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22/09/2013

La 175: souvenirs enneigés

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Aujourd'hui 22 septembre 2013, inauguration officielle de la route 175, entre Saguenay et Québec. Boulevard Talbot, Route du Parc, route de la Réserve faunique des Laurentides, on l'avait aussi surnommée, avant sa réfection commencée il y a presque dix ans et célébrée aujourd'hui, "boulevard des coroners" tellement les accidents mortels y étaient nombreux.

route 175,parc des laurentides,réserve faunique,tempête,hiver,inaugurationJe ne vous raconte pas son histoire, vous pouvez la lire sur cette page ou ailleurs. Comme saguenéenne, je me réjouis et je profite du fruit de travaux gigantesques -et fort coûteux: une belle route à quatre voies divisées, agréable à parcourir, où les périls reliés à la traversée du parc sur une route à deux voies (collisions frontales, dépassements risqués, orignaux, camions) ont été sinon complètement éliminés, du moins considérablement réduits. Et je lève mon chapeau au petit groupe d'allumés qui, sous le nom de mouvement Accès-Bleuets, s'est battu pour l'obtenir

Bien sûr je connais des gens qui ont eu de graves accidents dans le Parc. Et des familles de victimes. Il y a eu des morts et de nombreux blessés. Ce ne fut pas mon cas, merci la vie. Mais j'ai vécu deux incidents liés à l'hiver sur ce parcours.

Le premier remonte au temps de mes études à l'Université Laval, en 1967 ou 1968.

Comme tous les jeunes Saguenéens et Jeannois qui étudiaient à Québec, je revenais aussi souvent que possible dans ma région afin d'y passer la fin de semaine (chez mes parents à Arvida). Rares étaient les étudiants qui possédaient une voiture, nous nous entassions souvent à 4 ou 5 dans un vieux bazou pour traverser la route 54, c'était son nom à l'époque.

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En pleine tempête, donc, je me retrouve assise sur la banquette arrière d'une petite voiture qui roule vers Chicoutimi. C'est le soir, il fait noir. Neige, froid, blizzard, les conditions se détériorent, on ne voit ni ciel ni terre. La conductrice est prudente et va lentement, mais rien n'y fait: l'auto dérape et se met à tourner lentement sur elle-même au milieu de la chaussée  (où heureusement il ne passe personne pendant ce temps) pour revenir à sa position initiale.

Sa position initiale? Qu'en savons-nous? Il n'y a que des arbres, de la neige, deux tronçons de route, à l'avant et à l'arrière, qui semblent parfaitement identiques. Aucun de nous cinq ne sait plus dans quelle direction se trouve le Saguenay. Après tous ces tours, nous avons littéralement perdu le nord. Nous avons dû attendre qu'une voiture passe, faire des signaux pour qu'elle s'arrête et demander notre chemin au chauffeur!

Plus de peur que de mal.

Le deuxième incident s'est déroulé en décembre 2007, alors que je prenais place avec mon conjoint dans un autobus Intercar qui nous ramenait de Québec à Saguenay. En pleine tempête, encore une fois. Un camion immobilisé occupait une bonne partie de la voie, la visibilité était nulle, le chauffeur l'a aperçu trop tard et nous l'avons percuté. Un choc, des contusions, mais rien de grave. Et pas d'attente car nous avons pu monter dans un autre autobus. Un voyage qui a duré six heures plutôt que trois. J'ai relaté notre aventure dans ce billet.

09/09/2013

Papier de noces

En faisant le tri dans ses papiers, mon père a trouvé cette facture (cliquez pour voir les détails):

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136.76$: c'est le prix qu'il a payé en 1970 pour mes noces au Manoir du Saguenay. Pour des canapés, un repas trois services avec du homard en plat principal, du champagne (Veuve Clicquot), du vin et des fleurs! Pour 18 personnes... une noce intime.

Cette somme nous paraît aujourd'hui ridicule, mais il y a 40 ans, c'était un bon prix, pour un festin de grande qualité.

