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22/01/2010

Des nouvelles du chef

jphilPhoto.jpgJean-Philippe Tremblay, jeune chef natif de Chicoutimi, poursuit sa route glorieuse.
En mai prochain, il dirigera l'Orchestre symphonique de Shanghaï au gala d'ouverture du Pavillon du Canada, à l'exposition universelle de Shanghai. Au programme, entre autres: le concerto no. 4 d'André Mathieu, qui sera interprété par le pianiste Alain LefevafficheOFC.jpgre.

(La première du film L'enfant prodige, sur la vie du compositeur André Mathieu, aura d'ailleurs lieu à Shanghai quelques jours plus tard.)

Ce ne sera pas le premier voyage en Chine de Jean-Philippe Tremblay, comme en témoigne cette affiche trouvée sur le site de Jacques Robert, qui relate d'ailleurs ici la tournée effectuée en 2007 par le chef et son orchestre.
J'ai eu l'occasion d'apprécier le talent de JPT l'été dernier à Montréal quand j'ai été l'entendre diriger (salle Pierre-Mercure)  l'Orchestre de la Francophonie canadienne, qu'il a cofondé, dans les neuf symphonies de Beethoven: j'ai assisté à deux des quatre concerts de ce merveilleux marathon consacré à un sommet du répertoire symphonique.
Quelques semaines auparavant, il avait présenté au Palais Montcalm de Québec ce même programme, qui fit alors l'objet d'une pochetteBeethov.jpgcaptation audio. La sortie du coffret comprenant cinq CD,  sur étiquette Analekta, est prévue pour le 26 janvier.

Jean Philippe Tremblay était, le samedi 24 janvier, un des invités de Paule Therrien à l'émission de CBJ Beau temps, mauvais temps.

On peut voir ici la vidéo d'une interview qu'il accordait en novembre dernier à Philip Schnobb dans le cadre de l'émission C'est ça la vie, à la télévision de la SRC.

 

10/01/2010

Inaccessible rose

rosenDeux.jpgJe savais que Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose) ne serait pas mon genre d'opéra, mais je me suis néanmoins pointée au cinéma Jonquière pour écouter en direct sur grand écran  cette production du Metropolitan Opera. Belle mise en scène, excellentes chanteuses, notamment Renée Fleming et  Susan Graham, mais la musique n'était pas pour moi. J'aime pourtant beaucoup le magnifique poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra, un thème célèbre que vous pouvez entendre sur cette vidéo:

 

également composé par Richard Strauss, et même son opéra Ariane à Naxos, vu à Montréal il y a plusieurs annnées.

Mais là, je m'endormais sur mon fauteuil et je suis partie après le premier acte. J'ai essayé d'écouter la suite à la radio, mais c'était encore pire. J'ai un peu honte de demeurer si imperméable à un opéra considéré comme un chef-d'oeuvre, mais bon, on ne peut pas tout aimer.
En compagnie d'un bon groupe de spectateurs, j'ai tout de même eu le temps d'apprécier la qualité de la composition musicale, quelques beaux passages joués par l'orchestre, et l'excellent jeu scénique des artistes, du moins ceux que j'ai vus à l'oeuvre, car ils et elles n'avaient pas tous fait leur entrée après le premier acte.
Donc, Renée Fleming joue la Maréchale, qui a environ 35 ans, et Susan Graham incarne son jeune amant, Octavian. La Maréchale se désole de vieillir, et sait qu'elle perdra tôt ou tard son amant au profit d'une femme plus jeune.

flemingGraham.png

Dans la vraie vie, les deux chanteuses ont respectivement 50 et 49 ans... Renée Fleming est resplendissante et Susan Graham sait exploiter une apparence juvénile et une attitude un peu garçonne qui la rendent crédible.
Donc, c'est une femme qui joue le jeune amant,  mais la Maréchale incite celui-ci à se déguiser... en femme pour les fins de cette intrigue tragi-comique fort complexe. Pour en comprendre certains passages, il faut identifier les thèmes musicaux reliés aux personnages, comme dans Wagner, mais c'était trop demander à ma pauvre tête.
Donc, malgré cette complexité et d'après ce que je sais du reste de l'histoire, notamment le dénouement, j'en ai déduit que le thème majeur de cet opéra, c'est le naufrage que constitue la vieillesse. La belle Maréchale encore jeune se désole de voir passer les années, et les bar(b)ons de son entourage ne donnent pas le goût de vieillir, tandis que les jeunes, eux, sont beaux et insolents...
Un thème qui aurait dû me séduire et m'émouvoir, mais je suis demeurée de glace.

