, en groupe cette fois (la photo n'est pas de moi):

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Comme dirait Baudelaire:

Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli
Bien loin des pioches et des sondes;

Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans les solitudes profondes

              

 

26/05/2014

Le règne de la beauté...

Rivière Saguenay, Chicoutimi, Arvida, intercar

J'emprunte le titre du plus récent film de Denys Arcand pour vous montrer quelques nouvelles photos de la rivière Saguenay, exceptionnellement calme ce jour-là (12 mai 2014).

Rivière Saguenay, Chicoutimi, Arvida, intercar

J'ai saisi ces quelques images à travers la vitre de l'autocar qui roulait entre Chicoutimi et Arvida, dernier segment du long périple qui me ramenait à la maison après un bref séjour à Montréal.

J'avais joué le même tour aux Lacs du Parc, quelques heures auparavant.

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 Je ne me lasse jamais du Saguenay: chaque nombreux jour de ma vie où je l'ai vu, il était différent... et chaque fois magnifique. D'où le titre de ce billet.

Qui rend aussi hommage au film de Denys Arcand, que j'ai vu récemment, que j'ai plutôt aimé, et dont je reparlerai peut-être dans un prochain billet. En attendant, vous pouvez lire quelques opinions favorables:

Celle de Jack, ici

Et celle de Dominique Corneillier, particulièrement fouillée et pertinente, publiée dans Le Devoir.

Encore une photo du Saguenay:

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Et enfin celle-ci, ma préférée:

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08/05/2014

NEM et réminiscences

NEM, Montréal, Nouvel Ensemble Moderne, Lorraine Vaillancourt, conventum, Bon Pasteur, Chicoutimi

Ce vendredi 9 mai, le Nouvel Ensemble moderne donnera à la Maison symphonique un grand concert qui soulignera entre autres ses 25 ans d'existence. Cet orchestre de musique de chambre a été fondé par Lorraine Vaillancourt, formidable musicienne qui en assure encore aujourd'hui la direction artistique.
J'assisterai à ce concert, qui sera au coeur d'une réunion exceptionnelle, celle des élèves de Rhétorique 1964, du collège du Bon Pasteur de Chicoutimi. Je faisais partie du groupe, de même que Lorraine Vaillancourt et plus d'une vingtaine d'autres jeunes filles.

nem,montréal,nouvel ensemble moderne,lorraine vaillancourt,conventum,bon pasteur,chicoutimiÀ cette époque, Lorraine était déjà une pianiste accomplie, et déjà très engagée en musique contemporaine, tout en demeurant très discrète sur cet aspect de sa vie. Mais nous le savions, et parfois nous insistions pour qu'elle nous joue quelque chose. Alors elle s'asseyait au piano, jouait  Beethoven ou Schoenberg, tandis que nous nous l'écoutions, fascinées et vaguement jalouses de sa virtuosité.
50 ans plus tard, devenues des femmes d'âge mûr (!), des mères et des  grand-mères pour plusieurs, nous serons une vingtaine à nous retrouver à Montréal pour une série d'activités culturelles et gastronomiques, style conventum et retrouvailles. Ce sera vraiment extraordinaire d'être dans la salle avec le public pour assister au concert donné par la plus célèbre d'entre nous et son ensemble.
Auto-proclamées les Pastourelles, nous nous sommes réunies à plusieurs reprises au cours de ces 50 ans, en divers endroits: Québec, Ottawa, centres de villégiature, en souvenir de ces belles années pendant lesquelles moi et mes merveilleuses compagnes (Lorraine, Agathe, Michèle, Constance, Lise, Myriam, Line, Francine et les autres) avons franchi les étapes du cours classique, qui s'appelaient Éléments latins, Syntaxe, Méthode, Versification, Belles-Lettres, Rhétorique, Philo I et et Philo II.
Et pour souligner de façon toute particulière nos 50 ans (!), les amies de Montréal nous ont concocté tout un programme, quelque chose de vraiment spécial.

