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06/11/2006

Flûte de flûte

Des gens qui font la queue, qui tendent leur 20$, qui se battent presque pour obtenir des billets. Qui doivent repartir bredouilles pour cause de salle archi-comble. Pas pour Céline Dion, pas pour U2 ni pour les Stones. Pour un opéra! Si, si, je vous assure, je l'ai vu de mes yeux vu, et à Jonquière, pas plus tard qu'hier (dimanche 5 novembre).
Il y avait bousculade à l'entrée de la salle Pierrette-Gaudreault pour assister à La Flûte enchantée, l'opéra de Mozart présenté en tournée (en en extraits) par les Jeunesses musicales. On a laissé entrer les 250 abonnés, plus des gens qui avaient réservé. Moi on m'avait dit, comme à plusieurs autres, de me présenter à la porte pour acheter mon billet. Je me suis présentée, mais il n'y avait plus de billets. Même certains abonnés, arrivés un peu tard, n'ont pu entrer dans la salle. J'ai attendu jusqu'à la fin, il restait trois billets et deux dames qui voulaient chacune deux billets, dont une qui était là depuis longtemps, qui avait une canne et qui semblait aussi méchante que la Reine de la nuit. On a vendu quatre billets aux deux dames... Le responsable, Lionel Lamonde, n'en revenait pas. En 25 ans de Jeunesses musicales, jamais on n'a manqué de billets, en général, on court plutôt après les spectateurs. Bref un beau succès, tant pis pour ceux qui n'ont pu entrer, tant pis pour moi!

07/09/2006

Kent Nagano...

medium_nagano.jpg Le chef Kent Nagano prend des airs inspirés, il est plutôt séduisant, mais il devra faire plus pour me convaincre qu'il est exceptionnel. Je ne dis pas qu'il n'est pas un bon chef, il est certes talentueux et compétent, mais dépasse-t-il tous ceux que l'on a eus à Montréal? (Charles Dutoit et Jacques Lacombe, notamment). Sa neuvième symphonie (que j'ai entendue à la télévision, ce qui peut fausser un peu mon jugement : j'aurais peut-être réagi différemment si j'avais été dans la salle, mais je m'y suis prise trop tard pour acheter les billets) ne m'en a pas pas convaincue. Le dernier mouvement était tellement rapide que les choristes n'avaient pas le temps de prononcer. Il aurait pourtant fallu mordre dans les mots. On avait l'impression que les archets "chiraient" sur les violons, à certains moments. Il soignait beaucoup les détails, au détriment d'une vision d'ensemble de l'oeuvre, et l'interprétation manquait de sensualité, il me semble. Évidemment, la prestation de mercredi était affectée par le cirque médiatique qui l'entourait. À la télé, avec les danseurs, les DJ champion et les "témoignages" présentés en lieu et place de l'exécution du concert, c'était exécrable.
En même temps, je comprend bien que ce cirque, avec la télé, les médias, les interviews, est essentiel pour attirer des gens. Moi je mets la neuvième, ou n'importe quelle autre symphonie de Beethoven, dans mon lecteur, je n'ai aucun visuel, aucune distraction, et je suis parfaitement heureuse. Mais j'ai été élevée avec ça, et je ne connais pas les vedettes pop d'aujourd'hui. C'est différent pour la plupart des gens. Ils ont besoin de glamour, de vedettes, d'histoires d'amour, et la musique classique leur semble hermétique, élitiste: ils ne sont pas conscients que tout ça existe aussi dans le monde de l'opéra et du concert.
À tous ces gens, à mon avis, il faudrait proposer de la musique classique contemporaine, plus proche du heavy metal, du techno, de l'expérimental, pour les attirer peu à peu vers les grands chefs-d'oeuvre d'autrefois. Mais qui fera ça? L'école s'en désinteresse carrément, et la télévision ne fait rien en ce sens.
Ceci dit, il n'est peut-être pas nécessaire d'attirer tout le monde vers la musique classique. S'ils préfèrent d'autres genres et styles musicaux, c'est bien leur affaire.