Tant pis pour moi!

30/12/2009

Partage musical

juliamMeve.jpgLa soprano Marie-Ève Munger avait convié le public de sa région natale à partager son plaisir de chanter, qu'elle-même partageait avec son conjoint Julian Wachner et quelques musiciens invités à compléter ce concert en forme de fête de Noël musicale et conviviale, le mardi 29 décembre en fin d'après-midi. Tour à tour accompagnateur et soliste (oeuvres de Bach, improvisation sur des airs de Noël), l'organiste a su faire apprécier  cet instrument dont le déménagement de l'église Saint-Jacques (aujourd'hui fermée au culte),  à l'église St-Mathias d'Arvida (où avait lieu le concert), effectué sous la responsabilité de M. Luc Lessard, s'est avéré une réussite malgré les écueils d'une telle entreprise.

"C'est un privilège pour moi de pouvoir chanter" a-t-elle dit aux quelque 300 personnes venues l'entendre: c'était plus que ce que l'on attendait, il n'y a pas eu assez de programmes pour tout le monde. Et ce privilège, elle semble en profiter pleinement. Devant une salle où se trouvaient plusieurs membres de sa famille, elle s'est exprimée spontanément à plusieurs reprises, rattrapant les quelques erreurs qu'elle avait commises en présentant trop tôt l'une ou l'autre pièce prévue au programme, et se moquant gentiment de son conjoint qui jouait du pédalier "en pieds de bas".

Mais surtout elle a chanté, de sa  belle voix colorature, assez souple pour aborder la musique sacrée (Exsultate Jubilate, l'Alleluia présenté sur la vidéo ci-dessous par la soprano Sandrine Piau, c'est plutôt bon, mais je n'en ai trouvé aucune version vraiment satisfaisante sur Youtube,  et autres Mozart), les cantiques de Noël, l'Ave Maria de Gounod. Un seul exploit opératique (qui est davantage sa spécialité) au programme, soit Les Oiseaux dans la charmille, un de ses airs fétiches. Comme la mise en scène habituelle (qui inclut une clé installée dans son dos et qui sert à "remonter" Olympia, la poupée mécanique des Contes d'Hoffmann) n'aurait guère été de mise dans le contexte, la soprano a plutôt accentué et exagéré les mouvements saccadés qui révèlent la nature inquiétante de l'automate, tout en faisant valoir le contraste entre les gestes stéréotypés et l'agilité vocale qu'elle doit déployer, le tout présenté de façon fort amusante, pour le plus grand plaisir de son auditoire.

Impossible d'arriver à une parfaite synchronisation entre la voix de la chanteuse et le son de l'orgue qui provient de plusieurs tuyaux, à quoi il faut ajouter la reverbération du son dans cette église, mais les deux artistes ont plutôt bien composé avec ce petit petit problème. Julian Wachner a démontré une belle polyvalence en jouant avec une égale aisance les compositions pour orgue de Widor et Bach et la partition d'accompagnement pour les airs d'opéra (la chanson d'Olympia  et le Libiamo de La Traviata, chanté en rappel). Cinq jeunes chanteuses ont interprété quelques cantiques et formé chorus à l'occasion, la flûtiste Cindy Tremblay a assuré les interventions qui complétaient la partie instrumentale, et le ténor Gaétan Sauvageau a prêté sa belle voix puissante à quelques extraits du Messie avant de chanter le Minuit Chrétiens en duo avec Marie-Ève Munger.

Bref, ce concert présenté de façon tellement simple et conviviale qu'on ne sentait pas le sérieux travail de préparation effectué en amont, par des musiciens très compétents qui manifestement adorent leur métier et aiment se produire en public, a ravi les auditeurs et, on l'espère, les artistes aux-mêmes.

20/12/2009

Contes merveilleux

Contes200910.12.jpgLes Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach: un des meilleurs "opéras du Met" que j'ai vus au Cinéma Jonquière (samedi 19 décembre). D'abord une oeuvre magnifique, un sommet du répertoire français, parfaite alliance entre le texte, poétique et subtil, et la musique,  précise et nuancée. Les grands airs  (Kleinzach, La barcarolle...)  abondent, les numéros comiques alternent avec les scènes au lyrisme exacerbé:  un chef-d'oeuvre raffiné et profond.
Au Metropolitan Opera, le metteur en scène Bartlett Sher opte pour le travail en profondeur avec les interprètes,  dont plusieurs sont tout simplement extraordinaires.

