Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/07/2013

Marmottages

graisse de marmotte,emplâtre,bradcoplast

Selon la tradition, le 2 février de chaque année, la marmotte sort de son terrier et, selon qu'elle voit ou non son ombre, on sait si l'hiver durera encore longtemps ou pas. Au Saguenay-lac-Saint-Jean, le rôle d'oracle a été confié à Ernest la mouffette, pensionnaire au Zoo de Saint-Félicien.

La marmotte peut paraître mignonne quand elle se tient debout sur ses pattes arrière, comme sur la photo ci-dessus. (Le garçon est autrichien et s'appelle Matteo, voir son histoire ici).

Pour le reste, elle prolifère l'été, creuse des trous partout, se fait écraser par les autos.

C'est tout ce que je savais de la marmotte...

jusqu'à ma dernière visite à la pharmacie, il y a quelques jours. En attendant qu'on remplisse ma prescription, j'ai été intriguée par un produit appelé Bradcoplast. J'ai lu ce qui était écrit sur l'emballage:

graisse de marmotte,emplâtre,bradcoplastemplâtre à la graisse de MARMOTTE!

J'ai trouvé bien peu d'informations sur l'entreprise Bradcoplast et sur son produit. Celui-ci est québécois, je crois, mais il semble que la graisse de marmotte soit un remède traditionnel connu et utilisé depuis longtemps en Europe pour calmer les douleurs musculaires.

Bon, j'aime mieux la marmotte sous forme de graisse!

Cette histoire graisse de marmotte,emplâtre,bradcoplastm'a fait penser bien entendu à la célèbre insulte du  capitaine Haddock : "bougre de crème d'emplâtre à la graisse de hérisson!"

Si on n'utilise pas ou plus sa graisse comme remède, le hérisson a précédé la marmotte dans le rôle d'oracle du printemps (hâtif ou tardif) le jour de la Chandeleur. Selon les régions, depuis le Moyen-Âge, on a confié ce rôle à d'autres bêtes comme le loup ou la loutre.

08/07/2013

Le Fleuve aux grandes eaux, encore et toujours

Une ou deux fois par été, le vent, les amis, l'air du temps, nous poussent vers le fleuve Saint-Laurent et ses beautés, toujours pareilles, jamais pareilles.

Ce dimanche, nous sommes allés nous asseoir sur les rochers du Cap-de-Bon-Désir pour le contempler.

Tadoussac, cap Bon désir, fleuve Saint-Laurent, baleines

Journée fraîche et venteuse, peu de soleil, air vivifiant du large, moments suspendus dans le temps et l'espace.

Je ne connais pas l'origine de ce nom, mais Cap-de-Bon-Désir est assurément un fort beau nom. Il fut particulièrement bien choisi ce jour-là, puisque les baleines, qui habituellement batifolent en grand nombre sous les yeux émerveillés des visiteurs, se sont laissées désirer.

En guise de cétacés, nous avons dû nous contenter de ces kayakistes qui pagayaient au milieu de l'immensité bleue:

Tadoussac, cap Bon désir, fleuve Saint-Laurent, baleines

Et de cette amusante enseigne de la chocolaterie artisanale qui vient d'ouvrir ses portes à Tadoussac!

Tadoussac, cap Bon désir, fleuve Saint-Laurent, baleines

12/06/2013

Zazous et zoot-suiters: l'intolérance

zazous,zoot suiters,intolérance,cab calloway,À rebours

Je connaissais le terme zazou parce que j'ai beaucoup fréquenté Boris Vian à une époque très ancienne de ma vie (son roman L'Écume des jours fut le sujet de ma thèse de maîtrise à l'Université de Provence). Sans en être un à proprement parler, Vian aimait la compagnie des zazous français, ces jeunes contestataires proches de l'existentialisme qui portaient des costumes extravagants.