Le repas s'est déroulé dans un salon privé. Bien des gens qui étaient présents ne sont plus de ce monde, dans ma famille et dans celle de Jack. C'était lui, le marié, le saviez-vous? Et nous sommes encore ensemble aujourd'hui.

Avec quelques rides de plus qu'à l'époque. Voici de quoi nous avions l'air, dans le chic décor du Manoir du Saguenay:

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10/08/2013

L'histoire du Manoir

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C'est le Manoir du Saguenay, tel que je l'ai vu hier matin, à la faveur d'une petite sortie à vélo. Cet élégant bâtiment à l'allure british a été très présent dans ma vie. Les trois maisons d'Arvida où j'ai habité enfant n'en étaient pas très loin. Quand j'étais petite, mon père m'a souvent emmenée dans les sentiers qui l'entourent, pour marcher tout en cueillant framboises, bleuets ou noisettes.  Voici une photo de moi, vers trois ans, avec le Manoir (et mon petit tricycle) en arrière-plan:

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Un peu plus tard, j'y ai passé de longues heures et j'ai parcouru tous les chemins de cette véritable forêt urbaine  à pied, en ski, à vélo. J'avais trouvé une sorte de caverne formée au creux de trois énormes rochers: j'aimais me réfugier dans ce lieu sombre et humide.

Quand j'étais ado, le Manoir s'est transformé en hôtel chic. Il y avait un restaurant, une salle de réception près de la serre, et un grill-room au sous-sol où nous allions parfois prendre un coca. Certains soirs, il y avait de la musique, on pouvait danser, mais il fallait s'habiller chic.

Puis ce fut l'époque des noces, les miennes et celles de plusieurs couples d'amis.

J'ensuite j'ai quitté Arvida pour habiter Jonquière, Aix-en-Provence et Chicoutimi, et j'ai un peu perdu de vue le Manoir.

Je l'ai retrouvé en revenant m'installer à Arvida, il y a près de 40 ans. Je ne le vois pas tous les jours, mais très souvent. Mon père habite encore tout près.

Maintenant propriété de Rio Tinto Alcan, le Manoir a encore fière allure, même si sa toiture est un peu maganée.

J'ai découvert ce matin ce panneau d'interprétation qui raconte son histoire:

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Voici d'un peu plus près les deux photos qui l'illustrent: à gauche, le Manoir tel qu'il était en 1945, et à droite, pendant sa construction en 1939:

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Et enfin, voici le texte qu'on y trouve. En cliquant sur l'image pour l'agrandir, vous pourrez le lire j'espère:

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05/06/2013

Entente cordiale à l'Aquarium

L'émission Découverte de la SRC proposait dimanche dernier un reportage (vous pouvez le revoir en cliquant ici) sur la façon dont on veille à la bonne santé des poissons, morses, phoques et autres pensionnaires de l'Aquarium du Québec.

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Puisque les morses et les phoques sont habitués de côtoyer les humains et d'interagir avec eux, pour leurs spectacles quotidiens ou lorsqu'ils reçoivent leur nourriture, les gardiens et autres responsables ont eu une idée géniale.

Au lieu d'endormir ces animaux pour que le vétérinaire puisse les examiner ou les traiter, on leur apprend à faire les gestes nécessaires à l'examen, comme s'il s'agissait d'un jeu ou d'un tour de plus. Par exemple ouvrir la gueule et se laisser toucher les mâchoires et les dents par les gardiens. Alors quand le vétérinaire veut l'examiner, le gros morse n'a aucun stress, il lui présente docilement ses babines... échappant ainsi à l'anesthésie qui aurait été autrement nécessaire.

Morses et phoques apprennent aussi à tendre et à laisser manipuler leurs palettes natatoires, à se laisser toucher le museau, à s'étendre sur le dos et permettre aux humains de leur palper le ventre. En réalité, ils s'amusent. Quel bel exemple de compréhension et de confiance réciproques.

