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05/09/2007

Cachez ce chat...(2)

bc4d2d93788573fe6f60b90b83e67471.jpegJe poursuis ma réflexion sur la publicité de la nourriture pour chats Whiskas (où un homme imite un chat) et le commentaire publié par une lectrice dans La Presse du 31 août.

Imaginons, comme le propose cette lectrice, une autre série de publicités où le maître serait un homme et l'animal, une femme imitant les attitudes - les minauderies - d'une chatte : serions-nous choqués? Oui, et probablement encore plus que dans le cas actuel.
Pourtant cette éventuelle pub ne ferait que refléter, à travers la réalité du comportement félin, un certain nombre d'idées fort répandues, et de droite, sur les rôles traditionnels de l'homme (pourvoyeur, maître) et de la femme (au foyer, attendant le retour de son homme, lui quémandant de quoi subvenir à ses besoins et - à la limite  - dirigeant tout sous des apparences de soumission). Pourquoi cette mise en images d'une réalité pourtant assez courante (et pas seulement dans d'autres cultures) nous choquerait-elle?
En raison certes des décennies de lutte féministe, de tous ces combats menés par les femmes pour leur autonomie et leur égalité, de ces actions posées pour s'affranchir de l'esclavage et de la dépendance où elles ont été longtemps maintenues.
Bien sûr il y a eu des progrès, dans les lois, dans les institutions, dans les faits, surtout en Occident et dans les pays riches.
Mais même ici, les mentalités ont-elles évolué autant qu'on le pense, autant qu'on voudrait le croire ? Les histoires de femmes battues, tuées même par leur conjoint, qui font régulièrement les manchettes, nous en font parfois douter. Et pour une histoire qui finit dans les pages du journal, combien de relations de couple malsaines, basées sur la force de l'un et la faiblesse de l'autre, se nouent-elles et se poursuivent-elles aujourd'hui, dans un foyer près de chez nous?
Comment nous comportons-nous chacune, chacun, au quotidien, quand ces questions sont soulevées? Est-ce que chaque victoire dans un domaine (social, politique, moral) n'est pas contrebalancée par une défaite sur un autre front? Voilà une idée qui, on le comprend, nous trouble et nous dérange.
Et à laquelle il vaut mieux réfléchir, plutôt que de condamner.

Tout ça pour une histoire de chat...

03/09/2007

Cachez ce chat...

85a7ec3a5a72a4fd997f2888279f886a.jpegUne lettre, intitulée Seule une chatte est une chatte, publiée dans la section Forum de La Presse du 31 août. L'auteure, Sylvie Bourassa de Saint-Constant, s'en prend aux publicités télévisées de la nourriture pour chats Whiskas: elles présentent un homme imitant les attitudes d'un chat pour convaincre sa maîtresse de lui servir cette nourriture supposément délicieuse.
L'auteure de la lettre affirme que si, au lieu d'un homme, on avait mis en scène une femme, imitant donc les attitudes d'une chatte pour obtenir les faveurs de son maître, les gens seraient "indignés et scandalisés par une mise en scène aussi dégradante".
Dégradante, vraiment? Voilà un jugement moral bien radical! Depuis quand est-il dégradant, pour l'homme ou pour la femme, d'imiter les attitudes des bêtes? S'il est dégradant de se vautrer dans la boue, ce n'est pas parce que les porcs le font, c'est parce que c'est une conduite réprouvée par la société, comme de se fouiller dans le nez en public.
Si on se montre agile comme un singe, rusé comme un renard, fidèle comme un chien, est-ce dégradant? Et ratoureux, manipulateur, hypocrite comme un chat?
Il aurait mieux valu à mon avis s'interroger sur le fond des choses et se demander pourquoi ces publicités suscitent-elles une réaction de rejet. Plusieurs personnes de mon entourage m'ont en effet signifié leur malaise devant ces messages. N'en déplaise à Madame Bourassa, je ne crois pas qu'elles les trouvent dégradants.
Je formule quelques hypothèses. La plus simple : ces publicités télévisées ne sont pas très réussies. Si l'intention de départ (imiter le chat) peut être une bonne idée, la réalisation est imparfaite, approximative. Un chat pourrait se sentir insulté en les voyant car l'imitation que l'on fait de lui est simpliste et manque de subtilité.
Un peu plus complexe: ce que ces messages nous présentent, c'est un couple où le mâle (l'homme-chat) est soumis et dépendant, alors que la femelle (la femme-maîtresse-propriétaire) règne sur la maison, décide de ses achats, décide ou non de satisfaire les caprices du mari-matou. Les rôles traditionnels sont donc inversés, une technique assez courante en humour. Cela devrait nous amuser, et pourtant, plusieurs personnes ne trouvent pas ça drôle du tout.
Allons un peu plus loin : sous-jacent aux images, il y a le message que le chat, sous des apparences de soumission et de docilité, utilise son pouvoir de séduction pour diriger non seulement sa partenaire, mais tout ce qui se passe dans la maison. Une relation trouble, en quelque sorte, pleine de sous-entendus, et qui peut-être nous met en face de nos propres préjugés.

