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28/10/2012

Attention! chute de géants

Dans la forêt sans heures
On abat un grand arbre.
Un vide vertical
Tremble en forme de fût
Près du tronc étendu.

Cherchez, cherchez oiseaux,
La place de vos nids
Dans ce haut souvenir
Tant qu'il murmure encore.

(Jules Supervielle)

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Ces deux grands ormes qui ont grandi à Arvida, en face de chez moi, furent abattus la semaine dernière. Voisins de celui dont j'ai parlé ici l'an dernier, ils étaient aussi atteints par la maladie hollandaise de l'orme. C'est la Ville de Saguenay qui désigne les arbres à abattre et qui effectue le travail.

Cette maladie cause tellement de ravages qu'il est même interdit de les récupérer pour en faire du bois de chauffage. Ils sont passés à la machine, réduits en poussière. Cliquez l'image ci-dessous pour voir la chute de l'un d'eux.

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L'image suivante pourrait s'intituler "Après le massacre". Mais celui-ci n'était pas terminé puisque les deux autres ormes que j'ai photographiés encore debout, de part et d'autre de la maison de droite, ont subi le même sort quelque temps après.

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Pour terminer, voici un sonnet de Pamphile Lemay:

À un vieil arbre


Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t'ai vu, n'est-ce pas? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l'orage avait un noble geste,
Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.

D'autres, autour de toi, comme de riches fûts,
Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste;
Et toi-même, aujourd'hui, sait-on ce que tu fus?

O vieil arbre tremblant dans ton écorce grise!
Sens-tu couler encor une sève qui grise?
Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés?

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,
Et, pour tromper l'ennui dont ma pauvre âme est pleine,
J'aime à me souvenir des nids que j'ai bercés.

 

01/10/2012

De la grande visite

Grues géantes, Usine Lapointe, Rio Tinto, Arvida

Récemment, trois grues géantes étaient à l'oeuvre à l'usine Lapointe, quigrues géantes,usine lapointe,rio tinto,arvida fabrique des câbles d'aluminium. D'abord propriété d'Alcan, puis de Rio Tinto Alcan, elle a été achetée par l'Américaine General Cable (quelques détails ici et  ).

De chez moi, j'ai pu observer le grand ballet aérien qu'elles exécutaient dans le ciel. Plus de détails sur leurs travaux dans cet article du Quotidien. La vraie star, c'est la grue télescopique que l'on aperçoit sur la photo de droite, qui venait pour la première fois à Arvida: c'est "la plus grosse grue mobile hydraulique au monde". Mis en marché par le fabricant allemand Liebherr, ce mastodonte qui peut soulever une charge de 1500 tonnes a été récemment acquis par les Grues Guay au coût de 12M$.

Cet intéressant et fascinant spectacle a duré plusieurs jours. J'avais déjà observé des ouvriers qui réparaient et repeignaient l'une des quatre cheminées de l'usine Lapointe, installés dans une nacelle soulevée par une grue.

Une autre cheminée, vraiment très rouillée, fut tout simplement remplacée lors de ces travaux plus récents.

Les hommes ont travaillé longtemps à la déboulonner.

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Puis la grue a enlevé les sections une par une (j'ai raté ces moments malheureusement), avant d'en reposer des neuves. J'ai raté ça aussi, mais voici le résultat:

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Elle était la plus laide, elle est devenue la plus belle(!) Sûrement très jalouses, ses trois soeurs vont peut-être bientôt réclamer qu'on leur fasse la même opération...

07/09/2012

Séculaire et magnifique

IMG_3736.jpg

D'abord je ne l'ai pas vu. J'ai plutôt aperçu un panneau d'interprétation et je me suis arrêtée pour le lire. Où est-il, ce vieux pin, me suis-je demandé? Et puis il a frappé mon regard. Imposant et serein, il était bien là, de l'autre côté de la magnifique piste cyclable aménagée le long de la rivière aux Sables, entre place Nikitoutagan et Cépal.

Donc, ce vieux pin blanc solitaire, ai-je appris, est un survivant qui a résisté à tout: coupe forestière, maladies, sécheresse, incendies. Né il y a quelques siècles, ce majestueux témoin du passé semble en bonne santé. Pour les Iroquois, le pin banc d'Amérique est l'Arbre de la Paix.

Un de ces trésors qu'on ne remarque guère quand on circule à vélo, car il est dangereux de lever les yeux trop longtemps...

Voici le texte qui accompagne ce veilleur solitaire (cliquez pour l'agrandir et pouvoir le lire):

vieux pin, Cépal, Jonquière

Un petit poème, avec ça? Ils sont innombrables, et de tous genres. Les romantiques en particulier, aimaient bien se réfugier dans la forêt pour y abriter leurs tourments.