Ils tirent leurs nom, dit-on, de la chanson Zaz Zuh Zaz de Cab Calloway, que l'on peut entendre sur cette vidéo:

zazous, zoot suiters, intolérance, Cab Calloway, À rebours,

Ils étaient sévèrement jugés par la bonne société, mais ce n'était rien comparé au traitement que reçurent leurs prédécesseurs aux États-Unis, les zoot-suiters. J'ignorais totalement cela, que j'ai appris en écoutant une capsule (vous pouvez l'écouter en suivant ce lien) de l'excellente série À Rebours présentée par André Martineau sur Ici Radio-Canada Première, tous les jours à 10h55.

Là aussi, dans les années 40, ces amateurs de jazz et de swing, auxquels se joignaient quelques rebelles et de petits délinquants, portaient des costumes particulier, très mal vus des bien-pensants qui les jugeaient trop larges et non-conformes!

Tellement mal vus que plusieurs d'entre eux furent traqués, battus, emprisonnés, et même froidement exécutés. Ces exactions étaient souvent commises par des soldats de la guerre 39-45, scandalisés par l'attitude libre et parfois arrogante des zoot-suiters.

zazous,zoot suiters,intolérance,cab calloway,À rebours

Il y eut aussi des zoot-suiters au Québec, ce qui donna lieu à quelques affrontements, dont un particulièrement violent entre marins et civils, sur fond de conflit ethnique, en 1944 à Montréal. Voir cet intéressant article de Serge Bernier,  qui analyse l'événement en détail et fait état de la totale partialité avec laquelle fut conduite l'enquête subséquente.

Que d'intolérance envers ceux qui n'entraient pas dans le moule! Peut-être (mais je n'en suis pas sûre) avons-nous progressé, même très légèrement, depuis ce temps.

16/05/2013

Le visage comme un tableau

Bien que j'aie réduit ma consommation de produits de beauté, et malgré mon âge vénérable, je ne sortirais jamais sans maquillage. Celui-ci a beau être minimaliste (crème teintée, touche magique, poudre et rouge à lèvres), je n'imagine pas mettre le nez dehors sans l'avoir appliqué.

maquillage,nécessaire,beaugé,minimum

Même si c'est seulement pour aller acheter du lait au dépanneur, prendre une petite marche, ou encore sortir la voiture de l'entrée pour le déneigement!!!!
Se maquiller, c'est une chose qu'on apprend très jeune.

Pour moi et mes amies, ce fut à l'adolescence, et je sais qu'aujourd'hui, plusieurs fillettes de sept ou huit ans font leurs débuts dans le domaine.
Il n'y a rien de mal à ça, bien au contraire. Le maquillage, c'est un apprentissage, un art, un plaisir. Mélanger les teintes et les textures, tracer des lignes autour des yeux et des lèvres, appliquer des couleurs, pâlir là, foncer ici:

mon visage est une toile... je deviens peintre.

On fait des expériences, on met au point des techniques, on acquiert de la maîtrise: c'est une grande source de satisfaction.

maquillage,nécessaire,beaugé,minimum

On est en cela comme dans le reste de notre vie, discrète ou audacieuse, neutre ou colorée, effacée ou voyante.

Certains ou certaines en font un métier et maquillent les autres: gens ordinaires, comédiens, chanteurs et autres artistes de la scène.

Je ne suis pas une actrice et mon public c'est ma famille, mes amis, les gens qui fréquentent les mêmes lieux que moi. Mais je goûte chaque jour à ce plaisir particulier, intime, solitaire, sensuel, physique et mental.

Travailler ainsi sur soi, devant un miroir, avant de se présenter aux autres humains: voilà sans doute l'équivalent d'une salutaire période de méditation.

26/02/2013

Stimulante vitrine

En allant faire mes courses à Chicoutimi, je décide d'arrêter rue Racine, à la Galerie Séquence, que je fréquentais beaucoup du temps que je travaillais aux Arts du Quotidien.

julie bernier,richard martel,artiste,galerie séquence,vitrine,performance

Dans la vitrine, une jeune femme assise sur une chaise. Près d'elle, un téléphone rouge. Dehors, un autre téléphone, rouge également, sur un petit guéridon. Tout mouillé à cause des gouttières qui coulent.