02/08/2007

(E)Au secours!

Non seulement je n'ai pas eu droit à un procès juste et raisonnable, mais aucun journaliste n'a même songé à se mouiller pour m'interroger afin connaître mes états d'âme face à la situation. Jugée et condamnée sans autre forme de procès, je suis ostracisée, rejetée, victime de discrimination.

On dit les pires horreurs sur moi à cause de ma couleur, et personne ne se lève pour me défendre. Je songe à poursuivre en justice (peut-être que Guy Bertrand accepterait d'être mon avocat) tous ceux qui m'accusent de polluer leur environnement, de sentir mauvais, de provoquer des irritations de la peau et diverses maladies.

 

 

 

Une algue bleue 

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16/01/2007

Esprits allumés

medium_livrAllum.jpgSi l'homme peut se montrer souvent stupide et cruel, il peut aussi faire preuve d'une ingéniosité extraordinaire.
Je n'écoute pas beaucoup la télévision, mais j'aime bien, par exemple, Comment c'est fait, une émission du Canal Z animée par Jean-Luc Brassard. On explique comment sont fabriqués des objets que nous voyons ou utilisons régulièrement. L'autre soir, par exemple, c'était la fabrication des allumettes en carton. Tout est automatisé, de la confection du mélange de soufre au découpage des paquets. Et ce qui me fascine, ce sont les humains qui ont conçu et assemblé les chaînes de montage d'où sortent les livrets d'allumettes. De vrais génies, en fait des ingénieurs, des gens intelligents qui savent tout calculer avec précision, tenir compte de chaque variable susceptible de modifier un résultat. Dans le cas précis des allumettes, ce qui est aussi remarquable, c'est que la relative complexité de la chaîne de montage n'entraîne que très peu de coût au consommateur: un carton d'allumettes sert souvent de support publicitaire il est donc gratuit pour le client, ou alors il ne coûte que quelques sous.
Même ingéniosité pour la fabrication des radiateurs de voiture, qui cependant coûtent un peu plus cher que des allumettes : des robots se déplacent et ajustent les pièces avec des gestes qui rappellent ceux des humains. Et j'admire les hommes qui ont construit ces robots.
Parfois, la confection est moins automatisée, comme c'était le cas pour les chevaux de manèges: on part d'un bloc de bois, il faut dessiner le modèle à la main, et ensuite le découper, puis sculpter les détails et peindre le tout. De même pour les pièces en porcelaine: il faut une intervention humaine, et même une certaine créativité, pour mouler et démouler les pièces, pour poser le bec et l'anse sur la théière, pour modeler, laquer le tout. Parfois, je me dis que j'aurais aimé travailler dans une entreprise de ce genre...

