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13/06/2014

Y a-t-il une question dans la salle?

Chaque fois que je vais à Montréal, je passe par le Musée d'art contemporain. Même si je ne sais pas à l'avance quelles expositions y sont présentées, je suis sûre d'y trouver des choses intéressantes. Par exemple l'exposition permanente La Question de l'abstraction qui dure jusqu'en avril 2016, période émaillée d'expositions temporaires sur le même thème. J'ai photographié (en hiver) l'affiche, sur un mur extérieur du MACM:

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L'exposition comprend 104 oeuvres de 56 artistes québécois, illustrant diverses époques et tendances de l'art abstrait d'ici.

La visite de cette exposition fut un parcours fabuleux, à cause de la qualité et de la beauté des oeuvres. Cependant je me suis posé la question: pourquoi parler d'art abstrait?

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(Rita Letendre, Malapeque II, 1973 Acrylique sur toile. Musée d'art contemporain)

Pour moi, la peinture ne peut pas être abstraite. Ce sont des formes, des masses de diverses tailles, de la lumière, des couleurs obtenues par des gestes concrets: le mélange des matières, le pinceau, la spatule ou un autre outil qui les prélève, le bras ou la main qui les applique sur un support.

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(Marcel Barbeau, Rétine Virevoltante, 1966, collection MCAM)

Tous ces éléments attirent mon attention vers quelqu'un, un créateur qui se livre tout entier dans cette oeuvre, corps et esprit. J'essaie de saisir sa main tendue, son esprit, ce qu'il veut me dire. Que la toile représente une vierge à l'enfant ou une série de cubes de diverses couleurs, c'est la même démarche, de part et d'autre.

Parfois je comprends bien, parfois pas du tout, parfois j'aime, parfois pas du tout (et au fond mon opinion n'a d'importance que pour moi-même). Et cela n'a rien à voir avec le fait que je puisse, ou non, identifier un sujet représenté sur la toile.

En réalité, dans ces formes géométriques, ou ces lacis de lignes droites ou courbes, ou ces amas de couleur qui semblent à prime abord ne rien représenter, je finis -presque- toujours par trouver quelques éléments de figuration: cela ressemble à un paysage, à un visage, à un nuage, à une montagne, à un animal, à une maison, une chaise, une bouteille...

Faudrait-il parler d'art non figuratif plutôt que d'art abstrait? Encore là, la frontière entre figuratif et non figuratif est floue:

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Dans la toile (ci-dessus) de Marcelle Ferron intitulée Champ russe, par exemple, je distingue d'abord des formes organiques, des végétaux qui suggèrent la vie, le mouvement. En même temps, les teintes neutres, brunâtres, évoquent non pas la fertilité et la floraison, mais l'humidité, l'enfermement. On sent des secrets, des choses mystérieuses palpiter sous cet enchevêtrement.

La forme des bandes bleu-vert évoque la faux (la faucille) qui tranche. À la limite, tout ces éléments pourraient être inorganiques, armes et outils de métal et de rouille (idée appuyée par le titre du tableau). Diverses possibilités d'interprétation, certes, qui ne rendent pas pour autant la chose abstraite.

Dirait-on que cette oeuvre d'Alfred Pellan (qui ne fait pas partie de l'exposition au MACM), où l'on distingue nettement une forme humaine et une forme animale, est abstraite?

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En fait, la question s'est surtout posée autrefois, quand des créateurs et groupes d'artistes (par exemple ceux du Refus global au Québec) se sont insurgés contre la représentation. Ils ont choisi de laisser leurs mouvements internes et intimes, leurs impulsions, leurs idées les plus folles guider leur choix de formes et de couleurs.

Cette rupture radicale avec la tradition de la figuration fut un moment fort de l'histoire de l'art, on ne peut le nier. À mon point de vue, elle a permis de mettre en lumière le processus et la nature de la création artistique.

Vie, vibration, échanges.