Des yeux bleus, éveillés et magnifiques. Elle me regarde, me sourit et décroche. Je décroche aussi: petit brin de conversation sur son projet. Elle s'appelle Julie Bernier, elle est en train de réaliser, comme travail de fin de baccalauréat en arts à l'UQAC, cette performance intitulée "Se mettre en vitrine". Elle passe 72 heures dans la vitrine de la galerie, parlant aux  passants qui décrochent le combiné.

Elle semble s'offrir, comme le font les prostituées, mais elle détourne le geste, s'en sert pour poser des questions sur la communication entre les êtres. (Pour des explications supplémentaires: lire ce texte dans Le Quotidien).

Toute une expérience! Elle avait prévu dormir quelques heures pendant la nuit, mais ne l'a pas pu: il y a non seulement le téléphone, mais des gens qui passent, frappent dans la vitre, parlent fort, font des commentaires pas toujours gentils...

Donc elle en a pris son parti (elle est jeune!) et a décidé de rester vigilante. Elle reçoit des confidences, elle prend des notes, écrira quelque chose sur sa performance. 

Julie Bernier: audace, créativité, détermination, dynamisme.

L'art jeune et vivant d'aujourd'hui.

Je décide d'entrer pour voir l'exposition présentée par Richard Martel.  Et j'en parle ici!

 

25/01/2013

Une salle, une reine

christine la reine garçon,michel-marc bouchard,théâtre banque nationale,auditorium dufour,saguenay
(Les anciennes affiches. Photo Michel Tremblay, Le Quotidien)

 

Samedi dernier, je suis allée voir Christine, la reine-garçon, la pièce de Michel-Marc Bouchard au Théâtre Banque Nationale, qui est en fait l'auditorium Dufour, rénové au coût de 14 millions de dollars, après quatre ans de fermeture.

Curieuse de voir cette nouvelle salle et aussi de cette proposition théâtrale, je m'étais inscrite au tirage de Diffusion Saguenay pour les premiers spectacles qui y étaient présentés, et j'ai gagné deux billets pour la pièce.

Je n'ai pas pu tout observer en détail, mais voici mes premières impressions.

christine la reine garçon,michel-marc bouchard,théâtre banque nationale,auditorium dufour,saguenay
(Photo Michel Tremblay, Le Quotidien)

 

Nous avions des sièges dans la rangée Q, la dernière du parterre. Le son était assez bon mais il fallait tendre l'oreille et demeurer concentré pour bien entendre la voix des -excellents- comédiens et tous les détails du -très beau- texte de MMB. (J'en reparlerai peut-être dans un prochain billet).

Tout en offrant un aspect fort différent, plus moderne, la salle conserve un peu de l'atmosphère de l'ancien auditorium, à cause des affiches de spectacles qui y furent présentés (photo du haut), et de ses aires de circulation... circulaires.

Beaucoup de rouge et de verre, c'est agréable à l'oeil.

christine la reine garçon,michel-marc bouchard,théâtre banque nationale,auditorium dufour,saguenay
(Photo Michel Tremblay, Le Quotidien)

 

La dernière rangée du parterre n'est pas idéale, car il y fait très chaud, et on est tout de même assez loin de la scène. Nous avions ce soir-là directement dans les yeux la lumière aveuglante des projecteurs qui éclairent la salle entre les moments de jeu. Toutefois cette rangée a l'avantage d'offrir, à l'arrière des sièges, un espace supplémentaire où on peut poser des affaires. Attention cependant de ne pas les oublier!!! Quant au rideau rouge qui tient lieu de mur du fond, il m'a semblé un peu étrange.