29/12/2006

Les faits et les croyances

medium_marcelProust.jpgBien sûr il y aurait moins de problèmes et de heurts à propos des accommodements raisonnables s'il n'y avait pas de religion!
La foi et la croyance religieuses, quelle que soit la religion, sont des béquilles déguisées en certitudes : bien que sans aucun fondement dans la réalité, ces croyances évitent aux fidèles de s'interroger sur eux-mêmes, sur leurs choix, sur le système, sur la société. La religion ne sert à rien, sinon à se créer un refuge fantasmagorique confortable, un ensemble de croyances qui nous permet de fermer les yeux sur la réalité, sur les faits.
La hiérarchie religieuse, elle, tout en faisant mine de promouvoir ces croyances, érige un système politique basé sur des faits, ou du moins sur une réalité observable, relative à l'argent, au comportement des masses, et profite de la crédulité des fidèles pour établir son pouvoir et sa domination. C'est cela que les églises, souvent en collusion avec les États, offrent à leurs fidèles: un système, un réseau, une église dans laquelle la place de chacun est prévue, un lieu confortable si on accepte les contraintes imposées en retour, un ensemble de règles tournant aurtour de la sexualité, des obligations sociales, des interdits.
Il faut bien admettre cependant que, même en cas d'éradication totale de la religion sur toute la terre, un objectif fort louable en soi, la question de la croyance demeurerait la même.
Car, ainsi que l'a écrit Marcel Proust:

"Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille, ne la fera pas douter de la bonté de son dieu ou du talent de son médecin."

(À La recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann)

25/12/2006

Meilleurs voeux!

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Bon, bien tout de même, je souhaite un

  Joyeux Noël

à tous ceux qui passeront par mon site ces jours-ci!

23/12/2006

Tout le monde en parle ...trop

J'admets que pour un journaliste, l'affaire Myriam Bédard représente ce qu'on appelle une bonne histoire. Du bonbon à cueillir dans l'arbre de Noël, en une période de l'année où les nouvelles se font rares. Et les journalistes ne se gênent pas: ils nous tartinent Myriam Bédard à pleines pages. Ils nous rappellent sa carrière, brillante, ils accusent son conjoint sans aucune preuve, ils interrogent des gens de son entourage.
Et ces gens, à mon avis, ils parlent trop. Les parents de Myriam notamment affirment, devant les caméras, qu'elle va revenir et que tous les problèmes seront réglés, avant même de lui avoir parlé, de savoir ce qui s'est passé. Ils semblent croire qu'une fois séparée de son actuel conjoint, elle changera d'avis et d'attitude. Rien n'est moins sûr.
En tout état de cause, ils devraient faire preuve de plus de retenue. Mais les médias sont là, comme une meute qui attend le moindre commentaire, qui les incite à parler, qui les y force presque. Bouleversés et inquiets, ils n'ont peut-être pas le recul nécessaire pour évaluer l'impact possible de leurs déclarations.

21/12/2006

Prostitution et viol

Virginie Despentes, dans son essai décapant King Kong Théorie, assimile le mariage à la prostitution: un échange de services: l'homme apporte l'argent, le confort, la femme offre le sexe à domicile -et à volonté-. Même si aujourd'hui, l'échange se fait dans les deux sens, cela demeure une intéressante façon de voir les choses.
Autre sujet, pourtant relié: il est extrêmement difficile pour une femme de dévoiler pulbliquement un viol qu'elle a subi: malgré les messages officiels de compassion et de sympathie qu'elle reçoit, malgré la punition éventuelle infligée au(x) coupable(s), plusieurs, sans oser se l'avouer, la considèrent comme «marchandise avariée», impropre à la consommation, candidate défaite au mariage ou à l'union stable.
S'interroger sur nos certitudes, nos attitudes bien-pensantes, remettre en doute tout ce que l'on sait, demeurer vigilants face aux messages véhiculés dans les médias et la société: voilà ce que ce livre nous incite à faire.

