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12/12/2011

Faust et ses grands airs

J'ai été initiée à la musique par les grands airs d'opéra, surtout français, grâce aux 78-tours de mon père que j'ai écoutés en boucle pendant mon enfance et mon adolescence, et que j'écoute encore avec plaisir aujourd'hui.

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Je connaissais donc les grandes arias (et le synopsis) du Faust de Gounod, mais ne l'avais jamais vu sur scène. C'est chose faite: je l'ai vu... au cinéma Jonquière, qui retransmettait la production du Metropolitan Opera. Nouvelle mise en scène de Des McAnuff, qui transpose l'action au 20e siècle (plutôt qu'au 16e), faisant de Faust un émule d'Oppenheimer, un savant qui regrette d'avoir contribué à développer la bombe atomique quand il en constate les effets dévastateurs.

Cela n'apporte pas grand-chose au scénario, créant même au passage quelques incohérences (en retrouvant la jeunesse, Faust souhaite retrouver l'amour plutôt que de contrer les effets de la guerre), anachronismes (par exemple un duel à l'épée) et incongruités (Marguerite tue son enfant sous nos yeux, en le plongeant dans un lavabo...). En revanche, c'est l'occasion d'installer une scénographie moderne et originale, à base d'escaliers et de barreaux de métal, qui crée une atmosphère encore plus délétère que celle commandée par l'opéra.

Impossible en revanche (du moins pas cette fois) de résoudre, pour les auditeurs d'aujourd'hui, surtout les jeunes, le problème central posé par le volet religieux de ce livret, notamment les bondieuseries et la notion de châtiment divin qui plombent la fin de l'opéra.

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Mais comme toujours, je ne m'attarde pas vraiment au décor, aux déplacements, à l'imagerie. Je vais à l'opéra pour la musique. Et j'ai pris un réel plaisir à écouter cette merveilleuse musique de Charles Gounod.

Les grands airs... y étaient. Mais depuis cet automne, le son des retransmissions du Met est plutôt mauvais: impression de son étouffé, inégal selon les déplacements des chanteurs, voix qui ne sortent guère, de sorte que c'est difficile de juger. Mais enfin, chacun y est allé avec une belle force: Jonas Kaufmann fait un Faust fort crédible, au physique séduisant, à la voix veloutée et curieusement sombre pour un ténor. Il joue bien et chante de belle façon le Salut, demeure chaste et pure (on peut l'entendre sur la vidéo -statique- ci-dessous), donnant tout ce qu'il a physiquement et vocalement pour le grand contre-ut final, correctement livré, sans plus. (Mais j'ai été gâtée avec Richard Verreau...)

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Marina Poplavskaya fait une très belle Marguerite, plus émouvante que technicienne. Son célèbre Air des bijoux, dramatique et bien incarné sur la scène, vient nous chercher même si elle ne domine pas complètement le sujet. Le baryton canadien Russell Braun, qui joue Valentin, le frère de Marguerite, est assez intéressant dans son air Avant de quitter ces lieux, même si en l'occurrence le son était particulièrement mauvais, tandis que la mezzo-soprano québécoise Michèle Losier donne toute la fraîcheur attendue au personnage de Siébel (le jeune amoureux de Marguerite) et met en évidence une voix chaude et riche dans l'air Faites-lui mes aveux.

Finalement, j'ai deux étoiles à distribuer. La première à la basse René Pape, qui semble bien s'amuser à jouer Méphistophélès, le diable qui offre à Faust de retrouver sa jeunesse. Aussi bon, sinon meilleur, dramatiquement que vocalement dans ce rôle-fétiche, il mène le bal avec une grâce ironique, et module avec souplesse les variations du personnage, comique au début, plus sombre à la fin. Et de tous, c'est lui qui articule le mieux le français, même si les autres font quand même bonne figure.

Ma deuxième étoile va au maestro québécois Yannick Nézet-Séguin, qui conduit l'orchestre du Met avec assurance, en lui insufflant couleurs et force dramatique, accompagnant avec sensibilité les moindres nuances des voix et des émotions. Il magnifie encore, si la chose est possible, cette partition déjà extraordinaire.

Bien que la partie orchestrale demeure formidable à entendre jusqu'à la toute fin, il est dommage que le livret se désagrège ainsi dans le dernier acte vers des histoires de religion et de damnation qui étirent inutilement une sauce déjà bien longue. Ou c'est le metteur en scène qui n'a pas su traiter ces aspects de façon convaincante. Au moins dans cette version, Marguerite monte un escalier plutôt que d'être transportée au ciel par les anges.

04/12/2011

Le baroque et le Met: Rodelinda

Un opéra de Haendel au Metropolitan, et pas le plus connu: Rodelinda. Je suis allée le voir (au cinéma Jonquière) surtout pour la musique, car j'aime beaucoup le baroque, et ensuite pour les deux principaux interprètes, la soprano Renée Fleming et le contre-ténor Andreas Scholl.