J'aime moins le plancher des gradins en béton (ou un amalgame de ce genre): il semble bien dur et froid, contrairement au fini en bois blond des sièges et des murs. Les sièges sont larges, assez confortables, et surtout, situés dans un espace généreux: une personne peut passer devant une rangée de spectateurs sans qu'ils aient besoin de se lever. Et c'est fort bien, car il n'y a pas d'escalier au centre pour passer d'une rangée à l'autre.

christine la reine garçon,michel-marc bouchard,théâtre banque nationale,auditorium dufour,saguenay

En revanche, il y a des toilettes pour chaque foyer, donc pas de ruée (bizarrement, pour y accéder, on traverse un espace du Cégep de Chicoutimi...)

En somme, pour une première visite, j'ai assez aimé, malgré quelques irritants. Je vais certainement y retourner.

Je déteste le nom de Théâtre Banque Nationale, donné pour des raisons bassement mercantiles: c'est un théâtre, pas une banque! Je ne tiens pas non plus à celui d'auditorium Dufour, car je ne suis pas sûre que  Mgr Wilbrod Dufour ait tant fait pour la culture au Saguenay, et il y a déjà le pavillon Wilbrod-Dufour à Alma. J'aurais préféré Théâtre de Saguenay...

14/01/2013

Cultiver les racines

grand-parent, grand-mère, famille, racines, petit-fils

Comme je suis une nouvelle grand-maman, cette illustration trouvée dans le magazine Psychologies me parle beaucoup, car elle évoque la nature du rôle de grand-parent.

Comme cette grand-mère qui a écrit à Marcel Rufo, au-delà (ou à travers) des services rendus au nouvel enfant et à ses parents, j'aime me considérer comme une passeuse,  une intermédiaire entre l'enfant et ses racines.

Je ne sais pas comment je ferai, car je ne vois pas mon petit-fils Mattéo (10 mois) très souvent, et je n'ai pas l'éternité devant moi, mais je voudrais lui faire connaître ses racines du côté de son père (mon fils). Lui parler de mes propres parents et grands-parents, et des autres membres de ma famille (oncles, tantes, cousins) qu'il aura peu ou pas pas connus. (Il rencontre cependant régulièrement mon père, son arrière-grand père, le seul aïeul de cette génération qui lui reste).

Par des images, des photos, des histoires, un arbre généalogique, ou autrement. Cultiver nos racines communes, lui faire voir la vie qui circule entre elles et lui. C'est une mission qui m'emballe.

11/12/2012

Verdi, le bal et l'amour

verdi,metropolitan opera,un ballo in maschera,sondra radvanovsky,Dmitri Hvorostovsky, Marcelo Alvarez

Dans Un ballo in maschera de Verdi (transmission en direct du Metropolitan Opera samedi au cinéma Jonquière), le roi de Suède Gustave III aime en secret Amelia, la femme de son secrétaire et ami le comte Anckarström. Quand ce dernier l'apprend, il est fâché et jaloux, bien entendu. Les deux amoureux, tout en avouant qu'ils s'aiment, lui assurent cependant qu'il ne s'est rien passé entre eux.

Blessé mortellement par son ami qui s'est joint à un complot pour se venger, le roi jure à ce dernier qu'Amelia est innocente, sans tache, et qu'il était sur le point de les envoyer tous deux à l'étranger, afin d'éloigner de lui la tentation.

En apprenant cela, le comte regrette son geste.

L'innocence, c'est donc de ne pas coucher, et non pas de ne pas aimer. Aimer est pardonnable, coucher ne l'est point.

Logiquement, on pourrait croire qu'aimer une autre personne que son conjoint est la pire offense. Mais nous les humains, ne sommes pas toujours logiques, surtout quand les sentiments et la passion sont en jeu.

Enfin, je n'ai pas de solution ni d'idée tranchée à ce sujet, je me dis simplement que l'amour, le sentiment, semble à nos yeux moins fort que le geste, alors que peut-être il n'en est rien. 

Mais qu'est-ce que l'amour?