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J'ai pensé alors que ce type d'interaction n'est sans doute pas possible avec les ours blancs qui résident à l'Aquarium. Des ours polaires? Mais oui (1). Je me suis souvenue en effet de mon étonnement quand j'ai vu ces deux grosses bêtes bêtes lors de ma visite à l'Aquarium du Québec il y a quelques années.

J'ai alors pris quelques photos: comme vous pouvez le voir, le fond de leur enclos est tapissé d'un décor peint... étrange!

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Il faisait beau et chaud, malgré quelques gros nuages menaçants. J'ai assisté au spectacle des phoques, sympathique et bon enfant: l'entente entre les animateurs et les animaux était remarquable. Des gradins où j'étais assise, j'apercevais l'autre rive du fleuve Saint-Laurent (Lévis probablement).

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J'ai aussi visité l'aquarium proprement dit, à l'intérieur du bâtiment principal, où j'ai pu sympathiser avec diverses espèces de poissons et de créatures marines.

C'est un site bien aménagé et accueillant. On peut déambuler longuement sur le terrain. Quand on lève la tête, on aperçoit la structure majestueuse du pont Pierre-Laporte. Les gens y vont surtout en famille, mais même pour une vieille dame comme moi, la visite fut fort agréable.

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(1) Quelle est la nourriture préférée de l'ours blanc? le phoque!

25/05/2013

La Reine et moi

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J'ai (ré-)écouté récemment sur TV5 un document de la série Secrets d'histoire consacré à la reine Élisabeth II d'Angleterre, qui a eu 87 ans le 21 avril dernier.

Cela m'a rappelé ma première et seule rencontre avec Sa Majesté. Oui, oui, moi, simple roturière, non seulement j'ai vu la reine en personne, mais c'est elle qui est venue vers moi, et non l'inverse. Elle s'est en effet arrêtée à Arvida, le 22 juin 1959, brève étape d'un long périple qu'elle effectuait au Canada avec son mari le duc d'Édimbourg.

J'avais 12 ans, elle en avait 33... Nous nous sommes croisées sur les terrains du Manoir du Saguenay. Il faisait beau soleil, une foule triée sur le volet était venue accueillir et applaudir le couple royal. J'étais là en ma qualité de membre des Guides de sa Majesté (Girl Guides, Guides anglaises). Une amie m'avait convaincue de joindre cette organisation un an plus tôt.

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Tout s'y passait en anglais, la religion officielle du groupe était le protestantisme, nos réunions avaient d'ailleurs lieu à l'église protestante d'Arvida. Nous lisions la biographie de Baden Powell et prêtions serment à la Reine en posant la main sur l'Union Jack (le drapeau canadien n'existait pas encore)... Et si je parle relativement bien anglais aujourd'hui, c'est en bonne partie grâce à cette expérience.

Ce jour-là au Manoir du Saguenay donc, il y a eu quelques discours officiels. Après s'être brièvement adressée à la foule, la Reine a remis une récompense à trois Guides émérites de mon groupe, un peu plus âgées que moi. Elles étaient guides depuis plusieurs années et avaient accédé au rang de "Ranger". Dans leurs rêves les plus fous, elles n'avaient sans doute jamais imaginé que Sa Majesté elle-même épinglerait à leur uniforme la médaille attestant ce statut prestigieux.

À Arvida, Élisabeth II a également visité les installations d'Alcan. L'éditorialiste Bertrand Tremblay (mon ancien patron!) a raconté cette visite dans Le Quotidien en 2011, rappelant notamment cette savoureuse anecdote:

"Comme le PowerPoint avec ses projections audiovisuelles n’existait pas encore, Alcan avait fait confectionner une cuve miniature pour bien illustrer le procédé d’électrolyse. Sans doute intimidés par la présence du couple royal, les ingénieurs et techniciens responsables de la démonstration avaient raté le coulage de cinq gros lingots. Tout se termina par quelques boutades enrobées d’éclats de rire."