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Une expérience un peu étrange, en demi-teintes pourrais-je dire. Le style baroque et celui des opéras du Met sont antagonistes à la base. Une fois cela dit, les responsables de la production à New York ont décidé de foncer: de mettre toutes les ressources scénographiques (financières sans doute aussi), dramatiques, vocales et orchestrales, bref toute la gomme au service d'un opéra qui en principe, ne demande rien de tout ça. Ce fut fait d'abord en 2004, puis repris en 2006, et ce que l'on voit en 2011 est, dit-on, la même production, avec quelques légères modifications et des interprètes différents autour de Renée Fleming.

Pour moi, le baroque, c'est, dans une salle de quelques centaines de sièges, un petit orchestre, des instruments d'époque tels que flûte à bec, viole de gambe, clavecin et des chanteurs, quand il y en a, spécialistes du genre (souvent des contreténors), des airs qui ont la particularité de répéter le même thème (et les mêmes phrases) des dizaines de fois. C'est beau, intime, calme, égal: il n'y a pas de grands contrastes entre les temps forts et les temps faibles.

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La Rodelinda du Metropolitan Opera (cliquez sur l'image pour voir une vidéo avec interview -traduite en français- de Renée Fleming), intègre ces éléments dans une grande production, à l'américaine, tendance romantique, big pour tout dire. Les chanteurs quittent le stoïcisme du baroque pour bouger, pleurer, crier, bref, exprimer des sentiments comme dans un opéra de Verdi.

Parmi eux, deux contre-ténors. Dans ce choix de mise en scène classico-romantique, leur registre de soprano sonnait étrangement. Je suis sûre que plusieurs personnes dans la salle ont été étonnées, et peut-être dérangées, en entendant les premières mesures chantées par Andreas Scholl, l'un des plus réputés spécialistes du baroque. Technique impeccable et beau timbre, mais un volume assez faible: si nous l'entendions assez bien dans la projection vidéo, j'ai rodelinda,renée fleming,andreas scholll'impression que sa voix ne devait pas remplir l'immense vaisseau du Metropolitan Opera. L'autre contre-ténor, le britannique Iestyn Davies (photo ci-contre), a donné à mon avis une meilleure prestation.

Renée Fleming aime chanter le baroque, mais ce n'est pas sa spécialité. Elle a éprouvé des difficultés avec les aigus et avec le rythme: une prestation que je dirais inégale, par cette belle rousse séduisante. Et son duo "Io t'abbraccio",  avec Scholl, était formidable. Son fils était joué par un charmant jeune garçon, très performant dans ce rôle important bien que muet.

Stephanie Blythe  connaît très bien le genre et chante de façon superbe.

Pour Kobie van Rensburg et le baryton-basse Shenyang, c'était so-so, comme on dit à New York.

L'orchestre, imposant en nombre de musiciens, sonnait fort bien, avec une couleur baroque  perceptible grâce à l'ajout de quelques flûtes à bec, clavecins et théorbes.

Le tout joué dans de somptueux et gigantesques décors, l'une des scénographies les plus complexes et les plus lourdes utilisées au Met, comme on a pu le voir à l'entracte. Tellement big, les décors, que les changements ont nécessité deux entractes de 20 minutes chacun. Baroques, oui, mais pas musicalement baroques. Un drôle de mélange.

Autres remarques: diction italienne plutôt ordinaire en général, et une scène de combat, vers la fin, totalement ratée (j'ai l'impression qu'il y a eu un problème technique). Et il a fallu attendre le deuxième des trois actes pour que le spectacle commence à lever. Jusque-là, c'était un peu soporifique.

Ceci dit, j'ai quand même bien aimé mon après-midi de cinéma-opéra.

_____

Jack et moi étions pas mal d'accord, même si nous l'avons exprimé en des termes différents: lui ici.

20/11/2011

Don Giovanni: le (toujours aussi) divin Mozart

Don Giovanni, de W. A. Mozart

En direct du Metropolitan Opera, au cinéma Jonquière, le 29 octobre 2011

Mise en scène: Michael Grandage

Interprètes: Mariusz Kwiecien, Luca Pisaroni, Barbara Frittoli, Marina Rebeka, Mojca Erdmann, Ramón Vargas

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Les critiques publiées aux États-Unis ont été assassines pour cette production... mais leurs auteurs n'ont pas vu le même spectacle que moi. Ils ont assisté à la première (ou à la deuxième), tandis que moi j'ai vu une représentation subséquente... que j'ai adorée à tout point de vue.