N'empêche qu'aujourd'hui encore, bien des gens (et j'en connais plusieurs) ne sont pas à l'aise avec des oeuvres non figuratives, car ils se demandent toujours qu'est-ce qu'elles sont censées représenter...

Pour ma part en somme, je crois que la peinture ne peut être abstraite: elle est toujours concrète.

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(Paterson Ewen, The Star, 1962. Collection MACM)

22/05/2014

Réels ou virtuels?

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Le monde est un vaste théâtre et nous en sommes tous les acteurs

J'ai récemment photographié cette citation de Shakespeare (dans Comme il vous plaira), inscrite sur un mur extérieur du Théâtre du Nouveau Monde, à Montréal.

Sans doute pour des fins de concision, la traduction en français de ce texte a été quelque peu modifiée par rapport à celle qui est la plus connue:

Le monde entier est une vaste scène de théâtre,
Et tous les hommes et les femmes en sont les acteurs.


(
Ils ont leurs entrées sur scène et leurs sorties de la scène,
Et un homme joue durant la vie de nombreuses pièces).

Je me pose parfois cette question: tout n'est-il qu'illusion? Sommes nous des êtres réels? Ne serions-nous pas plutôt des personnages posés dans un décor, scrutés, étudiés et examinés par d'autres entités pour lesquelles nous serions des cobayes?tnm,shakespeare,montréal,illusion,simulacron 3,daniel f.galouye

En tout cas je me la pose depuis que j'ai lu, il y a une trentaine d'années, Simulacron 3, de Daniel F. Galouye.  À la faveur de quelques indices, un personnage découvre que tout son monde est une copie, une maquette conçue par les savants du monde véritable afin de faire des simulations.

Et peut-être qu'il y a un autre monde au dessus des deux premiers, et puis encore un autre, et ainsi de suite comme dans une spirale sans fin, une enfilade de poupées russes contenues les unes dans les autres de la plus grande à la plus petite...

C'est un thème récurrent de la science-fiction, qui  nous invite à réfléchir sur le réel et l'illusoire. Bien sûr je ne crois pas vraiment que notre monde est virtuel, mais parfois je suis saisie d'un vertige: illusion que tout cela???

08/05/2014

NEM et réminiscences

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Ce vendredi 9 mai, le Nouvel Ensemble moderne donnera à la Maison symphonique un grand concert qui soulignera entre autres ses 25 ans d'existence. Cet orchestre de musique de chambre a été fondé par Lorraine Vaillancourt, formidable musicienne qui en assure encore aujourd'hui la direction artistique.
J'assisterai à ce concert, qui sera au coeur d'une réunion exceptionnelle, celle des élèves de Rhétorique 1964, du collège du Bon Pasteur de Chicoutimi. Je faisais partie du groupe, de même que Lorraine Vaillancourt et plus d'une vingtaine d'autres jeunes filles.

nem,montréal,nouvel ensemble moderne,lorraine vaillancourt,conventum,bon pasteur,chicoutimiÀ cette époque, Lorraine était déjà une pianiste accomplie, et déjà très engagée en musique contemporaine, tout en demeurant très discrète sur cet aspect de sa vie. Mais nous le savions, et parfois nous insistions pour qu'elle nous joue quelque chose. Alors elle s'asseyait au piano, jouait  Beethoven ou Schoenberg, tandis que nous nous l'écoutions, fascinées et vaguement jalouses de sa virtuosité.
50 ans plus tard, devenues des femmes d'âge mûr (!), des mères et des  grand-mères pour plusieurs, nous serons une vingtaine à nous retrouver à Montréal pour une série d'activités culturelles et gastronomiques, style conventum et retrouvailles. Ce sera vraiment extraordinaire d'être dans la salle avec le public pour assister au concert donné par la plus célèbre d'entre nous et son ensemble.
Auto-proclamées les Pastourelles, nous nous sommes réunies à plusieurs reprises au cours de ces 50 ans, en divers endroits: Québec, Ottawa, centres de villégiature, en souvenir de ces belles années pendant lesquelles moi et mes merveilleuses compagnes (Lorraine, Agathe, Michèle, Constance, Lise, Myriam, Line, Francine et les autres) avons franchi les étapes du cours classique, qui s'appelaient Éléments latins, Syntaxe, Méthode, Versification, Belles-Lettres, Rhétorique, Philo I et et Philo II.
Et pour souligner de façon toute particulière nos 50 ans (!), les amies de Montréal nous ont concocté tout un programme, quelque chose de vraiment spécial.