 

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!

a écrit Victor Hugo.

 

Mais je préfère celui-ci, puisqu'il cite nommément le grand pin, du poète allemand Heinrich Heine:

Un grand pin est debout, solitaire,
Dans le Nord, sur un sommet nu.
Il dort ; d’un manteau blanc
De neige et de glace, il est couvert.

Il rêve d’une palme,
Là-bas, dans le lointain Orient,
Silencieuse et solitaire,
Triste sur son rocher brûlant.


Il y a les images aussi, puisque les peintres et les arbres s'entendent bien. J'ai cherché chez Marc-Aurèle Fortin, qui a bien peint des pins, mais surtout des pins parasols, tout comme celui-ci, absolument magnifique, de Paul Cézanne, avec lequel je termine ce billet:

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03/09/2012

La lune en rose

Lune, ciel rose, nuages, soir, arvidaInsaisissable lune, disais-je ici. Malgré tout, parfois, elle se donne en spectacle, et on n'a qu'à la saisir. La voici encore, cette fois sur fond de nuages roses, captée par un beau soir d'octobre à Arvida.

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Ci-dessus, en version verticale, avec un poème trouvé sur la toile et que je trouve assez réussi, même si je ne connais pas du tout son auteur, René Lachaîne:

 

Ciel bleu, ciel rose, ciel noir

Quand le ciel fut bleu
Enfant je courais
J’entrais je sortais
Sans savoir combien heureux
J’étais

Quand le ciel fut rose
J’ai vécu quelques instants
Le temps de goûter le temps
Et de sentir la douceur des choses
De près

Quand le ciel fut noir
Et qu’il fit nuit entre les étoiles
J’ai su la fragilité de la toile
Où je venais d’échoir
Muet

C'est une lune de ville, qui brille entre feuilles, fils et corde à linge:

Lune, ciel rose, nuages, soir, arvida

Lune... et Ciel par-dessus le toit, comme dit Paul Verlaine (le sien est bleu):

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Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

01/09/2012

Ah! la lune...

Les étoiles et la lune me fascinent. J'ai maintes fois tenté de photographier cette dernière... avec des résultats décevants la plupart du temps. Quand elle brille et se détache sur le ciel noir, c'est particulièrement difficile, sinon impossible d'en obtenir une image claire et fidèle.

Mes meilleures photos de la lune, les voici. Je les ai prises récemment à la brunante, sur le mont Jacob, avec mon petit Canon.

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L'astre est un peu pâle, mais enfin, il est là.

Cette autre photo montre aussi les lumières de la ville de Jonquière au loin:

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Et enfin avec la croix du mont Jacob, sur laquelle je n'ai malheureusement trouvé aucune information:

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Je ne suis pas la seule à être fascinée par la lune. Les poètes lui ont dédié nombre d'écrits. Il y a le célèbre Clair de lune, de Victor Hugo (cliquez sur le titre pour le lire en entier) qui commence ainsi: "La lune était sereine et jouait sur les flots", ainsi que la très longue et très belle Ballade à la lune d'Alfred de Musset.

Je préfère vous citer un court et excellent texte de Goethe (même si c'est en traduction):

A la pleine lune qui se levait

Veux-tu sitôt m’abandonner ?
Tu étais si près tout à l'heure !
Des masses de nuages t'obscurcissent, ,
Et maintenant te voilà disparue.

Tu sens toutefois quelle est ma tristesse,
Ton bord surgit comme une étoile !
Tu m'attestes que je suis aimé,
Si loin de moi que soient mes amours.

Poursuis donc ta course ! Epands ta clarté
Au ciel pur, dans tout son éclat!
Bien que mon cœur souffrant batte plus vite,
Bienheureuse est cette nuit !

 

Sans oublier La Lune d'automne, une belle chanson de Michel Rivard, que vous pouvez écouter en cliquant sur cette image:

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18/08/2012

Les vertiges de Madame

Voici une autre femme qui parle, celle-là d'un unique sujet.

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Au cours du voyage en Grèce, nous participons à une excursion en autobus au Cap Sounion, à partir d'Athènes. Nous rencontrons un groupe différent de ceux que nous avons vus jusque-là. Des Québécois et des Français. Au premier arrêt, mon mari et moi nous approchons de quelques personnes parmi lesquelles nous avons cru reconnaître des enseignants, avec qui nous pourrions peut-être converser. Parmi eux, une femme, dont nous ne saurons jamais le nom.