Partition sublime au départ (du divin Mozart...), excellents -et nombreux- interprètes, ce qui est rare, car il y en a en général un ou une qui détonne, que ce soit au Met ou ailleurs. Le baryton polonais Mariusz Kwiecien (photo ci-dessus) est vraiment superbe dans le rôle-titre, et l'autre baryton, Luca Pisaroni, qui incarne son comparse Leporello est un chanteur de grande classe doublé d'un acteur formidable. Marina Rebeka (Donna Anna) chante divinement. Et Mojca Eddmann (Zerlina) est fabuleuse de fraîcheur juvénile et de pureté vocale.

En symbiose avec la musique (dirigée par Fabio Luisi, qui succède à James Levine), il y avait le jeu, les déplacements, l'interaction entre les interprètes, et surtout la gestuelle et la mobilité expressive de leurs traits. Les critiques, assis dans la salle à bonne distance de la scène, n'ont pas pu observer en gros plan, comme nous au cinéma, les mouvements des yeux, les petits gestes, les mimiques des chanteurs, et en l'occurrence, c'est là que se jouait le drame. Le petit soupir de Don Ottavio (Ramon Vargas, excellent chanteur lui aussi) quand Donna Anna remet leur mariage à plus tard pour une énième fois, et le regard entendu qu'il jette vers l'assistance comme pour dire "il fallait bien s'y attendre": savoureux.

Les duels d'expressions et de regards entre Don Giovanni et Leporello: visages, visages. Micro-échanges visibles seulement au cinéma, en plans rapprochés. C'était magnifique.

Un merveilleux samedi après-midi. (En revanche, je ne suis pas allée voir Siegfried, la semaine suivante).

19/10/2011

L'opéra du samedi

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(Anna Netrebko et Ekaterina Gubanova)

J'ai été très heureuse de retrouver mon opéra du samedi, il y a quelques jours. Autrefois, mon père écoutait les retransmissions du Met à la radio, le samedi après-midi. Il écoute d'ailleurs encore l'Opéra du samedi sur Espace musique.

Mais moi, je préfère aller au cinéma Jonquière pour assister à la diffusion d'une oeuvre du répertoire en direct du Metropolitan Opera.  Pour le plaisir de m'asseoir dans un fauteuil et de me laisser emporter par le spectacle, même s'il est plus ou mois bon.

Ainsi de Anna Bolena, qui fut présenté samedi dernier. Du bel canto, certes, du Donizetti certes, mais certes pas sa meilleure oeuvre. Un livret lourd, interminable, assez peu clair sur les motifs et les intentions de ces personnages historiques. Des interprètes qui ne sont pas spécialistes du genre, et même des problèmes de son (réception, transmission?).

La diva Anna Netrebko incarnait Anne Boleyn. Elle fut interviewée par le directeur du Met Peter Gelb, avant la représentation (plutôt qu'à l'entracte), à sa demande car le rôle est exigeant, épuisant, terrible. La soprano russe l'assume parfaitement côté technique. Elle peut tout faire: aigus, graves, trilles, ornements, déplacements, gestes.  Une vraie machine à chanter... à laquelle il manque une âme, une intensité dans les passages dramatiques. (Je sais, la remarque est dure compte tenu des écueils du rôle qu'elle réussit d'ores et déjà à surmonter... Mais c'est ce que j'ai ressenti).

J'ai bien aimé le ténor Stephen Costello (avec Anna Netrebko sur la photo ci-dessous) dans le rôle de Percy, l'ancien prétendant d'Anne Boleyn, épouse d'Henri VIII d'Angleterre que celui-ci veut écarter pour pouvoir épouser sa nouvelle (et troisième sur six) flamme, Jane Seymoumetropolitan opera,anna bolena,donizetti,anna netrebko,jonquièrer. Donc le roi complote pour faire revenir Percy au royaume d'Angleterre et accuser ensuite Anne Boleyn d'adultère.

Ekaterina Gubanova (russe, tout comme Mme Netrebko), était la meileure de tous, tant au point de vue de la technique que de l'expression. Seul problème: le timbre de sa voix un peu vieillissante n'était pas particulièrement agréable à entendre.

Le baryton Ildar Abdrazakov, troisième Russe de cette distribution, était crédible dans la peau d'Henri VIII, mais m'a semblé assez faible vocalement.

Si on ajoute des décors et costumes pas vraiment inspirés, une mise en scène très conventionnelle, on obtient un spectacle couci-couça. Certainement pas le meilleur opéra produit au Met.

Mais j'ai aimé ça quand même. C'est la magie de l'Opéra du samedi au cinéma.

Depuis que je fréquente assidûment ces projections au Cinéma Jonquière, ma culture opératique s'est grandement enrichie. Avant cela, il y a quatre ans, j'avais vu assez peu d'opéras sur scène (mais plusieurs opérettes), et donc je connaissais assez peu ou pas du tout la plupart des oeuvres présentées au Metropolitan, et je ne savais rien de la plupart des interprètes. Maintenant je les connais, je sais quels sont les favoris des metteurs en scène, je les aime ou pas. Et je réalise (par les interviews et les gros plans) à quel point ce métier de chanteur d'opéra est difficile, exigeant, presque surhumain.