 

PS. Lorraine Vaillancourt et le Nouvel Ensemble moderne représentent, comme l'écrivait Christophe Huss dans Le Devoir samedi dernier, "25 ans de modernité qui ose". On peut lire tout l'article en cliquant ici

22/04/2014

Hauteurs de Montréal

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Montréal, le pont Jacques-Cartier, et au fond, probablement quelques collines montérégiennes. C'est ce que je voyais du balcon, au huitième étage de l'Hôtel de l'Institut, où j'ai séjourné la semaine dernière. Un balcon en ville, c'est rare et précieux.

Il fallait enfiler les gros manteaux même pour y sortir quelques minutes, car il faisait très froid. Mais cela en valait la peine, la vue était splendide. Voici le pont, cadré un peu plus serré:

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J'ai dirigé ma lentille vers le vieux Montréal, avec l'Édifice Aldred et, juste à côté, un clocher de la basilique Notre-Dame:

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Enfin, j'ai pivoté légèrement pour cueillir ce bouquet de gratte-ciels au centre-ville. Celui en forme de croix, au centre, c'est la place Ville-Marie:, et à sa gauche, le chapeau pointu qui dépasse, c'est celui du 1000 de la Gauchetière, le plus haut édifice de Montréal.

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Si cela vous intéresse, il y a un intéressant article à propos des plus hautes constructions de Montréal, ici sur Wikipédia.

 

27/03/2014

Petit besoin, grande découverte

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Quand je sors pendant plus d'une heure, je dois savoir où je pourrai éventuellement faire pipi. Au Saguenay, je n'ai pas de problème: je connais toutes les toilettes publiques, je sais qu'il y en a même une à mon supermarché IGA.

Au cinéma, au spectacle, au centre commercial, et même le long de ma route quand je vais à vélo, je sais où je peux satisfaire ce fréquent besoin naturel. (Par exemple, les toilettes publiques de la place Nikitoutagan, ou encore celles du Cégep de Jonquière).

C'est aussi facile d'en trouver dans les lieux publics de Montréal: je fréquente beaucoup celles de la Place des Arts. Mais quand je vais magasiner rue Saint-Denis, entre Sainte-Catherine et Mont-Royal, c'est vraiment compliqué.

sanctuaire du saint-sacrement,mont-royal,montréal,photos,escalierÀ moins de manger au restaurant ou de m'arrêter dans un boui-boui où je dois consommer quelque chose... D'ailleurs si prends un café dans un café, j'aurai besoin de toilettes dans pas longtemps! J'aimerais bien faire cela chez Renaud-Bray, ce serait chic et disting. Mais je comprends que la librairie ne puisse procurer de telles commodités à sa clientèle, le risque de vols serait bien trop grand.

Malgré tout, j'ai déniché un endroit, l'été dernier. Je me trouvais dans le métro et savais que je ne pourrais pas me rendre à destination, c'est-à-dire à la station Jarry et marcher encore dix minutes pour aller chez mon fils. Je suis donc sortie à la station Mont-Royal et j'ai marché un peu vers l'est, pour me retrouver devant le sanctuaire Saint-Sacrement. J'étais souvent passée devant ce beau bâtiment manifestement voué au culte. Une pancarte annonçait une vente de livres: nihil obstat, une dispense pour pénétrer en ces lieux!

