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05/08/2014

Aluminium, pêche, golf et réminiscences

En bonne autochtone d'Arvida dont le père a travaillé pour Alcan, j'étais intéressée par l'exposition Les joyaux en aluminium présentée à la Pulperie de Chicoutimi.
Un objet en particulier m'a touchée et fascinée dans cet ensemble un peu hétéroclite de pièces en aluminium (qui proviennent de la collection française Jean Plateau et de la collection de La Pulperie-Musée régional).
Il s'agit d'un canot en aluminium confectionné en 1934 par Eddy Gagnon. Une photo montre ce grand pêcheur et chasseur devant l'Éternel avec l'un de ses fils, Jean, à l'issue d'une pêche quasi-miraculeuse: huit belles prises (brochets ou ouananiches, je ne m'y connais pas trop) enfilées sur une branche. pulperie,chicoutimi,aluminium,collection jean-plateau,eddy gagnon,hélène gagnon
Comme il est interdit de prendre des photos de l'exposition, je ne peux que vous proposer ces deux images (trouvées sur la Toile) où on aperçoit partiellement le canot en arrière-plan, derrière un heaume et derrière un buste.pulperie,chicoutimi,aluminium,collection jean-plateau,eddy gagnon,hélène gagnon

Le canot et la photo ont fait remontrer des souvenirs...

Car Eddy Gagnon était le père de mon amie et compagne de classe Hélène Gagnon, une Arvidienne qui s'est notamment distinguée par ses exploits au golf.

Le blogueur étatsunien Charlie Stewart raconte les débuts d'Hélène dans le texte qui suit (cliquez pour mieux lire):

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Il y explique notamment qu'à l'âge de huit ans, elle a commencé à frapper des balles avec trois bâtons de golf trouvés dans les équipements sportifs de ses six frères (elle avait aussi quatre soeurs!).

Son père lui a aménagé un petit parcours où des boîtes de conserve faisaient office de trous, dans le parc en face de chez elle (devenu depuis peu le parc Lévesque). Inscrite au club Saguenay d'Arvida d'abord à titre junior, elle impressionnait avec un coup de départ extraordinaire, très droit et bien plus puissant que celui de la plupart des hommes inscrits au même club.

Elle a ensuite connu une belle carrière amateur, remportant de nombreux tournois où elle a représenté successivement le Québec, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. 
Elle s'appelle maintenant Hélène Gosse (du nom de son mari australien) et vit depuis plusieurs années aux États-Unis, où elle joue encore au golf, en plus d'enseigner et d'agir comme formatrice et coach pour l'équipe de jeunes golfeuses de la Shady Side Academy de Pittsburgh.

Un coup... de circuit
Mais la force de frappe d'Hélène ne se manifestait pas seulement au golf. Dans nos parties de balle-molle, au Collège du Bon Pasteur, quand elle se présentait au marbre, un cri retentissait dans l'équipe adverse: "les filles, reculez-vous, c'est Hélène!"

Les vaches avaient beau reculer jusqu'au fin fond du champ, la balle filait toujours bien trop haut et trop loin pour qu'elles puissent l'attraper.

Hélène s'offrait à chaque fois un coup de circuit.

Un jour, elle a cogné si fort que la balle est allée fracasser une fenêtre de l'Évêché, sur le terrain voisin.

Notre mère supérieure était certes en colère, mais je crois qu'elle admirait secrètement les talents sportifs de notre compagne. Et qu'elle éprouvait une certaine fierté (bien dissimulée) en allant révéler le méfait d'Hélène aux autorités de l'Évêché.

Monseigneur s'est montré magnanime, accordant son pardon à la pécheresse... et à ses complices.

28/07/2014

Des fleurs sur la tourbe

Jolie excursion vendredi aux Jardins Scullion, situés à l'Ascension de Notre-Seigneur (ce nom étrange distingue la petite municipalité du Lac-Saint-Jean d'un autre village québécois appelé L'Ascension, situé celui-là dans la région des Laurentides).