Avec un brin d'humour, il soumettait aussi l'hypothèse suivante:

"J’ai la conviction, en plongeant dans mes souvenirs, qu’après avoir été conductrice d’ambulance et mécanicienne durant la guerre1939-45, la reine, encore toute jeune à l’époque, voulait profiter de son premier long séjour en Amérique du Nord pour en savoir davantage sur l’aluminerie qui avait contribué à vaincre la terrifiante machine de Hitler."

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Quand j'étais jeune, le troisième lundi de mai était un jour férié: c'était la Fête de la reine Victoria, que le Canada est le seul pays à célébrer encore aujourd'hui.

Au Québec, ce jour a été déclaré Fête de Dollard (des Ormeaux). Aujourd'hui et depuis plusieurs années, c'est la Journée nationale des Patriotes, en hommage aux héros des Rébellions de 1837-1838.

Veuillez donc m'excuser d'avoir, en ce jour, pondu un billet sur la Reine d'Angleterre!

03/05/2013

La Toile a 20 ans

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Le 30 avril 1993: naissance du réseau Internet. J'ose me vanter d'avoir été l'une des premières personnes à difuser cette information, du moins au Saguenay. En 1995, journaliste au Progrès-Dimanche, j'avais interviewé M. Roger Fong, informaticien et professeur au Cégep de Chicoutimi, qui venait de fonder une entreprise pour rendre le réseau accessible aux citoyens d'ici, comme je l'expliquais dans cet article.

Aujourd'hui, dans nos contrées, il serait difficile, impossible peut-être, de se passer de la Toile, qui se déploie sur presque tous les aspects de notre vie. Téléphones, tablettes, ordinateurs, réseau sans-fil nous relient au reste du monde.

Les logiciels et applications nous permettent de tout faire ou presque: photos, rédaction, échanges instantanés, analyse, jeu, cinéma, musique, gestion de la maison, de la ferme, de la multinationale, agendas, bases de données et... vidéos de chat: tous les domaines sont touchés et le premier venu peut créer une page web accessible et fonctionnelle.

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Comme il fallait s'y attendre, les dérives sont venues avec le développement de ce formidable outil: violation de l'intimité, diffusion de renseignements personnels, usurpation d'intentité, etc...

C'est le CERN  (devenu l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire), qui a donné le coup d'envoi en créant le premier site Internet. Il ressemblait  à ceci: www,20 ans,internet,saguenay,1995

Une page de texte (reproduite de façon incomplète ci-dessus) parsemée d'hyperliens, reconnaissables à leur couleur bleue et à leur format souligné. Pas très aguichant, non? Pourtant, l'essentiel était déjà là, comme l'explique Matthieu Dugal ici dans Lewww,20 ans,internet,saguenay,1995 Soleil.

Ce M. Roger Fong (sur lequel, malgré mes recherches, je n'ai guère trouvé d'information, peut-être un lecteur pourra-t-il me renseigner), était donc un pionnier, un visionnaire. Pas plus que moi cependant, il ne pouvait prévoir l'étendue et l'importance que prendrait ce nouveau réseau en seulement 20 ans, ni la place qu'il occupe dans nos vies aujourd'hui.

Il ne pensait pas non plus que son entreprise (appelée Internet Saguenay, je crois), dans laquelle il disait avoir investi 100 000$, lui permettrait de faire beaucoup de profit. Il n'est sans doute pas devenu millionnaire, mais peut-être que son projet a été plus rentable que prévu...