Mais nous allons vite savoir en revanche qu'elle souffre du vertige des transports. C'est la première chose (et la seule!) qu'elle nous dit. Donc il faut qu'elle soit placée dans la première rangée quand elle voyage en autocar, sinon elle a mal au coeur et elle peut vomir. Et cela ne doit pas durer plus d'une demi-heure. Elle nous raconte toutes les occasions où des gens l'ont empêchée de s'asseoir à l'avant. Et tous les vertiges dont elle a souffert lors d'autres voyages. On se demande vraiment pourquoi elle s'obstine à voyager.
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Tout à coup, les vertiges de cette femme deviennent le sujet de l'heure, le centre d'attraction de toute l'excursion. Le magnifique temple de Poséidon, que nous allons visiter? Aucun intérêt, comparé aux vertiges de Madame! (Qui pourtant ne l'affectent pas quand elle se tient sur cette vertigineuse falaise battue par les vents...)

Avec ces autres voyageurs, nous pourrions parler de mille choses intéressantes. Quelques-uns d'entre nous s'y essaient d'ailleurs. Mais à tout moment, Madame ramène ses vertiges sur le tapis. Et son mari semble l'encourager à en parler, et nous encourager à l'écouter. Peut-être veut-il, plus ou moins consciemment, nous donner une petite idée du supplice que c'est de vivre avec une telle personne...

Je ne la connais pas et je me fous de ses vertiges. Mais comme sa voix forte et sa stature imposante lui permettent d'attirer l'attention et de monopoliser la conversation, je dois faire semblant de m'y intéresser, bien malgré moi.
Et ça finit par déteindre sur mes pensées...

Nous retrouvons en effet notre dame aux vertiges le lendemain, dans le car qui nous conduit à l'aéroport. J'évite de lui parler, mais je me prends à vérifier si elle a réussi à s'asseoir à l'avant. Et, comme le trajet est plus long que prévu pour diverses raisons, à me demander si elle va tenir le coup!


01/08/2012

Détective privé(e)

En nettoyant ma cafetière Nespresso l'autre matin, j'ai pensé qu'un détective moyennement fûté pourrait, en examinant le réceptacle où tombent les capsules après usage, faire des déductions assez précises sur nos habitudes de vie et certains de nos déplacements.

État général de la situation: nous sommes deux adultes (pour ne pas dire aînés). Chacun de nous prend un espresso (café Nespresso) après chaque repas, midi et soir. (Le matin, nous buvons du café filtre).

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Voyons un peu les différents cas de figure, soit la quantité et la couleur des capsules que notre Sherlock Holmes en résidence trouverait dans la cafetière en fin de journée.

1) Quatre capsules en tout (photo ci-dessus):  deux de teinte rouille (couleur des capsules de decaffeinato instenso), et deux d'autres couleurs. Soit deux cafés réguliers après dîner, et deux décaféinés après souper. Conclusion: ce fut une journée normale, nous étions à la maison une bonne partie du temps.

 

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2) Trois capsules: deux déca, et une d'une autre couleur (comme ci-dessus). Conclusion: soit l'un de nous était absent le midi et une partie de l'après-midi (car même quand je dîne à l'extérieur, je prends un café en revenant à la maison, si c'est avant 14 heures), soit l'un de nous (et rarement moi!) a oublié de prendre son café après dîner. Il est peu vraisemblable que ce soit de propos délibéré. (Et d'autant moins si la cafetière est encore allumée à 16 heures...)

3) Deux capsules de couleur: nous n'avons pas pris de déca, donc nous avons soupé tous les deux à l'extérieur, chez des amis ou au restaurant. 

4) Une déca et une de couleur: l'un de nous est absent pour quelques jours.

5) Aucune capsule: nous sommes partis tous les deux en voyage.

6) Plusieurs capsules (5-8), le réceptacle déborde: nous avons la visite de mon fils et de sa conjointe, qui boivent plusieurs cafés au cours de la journée, utilisant parfois deux capsules pour un seul grand latté. Ou alors (mais c'est plus rare), nous avons reçu des gens à souper et la plupart d'entre eux ont bu un espresso.

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Autres inférences possibles:

7) Si les deux capsules de couleur sont de teinte très pâle, genre beige ou rose, c'est qu'il est temps que je regarnisse le coffret. Explication: les plus pâles étant les plus faibles en caféine, nous les aimons moins et les buvons en dernier. Il ne reste donc que celles-là dans le coffret de présentation, et je devrais par conséquent en ajouter de nouvelles.

nespresso,café,détective,déduction,inférence8) Sherlock Holmes pourrait remarquer que j'ai pris ces photos entre 11h18 et 11h21 am (heures indiquées sur la cafetière Sunbeam). Si j'étais soupçonnée d'avoir commis un délit dans un autre lieu, et à cette heure-là (mais quel jour????) j'aurais un alibi!