Je suis entrée discrètement, j'ai jeté un coup d'oeil vers ce bazar du livre, au bas de l'escalier:

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Pour ma part, j'ai plutôt monté le majestueux escalier double que voici:

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J'ai fait quelques pas dans un couloir et... bingo! des toilettes! Peut-être pas tout à fait publiques, mais néanmoins accessibles et surtout, essentielles pour moi à ce moment-là. Je n'ai pas trop pris le temps d'admirer ce sanctuaire qui venait pourtant de répondre si adéquatement à mes besoins, car je ne me sentais pas très à l'aise. J'avais l'impression d'être une intruse et je suis sortie bien vite après avoir fait mes dévotions.

Cependant mes recherches subséquentes m'ont appris des choses intéressantes au sujet de ce bel édifice. Aujourd'hui siège social des Fraternités Monastiques de Jérusalem à Montréal, il était autrefois un monastère et une église des pères du Très-Saint-Sacrement, avant de se transformer en lieu de culte de la paroisse du Saint-Sacrement, laquelle fut dissoute en 1998.

J'ai aussi trouvé une photo de la maison d'origine, achetée (en 1890) à Joseph Louis Barré pour en faire une chapelle, le premier sanctuaire d'adoration en Amérique du Nord!

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Ainsi que l'esquisse du plan de développement du monastère, fidèlement suivi si on en juge à l'aspect actuel de l'édifice.

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Pour davantage d'information sur l'histoire de ce bâtiment, cliquer ici.

Il y a là des trésors, notamment une chapelle, que je n'ai bien sûr pas vue, deux orgues, et plusieurs oeuvres d'art. Description au bout de ce lien.

Pour terminer, une photo de la chapelle, empruntée (de même que celle du double escalier, les autres photos sont de moi) au site Montréal in pictures :

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12/12/2013

Moulin rose

Premiers éléments récoltés de mon récent séjour à Montréal: ces photos de la vitrine du magasin Ogilvy, rue Ste-Catherine.

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Petits et grands s'arrêtent depuis 66 ans devant ce spectacle enchanté où des peluches animées se déplacent dans un paysage d'hiver, travaillent, dansent, s'amusent, multipliant  pirouettes et pitreries pour le plus grand plaisir des passants.

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Ce que je ne savais pas et que j'ai appris en consultant la Toile, c'est qu'il y a deux vitrines, deux montages présentés alternativement selon les années: Le Village enchanté et Le Moulin dans la forêt, celui que j'ai pu voir:

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Les peluches ont été fabriquées par la maison allemande Steiff, spécialisée dans les oursons, toutous et autres jouets.

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Comme vous pouvez le constater, il y a des reflets dans mes photos, à cause de la vitre qui me séparait de ces charmants personnages: on peut distinguer lampadaires, édifices, voitures, feux de circulation (de même que moi et mon appareil, sur la photo de droite ci-dessous!) qui se trouvaient derrière moi. C'est peut-être un défaut, mais en l'occurrence il donne un style particulier aux images, et ce n'est pas déplaisant, me semble-t-il.

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08/10/2013

Beauté abstraite

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L'exposition Chihuly: un univers à couper le souffle est prolongée jusqu'au 27 octobre au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Beauté formelle, couleurs pures et vives, transparence, tout cela est fort séduisant.

La forme de ses sculptures de verre évoque celle de nos objets familiers: fleurs, lampes, arbres, ballons. Au moment où j'ai visité l'exposition, mon petit-fils avait adopté un mot: "balou", c'est-à-dire "ballon". Il s'était emparé de ce mot, le premier peut-être qu'il maîtrisait et employait à sa guise, non seulement pour désigner les ballons, mais pour communiquer avec les adultes, s'amuser à les faire réagir, et aussi pour désigner tout objet dont il ne savait pas prononcer le nom.

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"Si Mattéo voyait ça, il dirait bien: balou, balou!", ai-je pensé en voyant cette barque remplie de boules de verre multicolores.