 

PS. Lorraine Vaillancourt et le Nouvel Ensemble moderne représentent, comme l'écrivait Christophe Huss dans Le Devoir samedi dernier, "25 ans de modernité qui ose". On peut lire tout l'article en cliquant ici

27/04/2014

Salles d'opéra...

jClement.jpg

Voir et entendre un opéra (ou un concert) dans une salle, c'est une expérience très différente de celle que l'on peut vivre quant on l'écoute au cinéma, même en direct.

J'ai vécu cette différence en une seule journée, samedi: en après-midi j'ai vu Così fan tutte de Mozart, au cinéma Jonquière en direct du Metropolitan Opera, et en soirée, j'ai assisté à La traviata, de Verdi, au Théâtre Banque Nationale.
Au-delà de la musique, de l'orchestre, du chant, que l'on peut ou non aimer, des phénomènes singuliers découlent de la présence, de la juxtaposition et de la disposition des êtres et des choses dans une salle de concert. La proximité avec les autres spectateurs, la conscience qu'ils vivent et éprouvent en même temps que soi les mêmes choses, appuyée par les applaudissements qui fusent aux mêmes moments.  Le contact direct, physique, intime, entre les artistes et le public.

La disposition des sièges, demi-cercle à l'horizontale et échelle (gradins) à la verticale, formant un entonnoir par lequel tout passe et coule vers un seul point: la scène.
(Au cinéma, quelques applaudissements timides ponctuent parfois la prestation particulièrement réussie d'un chanteur, mais le fait que les artistes soient loin et ne puissent nous entendre éteint presque toute envie de manifester notre approbation).

solistesTItre.jpg


Et quand, comme c'était le cas samedi soir au Théâtre Banque Nationale, la salle est pleine et que le concert est d'une exceptionnelle qualité, une sorte de communion spirituelle s'établit et chacun, qu'il soit sur scène ou dans la salle, est emporté, physiquement et mentalement, dans le même maelstrom, une sorte de voyage cosmique qui culmine et se termine quand éclatent les applaudissements qui font circuler les ondes de la salle à la scène, que les artistes saluent, que les spectateurs quittent leur siège, encore tout imprégnés de ce qu'ils ont entendu, vu et vécu.
Ayant vécu cela dans la salle samedi soir, j'ai prolongé le plaisir en allant voir les artistes après le concert, dans les coulisses du Théâtre Banque nationale, que je n'avais encore jamais visitées.
La suite sur Cosi et Traviata dans mes prochains billets...

02/04/2014

Nos églantines sous le vent

La brise, le frémissement, la tendre couleur, voilà qui me plaît dans ce petit film dont les stars


sont les églantines de notre jardin.

Je vous les offre comme un avant-goût du printemps à venir, cueilli dans une précédente saison.

Ces roses sauvages apparaissent bien pâles et bien fragiles, et pourtant elles nous reviennent chaque année, car quelqu'un veille sur elles avec un soin jaloux (cliquer pour voir ce qu'il en a dit!)

Mon petit film est maladroit et plein de défauts (augmentez au moins le volume pour entendre le vent tout en le regardant), mais je l'aime bien, pour son sujet bien sûr.

Et aussi pour une autre raison. C'est la première fois que je réussis à faire pivoter à la verticale une vidéo filmée à l'horizontale! À l'avenir, je saurai comment faire (avec iMovie, c'est très facile... et je suis vraiment très débutante en montage vidéo!).

églantines,jardin

Et je termine avec ce très romantique poème de Marcelline Desbordes-Valmore:

 

L'Églantine

Églantine ! Humble fleur, comme moi solitaire,
Ne crains pas que sur toi j'ose étendre ma main.
Sans en être arrachée orne un moment la terre,
Et comme un doux rayon console mon chemin.
Quand les tièdes zéphirs s'endorment sous l'ombrage,
Quand le jour fatigué ferme ses yeux brûlants,
Quand l'ombre se répand et brunit le feuillage,
Par ton souffle, vers toi, guide mes pas tremblants.