Bref, même quand c'est moins bon, il y a toujours des choses à apprendre, à découvrir. Et ça, c'est très bon pour mon cerveau vieillissant...

Ce plaisir que je m'offfre régulièrement embellit mes samedis après-midis. 

17/05/2011

La Walkyrie: besoin d'air(s)

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En octobre dernier, je m'étais rendue au cinéma Jonquière pour voir L'Or du Rhin, de Wagner, en direct du Metropolitan Opera. Je me suis alors heurtée à une porte close sur laquelle une petite affiche annonçait que c'était complet.

Samedi dernier 14 mai, la même salle diffusait le deuxième des quatre opéras du cycle du RingDie Walküre, toujours sous la houlette de Robert Lepage et de son équipe québécoise. Craignant la même cohue que l'automne dernier, j'ai acheté mon billet une semaine à l'avance et je me suis présentée assez tôt au cinéma Jonquière. Mais cela n'aurait pas été nécessaire, car il y avait cette fois  bien peu de monde. Une des plus petites assistances que j'aie vues dans cette salle au cours des deux dernières années pour un opéra du Met.

La présentation a débuté avec une demi-heure de retard (au Metropolitan et dans les cinémas) pour des raisons techniques, donc à midi 30 pour se terminer à 18 heures.

J'ai été m'asseoir avec un petit groupe d'amis que j'appelle affectueusement les "adorateurs de Wagner": ils connaissent tous les opéras du compositeur, ils en ont vu plusieurs versions, dont certaines au festival de Bayreuth. Cette musique les transporte, les fait littéralement tripper. Encore cette fois, ils ont aimé, ils ont été émus par ces personnages et ces scènes qu'ils connaissent bien, ils ont même versé quelques larmes. Ce qui ne les a pas empêchés de critiquer certains aspects de l'interprétation et de la mise en scène.

 

 

Pour ma part  je suis restée assez froide et je me suis ennuyée par moments. J'ai apprécié en général la partie orchestrale, puissante, nuancée, avec le chef James Levine toujours aussi allumé et efficace. Il y a de belles images, une utilisation ingénieuse et étonnante de "la machine" (nommée ainsi peut-être [mais je ne sais pas s'ils sont au courant] en référence au nom de la compagnie de Robert Lepage, Ex Machina), unique élément de décor, immense structure faite d'une série de planches pivotant autour d'un axe, due au scénographe Carl Fillion.

L'amour qui naît entre Sieglinde et son frère jumeau Siegmund donne lieu à de beaux moments à la fin du premier acte. Tout comme la condamnation de Brünnhilde par son père Wotan à la fin. La chevauchée des Walkyries est spectaculaire (vue par Robert Lepage sur la photo du haut, et vue par Patrice Chéreau sur la vidéo qui suit), de même que l'embrasement final du décor autour de Brünnhilde, suspendue la tête en bas (c'est une doublure, dit-on). Et j'ai bien aimé les interviews et les présentations menées par le suave Placido Domingo aux entractes.

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Debora Voigt et Bryn Terfel


Les chanteurs, Bryn Terfel (Wotan, immense), Deborah Voigt (Brünnhilde, elle va chanter avec l'OSM en 2012), Eva-Maria Westbroek (Sieglinde), Jonas Kaufmann (un Siegmund au physique très agréable), Stephanie Blythe (Fricka) m'ont semblé bons en général, mais ne m'ont pas convaincue de l'intérêt de cette partition, côté vocal. Pour moi qui aime les exploits vocaux, les belles mélodies et les grandes arias, cette musique manque d'air(s).

Mal à l'aise pour juger quelque chose que je ne comprends pas, je laisse donc la critique à d'autres (voir à la fin de cette note). Les Américains ont en général été sévères  avec la mise en scène de Lepage. Mais ils ont assisté à la première, où Deborah Voigt a trébuché sur la machine lors de son entrée, et où Eva-Maria Westbroek, malade, a dû se faire remplacer.  Or, dans la représentation que j'ai vue samedi, tout s'est bien déroulé. Les critiques se plaignent aussi des bruits et craquements émis par les planches qui se déplacent, or, cela n'était pas très perceptible au cinéma et ne dérangeait en rien l'audition.

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Jonas Kaufmann et Eva-Maria Westbroek. (Photo: Ken Howard)

Bref, c'était une expérience à vivre, et j'ai aimé mieux cette Walkyrie que Tristan und Isolde, vu il y a trois ans. Je pourrais répéter la plupart des choses que j'avais alors écrites, mais en adoucissant un peu mon propos. Mon "allergie à Wagner" a un peu diminué, mais je ne suis pas guérie, loin de là.