17/12/2006

Entre deux chaises

Les problèmes rencontrés avec des membres de communautés religieuses différentes mettent en lumière l'inconfort des Québécois face à la religion. D'un côté nous nous percevons comme une société laïque, débarrassée des bondieuseries et de l'omniprésence de la religion longtemps subies. D'un autre côté, nous avons conservé des symboles hérités du temps où les curés dominaient toute notre vie: par exemple, à l'hôpital de Chicoutimi, il y a un crucifix dans plusieurs chambres (je ne sais pas si c'est toutes les chambres, car je ne les ai pas toutes visitées!) et des personnes passent régulièrement pour offrir aux malades de communier s'ils le désirent. Et il y a aussi les traditions de Noël, le sapin, la crèche, le petit Jésus, que nous avons conservés, puisqu'ils étaient déjà là. La messe de minuit : certains y vont parce qu'ils sont croyants, mais plusieurs y assistent tout simplement parce que c'est une sortie agréable, un beau spectacle. La tradition est encore là, avec son cortège de symboles, mais la foi qui soutenait l'édifice est disparue, ce qui rend ce dernier extrêmement fragile.
Par ailleurs, les gens d'autres religions installés ici, les musulmans et les juifs, entre autres, nous apparaissent comme de fervents croyants: nous avons donc tendance à nous incliner devant la force de leurs convictions religieuses, car nous n'en avons pas de semblables à leur opposer.
Et eux, ils observent les préceptes moraux de leur religion, tandis que nous nous moquons de ceux que nous respections autrefois : tenues légères ou indécentes telles strings apparents ou décolletés plongeants, sexe avant le mariage, union homosexuelle, adultère, divorce: tout cela est condamné par la morale catholique, mais accepté (plus ou moins dans certains cas, mais on peut en débattre publiquement) par l'appareil social et la conscience individuelle.

15/12/2006

Mon beau sapin

medium_beausapin.jpgC'est bizarre que l'expression accommodement raisonnable fasse grimper tant de monde dans les rideaux. Des gens de gauche, de droite, des athées, des croyants dénoncent, on pointent du doigts des gestes posés par des individus ou organisations pour tenter d'harmoniser une cohabitation avec des gens de cultures différentes, en répondant à des demandes qui, à prime abord, leur ont semblé légitimes. Des humains tentent de vivre en bonne entente avec d'autres humains. Gestes qui, pour cause de médiatisation éhontée de tout, se retrouvent dans les journaux, à la une, sur les tribunes radiophoniques où ils n'ont pas d'affaire.
Demandes un peu exagérées, maladresse dans les réponses, peut-être. Mais va-t-on en faire tout un plat? C'est comme dans un couple: pour que l'harmonie règne, il faut faire des concessions, accepter des conduites, des propos avec lesquels on n'est pas nécessairement d'accord. Tout cela est toujours en mouvement, oscille d'un côté, puis de l'autre: il s'agit de savoir quand ça va trop loin. Et même alors, dans bien des cas, il est possible de revenir en arrière, de se réajuster, de pardonner.
Tout est une question de bon sens et de limites: on n'adoptera pas les conduites venues d'autres cultures et que nous jugons incompatibles avec le système social adopté ici (qui, soit dit en passant, est loin d'être parfait), ni des façons de faire qui mettent à mal les libertés individuelles. Cependant, les gens qui viennent d'ailleurs n'ont pas toujours la partie facile, et on peut comprendre qu'ils soient heurtés par certaines pratiques ayant cours ici, que leur tradition millénaire leur a fait envisager comme mauvaises ou dangereuses.
Mais il y a aussi, parmi eux, des petits malins qui demandent des choses juste pour voir ce que vont faire les Québécois «de souche», pour voir s'ils vont se laisser passer ce sapin...