Véritable forêt enchantée aux couleurs chatoyantes, l'univers de Dale Chihuly (photo ci-dessous) m'a cependant laissée un peu froide. Admirative, certes, éprouvant un plaisir sensuel et intellectuel, mais pas vraiment touchée ou remuée.

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Je me suis demandé pourquoi, alors même que j'avais été bouleversée par plusieurs des oeuvres présentées aux Mosaïcultures, visitées lors du même séjour à Montréal.

La réponse me semble-t-il tient à...  la vie. La vie qui palpite dans les sculptures végétales, autant par les sujets représentés, humains, animaux, histoires, légendes, que par le matériau utilisé pour les construire: des plantes vivantes... La vie qui trouve son chemin vers les humains que sont les visiteurs.

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Il y a moins de vie dans l'oeuvre de Chihuly. Du mouvement, certes... mais aucune de ces magnifiques créations de verre ne nous parle de notre monde, de ses activités, de ses aspirations.

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En reconnaissant la forme d'un ballon, d'un arbre, d'une forêt, je suis fascinée par ce jeu de l'esprit, par la beauté de ce que je vois, mais il me manque quelque chose, comme un souffle de vie... qui me relierait à l'auteur de ces extraordinaires créations.

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07/09/2013

Zoooooooooom!

L'une des pièces les plus intéressantes que l'on peut voir aux Mosaïcultures, c'est celle réalisée par la Ville de Montréal, L'arbre aux oiseaux. Elle représente 52 oiseaux s'envolant d'un arbre immense. C'est une création gigantesque: 17 mètres de hauteur, 16 mètres de diamètre, un poids de 1400 tonnes, en fait c'est la plus grande mosaïculture jamais créée. Sa complexité représente un défi pour tout photographe, comme je l'ai constaté en prenant ce cliché:

IMG_0182.jpg

À moi d'agir, donc, par l'oeil de ma lentille. Avec mon nouvel appareil doté d'un zoom optique 20x, j'ai ciblé un seul oiseau:

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Déjà beaucoup mieux. J'ai poussé l'expérience un peu plus loin, et j'ai flirté avec le zoom numérique, pour obtenir cette image:

L'arbre aux oiseaux, Mosaïcultures, Montréal, photo, zoom

Et pour terminer, un joli poème de Pierre de Ronsard, où il est question entre autres d'un arbre(1) et d'un oiseau:

Bel aupébin, fleurissant,
Le long de ce beau rivage,
Tu es vêtu jusqu'au bas
Des longs bras
D'une lambruche sauvage.
Deux camps de rouges fourmis
Se sont mis
En garnison sous ta souche.
Dans les pertuis de ton tronc
Tout du long
Les avettes ont leur couche.l'arbre aux oiseaux,mosaïcultures,montréal,photo,zoom

Le chantre rossignolet
Nouvelet,
Courtisant sa bien-aimée,
Pour ses amours alléger
Vient loger
Tous les ans en ta ramée.

Sur ta cime, il fait son nid
Tout uni
De mousse et de fine soie,
Où ses petits écloront,
Qui seront
De mes mains la douce proie.

Or vis gentil aubépin,
Vis sans fin,
Vis sans que jamais tonnerre,
Ou la cognée, ou les vents,
Ou les temps
Te puissent ruer par terre.

 

(1) Ronsard appelle "aubépin" l'arbuste que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'aubépine, selon l'évolution étymologique suivante (cliquez pour mieux lire le texte):

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04/09/2013

Hommes, chevaux, (s)cul(p)tures

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C'est beau, n'est-ce pas? Deux chevaux, paisibles parmi les fleurs, aux Mosaïcultures de Montréal. Je crois qu'ils sont faits en bois de grève. Parmi les multiples merveilles vues lors de cette visite, il y avait aussi des chevaux construits avec des plantes, comme ceux-ci:

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En classant ces photos, j'ai repensé à cette vision d'un groupe de cavaliers lors d'une excursion récente à l'Anse Saint-Jean, avec un couple d'amis et mon conjoint Jack, qui en a parlé ici

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Je les ai pris de fort loin (les photos de Jack sont bien meilleures), mais tout de même, c'était une image de liberté, de fusion avec la nature, de connivence humain-cheval. Ils se promenaient dans ce paysage extraordinaire, longeant justement la grève.