- Première étoile : le ténor Joseph Calleja, originaire de l'île de Malte,  qui jouait Hoffmann pour la première fois de sa carrière. Mais ça ne paraissait pas du tout. Timbre clair et solide, registre étendu, technique impeccable,  physique attrayant et tout à fait en accord avec le rôle. De l'âme, du souffle, aucun signe de fatigue dans ce  rôle marathon  qui le tient sur scène presque sans arrêt. Fabuleux.
- Deuxième étoile : Kathleen Kim, (sur la photo du haut, avec Joseph Calleja) soprano colorature aux ascendances coréennes, pour son Olympia, automate déjantée aux gestes saccadés, voix parfaite dans les aigus où elle se meut avec une aisance déconcertante.

- Troisième étoile : Kate Lindsay, qui joue avec simplicité et naturel le rôle à la fois effacé et complexe de Niklausse (et la Muse), qui ponctue l'action. (Sur la photo du bas, avec Calleja)
- Mention spéciale à Alan Oke, qui jouait quatre rôles, dont celui de Franz (serviteur de Crespel), qui lui a permis de triompher dans l'air de la Méthode, du Offenbach pur jus, fantaisiste et divin à écouter.
- Petite mention au ténor Marck Showalter, très agréable à écouter même dans le rôle très secondaire de l'inventeur Spalanzani, "père" d'Olympia.
Anna Netrebko était belle et émouvante, dans Antonia (elle joue aussi Stella, la Diva qui chante Mozart), celle que la musique conduit vers la folie, mais son chant est un peu monotone et sa voix devient parfois instable dans l'aigu.
Ekaterina Gubanova m'a semblé complètement hors de propos, voix insignifiante et physique totalement en désaccord avec le rôle de la courtisane Giulietta.
Dans les quatre incarnations de l'esprit du mal, Alan Held a mieux fait comme acteur que comme chanteur.
Et je me demande toujours pourquoi, au Met, avec tout l'argent dont ils disposent pour engager les meilleurs chanteurs, ils laissent certains rôles secondaires complètement à l'abandon, les confiant à des artistes pratiquement incapables de chanter, comme Dean Peterson (père d'Antonia), ou Michael Todd Simpson (Schlemil, l'amant de de Giulietta). Je me dis parfois que n'importe quel des choristes de la production aurait pu mieux faire...
Scénographie riche et visuellement séduisante, toute en pénombres et clairs-obscurs. L'atmosphère se réclame de Fellini: clowns et femmes en corset, danses lascives, parapluies décorés d'un oeil, escalier en colimaçon qui ne mène nulle part.
Maestro James Levine était délicieux comme toujours au pupitre d'un orchestre qui nous a servi à merveille cette musique sublime.


ContesNiklausse.jpg Bref, quatre heures de pur bonheur, de total abandon, je suis encore sous le charme et sous le choc.
ll n'y avait pas autant de monde que je l'aurais cru au cinéma Jonquière. La salle n'était pas tout à fait pleine, pas besoin de se battre pour avoir des places: probablement que plusieurs fidèles n'ont pu s'y rendre à cause de la période des Fêtes.
Si vous l'avez manqué, vous pouvez vous rendre à la rediffusion des Contes d'Hoffmann, le 23 janvier 2010 (au cinéma Jonquière et dans plusieurs autres salles du Québec), c'est un vrai délice.
(Jack en a parlé ici)

13/12/2009

Beethoven, comme promis...

Comme promis dans une note précédente, je vous révèle aujourd'hui pourquoi j’aime les symphonies de BeethovenstereoInterPetit.jpg.
Qnand j’avais environ 15 ans, mes parents ont fait l’achat de ce qu’on appelait un “stéréo”: un gros meuble sur pattes en bois verni, qui, en plus de permettre l'écoute de la radio ou de disques 33,45 ou 78 tours, constituait un élément de décor important du salon. Les photos de ce meuble présentées sur cette page ont été prises récemment:  toujours à la même place, un peu marqué par le temps. Mais je ne sais pas s'il fonctionne encore...stereoFinal.jpg