J'y ai découvert, entre autres merveilles de la nature, une plante carnivore!

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Le guide qui conduisait notre petit groupe sur les trottoirs de bois du sentier forestier a attiré notre attention sur la sarracénie pourpre, c'est son nom.

Une plante carnivore dite passive. Autrement dit elle n'a pas à bouger pour que son piège infernal, combinant paroi verticale et cils inclinés vers le sol, emprisonne les insectes dont elle se nourrira.

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Elle est étrangement faite puisque ses feuilles (qui attrapent les insectes, au bout de la flèche blanche) poussent au ras du sol, tandis que son unique fleur (flèche bleue) s'ouvre gracieusement au bout d'une longue et mince tige.

En bas elle se nourrit, en haut, elle séduit...

Le dessin ci-contre permet de bien comprendre son anatomie.

Sarracenie pourpre, jardins scullion, L'Ascension, fleur carnivoreFascinant de penser qu'un végétal se nourrit d'animaux. Larves, insectes. Comme si l'ordre habituel était inversé.

Le guide nous a expliqué qu'il n'y aurait pas de risque à glisser un doigt dans une de ses feuilles... tout en nous déconseillant fortement de le faire...

Il y avait un grand nombre de représentantes de l'espèce dans cette tourbière au-dessus de laquelle nous marchions: c'est le milieu où elle aime s'installer et grandir.

Je vous présente une autre de mes photos, sur laquelle la fleur carnivore me semble particulièrement bien entourée: quelques petits bleuets à sa gauche, et à l'arrière, un beau plant de thé du labrador, un autre habitant des tourbières, auquel on ne cesse de découvrir de nouvelles vertus médicinales et curatives.

 

sarracenie pourpre,jardins scullion,l'ascension,fleur carnivoreVoyez encore la sarracenia purpurea, en groupe cette fois (la photo n'est pas de moi):

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Comme dirait Baudelaire:

Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli
Bien loin des pioches et des sondes;

Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans les solitudes profondes

              

 

24/07/2014

Un direct au coeur

La Pulperie de Chicoutimi est un magnifique lieu de mémoire, d'histoire, de culture. Tous les citoyens du Saguenay-Lac-Saint-Jean devraient en être fiers, y aller régulièrement et y conduire leurs visiteurs de l'extérieur. Notre histoire y est racontée de diverses manières, par des expositions, visites et activités implantées non pas dans un décor fabriqué de toutes pièces, mais sur le site même de l'ancienne Compagnie de pulpe de Chicoutimi, un lieu où des gens d'ici ont vécu et travaillé, magnifiquement préservé, aménagé et transformé en un musée régional vivant.

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©Sarah Caron

 

Cependant, lors de ma plus récente visite, ces extraordinaires présentations à caractère régional et historique (dont je reparlerai sans doute) furent éclipsées par les photos exposées dans le  hall du bâtiment 1921 sous le titre Femmes pachtounes, des êtres de second rang. (Ces photos ont été présentées au Zoom Photo festival Saguenay en 2013)

La photographe française Sarah Caron s'est rendue dans des régions difficiles d'accès du Pakistan pour capter des images de ce peuple, en particulier des femmes.

La tribu des Pachtounes vit sous l'emprise des Talibans, au Pakistan et en Afghanistan, selon des principes cruels et archaïques, qui fait notamment des femmes des êtres à peine humains. Elles doivent obéir, se plier aux rites et traditions, travailler et demeurer aussi effacées que possible, muettes et voilées.

En plein coeur de Chicoutimi, on peut donc voir des photos troublantes du quotidien de ces femmes, de leurs filles, de leurs compagnons. Là-bas, le crime d'honneur est la règle. Par exemple, le texte qui accompagne une photo raconte qu'une jeune fille soupçonnée de fréquenter un garçon a été tuée par son frère. Sur la photo, le visage de la mère, éplorée mais impuissante face à cette coutume barbare.