Pour terminer, j'aime beaucoup ma Nespresso, cadeau de retraite offert il y a six ans par Jack, qui en profite bien lui aussi!  C'est le modèle Le Cube, qui n'est plus offert je crois.

Et j'adore notre espace café, aménagé lors des rénovations de la cuisine. En voici une vue d'ensemble. On n'a même pas besoin de déplacer la Nespresso pour s'en servir. Et on peut dissimuler tout ça en fermant les portes de l'armoire.

21/07/2012

Ma nouvelle amie

la fée des bois, Chicoutimi, Raoul Hunter, sculpture,

Au cours d'une belle balade en vélo jusqu'à Chicoutimi, je me suis assise sur un banc dans le petit parc triangulaire formé à la jonction du boulevard Saguenay et de la rue Racine. Tout en avalant mon sandwich au fromage et mon thé glacé, j'ai observé et photographié ma compagne: la Fée des bois.

Il s'agit d'une sculpture en aluminium réalisée en 1960 par Raoul Hunter. De retour chez moi, j'ai fait des recherches pour trouver le nom de l'artiste. En poursuivant ma recherche, j'ai réalisé que je le connaissais déjà, puisqu'il s'agit du célèbre caricaturiste au journal Le Soleil, où il a travaillé de 1956 à 1989.

Voici le socle de la sculpture:

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L'inscription est un peu difficile à lire, je la transcris fidèlement (c'est-à-dire en majuscules et sans les accents qui auraient dû normalement s'y trouver):

LA FEE DES BOIS
OPERATION CP*
1960
HOMMAGE A LA FORET

(*Opération CP: "opération conservation et protection (de la forêt)", une initiative prise à l'époque par  L’Association forestière Saguenay–Lac-St-Jean (AFSL).

Une sculpture en aluminium en hommage à la forêt, un peu étrange, non?

Ceci dit, elle est charmante, cette fée des bois. Elle se détache admirablement sur la toile de fond formée par le Saguenay, ses rives... de même que les fils électriques, le boulevard et ses voitures!

Voici une autre photo que j'ai prise: hier:

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J'ai aussi pris une photo de face, mais je vous propose plutôt d'aller voir celle, bien meilleure, qui se trouve sur le site de Raoul Hunter, ici.

J'ai trouvé deux poèmes de Victor Hugo ayant pour thème la Fée.

Le premier est lyrique et tendre:

LA FÉE


Viens, bel enfant! Je suis la Fée.
Je règne aux bords où le soleil
Au sein de l'onde réchauffée
Se plonge, éclatant et vermeil.
Les peuples d'Occident m'adorent
Les vapeurs de leur ciel se dorent,
Lorsque je passe en les touchant;
Reine des ombres léthargiques,
Je bâtis mes palais magiques
Dans les nuages du couchant.

Mon aile bleue est diaphane;
L'essaim des Sylphes enchantés
Croit voir sur mon dos, quand je plane,
Frémir deux rayons argentés.
Ma main luit, rose et transparente;
Mon souffle est la brise odorante
Qui, le soir, erre dans les champs;
Ma chevelure est radieuse,
Et ma bouche mélodieuse
Mêle un sourire à tous ses chants.
J'ai des grottes de coquillages;
J'ai des tentes de rameaux verts;
C'est moi que bercent les feuillages,
Moi que berce le flot des mers.
Si tu me suis, ombre ingénue,
Je puis t'apprendre où va la nue,
Te montrer d'où viennent les eaux;
Viens, sois ma compagne nouvelle,
Si tu veux que je te révèle
Ce que dit la voix des oiseaux.

 

et le deuxième est une fable cruelle et comique:

 

         L'OGRE ET LA FÉE

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.

Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...

11/07/2012

Voyager dans la gare

J'ai déjà déploré (ici)la difficulté d'accéder au métro Berri-UQAM quand on arrive à Montréal par autocar en provenance du Saguenay ou d'une autre région. À cause des escaliers qu'il faut descendre à pied, avec sacs, valises et autres bagages.