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Le cheval modifie l'homme, et l'homme lui rend hommage en faisant de ce noble animal le sujet de ses oeuvres.

Ainsi dans ce poème de Rainer Maria Rilke:

Tel cheval qui boit à la fontaine
Telle feuille qui en tombant nous touche,
Telle main vide, ou telle bouche
Qui nous voudrait parler et qui ose à peine -,

Autant de variations de la vie qui s'apaise,
Autant de rêves de la douleur qui somnole :
ô que celui dont le coeur est à l'aise,
Cherche la créature et la console.

28/05/2013

Un métro, des dessins et des murs

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Après avoir écouté un épisode de la série Montréal bouche à bouche portant sur la station de métro De Castelnau, je me promettais bien d'y passer pour prendre quelques photos de ce lieu tout à fait particulier, légèrement atypique par rapport aux autres stations de la STM.
Ce fut fait il y a quelques mois, et ce n'était vraiment pas difficile: j'ai pris l'autobus 55 sur Saint-Laurent et suis descendue à l'arrêt De Castelnau, tout près du marché Jean-Talon où je souhaitais me rendre.
J'ai monté et descendu les escaliers vers l'ouest et vers l'est, parcouru les vastes couloirs peu fréquentés, tout en observant l'architecture et en prenant quelques photos des gravures sur pierre de Jean-Charles Charuest qui ornent les murs.

L'artisan et sculpteur voulait représenter "les Italiens du marché Jean-Talon": les commerçants, les artisans, les clients, les flâneurs. Des familles, des musiciens, des marchands et marchandes de fleurs, de poisson, de sirop d'érable: en tout 30 bas-reliefs, dessins dont les lignes précises et gracieuses animent la pierre.
Je ne les ai pas tous vus, mais j'ai remarqué ce petit chien qui accompagne la signature de Charuest sur plusieurs des oeuvres, sinon toutes:

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C'est fascinant de lire la description que donne l'artiste de son travail:

«Alors, durant quelques mois, j’ai observé les Italiens du Marché Jean-Talon et je les ai dessinés : le boulanger, le boucher, la fleuriste, etc. Ces dessins ont ensuite été gravés sur des panneaux de travertin dur que je suis allé choisir moi-même à Tivoli, en Italie. C’est un artisan du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Maurice Lord, qui a gravé mes dessins. Il s’est servi de la même technique que celle utilisée pour inscrire le nom des défunts sur les pierres tombales. D’abord, on transfère le motif sur un voile de caoutchouc, puis on place ce voile sur la pierre et on repasse par-dessus avec un jet d’air comprimé. Ainsi, tout ce qui a été découpé dans le caoutchouc est gravé dans la pierre. Il a fallu six mois environ à l’artisan pour compléter le travail. Je lui apportais les dessins et les panneaux de travertin à son atelier et il se chargeait du reste.» (Plus de détails ici)

Voici une autre photo que j'ai prise, l'acheteuse aux oiseaux:

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Et quelques autres parmi toutes les oeuvres de Jean-Charles Charuest visibles à cet endroit, dont on peut voir les photos en suivant ce lien.

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Décidément, Montréal est une mine pleine de trésors à découvrir.

 

Une autre découverte:

Il n'est pas évident de déambuler dans une station de métro si on ne souhaite pas monter à bord. Les gens me regardaient avec étonnement, méfiance dans certains cas, surtout en apercevant ma caméra, pourtant très petite. J'étais mal à l'aise de revenir sur mes pas pour sortir par où j'étais entrée parce que je me sentais surveillée (et je l'étais sans doute), comme si on me soupçonnait d'avoir un projet diabolique, genre vol ou attentat.