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©Sarah Caron

 

Partout dans ces contrées, la misère, le dénuement. Les gens doivent ramasser les excréments des animaux pour alimenter les feux. La naissance d'un garçon est accueillie avec joie, celle d'une fille avec indifférence. Et toute leur vie, ces petites filles porteront le lourd poids de leur sexe.

Tristes regards parfois éclairés d'un peu de lumière, vies gâchées, ces gens crédules soumis à des chefs autoritaires qui abusent de leur pouvoir. J'ai reçu ces images comme un direct au coeur qui m'a rappelé à quel point je suis chanceuse et privilégiée de vivre ici, par un étrange hasard dans lequel je n'ai ni part ni mérite.

Si j'étais née là-bas, je partagerais cette vie misérable...

26/05/2014

Le règne de la beauté...

Rivière Saguenay, Chicoutimi, Arvida, intercar

J'emprunte le titre du plus récent film de Denys Arcand pour vous montrer quelques nouvelles photos de la rivière Saguenay, exceptionnellement calme ce jour-là (12 mai 2014).

Rivière Saguenay, Chicoutimi, Arvida, intercar

J'ai saisi ces quelques images à travers la vitre de l'autocar qui roulait entre Chicoutimi et Arvida, dernier segment du long périple qui me ramenait à la maison après un bref séjour à Montréal.

J'avais joué le même tour aux Lacs du Parc, quelques heures auparavant.

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 Je ne me lasse jamais du Saguenay: chaque nombreux jour de ma vie où je l'ai vu, il était différent... et chaque fois magnifique. D'où le titre de ce billet.

Qui rend aussi hommage au film de Denys Arcand, que j'ai vu récemment, que j'ai plutôt aimé, et dont je reparlerai peut-être dans un prochain billet. En attendant, vous pouvez lire quelques opinions favorables:

Celle de Jack, ici

Et celle de Dominique Corneillier, particulièrement fouillée et pertinente, publiée dans Le Devoir.

Encore une photo du Saguenay:

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Et enfin celle-ci, ma préférée:

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15/05/2014

Doux dégel

Il y a quelques jours dans le Parc des Laurentides, les beaux lacs sauvages se dégageaient lentement des glaces de l'hiver. Je les ai saisis à la dérobée, à travers la vitre de l'autocar qui me ramenait chez moi.

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Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
(Lamartine, Le Lac)

 

08/05/2014

NEM et réminiscences

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Ce vendredi 9 mai, le Nouvel Ensemble moderne donnera à la Maison symphonique un grand concert qui soulignera entre autres ses 25 ans d'existence. Cet orchestre de musique de chambre a été fondé par Lorraine Vaillancourt, formidable musicienne qui en assure encore aujourd'hui la direction artistique.
J'assisterai à ce concert, qui sera au coeur d'une réunion exceptionnelle, celle des élèves de Rhétorique 1964, du collège du Bon Pasteur de Chicoutimi. Je faisais partie du groupe, de même que Lorraine Vaillancourt et plus d'une vingtaine d'autres jeunes filles.