Pour mon anniversaire, mon père m’avait donné un peu d’argent pour m’acheter un  33 tours à faire tourner sur le nouveau stéréo (de marque Marconi), un disque qui  serait vraiment mon choix et qui m'appartiendrait. Je suis allée chez Marchand Musique, rue Racine, et après beaucoup d’hésitation, car le choix était vaste, j’ai choisi la troisième symphonie de Beethoven. Pourquoi? Je ne sais pas trop, je ne la connaissais pas vraiment car jusque-là, j’avais écouté surtout des airs d’opéra, sur les 78 tours de la discothèque paternelle, et aussi le premier concerto de Paganini (j'ai écrit une note à ce sujet, ici).
Et cette Héroïque, je l’ai écoutée vraiment beaucoup. Je l’adorais. La marche funèbre du deuxième mouvement donnait des frissons à l’ado secrètement romantique que j’étais devenue. Je découvrais aussi les possibilités expressives et descriptives de la musique, qui m’avaient échappé jusque-là. Une petit bout de cette symphonie dirigée par Herbert von Karajan sur Youtube:


J’ai souhaité bien sûr entendre les huit autres symphonies, j’ai éventuellement reçu en cadeau un coffret les contenant toutes, et je les ai toutes aimées.
Le stéréo est devenu l’objet d’une  rivalité entre mon frère Pierre et moi: c’était à qui des deux reviendrait de l’école le premier pour mettre sa propre musique: il mettait du rock (probablement Elvis mais je ne suis pas sûre) à tue-tête, faisant trembler la maison grâce à la puissance de ces gros haut-parleurs. Je devais me boucher les oreilles ou sortir dehors... jusqu’à ce que nos parents arrivent et lui intiment l’ordre de baisser le volume.  Moi, quand j'avais la chance d'arriver la première à la maison, je mettais la troisième de Beethoven à volume raisonnable et, étendue sur le divan du salon je “trippais” en l’écoutant.
J’aime toujours autant ces symphonies, même si j’ai appris à goûter bien d'autres musiques et d'autres compositeurs, et même si j'ai tendance en général à préférer Mozart à Beethoven, et l’art lyrique à la musique symphonique. Elles sont toutes sur mon iPod, bien entendu (version Karajan) pochetteKarajan.jpget quand on les joue quelque part en concert, je cours les entendre. J'ai assisté au marathon de Yannick Nézet-Séguin avec l'Orcheste métropolitain du grand Montréal en 2005 (notes 1 et 2) et, l'été dernier, j'ai pu entendre deux des quatre concerts dirigés par Jean-Philippe Tremblay qui a présenté les neuf symphonies au pupitre de l'Orchestre de la Francophonie canadienne.

 

29/11/2009

Bach et Bach

Je suis sortie samedi soir pour aller entendre L'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Choeur symphonique dans un programme de cantates de Bach à l'église Notre-Dame-de-Grâce, dirigé par Pierre Lamontagne. Excellente idée de réunir quelques-unes de ces oeuvres, en extraits pour la plupart, pour la période de Noël. (Ma photo n'est pas terrible...)

concertHorizCorr.jpg

J'ai été un peu déçue par ma soirée: bons interprètes (musiciens professionnels et choristes amateurs de bon niveau), mais problèmes d'harmonie entre les sections du choeur et de l'orchestre, manque de précision, nombreuses difficultés avec les tempos... et avec la langue allemande.

Acoustique déficiente aussi de cette église de forme bizarre: le vaisseau convient bien aux voix, mais pas du tout aux cordes, qui semblaient miauler à certains moments, ce qui est étonnant vu la qualité de ces musiciens de l'orchestre de chambre que l'on connaît bien.

Mais la soirée a néanmoins été sauvée par les éléments suivants:
- quelques passages mieux réussis des Cantates de Jean-Sébastien Bach
- un excellent Magnificat (le Wq 215, seule oeuvre du concert en latin) d'un fils de Jean-Sébastien, Carl Philipp Emmanuel Bach
- la belle performance d'une jeune soliste (dont je ne sais pas le nom) qui a chanté l'aria de la BWV 208 (Cantate de la chasse) d'une voix unie, sans vibrato, mais très pure et très juste

 

- et enfin, le choix de l'oeuvre présentée en rappel, l'incontournable -et magnifique-Jésus que ma joie demeure (Jesu bleibet meine Freude dernier mouvement de la cantate BWV 147), ci-dessus dirigée par Nikolaus Harnoncourt.