Mais ton front, humecté par le froid crépuscule,
Se penche tristement pour éviter ses pleurs ;
Tes parfums sont enclos dans leur blanche cellule,
Et le soir a changé ta forme et tes couleurs.
Rose, console-toi ! Le jour qui va paraître,
Rouvrira ton calice à ses feux ranimé ;
Ta mourante auréole, il la fera renaître,
Et ton front reprendra son éclat embaumé.

Fleur au monde étrangère, ainsi que toi, dans l'ombre
Je me cache et je cède à l'abandon du jour ;
Mais un rayon d'espoir enchante ma nuit sombre :
Il vient de l'autre rive... et j'attends son retour.

27/03/2014

Petit besoin, grande découverte

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Quand je sors pendant plus d'une heure, je dois savoir où je pourrai éventuellement faire pipi. Au Saguenay, je n'ai pas de problème: je connais toutes les toilettes publiques, je sais qu'il y en a même une à mon supermarché IGA.

Au cinéma, au spectacle, au centre commercial, et même le long de ma route quand je vais à vélo, je sais où je peux satisfaire ce fréquent besoin naturel. (Par exemple, les toilettes publiques de la place Nikitoutagan, ou encore celles du Cégep de Jonquière).

C'est aussi facile d'en trouver dans les lieux publics de Montréal: je fréquente beaucoup celles de la Place des Arts. Mais quand je vais magasiner rue Saint-Denis, entre Sainte-Catherine et Mont-Royal, c'est vraiment compliqué.

sanctuaire du saint-sacrement,mont-royal,montréal,photos,escalierÀ moins de manger au restaurant ou de m'arrêter dans un boui-boui où je dois consommer quelque chose... D'ailleurs si prends un café dans un café, j'aurai besoin de toilettes dans pas longtemps! J'aimerais bien faire cela chez Renaud-Bray, ce serait chic et disting. Mais je comprends que la librairie ne puisse procurer de telles commodités à sa clientèle, le risque de vols serait bien trop grand.

Malgré tout, j'ai déniché un endroit, l'été dernier. Je me trouvais dans le métro et savais que je ne pourrais pas me rendre à destination, c'est-à-dire à la station Jarry et marcher encore dix minutes pour aller chez mon fils. Je suis donc sortie à la station Mont-Royal et j'ai marché un peu vers l'est, pour me retrouver devant le sanctuaire Saint-Sacrement. J'étais souvent passée devant ce beau bâtiment manifestement voué au culte. Une pancarte annonçait une vente de livres: nihil obstat, une dispense pour pénétrer en ces lieux!

Je suis entrée discrètement, j'ai jeté un coup d'oeil vers ce bazar du livre, au bas de l'escalier:

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Pour ma part, j'ai plutôt monté le majestueux escalier double que voici:

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J'ai fait quelques pas dans un couloir et... bingo! des toilettes! Peut-être pas tout à fait publiques, mais néanmoins accessibles et surtout, essentielles pour moi à ce moment-là. Je n'ai pas trop pris le temps d'admirer ce sanctuaire qui venait pourtant de répondre si adéquatement à mes besoins, car je ne me sentais pas très à l'aise. J'avais l'impression d'être une intruse et je suis sortie bien vite après avoir fait mes dévotions.

Cependant mes recherches subséquentes m'ont appris des choses intéressantes au sujet de ce bel édifice. Aujourd'hui siège social des Fraternités Monastiques de Jérusalem à Montréal, il était autrefois un monastère et une église des pères du Très-Saint-Sacrement, avant de se transformer en lieu de culte de la paroisse du Saint-Sacrement, laquelle fut dissoute en 1998.

J'ai aussi trouvé une photo de la maison d'origine, achetée (en 1890) à Joseph Louis Barré pour en faire une chapelle, le premier sanctuaire d'adoration en Amérique du Nord!