nem,montréal,nouvel ensemble moderne,lorraine vaillancourt,conventum,bon pasteur,chicoutimiÀ cette époque, Lorraine était déjà une pianiste accomplie, et déjà très engagée en musique contemporaine, tout en demeurant très discrète sur cet aspect de sa vie. Mais nous le savions, et parfois nous insistions pour qu'elle nous joue quelque chose. Alors elle s'asseyait au piano, jouait  Beethoven ou Schoenberg, tandis que nous nous l'écoutions, fascinées et vaguement jalouses de sa virtuosité.
50 ans plus tard, devenues des femmes d'âge mûr (!), des mères et des  grand-mères pour plusieurs, nous serons une vingtaine à nous retrouver à Montréal pour une série d'activités culturelles et gastronomiques, style conventum et retrouvailles. Ce sera vraiment extraordinaire d'être dans la salle avec le public pour assister au concert donné par la plus célèbre d'entre nous et son ensemble.
Auto-proclamées les Pastourelles, nous nous sommes réunies à plusieurs reprises au cours de ces 50 ans, en divers endroits: Québec, Ottawa, centres de villégiature, en souvenir de ces belles années pendant lesquelles moi et mes merveilleuses compagnes (Lorraine, Agathe, Michèle, Constance, Lise, Myriam, Line, Francine et les autres) avons franchi les étapes du cours classique, qui s'appelaient Éléments latins, Syntaxe, Méthode, Versification, Belles-Lettres, Rhétorique, Philo I et et Philo II.
Et pour souligner de façon toute particulière nos 50 ans (!), les amies de Montréal nous ont concocté tout un programme, quelque chose de vraiment spécial.

 

PS. Lorraine Vaillancourt et le Nouvel Ensemble moderne représentent, comme l'écrivait Christophe Huss dans Le Devoir samedi dernier, "25 ans de modernité qui ose". On peut lire tout l'article en cliquant ici

29/04/2014

Opéra, arias, Traviata

Je reviens sur cette magnifique Traviata que nous a offerte samedi l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour ses 35 ans. Curieusement le lendemain, les médias régionaux n'en avaient que pour un certain James Blunt qui chantait ce même soir à La Baie.
De grands noms, il y en avait aussi pourtant, au Théâtre Banque nationale. Et de la grande musique. La Traviata de Verdi est un pur enchantement musical, une succession d'arias célèbres imbriquées dans une partition pleine de pièges pour les chanteurs.

Ce drame romantique inspiré de La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils raconte comment  la courtisane Violetta Valéry tombe amoureuse d'un jeune homme, Alfredo, auquel elle renonce, et qu'elle retrouve au moment où elle est emportée par la maladie.

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Solistes, instrumentistes et choristes ont collaboré avec le maestro Jacques Clément, le metteur en scène Rodrigue Villeneuve et le chef du choeur symphonique Pierre Lamontagne pour servir au public qui remplissait la salle du Théâtre Banque nationale une version concert musicalement impeccable et dramatiquement émouvante de cette oeuvre extraordinaire.
La soprano colorature Aline Kutan fréquente Violetta depuis son adolescence, et l'aborde aujourd'hui avec la belle maturité imposée par le rôle.
Ayant totalement maîtrisé l'aspect technique de chaque mesure, elle peut maintenant se livrer, librement (sempre libera!) et avec un plaisir manifeste, à toutes les prouesses vocales imaginées par Verdi, nous éblouir et nous laisser sans voix!
Polyvalente, vous dites? Elle exulte d'abord dans la grande aria du début, È strano, et ses différents passages: Gioia et Gioire (joie et jouir!),  Fors'è lui, A quell'amorFollie! et le Sempre libera final: toujours plus vite, toujours plus haut.
Par la suite, elle sait calmer son chant et son jeu pour décrire le drame de Violetta, qui se résigne à quitter Alfredo qu'elle aime pourtant, exprimant sa douleur avec une intensité plus intérieure, rendant crédibles sa maladie et sa mort dans le superbe Addio del passato.
Le baryton Jean-François Lapointe semble parfaitement à l'aise sur cette scène qu'il habite totalement de sa présence, de sa prestance, de sa formidable voix, et remplit sans aucun problème toutes les exigences techniques et vocales de la partition.

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Conférant une certaine noblesse au changeant personnage de Giorgio Germont, le père d'Alfredo, venu implorer Violetta de quitter son fils, il nous a bercés de son timbre profond et de sa grande musicalité, d'abord dans son long et superbe duo avec Violetta-Kutan: Pura sicome un angelo, et surtout le passage ponctué d'ornements Un di, quando le veneri furent magnifiques, de même que le célèbre Di provenza il mar, chanté à son fils.