24/07/2006

Requiem pour un Roch

medium_rochLar.jpegJ'ai assisté hier aux funérailles de Roch Laroche, mort à 69 ans. L'église Saint-Mathias était pleine. Il a travaillé dans à peu près tous les domaines, il a dirigé le choeur Amadeus pendant 40 ans. C'est d'ailleurs là, dans l'église Saint-Mathias, la dernière fois que je l'ai vu: il chantait, simple choriste dans ce choeur dont il avait laissé, quelques mois auparavant, la direction à Pierre Lamontagne, parce qu'il se savait malade. Au programme de ce concert (voir ma note: Amadeus): le Requiem de Mozart...
Quelques mois plus tôt, je l'avais rencontré, dans cette même église, à un concert des Jeunesses musicales. Il m'avait expliqué le déménagement de l'orgue, de l'église Saint-Jacques à Saint-Mathias, comment on avait installé l'instrument dans son nouveau vaisseau, pliant les tuyaux quand c'était nécessaire, il m'avait d'ailleurs fait visiter, derrière le maître-autel, l'endroit où étaient placés ces tuyaux. Peu à peu, des gens s'étaient joints à moi pour écouter ses explications, et finalement, c'est une grosse foule qui l'a suivi.
Pour revenir à la cérémonie d'hier, le choeur Amadeus était là, bien sûr, qui a chanté, entre autres, des extraits du Requiem de Mozart (Introit et Lacrimosa), l'Alleluia du Messie de Haendel et quelques autres pièces. Le député Jean-Pierre Blackburn a fait un bon discours, bien senti, Thérèse Bilocq a évoqué les souvenirs du monde de l'éducation, ses deux fils ont aussi présenté un témoignage. L'un d'eux a proposé un conte mettant en vedette un géant de la forêt...
Roch Laroche: un homme sérieux, engagé, dévoué, discret, avec qui j'ai toujours eu de bonnes relations.

05/04/2006

Madonna vs Pavarotti

Tout le monde s'énerve parce que les billets pour le spectacle de Madonna à Montréal vont coûter 350$. Bien j'ai des petites nouvelles pour vous: c'est le prix que coûtent les billets pour le show de Pavarotti le 3 juin au Centre Bell. Ce sont les billets du parterre qui sont à ce prix. Il y en a de moins chers, jusqu'à 55$ dans la section bleue. Et vous savez quoi? Il en reste, des billets à 350$ pour Luciano, alors que les autres places, qui coûtent moins cher (150-225 environ), sont presque toutes vendues.
C'est sûr que si j'avais à choisir, je choisirais d'aller entendre Luciano, même s'il est vieux et pas beau. C'est une grande voix du siècle - enfin, du siècle dernier - une voix exceptionnelle, puissante, souple, nuancée, que j'aime écouter. Je n'ai jamais vu Pavarotti en spectacle. J'irai peut-être à Montréal, juste pour dire que j'étais là, mais je ne paierai sûrement pas 350$. Quant à Madonna, j'aime quelques-unes de ses chansons, mais le spectacle, ça ne m'intéresse pas.

15/03/2006

Opéra si!

Dans le numéro 3 du magazine Opéra, je trouve un texte de Christophe Huss, le journaliste du Devoir, à propos de l'Étoile, d'Emmanuel Chabrier, oeuvre présentée à l'Opéra de Montréal en novembre dernier. Je n'ai pas pu y assister, même si cela m'aurait beaucoup intéressée. Présenter cette oeuvre était un pari fou à Montréal, parce que, écrit-il textuellement :

«la métroppole québécoise est le refuge d'une arrière-garde de lyricomanes pour lesquels l'histoire de l'opéra commence à Rossini et finit à Puccini, univers dans lequel on tolère vaguement Carmen et quelques Mozart - de préférence pas Die Zauberflöte puisque c'est en allemand!»

L'Opéra de Montréal est fréquenté, dit-il «par un club d'amateurs en voie d'extinction». C'est très méprisant pour le public, ça, et par ailleurs inexact, me semble-t-il. J'ai assisté dans les dernières années à d'excellentes productions qui n'étaient pas signées Puccini ni Rossini: Ariadne auf Naxos (en allemand!), de Richard Strauss, Agrippina de Haendel, La Veuve joyeuse de Léhar. Ils ont aussi présenté Pelléas et Mélisande, de Debussy, que je n'ai pas vu.

Que l'on doive faire davantage pour explorer de nouvelles avenues musicales, je suis entièrement d'accord là-dessus. Mais le problème est avant tout financier, à mon avis: l'ODM étouffe sous les contraintes, aucun metteur en scène ne peut laisser libre cours à son inspiration, il doit toujours rogner partout, y compris sur les artistes qu'il engage, car les gros cachets mangeraient tout le budget - et plus que le budget - de la production.
Et comment se permettre d'être audacieux quand la moindre incursion hors des sentiers battus risque, si elle n'obtient pas un grand succès de fréquentation, de faire couler le bateau tout entier?

En outre, à Montréal, on a toujours l'impression que les égos s'affrontent, que tout le monde cherche à tirer la couverture (argent et gloire) de son côté, et la qualité même des productions en est souvent affectée. C'est très différent à Québec, j'y reviendrai.

Pour qu'il y ait de l'opéra à Montréal, il faudra une volonté politique clairement exprimée, de la part des gouvernements, de la Ville, et des amateurs de musique.