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Ainsi que l'esquisse du plan de développement du monastère, fidèlement suivi si on en juge à l'aspect actuel de l'édifice.

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Pour davantage d'information sur l'histoire de ce bâtiment, cliquer ici.

Il y a là des trésors, notamment une chapelle, que je n'ai bien sûr pas vue, deux orgues, et plusieurs oeuvres d'art. Description au bout de ce lien.

Pour terminer, une photo de la chapelle, empruntée (de même que celle du double escalier, les autres photos sont de moi) au site Montréal in pictures :

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10/03/2014

Amour, prison et maths

Mon père m'a donné cet objet quand il a déménagé il y a quelque temps:

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Il l'avait reçu de sa mère, et elle-même l'avait hérité d'un parent. Dans la famille (et peut-être partout au Québec), on appelait cela le jeu du prisonnier et c'est sous ce nom que papa me l'a désigné quand, enfant, je lui ai demandé ce que c'était.

Comme on peut le voir, ce n'est pas un objet usiné: il  semble avoir été été gossé à la main,  peut-être par un forgeron. Il est beau dans sa simplicité rustique, je l'aime bien.

Il est fait de 14 tiges de métal fixées par une boucle à une bande métallique trouée. À leur autre extrémité elles se terminent par un anneau mobile enfilé (ou non) sur une double tringle. Le but du jeu est de faire glisser les anneaux hors de cette tringle, de façon à finalement séparer les deux parties horizontales. Ou encore, si elles sont séparées, à remettre à nouveau tous les anneaux sur la tringle.

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On ne peut pas glisser hors de la tringle l'anneau qui est le plus près de l'extrémité, mais uniquement celui qui est derrière le premier. Donc, pour enlever le deuxième anneau, il faut remettre le premier, puis enlever le deuxième et le premier. Pour le troisième, il faut remettre le deuxième et le premier, enlever le deuxième (en remettant le premier), enlever le premier.

Et pour le sixième, par exemple, il faut refaire tous les mouvements qu'on a faits pour enlever le premier, le deuxième et les trois autres, et pour chacun de ceux-ci, refaire également toute l'opération, et ainsi de suite.

Vous voyez le genre: un casse-tête qui demande de la patience et un temps infini.

Selon la légende québécoise, un juge fit remettre un exemplaire de ce casse-tête à un criminel qu'il venait de condamner à la prison. "Tu pourras sortir quand tu l'auras complété", dit-il à l'homme qui se mit aussitôt à l'oeuvre... et mourut néanmoins dans son cachot! D'où son nom: le jeu du prisonnier.

On le dit créé au 2e siècle de notre ère par le général chinois Chu-ko Liang (ou par un simple soldat selon une autre version) qui, au moment de partir à la guerre, le remit à sa femme pour lui permettre de se désennuyer pendant son absence!

Dans une version plus romantique, un amoureux l'offrit à sa bien-aimée en lui faisant promettre de l'aimer jusqu'à ce qu'elle ait terminé le jeu. (Très risqué, ça...)

Les Français le connaissent sous le nom de jeu du baguenaudier et les anglophones l'appellent le jeu des anneaux chinois (chinese rings). Il en existe différentes versions, comportant un nombre variable de tiges. En voici un très joli exemplaire:

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Et encore un autre:

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Et enfin celui-ci, qui ressemble beaucoup au mien, mais en plus  raffiné:

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Pour terminer, la résolution de ce puzzle peut être exprimée par une formule mathématique que l'on doit au mathématicien italien du 16e siècle Jérôme Cardan, c'est pourquoi le jeu est aussi appelé anneaux de Cardan.

Cette formule, utilisée en calcul binaire, serait donc à l'origine des calculatrices électroniques et des ordinateurs d'aujourd'hui...
Selon mes propres calculs, il me faudrait effectuer 10922 mouvements sur mon jeu du prisonnier pour le réussir en entier...