23/11/2009

Concert en crescendo

disquePidoux.jpgDimanche 15 novembre, concert à la salle Pollack, à Montréal: un trio de musiciens français reconnus, Régis Pasquier, Roland Pidoux, et Jean-Claude Penneton (ci- contre, la pochette d'un disque qu'ils viennent d'enregistrer), en après-midi. Au programme: Mozart, Merlet, Beethoven. Je voulais y aller pour Mozart et Beethoven, mais les quelques lignes consacrées sur le web à  Michel Merlet, compositeur français né en 1939, m'intéressaient et m'intriguaient.

Le concert fut différent de ce que j'avais prévu: le Mozart (K.542) était très bon, mais très, très léger, il m'a laissé sur ma faim. Le trio de Michel Merlet fut long et ennuyeux, quasi sans intérêt.

Le Beethoven (op.1 no 3) était plus consistant, j'étais  ravie,  mais pas entièrement satisfaite.

En rappel, ils annoncent le premier Trio élégiaque (en un seul mouvement) de Rachmaninov... et nous offrent les meilleurs moments du concert. Une oeuvre dense, intense, dramatique (sur Youtube par le Trio Borodine) :

qu'ils jouèrent à la perfection, emportant toute la salle dans le grand élan romantique de l'oeuvre et de l'exécution.

Voilà ce qui avait manqué à ce concert, malgré les grands noms au programme: ce petit quelque chose, cet investissement total, ce supplément d'âme que l'on attend de tout grand interprète.

Superbe pianiste et virtuose nuancé, Jean-Claude Pennetier a connu quelques difficultés avec sa tourneuse de pages, qui a oublié de tourner à quelques reprises, l'obligeant à le faire lui-même, et qui ne savait pas faire tenir les pages bien à plat: profitant de quelques mesures où il ne jouait pas, il a empoigné la partition pour en lisser les plis et corriger la situation.

Le violoncelliste Roland Pidoux s'est montré impeccable dans tous les aspects de son jeu et le violoniste Régis Pasquier, bien qu'excellent, a fait grincer son instrument à plusieurs reprises.

Somme toute, un bon concert dans une salle où j'aime bien me rendre quand  je vais à Montréal.

17/11/2009

Musique: premiers émois

paganini.jpgMes premiers contacts avec la musique classique: les disques de mon père. Amateur d'opéra, il avait une petite collection de 78-tours, contenant des extraits d'opéra chantés par de grandes voix lyriques (je me souviens de Benjamino Gigli, de Richard Verreault, mais il y en avait d'autres).
Surtout en français:  Salut demeure chaste et pure, L'air de la fleur, Ah fuyez douce image. J'écoutais ça sur une mini-table tournante (comme sur la photo plus bas), imaginez le son! Mais j'aimais ça.

Il y avait aussi une pièce instrumentale: le premier concerto de Niccolò Paganini, joué par Yehudi Menuhin, qui occupait cinq galettes soigneusement rangées dans un grand album. (Une merveille. Ici, sur Youtube ):




(Sur Wikipedia, l'article sur Paganini en anglais est beaucoup plus détaillé que celui en français, dont j'ai mis l'adresse plus haut  (qui se dévouera pour en faire la traduction?), autant sur sa biographie que sur son travail et son importance dans l'histoire musicale (ici) et il y a une foule de détails sur ce premier concerto ici.)
Je plaçais la pile sur le support central du tourne-disque, en l'occurrence une tige métallique que l'on pouvait rallonger pourtournedisque.jpg écouter plusieurs disques, les cinq disques tombaient automatiquement -et lourdement- l'un après l'autre sur la table tournante. Une fois la pile jouée, on la retournait en entier pour écouter la suite. J'avais toujours peur que le prochain disque tombe trop tôt et écrabouille la tête de lecture avant que celle-ci se soit éloignée. Cela ne m'est jamais arrivé, mais il paraît que d'autres ont vécu ce drame.
Le concerto de Paganini occupait 9 des 10 faces de ces cinq disques. Sur la dixième plage, Menuhin jouait le Moto perpetuo de Paganini, une musique que je trouvais troublante et dérangeante.

Un souvenir:

quelques jours avant Noël, j'avais peut-être 11-12 ans, ma mère me demande de l'aider à émietter le pain pour faire la farce de la dinde. Il y en a une montagne. Alors pour me donner du courage, je place la table tournante sur la table de la cuisine, et j'installe ma pile du concerto de Paganini, au son duquel je réduis le pain en petites miettes,  avec un certain enthousiasme, car c'est assez joyeux.


Plus tard, j'ai acheté quelques versions de ce concerto de Paganini (par Menuhin, Accardo, Ashkenasi, Grumiaux) que j'écoute encore avec plaisir aujourd'hui. Cela m'a permis de découvrir son deuxième concerto (La Campanella), souvent gravé sur le même disque, et qui est très beau également.