J'ai cru le voir quand, avant la projection, la caméra a suivi pendant quelques instants, une dame corpulente aux cheveux blancs qui prenait place dans la salle du Metropolitan Opera: elle portait un cathéter nasal, vous savez, ces tubes de plastique qui fournissent de l'oxygène aux personnes atteintes d'insuffisance respiratoire.

Se déplacer pour aller à l'Opéra, s'asseoir au milieu de la foule, rester là trois ou quatre heures, malgré une condition physique pénible qui s'ajoute à l'inconfort inhérent à ce genre d'activité: ça c'est de l'amour, me suis-je dit. L'amour de l'art, de la musique, de cette oeuvre de Verdi, je ne sais pas. Mais l'amour, tout de même.

verdi,metropolitan opera,un ballo in maschera,sondra radvanovsky,kathleen kim

Et l'opéra? me demanderez-vous.

J'avoue que je ne sais pas trop quoi en dire. En tout cas ce n'était pas le grand amour de ma part. Je n'ai pas aimé le ténor Marcelo Alvarez en Gustave III: il force sa voix, qui ne sort pas vraiment. Sondra Radvanovsky (Amelia) chante très bien, mais elle semble n'avoir qu'une seule expression à mettre sur son visage. Le baryton Dmitri Hvorostovsky (le comte) est formidable, vocalement surtout. La meilleure, c'est Kathleen Kim, dans le rôle du page Oscar: voix agile, légèreté, humour.

Sans oublier le maestro Fabio Luisi et l'orchestre, qui ont mis en valeur les magnifiques passages orchestraux. Il y a eu de bons moments, surtout aux deuxième et troisième acte, séparés par des scènes un peu longues et sans grand intérêt.

Mise en scène de David Alden. Scénographie étrange et disparate, signée Paul Steinberg. Un grand tableau représentant la chute d'Icare se déplace au-dessus des têtes et déforme l'espace où évoluent les personnages: mais pourquoi?

verdi,metropolitan opera,un ballo in maschera,sondra radvanovsky,kathleen kimAu fond, chaque scène et chaque artiste avait des qualités, mais on aurait dit des pièces détachées, auxquelles il manquait une vision d'ensemble unifiante.

Verdi (ci-contre) fut obligé de faire modifier le livret (d'Antonio Somma), car la censure napolitaine n'acceptait pas que l'on représente sur scène le meurtre d'un roi. On changea donc le roi pour le gouverneur de la ville de Boston, où toute l'action fut déplacée. Heureusement, comme on le fait la plupart du temps de nos jours, et même si c'est joué aux États-Unis, on a repris le livret original, bien plus intéressant puisque inspiré d'un fait réel: l'assassinat du roi Gustave III par Ankarström lors d'un bal masqué.

18/11/2012

Qu'il est difficile d'aimer...

langue, français, anglais, Eugenie Bouchard, Rufus Wainwright

Un dimanche d'octobre dernier, au cours de deux sorties différentes, j'ai entendu des anglophones s'exprimer en français. La joueuse de tennis Eugenie Bouchard (photo ci-dessus, prise par moi), qui venait de s'incliner devant l'Américaine Madison Keys en finale du tournoi Challenger de Saguenay, disputé au Club de tennis intérieur à Arvida. Accolé à son nom de famille très québécois et très français, un prénom, Eugenie, auquel elle ne met pas l'accent aigu qu'il lui faudrait pour être français.

Difficile donc de comprendre pourquoi elle parle le français avec un accent anglais évident. La journaliste du Quotidien Johanne St-Pierre (une ancienne collègue que j'ai retrouvée avec plaisir), qui couvrait le tournoi, m'a fourni les explications idoines. Née à Westmount, Eugenie Bouchard a toujours vécu dans un milieu anglophone. Jusqu'à il y a trois ans, elle refusait de parler publiquement le français, car elle connaissait à peine la langue. Depuis, elle a suivi des cours, et maintenant elle arrive à s'exprimer convenablement en entrevue, ce qui n'est pas du tout évident.