Là aussi, puissance, contrôle, agilité, émotion: la foule a fait la fête à ce grand artiste né ici. (Sur la photo ci-dessus, on le voit dans le rôle de Giorgio à l'Opéra de Francfort, avec le ténor Francesco Demuro. M. Lapointe reprendra ce rôle en 2015 au Deutsche Oper de Berlin).
Le ténor Éric Thériault possède une belle voix, bien étoffée, un timbre brillant qu'il a su mettre en valeur. Il a connu cependant quelques pénibles instants où sa voix ne sortait plus: il était souffrant m'a-t-on dit. Il s'est repris ensuite, et a assuré les beaux airs qui suivaient, mais on le sentait fragile, peut-être inquiet que le problème revienne.

Somme toute, même si c'était une version concert, l'émotion passait fort bien, grâce notamment à la discrète et efficace mise en espace de Rodrigue Villeneuve.

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L'Orchestre, placé derrière un écran transparent sur lequel étaient projetées quelques scènes de bal, de foules en Europe, et aussi des textes résumant l'action, a soutenu solidement les moindres nuances des solistes, et cela même si le chef Jacques Clément ne pouvait avoir beaucoup de contact visuel avec eux.

Il y eut bien quelques petites erreurs dans la présentation (coupe de champagne manquante, lettre apparue au mauvais moment), mais ce sont des détails mineurs, inévitables peut-être vu le peu de temps de répétition alloué à la production. Le miracle est que malgré ces contraintes, tout ait fonctionné et donné ce splendide résultat.

Chapeau donc à ces solistes exceptionnels, aux choristes, aux musiciens et à leurs chefs, qui ont su faire vivre et vibrer pour nous cette admirable musique de Verdi.

11/02/2014

Avec tambours et trompettes

La Fille du tambour Major, SALR, Jean-Philippe Tremblay, MArianne Lambert, Dario Larouche, Dominique Côté

J'ai passé un autre beau dimanche après-midi (8 février 2014) grâce à l'opérette de la Société d'art lyrique du Royaume. Tellement de talent et de passion pour la mise en place de ce spectacle joyeux et enlevant, soigné jusque dans les moindres détails de la musique, du jeu, des décors et des costumes.

C'était donc cette fois La Fille du tambour-major, de Jacques Offenbach (livret d'Alfred Duru et Henri Chivot). Tous les solistes sont excellents, les choeurs se déploient magnifiquement. Et quelle belle musique! Sous la baguette de maestro Jean-Philippe Tremblay, ça sonne, ça swigne, ça flatte, ça berce et ça réveille. (Un extrait vidéo, sur le site de la SRC, donne une bonne idée de l'ensemble).

Le premier acte, à la fois charmant, long, complexe et comique, met en scène un groupe de nonnes dans leur couvent, qui prennent peur en entendant arriver un régiment de soldats français (on est en 1800, en Italie, où la guerre oppose les Autrichiens et les Français de Napoléon, qui l'emportera finalement à la bataille de Marengo). Elles s'enfuient en laissant derrière elles la jeune Stella, qui avait été mise en pénitence par la mère supérieure.

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© Cindy Girard - Le Courrier du Saguenay. Dominique Côté et Marianne Lambert, en répétition.

Entre elle et le lieutenant Robert, c'est le coup de foudre. Quel couple magnifique forment Marianne Lambert et Dominique Côté, la soprano et le baryton qui chantent et jouent de façon superbe. Leur duo d'amour, tendre, intense, harmonieux, nous emporte dans un rêve romantique.

Bien entendu, l'intrigue est pleine de rebondissements: Stella est emmenée par son père le duc, menacée d'un mariage forcé avec un riche barbon. Le duc (qui en réalité n'est pas son père) est forcé par décret (!) d'accueillir chez lui les soldats français. D'où retrouvailles entre Stella et Robert, et aussi entre la duchesse, et son premier mari, le tambour-major du titre  (l'excellent Alexandre Sylvestre). Dans le rôle de la duchesse, Nathalya Thibeault est irrésistible, à la fois de drôlerie et beau chant (on la voit  sur la photo ci-dessous avec le délirant prétendant de sa fille, joué par l'inénarrable Christian Ouellet).