10/11/2009

Turandot: décevant

afficheTurandot.jpgJe n'ai pas été impressionnée par le Turandot,  de Puccini, production du Metropolitan Opera présentée au cinéma Jonquière samedi dernier.

Il y a notamment eu de graves problèmes de transmission (qui originaient du système du Met et non du cinéma local). Mais ils n'avaient rien à voir avec la production elle-même, qui m'a semblé plombée par les deux principaux interprètes, manifestement pas à la hauteur.

Je ne sais pas pourquoi le Met s'obstine à engager Marcello Giordani dans au moins deux opéras chaque année: il chante vraiment très mal. Un désastre quasi total que son Calaf. Il a exécuté presque correctement (réussissant cependant à fausser dans les quatre notes graves du début) le Nessun dorma, qu'il chante ici, sur Youtube,  lors d'un concert à la cathédrale St-Patrick de New York. (Si vous écoutez cet air chanté par Pavarotti ici, vous entendrez la différence). Pour le reste, le ténor Giordani bouge mal, son visage est inexpressif, il pousse ses aigus comme s'il sautait à la perche... et ratait la barre.

La soprano ukrainienne Maria Guleghina a bien le physique de l'emploi, celui de la princesse chinoise Turandot, mais son chant est sans nuance et à certains moments plutôt approximatif.
Aucune émotion ne se dégage des scènes entre les deux "vedettes".
C'est la  soprano Marina Poplavskaya qui a réussi à créer l'émotion, dans la scène de la mort de Liù.
Les trois interprètes des ministres bouffons Ping, Pang et Pong chantaient très bien et leur long trio était un petit bijou d'humour et d'interprétation. L'un d'eux aurait sans doute pu chanter Calaf avec plus de bonheur que Marcello.

Superproduction signée Franco Zeffirelli, dégoulinante d'ors, écrasée par l'opulence des décors et la pléthore de figurants qui ne cessent d'y défiler, mise en scène convenue et sans grande originalité. C'est une des rares fois où je suis déçue par une production du MET: jai eu l'impression d'y avoir perdu mon temps.

26/10/2009

Céleste Aïda !

J'ai vu Aïda de Verdi, en direct du Metropolitan Opera, au cinéma Jonquière, samedi 24 octobre, dans une salle pleine à craquer. Arrivés 20 minutes avant le début de la projection, nous avons dû nous asseoir en première rangée. Léger mal de cou, vision un peu pénible, mais tout de même, quelle expérience!
Mise en scène (de Sonja Frisell) sobre compte tenu des excès éléphantesques auxquels Aïda donne parfois lieu, accent mis sur le chant et le jeu.
urmana.jpgDeux interprètes sans attrait physique, Johan Botha (Ramadès, photo du bas) et Dolora Zajick (Amneris, photo ci-contre), aussi énormes l'une que l'autre, et pourtant la qualité de leur chant fait oublier leur physique et nous branche directement sur les sentiments qu'ils expriment. Violeta Urmana en Aïda est beaucoup plus séduisante... et immense elle aussi. Belle voix, intense et nuancée. Aucun des trois n'a de problème de volume! Rôles secondaires assez ternes, comme presque toujours au Met (je le sais après trois ans de fréquentation!).

Donc, c'est essentiellement la musique qui séduit dans cette production. Je connaissais déjà le scénario et quelques airs, comme Celeste Aida, et la marche triomphale (que l'on peut entendre avec cette scène filmée en 1989 au Met: identique en 2009, sauf pour le bJohanBothaFace.jpgallet qui a été re-chorégraphié), mais j'ai vraiment aimé, totalement abandonnée et concentrée, entendre l'oeuvre au complet. Et la partie orchestrale est formidable.
Jack a parlé d'un aspect particulier de cet opéra de Verdi, soit le rôle qu'y jouent les prêtres, sur son blogue.

Je ne sais pas s'il y aura une reprise de Tosca, qui a bel et bien été diffusé dans ce cinéma le 10 octobre, mais que beaucoup d'amateurs n'ont pu aller voir car c'était le congé de l'Action de Grâce. Pour le savoir, il faut, deux jours avant la date annoncée pour la rediffusion (le 31 octobre pour Tosca), téléphoner au Cinéma Jonquière(418)543-0055 et écouter le message enregistré annonçant la programmation.