Le soir même, j'assistais au spectacle de Rufus Wainwright au Théâtre du Palais municipal à La Baie. Lui aussi fait des efforts louables pour parler le français. Il a même inséré, dans son programme de chansons en anglais, la très belle ballade Quand vous mourrez de nos amours, de Gilles Vigneault, qu'il a chantée clairement et intelligemment.

langue,français,anglais,eugenie bouchard,rufus wainwright

Il a eu des problèmes avec le français quand est venu le temps de présenter ses musiciens. Fallait-il dire: "au piano,  à la piano", ou encore "à le piano", "à les guitares", "à le basse": tout ça était manifestement très difficile pour lui, on sentait même une légère frustration quand il se trompait et que quelqu'un de son équipe le corrigeait. Excellent spectacle, en passant, dynamique, éclaté, superbes chansons. Un peu rude pour mes vieilles oreilles, mais ça déménageait: je ne connais pas beaucoup l'oeuvre de Rufus, mais j'aime le style de ce garçon, et une amie m'avait gentiment offert un billet de même que le transport pour le spectacle!

J'ai saisi ce jour-là à quel point le français peut être difficile à maîtriser pour un anglophone. Le seul domaine de l'article, défini, indéfini, contracté ou non, élidé ou non, masculin ou  féminin, est compliqué. Par exemple, il faut dire: "à la place", mais "aux places" (féminin),   "au piano" (et non à le piano) et "aux pianos" (masculin). Alors imaginez les autres pièges du français: temps des verbes, conjonctions, genre des noms et des adjectifs, sans parler des homonymes et des nuances à faire dans le sens des mots!

Que de choses à maîtriser! Certains francophones n'y arrivent pas tout à fait d'ailleurs. L'anglais est moins complexe, moins difficile à apprendre -moins élégant et moins subtil diront certains.  Donc, les anglos qui font des efforts pour parler français ont un certain mérite.

Chapeau donc sur ce plan (et bien sûr à  leur talent dans leur domaine respectif), à l'excentrique Rufus et à la belle Eugenie.

15/11/2012

Le beaujolais nouveau: de l'histoire ancienne

beaujolais nouveau,autrefois,saq,bernard pivot

Je me souviens d'une époque (dans les années 80-90) où l'arrivée du beaujolais nouveau, le troisième jeudi de novembre (aujourd'hui donc), était tout un événement. Les consommateurs l'attendaient avec impatience, il occupait beaucoup d'espace dans les médias. Goûteurs professionnels et amateurs éclairés se livraient à de savantes dégustations afin de trouver "la" meilleure affaire du millésime et d'en faire part à leur public en délire, concluant parfois que le meilleur beaujolais nouveau était... italien!

beaujolais nouveau,autrefois,saq,bernard pivot

J'ai fait la même chose que tout le monde, y compris parfois la file à la SAQ, allant jusqu'à acheter une douzaine de bouteilles de différentes producteurs. Mon conjoint et moi organisions des dégustations -ou plutôt des libations- avec nos amis (mal de tête garanti!). Parfois, la SAQ en envoyait une caisse au bureau où je travaillais pour nous permettre d'y goûter: un pot-de-vin, littéralement.

Est-ce que je trouvais ça bon? Pas vraiment, mais ça se buvait. Puis la coutume s'esbeaujolais nouveau,autrefois,saq,bernard pivott peu à peu perdue, et, du moins au Québec, la mode est vraiment passée, pour moi comme pour les autres... Et comme pour la SAQ, qui n'y trouve plus son compte. Les dernières fois que j'ai goûté à ce jus de la vigne, je l'ai trouvé franchement imbuvable. Sans doute par comparaison avec tous les bons vins, y compris de grands -et vieux- beaujolais, que j'ai eu l'occasion de boire.

Tout de même, cette charmante coutume avait un côté fort sympathique. Venue de France, elle y est encore bien implantée: on continue en effet de célébrer là-bas ce beaujolais nouveau, dont  Bernard Pivot entre autres, est un ardent défenseur.

À la bonne vôtre, chers cousins!