Je suis contente d'avoir vu ça, d'avoir fait plus ample connaissance avec Wotan, Brühnnilde, et les jumeaux Siegmund et Sieglinde. De leur union naîtra Siegfried, héros du troisième opéra du cycle, qui sera présenté l'automne prochain: je ne sais pas si j'irai le voir...

 

Autres textes sur La Walkyrie de Robert Lepage:

En anglais:

- Un texte suivi de liens vers d'autres critiques publiées aux États-Unis..

En français:

- Le Soleil

- Le Devoir

- Voir

- Critiques américaines et internationales de La Walkyrie, traduites et résumées dans La Presse:

02/05/2011

Il Trovatore: flammes, passion et bel canto

Il Trovatore,Radvanovsky, Hvorostovsky, Metropolitan,Alvarez,McVicarIl faut aimer l'opéra pour aller s'enfermer dans une salle obscure alors que la première journée vraiment printanière brille de tous ses feux et nous invite à jouer dehors.

J'aime donc l'opéra, puisque ce samedi 30 avril, je suis allée voir Il trovatore, de Giuseppe Verdi, production du Metropolitan Opera diffusée en direct au Cinéma Jonquière. Parfois on nous présente la première d'un opéra, cette fois je crois qu'il s'agissait de la dernière des représentations (qui ont débuté en novembre) de cette production dont la mise en scène est signée David McVicar. Bande-annonce et extrait vidéo au bout de ce lien.

Je connaissais vaguement quelques airs, mais pas vraiment cette oeuvre pourtant très célèbre. Le synopsis est tellement compliqué que personne ne le comprend vraiment: une femme et un enfant  jetés dans un bûcher, la vengeance, la passion, la jalousie. Il y a des combats dont l'issue n'est pas montrée immédiatement, des motivations difficiles à comprendre. On peut s'appuyer cependant sur l'éternel triangle opératique:  le méchant baryton et le bon ténor s'affrontent pour l'amour de la soprano, qui meurt à la fin, ainsi qu'au moins un des deux rivaux.

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(Marcelo Alvarez et Sondra Radvanovsky dans la scène finale)

La mise en scène qui divise le plateau en deux rend les choses aussi claires que possible en réglant la question des  changements de décors, remplacés par le pivotement d'une  partie de la scène, mais plusieurs points demeurent malgré tout obscurs. Peu importe d'ailleurs, si la musique est bien servie. Et quelle musique! riche, puissante, nuancée, présentée correctement mais sans éclat particulier par le chef Marco Armiliato et ses musiciens.

Les quatre premiers rôles du Trouvère requièrent autant d'interprètes solides, tant du point de vue dramatique que vocal, et nous les avions somme toute: chacun a été inégal, a connu quelques ennuis vocaux, mais chacun a aussi été excellent aux moments-clés, laissant passer l'émotion et la tension avec un contrôle technique de haut niveau. Les scènes à deux personnages ou plus étaient très bien menées, de même que les prestations du choeur, et finalement, la tragédie dans ce qu'elle a de plus poignant s'est incarnée dans les voix, dans les visages des protagonistes, le drame est devenu réel sous les yeux des quelque 150 spectateurs présents.

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Sondra Radvanovsy (photo ci-dessus), une soprano américaine au visage ouvert et attrayant, possède une voix naturellement puissante et bien projetée, plysique idéal pour le rôle de Leonora. Son jeu est intense, surtout dans la scène du sacrifice final, qui nous arracherait des larmes. Les notes très aiguës m'ont semblé moins belles, mais je ne puis pas juger avec certitude, cela tient peut-être au système sonore du cinéma, et cette remarque vaut pour tous les autres interprètes de toutes ces diffusions.

Le ténor argentin Marcelo Alvarez (site officiel: en quatre langues... mais pas en français) a été le plus inégal des quatre, avec de moins bons et de meilleurs moments, sans doute meilleurs quand il chantait avec ses partenaires, mais enfin, son timbre est agréable et il a bien accompli son travail.

Le baryton sibérien Dmitri Hvorostovsky (pas grand-chose sur ce lien en français, où son nom est d'ailleurs mal orthographié), grande vedette internationale, véritable rock star de l'opéra, fut acclamé avec passion par le public new-yorkais après la représentation. (Il a donné un concert à Montréal l'an dernier et il était au programme à Québec ce mercredi mais le concert a été annulé).

il trovatore,radvanovsky,hvorostovsky,metropolitan,mcvicarBeau visage aux traits réguliers, superbe tignasse blanche devenue sa marque de commerce, mince et bien fait, il chante avec puissance et naturel. C'était impressionnant de le voir reprendre son souffle pendant les applaudissements qui ont suivi son grand solo: il venait manifestement de tout donner.