04/04/2013

Errance dans les fouilles

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Chaque fois que j'en ai l'occasion, j'aime visiter les ruines, vestiges de civilisations disparues dont plusieurs éléments physiques ou sociaux subsistent dans notre monde actuel. Avec mon conjoint (et en groupe), j'ai visité plusieurs de ces lieux, notamment Delphes, Olympie, Cnossos en Grèce, Éphèse en Turquie, Paestum et Pompéi en Italie.
Ces grands sites, à la fois archéologiques et touristiques, sont gérés et aménagés de façon à recevoir des millions de visiteurs chaque année. Je les ai tous trouvés fabuleux.
Mais j'en ai visité de plus modestes, peu connus du grand public, et qui pourtant m'ont charmée lors de mes voyages en solitaire.
Par exemple en 2002, lors d'un séjour linguistique à Alicante, en Espagne, j'ai pris un jour le bus pour me rendre au site archéologique de Lucentum, où l'on peut voir les vestiges de l'antique cité ibéro-romaine sur laquelle est érigée Alicante, à quelques kilomètres du centre de la ville.

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Après être descendue à l'arrêt que m'a indiqué le chauffeur, j'ai eu un peu de difficulté à trouver l'entrée du site. J'ai dû gravir une colline aride en plein soleil, sans être sûre que c'était le bon chemin.

Et puis oui!!! J'ai enfin aperçu le bâtiment d'accueil, où un jeune et charmant employé m'a vendu un billet et remis un plan du site en me fournissant quelques explications. En espagnol, bien sûr: j'étais justement là pour apprendre la langue.
Tous les vestiges sont à ras du sol, il ne reste aucune partie d'édifice debout. (Les colonnes et fondations que que l'on voit sur la photo ci-dessous n'y étaient pas à l'époque, si je me souviens bien). Je me suis promenée pendant près de deux heures, je n'ai vu personne sauf quelques chats paresseusement étendus sur les pierres brûlantes.

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Grâce au plan fourni, j'ai identifié les fondations des maisons, des temples, des édifices publics de cette cité, appelée aussi Tossal de Manises. Je me sentais dans un état spécial, à la fois calme et attentive à chaque détail. Hors du monde, en quelque sorte, même si, à travers les arbres entourant le site, je pouvais distinguer quelques maisons et entendre les cris d'enfants qui jouaient dehors. Car les tours d'habitation que l'on aperçoit sur la photo n'y étaient pas encore, ou en tout cas pas en si grand nombre.
Quand vint le temps de partir, j'étais tout aussi perdue qu'à l'arrivée. J'ai descendu la colline broussailleuse et fini par trouver la route, le long de laquelle j'ai marché vers un arrêt de bus, devant un café au milieu de nulle part. Je ne connaissais pas l'horaire, et craignais de devoir attendre des heures. Au moment où je songeais à entrer dans le café pour me renseigner, deux vieilles dames se sont postées non loin de moi pour attendre le bus. Ça m'a rassurée.
Quelques minutes plus tard, je montais à bord (j'avais déjà mon billet de retour), et je rentrais sans problème au centre-ville d'Alicante.
Cette belle visite m'avait comblée, et en plus, j'étais fière de m'être débrouillée pour la faire alors qu'il y avait peu de publicité visible en ville et que l'accès n'en était pas exactement facile.
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NB: J'ai la bizarre impression d'avoir déjà écrit et publié ce texte que vous venez de lire. Mais je ne le retrouve ni sur ce blogue, ni sur aucun de mes fichiers. Encore plus étrange: mon conjoint se souvient de l'avoir lu!!! Peut-être qu'on est mûrs pour le CHSLD!!!

24/03/2013

Je vous parle d'un temps...

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("Perroquet" de Djoma)

 

Dans ce billet du mois de juin dernier, je promettais la suite de l'histoire de mes débuts au journal le Soleil en 1969.

Tout intimidée, je me suis présentée à la rédaction du Soleil, rue Labrecque à Chicoutimi, pour ma première journée de travail. Pas question d'écrire tout de suite dans le journal: j'accompagnais les "vrais" journalistes à divers événements, conseils municipaux (il y en avait plusieurs, c'était avant la fusion à Saguenay), conférences de presse, faits divers. Ensuite je rédigeais (à la dactylo) un texte qui n'était pas publié, mais corrigé par le chef des nouvelles (Raynald Tremblay), qui m'expliquait ensuite le sens de ces corrections.