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Depuis, un nouveau terminus a été construit. La Gare d'autocars de Montréal est pour l'instant le seul élément rescapé du fiasco de l'Îlot Voyageur, un gaspillage éhonté de fonds publics causé par l'incurie et l'incompétence des précédents gestionnaires (des membres du CA de l'UQAM).
Le nouvel édifice est plus beau (photo ci-dessus), plus clair et plus pratique que l'ancien, c'est certain. Les toilettes, en particulier, sont maintenant plus accueillantes pour les dames qui veulent se rafraîchir et zigonner dans leurs bagages. Mais il est aussi froid, chic et cher. Adieu grilled cheese et sandwich bacon-tomate-laitue-mayonnaise. Bonjour salades, sushis, latte géants et jus santé à 4$. Et le "dépanneur", géré par des anglophones, refuse systématiquement de vendre le Devoir! En prime, un site internet pourri.

L'entrée principale de la nouvelle gare est au 1717 rue Berri (près d'Ontario, là où se trouve l'icône orange sur le plan), mais l'accès au métro (indiqué sur le plan) est toujours dans l'ancien bâtiment, angle Maisonneuve et Berri.

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De sorte que maintenant, pour aller prendre le métro, c'est encore plus compliqué qu'avant!

En suivant les indications pour se rendre à la station Berri-UQAM, on se retrouve dans un dédale de couloirs, d'escaliers à monter et à descendre, de portes à ouvrir, de passages interdits et de virages à droite et à gauche. Tout cela à pied, sans un seul escalier ou tapis roulant, en trimballant les valises, quand ce n'est pas une poussette avec un bébé dedans!

Au bout de cette course à obstacles, on arrive dans l'ancien terminus, maintenant sombre et désert.  Un vaste espace à l'abandon, partiellement démoli, où de grandes bâches n'arrivent pas à cacher les murs percés de trous béants.

Et là, on se retrouve en haut du même fichu escalier... qu'il faut encore descendre à pied pour accéder au métro.
C'est assez horrible

 

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(Derrière la façade, le chantier... de l'Îlot Voyageur)


Il vaut mieux, du moins s'il fait beau et que notre valise est à roulettes, passer carrément par l'extérieur (c'est ce que j'ai fait la dernière fois). Une distance d'environ 500 mètres à parcourir sur le trottoir. C'est plus rapide, toujours tout droit, pas d'escaliers. Seulement des chauffeurs de taxi qui vous regardent, pleins d'espoir...

17/06/2012

La pluie et le beau temps

Aujourd'hui, quand on veut savoir quel temps il fera, on écoute Miss (ou Monsieur) Météo à la télé, ou sinon, on consulte Météomédia sur son iPhone ou son iPad. On peut alors connaître non seulement la météo actuelle (parfois le site indique qu'il pleut, et si on regarde dehors, on voit briller le soleil!), mais aussi quel temps il fera la nuit prochaine, demain, dans deux, trois, et même dix ou quinze jours.

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Quand j'étais jeune (avant même l'arrivée de la télévision!), pour prévoir le temps, il y avait le baromètre. Mon père en avait accroché un dans la maison: il fallait le frapper légèrement avec le doigt replié pour faire décoller l'aiguille.

Pas besoin de savoir lire le nombre indiquant la pression atmosphérique, car par-dessus les chiffres, la prévision était écrite en toutes lettres sur le cadran circulaire. Au centre, c'était variable. Vers la gauche en haut: pluie. Vers la gauche en bas: tempête. À droite en haut: beau, et à droite en bas: très sec.

En lisant ce passage d'une chronique de Josée Blanchette,

Plus le temps passe et plus certains objets qui m’entourent se démodent. Mes cartes routières dans l’auto, le baromètre dans l’entrée, sur lequel mon père tapotait de l’index comme pour le réveiller...

j'ai réalisé qu'il y également un baromètre dans la maison que j'habite aujourd'hui (c'est lui, sur les photos de cette page). Je l'ai offert à mon mari il y a bien longtemps, pensant sans doute comme mon père qu'on ne peut vivre sans cet instrument. Je l'avais acheté à Place du Royaume, dans une boutique d'objets de cuir qui n'existe plus. Comme c'est souvent le cas pour ce genre d'objet, le baromètre est placé au centre (vertical), entre un hygromètre et un thermomètre. Pression, humidité, température: voilà des informations essentielles, non?

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Je crois bien être la seule à le consulter encore. Pas tous les jours, mais quand je m'interroge, quand on annonce un violent orage, je frappe légèrement la vitre... et l'aiguille plonge!

Parfois Météomédia dit qu'il fera beau, mais mon baromètre descend: alors je sais que Météomédia se trompe, du moins pour les heures qui viennent...

Cet objet fort sympathique fait donc partie de ma vie depuis très longtemps... si longtemps que je ne pensais plus à lui.

Mille excuses, Monsieur le Baromètre!

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Cet article fort intéressant du magazine Psychologies (mai 2012) nous explique pourquoi nous sommes obsédés par la météo.