Et enfin Dolora Zajick (site en anglais seulement, désolée) incarne la gitane Azucena, celle par qui tout arrive, dont la mère a été brûlée, qui a jeté son propre enfant au feu et qui maintenant réclame vengeance. Visage singulier et casting parfait, très belle voix de mezzo aux accents étranges dans le grave, mais ce qu'elle prononce mal l'italien! (ses partenaires étaient un peu meilleurs à ce chapitre, mais pas terribles eux non plus).

La scénographie très réussie installe un univers qui évoque celui du peintre Goya.

Bref, j'ai bien apprécié ce Il trovatore du Met:  une belle production, pas trop longue (trois heures, c'est raisonnable), servie par d'excellents artistes, agréable musicalement et visuellement.

10/04/2011

Avec Le Comte Ory... on rit

le comte ory,metropolitan,juan diego florez,diana damray,joyce didonato,cinéma jonquièreLe fabuleux ténor péruvien Juan Diego Florez a vu naître son premier enfant (le samedi 9 avril) à peine une demi-heure avant d'entrer sur scène au Metropolitan Opera. Sa femme Julia a donné naissance à leur fils, prénommé Leandro. Un accouchement à la maison, dans le calme, dans l'eau... Le chanteur a juste eu le temps de prendre le bébé et de le remettre à sa femme... puis il a dû cavaler jusqu'au théâtre pour jouer Le Comte Ory à la représentation de 13 heures. Par ailleurs, il n'avait pas dormi de la nuit, ça se comprend. C'est ce qu'il a raconté à Renée Fleming, l'hotesse de cet opéra peu connu de Rossini, présenté en direct du Met au cinéma Jonquière.

C'est ça, la vie d'artiste: naissance, mort, rupture, coup de foudre, accident, dispute: rien ne doit empêcher l'acteur de monter sur scène à l'heure prévue. "The show must go on", comme ils disent.

Et quel spectacle! Du bel canto servi par trois artistes extraordinaires:  Juan Diego Florez, dont je connaissais la polyvalence et le timbre succulent (je l'ai vu dans La Fille du régiment, projeté le comte ory,metropolitan,juan diego florez,diana damray,joyce didonato,cinéma jonquièrel'an passé au cinéma Jonquière), avait pour partenaires Diana Damrau, une soprano allemande que je ne connaissais pas du tout, une authentique colorature, extraordinaire d'agilité vocale et de finesse dans le jeu, et Joyce DiDonato, mezzo de haut niveau, voix souple et soyeuse  subtilement travaillée, qui endosse avec aisance le rôle masculin -et ambivalent- du page Isolier. (Incidemment, la mezzo-soprano jeannoise Julie Boulianne était la doublure de DiDonato dans ce rôle, prête à prendre la relève en cas de pépin... mais cela ne s'est pas produit).

Aigus stratosphériques, arpèges vertigineux, cascades d'ornements et de fioritures:  parfaitement à l'aise dans ce Rossini pur jus, les trois comparses mettent en valeur chaque détail de cette partition semée d'embûches, prononcent à la perfection ce texte français finement ciselé, se répondent avec finesse, agrémentant le tout d'oeillades coquines, de rodomontades, de gestes qui démentent le propos ou inversement, bref, c'est un régal du début à la fin.

le comte ory,metropolitan,juan diego florez,diana damray,joyce didonato,cinéma jonquièreDommage que les rôles secondaires soient un peu négligés, comme c'est souvent le cas au Met: si le baryton français Stéphane Degout (photo ci-contre) est très bien (mais un peu nerveux) dans le rôle de Raimbaud, la mezzo-soprano Suzanne Resmark (Ragonde) et le baryton-basse Michele Pertusi (le tuteur) sont vocalement très ordinaires.

Côté scénario, Le Comte Ory est une immense farce qui s'inscrit dans la tradition de l'opérette à la française: séduction, quiproquos, cachotteries, pamoisons, libertinage, assemblés en une élégante dentelle où les propos égrillards et les phrases à double sens alternent avec de beaux moments poétiques et gracieux.

Afin de séduire la comtesse Adèle, enfermée au château avec ses compagnes pendant que les maris sont aux Croisades, le comte Ory, qui a mauvaise réputation, doit cacher sa véritable identité. Il se déguise d'abord en ermite, et on voit donc Diego Florez vêtu d'une longue tunique blanche, gourou barbu devant lequel se pâment le paysannes et les gens du village (c'est du plus haut comique, un petit aperçu dans la vidéo ci-dessus). Ensuite, pour entrer au château, il endosse l'habit et la coiffe d'une religieuse, imité par tous ses compagnons: drôles de nonnes et nonnes très drôles.