Un jour on m'a confié la critique d'un concert donné, si je me souviens bien, par l'Orchestre symphonique de Chicoutimi (ancêtre de notre orchestre actuel). Je l'ai rédigée le plus honnêtement possible: je m'y sentais plutôt à l'aise, même pour quelques remarques négatives, car la musique classique, c'était un peu mon domaine.

Après publication de mon article, je fus officiellement assignée aux arts (où j'ai remplacé Gilles Paradis, j'ai raconté ça ici).

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C'était en septembre 1969. Au mois de mars suivant, je me suis mariée et le patron a appliqué la convention collective dans ce cas: une semaine de congé payé à plein salaire: (98$!).

Quelques mois plus tard, je démissionnais pour aller étudier à Aix-en-Provence pendant deux ans. Quelque temps après mon retour au Québec, Le Soleil fermait sa section régionale et un groupe d'employés décidait de s'unir pour fonder un nouveau quotidien. Parmi eux, Bertrand Tremblay, un de mes anciens patrons qui m'a téléphoné pour me demander si j'étais intéressée à faire partie de l'équipe. Et comment!

Le 1er octobre 1973 paraissait la première édition de ce nouveau journal grand format: Le Quotidien. Je travaillais à la section Arts et Société avec Christiane Laforge, et nous étions bien fières des deux pages de cette première parution, pour lesquelles nous avions assumé la rédaction et le montage.

11/03/2013

Le goût retrouvé de la mélasse

Une recette de Ricardo que j'ai essayée récemment (voir note(1) ci-dessous) contenait de la mélasse. Ce n'est pas un produit que j'ai habituellement à la maison, alors j'en ai acheté un petit berlingot chez IGA.

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Comme je n'en avais utilisé qu'un quart de cuillerée à thé dans ma recette, j'ai décidé d'en prendre quelques cuillerées en guise de dessert.

Et je fus soudain submergée par un flot de souvenirs et d'idées!

- Des bouchées de pain trempées dans un mélange moitié mélasse, moitié crème à 35%: ce fut un de mes desserts favoris, depuis mon enfance jusqu'à la trentaine.
- Comme toutes les ménagères de cette époque, qui elles-mêmes suivaient la tradition de leurs aïeules, ma mère utilisait la mélasse dans plusieurs de ses délicieux desserts, comme le gâteau aux épices, et surtout les galettes au sirop: j'aimais les manger, et quand j'ai eu dix ans, elle m'a appris à les cuisiner moi-même.

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- Quand j'étais pensionnaire au collège du Bon Pasteur, à la collation de 15h30, entre la fin des cours et le début de la période d'étude, les religieuses nous offraient souvent des tartines de mélasse: des tranches de pain arrosées de mélasse, réchauffées au four, parfois enrichies de quelques noisettes de beurre.
- Aujourd'hui, plus de 50 ans plus tard, si je mangeais une telle tartine à cette heure-là, je n'aurais pas besoin, ni même envie de manger du reste de la journée. Mais comme toutes mes compagnes, l'adolescente que j'étais engloutissait une ou deux de ces tartines (avec un grand verre de lait!) et avalait néanmoins de bon appétit son souper quelques heures plus tard.
- La mélasse, malgré son aspect noir et visqueux, était d'ailleurs considérée comme un bon aliment, très nourrissant notamment parce qu'elle est une bonne source de fer et de calcium. (Le sucre qu'elle contient en grande quantité n'était pas encore démonisé!).
- Toutes les mères de famille mettaient de la mélasse dans nombre de leurs desserts, et j'imagine que c'était un "bon vendeur" à l'épicerie du coin.

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- Puis elle est tombée dans l'oubli. Des gourous ont décrété que ce n'est pas un bon produit. Ce résidu du raffinage du sucre est trop... sucré! Et on a sans doute confondu résidu et déchet. On ne trouve d'ailleurs pas le mot "résidu" sur le site de la mélasse Grandma.
- IGA offre cette seule marque, en berlingot, en demi-litre, et même en litre. Mais ces contenants occupent une toute petite place de leur section, coincés entre miel, sirop de maïs (pas mal disparu lui aussi) et confitures.