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Aveux donc de la duchesse sur les origines de sa fille, intrigues, complots, fuites. On se retrouve à Milan où les combats s'intensifient.
Mais ce sont des soldats d'opérette, plus préoccupés d'aimer que de se battre... pour le plus grand plaisir du public: salle du théâtre Banque nationale comble (au parterre) et comblée.
Bref un petit bijou concocté par les suspects habituels, cette équipe allumée qui reprend chaque années les commandes de ce spectacle fou et doux. Chapeau à Dario Larouche pour sa mise en scène colorée, inventive, efficace et éclairée.

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Innovation cette année: les surtitres. Il y a longtemps que je les réclame et ils sont bienvenus. Peut-être pas absolument nécessaires cette fois-là, vu l'impeccable diction de tous les chanteurs et chanteuses. J'ai presque tout compris, alors même que ces surtitres n'étaient guère lisibles du balcon où j'étais assise.
Ceci dit, il est tout à fait réjouissant que la SALR offre cet accommodement à son public, comme le font les autres maisons d'opéra, et ce même pour un livret en français. Plusieurs concerts et spectacles (de la SALR ou peut-être d'autres producteurs) pourront sûrement bénéficier de ce service dans l'avenir.

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On en parle ailleurs:

Roger Blackburn, Le Quotidien (c'est bien lui l'auteur du texte!)

Christiane Laforge, Orage sur Océan

17/12/2013

Belle brume sur le Saguenay

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Mardi 17 décembre. Un beau matin d'hiver, froid et sec. À dix heures du matin,  la brume décolle encore paresseusement de la rivière Saguenay. Sur la photo ci-dessus, à droite dans le lointain, on distingue notre pauvre pont Dubuc, fermé à la circulation depuis le 9 décembre dernier.

Sur cet autre cliché pris au même endroit (entre Saint-Jean-Eudes et Chicoutimi), on peut apercevoir un petit pan de de ciel bleu:

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Une autre série de photos prises quelques minutes plus tard dans le secteur Rivière-du-Moulin, où le ciel vers le nord-est est nettement plus bleu:

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Et encore plus bleu là:

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Sur la photo suivante se profile l'ombre de l'église Saint-Nom de Jésus, qui abrite aujourd'hui les locaux de la Société d'art lyrique du Royaume:

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Et enfin, voici le cap Saint-François qui émerge du brouillard:

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24/11/2013

Fossiles vagabonds

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Par un beau jour d'été, en passant dans le parc de la Rivière-aux-Sables, j'ai été intriguée par ce petit aménagement situé non loin de la passerelle d'aluminium. Il s'agit de "dolomies stromatolitiques", autrement dit des algues fossiles âgées de deux milliards d'années.

Le plus extraordinaire c'est qu'il y a 8000 ans, à la faveur de la dernière glaciation, ces très vieilles roches ont fait un grand voyage, du lac Albanel jusqu'à la forêt de Laterrière, où elles ont été recueillies par le prospecteur minier Jean-Guy Belley. Leur histoire est brièvement racontée sur le texte qui les accompagne (cliquer sur l'image pour pouvoir le lire):

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Bien sûr personne n'a été témoin de leur périple préhistorique. Il a été déduit et décrit par des scientifiques et spécialistes, d'après les marques et traces de leur passage.

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Il est fascinant de penser que, des millions d'années avant ce grand voyage, ces vénérables dolomies ont pu jouer un rôle dans l'apparition de la vie sur terre, en commençant à produire de l'oxygène. Comment, je ne le sais pas, peut-être à cause de certains micro-organismes qui y auraient été piégés.

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