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Et tout finit au lit, avec un trio: deux hommes et une femme (interprétés par deux femmes et un homme!) se caressent joyeusement -et indistinctement- les uns les autres, y prennent plaisir, et chantent admirablement en plus.

Certains critiques américains n'ont pas aimé la mise en scène de Bartlett Sher qui, outre cette entorse finale au livret, prend le parti d'installer une pièce dans la pièce, proposant ainsi une mise en abyme qui n'est pas non plus dans le livret. Je n'y ai pas vu d'inconvénient pour ma part, sauf que cette scène sur la scène réduit les dimensions de l'espace de jeu et limite sans doute les mouvements des choristes.

Il paraît que le rire est bon pour la santé: alors je vais me sentir très en forme pendant les jours qui viennent, car j'en ai pris une bonne dose samedi: en réalité, j'ai rarement autant ri à l'opéra et/ou au cinéma.

De plus, j'ai aimé le chant, j'ai découvert une merveilleuse soprano que je ne connaissais pas, et j'ai vu un nouveau papa heureux, qui certes a dû courir très vite après la représentation pour aller retrouver sa petite famille...

20/03/2011

Lucia di Lammermoor: cris et roucoulements

En février 2009, je suis allée voir Lucia di Lammermoor, l'opéra de Gaetano Donizetti monté au Metropolitan Opera et diffusé au cinéma Jonquère.

Hier, samedi 19 mars 2011, je suis retournée au même cinéma, voir le même opéra, dans la même mise en scène (de Mary Zimmerman), également en direct du Met. Une distribution et une direction musicale différentes ont donné d'autres couleurs à cette belle oeuvre.

J'avais bien aimé ma première Lucia, Anna Netrebko, et  j'ai louangé grandement sa prestation (ici).  J'avais cependant, sans oser l'avouer, l'impression qu'il lui manquait quelque chose.

Ce quelque chose, je l'ai trouvé chez Natalie Dessay, l'interprète d'hier. C'est à la fois indéfinissable et nettement perceptible: la conjonction de plusieurs éléments, talent de comédienne, agilité vocale (à la fois innée et cultivée), expérience, et surtout, croit-on comprendre,  l'immense plaisir qu'elle éprouve à faire son métier: elle va même jusqu'à improviser, ajoutant des ornements ou des déplacements non prévus. Ce plaisir jubilatoire coiffe sa prestation d'un plus qui appelle les superlatifs: éblouissante, magique, émouvante, superbe. Elle avait la voix un peu voilée lors des interviews accordées à Renée Fleming, et peut-être aussi à certains moments sur scène, mais peu importe: sa prestation est de celles qui emportent tout sur leur passage.

Ce que l'on voit sur la vidéo ci-dessus, c'est une projection sur grand écran à Times Square, en 2007, pour le lancement de la saison du Metropolitan Opera, où Natalie Dessay chantait Lucia pour une première série de représentations. Elle interprète le célèbre air de la folie, écoutée par les passants, les gens assis dehors: c'est fabuleux.

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La distribution de 2011 est  supérieure à celle de 2009, d'autant plus que le ténor Joseph Calleja, dans le rôle d'Edgardo, est un partenaire idéal pour la soprano et livre une performance également remarquable: physique séduisant, intense et émouvant, voix très musicale, pure et puissante, parfaitement à l'aise dans les acrobaties exigées par la partition.

Son dernier air, Tombe degli avi mici (Tombeau de mes ancêtres), qu'il chante avant de se donner la mort, est totalement pertinent et bouleversant (dans chaque production où l'interprète d'Edgardo n'est pas à la hauteur, cette aria paraît superflue après le grand air de la folie de Lucia).

lucia di lammermoor,metropolitan opera,natalie dessay,joseph callejaPhoto de lui ci-contre.  Et en cliquant sur l'image un peu plus haut, on peut voir et entendre son duo du début avec avec Natalie Dessay.

Le baryton Ludovic Tézier et la basse Kwangchul Youn sont très corrects dans des rôles ingrats et difficiles d'Enrico, frère de Lucia,  et du chapelain. Belle voix du ténor Matthew Plenk dans le rôle très bref d'Arturo.

Mise en scène convenue, décor singulièrement lourd et compliqué, mais peu importe, ce qui compte c'est la musique, superbement servie par le maestro Patrick Summers et les interprètes: le célèbre sextuor de l'acte II était particulièrement inspiré.

Anecdotes

J'ai vu Lucia di Lammermoor à l'Opéra de Montréal en 2001 (voir mon billet ici), et j'en conserve un souvenir étrange.lucia di lammermoor, opéra de Montréal, Mary Dunleavy, 2001, metropolitan opera,natalie dessay,joseph calleja, opéra de Montréal Le ténor et le baryton (Gran Wilson et Brian Davis) étaient plutôt mauvais, et la soprano Mary Dunleavy, très souffrante, chantait d'une voix à peine audible. Pour l'air de la folie, craignant le pire, tous les spectateurs retenaient leur souffle...