- Moi-même, j'ai cessé d'en acheter et d'en consommer, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que j'ai cessé de cuisiner des desserts.

- Alors, me demandez-vous, comment était-il, ce mélange de mélasse et de crème (15% maintenant) goûté récemment après plusieurs années de privation?

 Et je réponds: ça goûtait le ciel!

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 (1) Un chili à la dinde et au chipotle: excellent. Mais deux cuillerées à soupe de mélasse!  Il a la dent sucrée, notre chef, et moi pas, aussi j'en ai mis 1/4 de c. à thé, et c'était suffisant.

(2) En faisant des recherches sur le web, j'ai réalisé que la mélasse est à peu près inconnue en Europe (francophone du moins). Sur les forums, plusieurs internautes demandent où on peut se procurer cet ingrédient qui apparaît dans certaines recettes. Et ce sont en général des Québécois qui répondent à la question!

(3) Un quartier de Montréal (Centre-sud) était autrefois appelé le Faubourg à m'lasse. Il y a plusieurs explications possibles à ce surnom.  Voici la plus sympathique.

(4) Le 15 janvier 1919 à Boston, un accident industriel assez grave s'est produit: un énorme déversement de mélasse, relaté ici.

29/11/2012

La voix flûtée du souvenir

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Le programme du concert donné en mars dernier par l'Orchestre de chambre McGill à la salle Bourgie (j'ai parlé de cette salle dans mon précédent billet) annonçait, entre autres pièces de musique baroque, le concerto en sol majeur pour flautino de Vivaldi. En lisant ce titre, mon coeur s'est mis à battre. Allait-on vraiment jouer ce concerto pour flûte à bec sopranino que je connais si bien? J'avais des doutes car je ne connaissais pas le numéro de la pièce (RV 443, op. 44) et l'oeuvre est habituellement indiquée en do majeur, et non en sol.

Et pourtant oui, c'était bien elle. (Cliquer sur l'image ci-dessus pour entendre le  premier mouvement, joué par Giovanni Antonini et l'ensemble Giardino Armonico).

Que de souvenirs pour Jack et moi!

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Matthias Maute

En route pour Aix-en-Provence où nous allions étudier pendant deux ans, nous avons passé quelques jours à Paris. C'était en 1970.

Avant notre départ, nous avions acquis un lecteur de cassette. Bien que portatif,  il était de taille respectable, un peu comme un gros porte-documents qu'il fallait transporter par une courroie à l'épaule. Nous n'avions que quelques cassettes audio, achetées déjà gravées (il était difficile sinon impossible de transférer un microsillon 33 tours sur une cassette audio!). Sur l'une d'elles, il y avait ce très pur et très aérien concerto de Vivaldi.

Dans notre petite chambre au troisième étage de l'hôtel du Brésil, où il n'y avait ni radio, ni télé  (ni ascenseur, et les toilettes étaient sur le palier... mais il s'est modernisé depuis, si on en croit le site), nous avons écouté ce concerto de Vivaldi des dizaines de fois, sans jamais nous lasser. Et nous l'avons fait jouer souvent pendant tout notre séjour à Aix, même quand nous avions la télé!

Nous étions vraiment émus de le réentendre, 40 ans plus tard, à Montréal, joué à la flûte à bec sopranino par Matthias Maute. Excellent interprète, il est aussi compositeur, et le programme comprenait une de ses oeuvres, un concerto en hommage à Henry Purcell. L'autre soliste (flûte à bec et flûte traversière) était Sophie Larivière, et le concert, plutôt bon, a offert d'autres oeuvres de Vivaldi, et aussi de Télémann et Handel.

Mais c'est le concerto de Vivaldi pour flûte à bec sopranino qui nous a fait vivre les plus beaux moments de cette soirée à la salle Bourgie.