Et l'improbable s'est produit: ce filet de voix éthéré et irréel, soutenu par le son aérien de la flûte, s'élevant dans le silence le plus total, a agi comme un philtre magique sur un public totalement envoûté. Ce fut le meilleur moment de cette production plutôt médiocre. 

Par ailleurs, la neige, comme toujours à la scène, était évoquée par des petits morceaux de papier-mouchoir tombant du plafond. Or, certains d'entre eux étaient bien trop grands et ressemblaient davantage à des kleenex qu'à des flocons: gracieuseté des techniciens de la Place des Arts, qui exerçaient alors des moyens de pression.

27/02/2011

Ô malheureuse Iphigénie!

Ô malheureuse Iphigénie (chanté ci-dessus par Maria Callas): c'est la grande aria d'Iphigénie en Tauride, le magnifique opéra de Gluck présenté samedi au Cinéma Jonquière, en direct du Metropolitan Opera de New York. Parmi les éléments ayant incité les fans à remplir la salle: la présence sur scène de la mezzo-soprano Julie Boulianne, originaire de Dolbeau-Mistassini. Elle est la première de nos gloires opératiques locales à chanter au Met, et plutôt deux fois qu'une car elle incarnera prochainement Stephano dans Roméo et Juliette de Gounod (qui ne sera pas diffusé au cinéma cependant).

Elle joue le rôle très mineur (on la voit en très petit sur la photo ci-dessous) et néanmoins important de la déesse Diane: elle interprète son seul air (qui dure environ trois minutes) vers la fin , après être descendue du plafond dans des harnais dont elle se détache gracieusement. Elle a fort bien chanté, dans un registre plus élevé que mezzo m'a-t-il semblé, mais peu importe, c'était un bon moment et les gens à Jonquière l'ont applaudie.

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Pour ma part, je n'aurais manqué cet opéra pour rien au monde, parce qu'il est en français, et surtout, à cause de la musique. Musique pure, dépouillée, lumineuse, parfaitement rendue par un orchestre aux effectifs réduits, que j'ai goûtée d'un bout à l'autre. Et il y a beaucoup d'arias sublimes, Unis dès la plus tendre enfance, Dieux qui me poursuivez, et D'une image, hélas! trop chérie, entre autres.

De grosses pointures dans les rôles d'Iphigénie et de son frère Oreste: Susan Graham et Placido Domingo (qui ont chanté déjà cet opéra au Met en 2007). Le directeur du Metropolitan  s'est présenté sur scène, avant la représentation, pour demander l'indulgence du public envers les deux vedettes, qui allaient performer malgré une vilaine grippe. Ils ont vaillamment traversé tout ça, lui un peu essoufflé et incapable de chanter à pleine voix, elle à peine troublée par un léger embarras dans l'aigu: mais leur talent et leur expérience ont largement compensé ces difficultés temporaires et c'était beau de les voir et de les entendre.

J'ai découvert l'excellent ténor américain Paul Groves (spécialiste du répertoire français, que l'on voit sur la photo ci-dessous avec Graham et Domingo) dans le rôle de Pylade:  timbre clair, voix souple, manifestement à l'aise dans ce type de musique. J'ai adoré l'entendre chanter.

Seul bémol de la distribution, Gordon Hawkins, dans le rôle (heureusement assez bref) de Thoas, roi des Scythes: une véritable catastrophe, très mauvais chanteur et acteur: n'importe quel des choristes présents sur scène aurait sans doute mieux fait!).

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La scénographie s'inspire de la peinture hollandaise, ou aurait dit des tableaux de Vermeer, mais -malheureusement- sans la lumière! La mise en scène statique et conventionnelle ne m'a pas dérangée: quand la musique est belle, je me dis parfois que les chanteurs pourraient venir tour à tour à l'avant-scène pour interpréter leurs airs, et que je serais comblée quand même.

Côté narratif, l'opéra de Gluck raconte un épisode de la légende des Atrides, famille maudite de Mycènes dans la mythologie grecque. Exilée en Tauride par un terrible engrenage de meurtres, de vengeances et de sacrifices (les flashbacks sur cette saga constituent d'ailleurs une partie importante de la trame narrative), Iphigénie est un jour tenue de sacrifier aux dieux deux étrangers capturés par les Scythes: elle se rend compte que l'un d'eux est son frère Oreste, qui la croyait morte. Diane vient finalement empêcher le sacrifice et apaiser les âmes tourmentées.

Un peu loin de nous, tout ça, mais on y croit, et à certains moments, les larmes ne sont pas loin: voilà le miracle de l'art et de la création.