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04/08/2008

Hélène Beck: vie et couleur

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Le Centre National d’Exposition de Jonquière présente pendant l’été (jusqu’au 28 septembre) une très belle rétrospective de l’oeuvre de l’artiste peintre saguenéenne Hélène Beck.
Le document vidéo qui accompagne l’exposition intitulée Beck tout simplement nous fait bien saisir à quel point Hélène Beck est demeurée fidèle à ses choix: travaillant souvent dans l’ombre, mue par son besoin de peindre et son amour de l’art,  elle a construit lentement un style, une palette qui lui appartiennent, sans jamais s’en laisser distraire.
Toujours vivante et active, elle nous offre sa vie et sa vision dans cette exposition, qui nous permet de suivre son cheminement, un parcours qui ressemble à celui d’un grand nombre de créateurs:  au début, gestes timides, couleurs sombres, petites toiles. Peu à peu, au fil des oeuvres et des années, l’artiste s’épanouit, maîtrise mieux ses moyens, étend sa perspective (et les dimensions de ses toiles), multiplie les couleurs pour atteindre un équilibre parfait entre exubérance et maîtrise.
Dans ses toiles les plus récentes, on sent qu’Hélène Beck arrive à s’exprimer, à s’abandonner en quelque sorte, à dire ce qu’elle veut vraiment dire.
Son oeuvre est  importante non seulement par sa valeur esthétique, mais par son intérêt historique et social, car elle a tout illustré de la vie québécoise: les traditions, les paysages, les maisons. À la fois figuratif et personnel, son style peut être qualifié d’expressionniste, mais sans s’inscrire dans ce courant particulier, ni dans aucun autre: on sent la recherche intime, au plus près de l’expérience personnelle, qui débouche sur une nature morte, un paysage, un portrait ou encore une scène d’autrefois.
Le  défilé de la saint Jean, à travers un beau triptyque, le couvent,  la nature et les espaces urbains (très belles rues de Chicoutimi, de l’Ange-Gardien), du Saguenay, de Charlevoix et du Québec.
Je vous suggère vivement une visite de son site, très bien fait, sophistiqué et professionnel, où vous pourrez admirer ses tableaux à l’aide d’un portfolio bien fourni.
La journaliste Christiane Laforge a aussi rédigé plusieurs textes sur Hélène Beck, dont celui-ci, dans Le Quotidien et sur son blogue.

28/07/2008

Nature versus culture

levassCoupe.jpgNathalie Levasseur télécharge la nature dans une salle d’exposition, précisément au Centre National d'Exposition  de Jonquière. L'artiste  a pris plusieurs jours pour disposer avec soin les divers éléments de cette nature mi-vivante, mi-morte, pour constituer cette installation intitulée Renouée, que l’on peut voir jusqu’au 24 août.

Végétaux: feuilles, branches, écorces, substances organiques animales: os, poils, coquilles d’oeuf, et humaines: ongles, cheveux..., minéraux: sable,  roche,  ainsi que de l’eau, et des objets créés par l’artiste. Un nombre incalculable d'éléments  ordonnés, regroupés en sections bien délimitées et n’empiétant pas les unes sur les autres: un motif répété plusieurs fois constitue chacune de ces sections: à la fois l’image et le contour.
Partout dans la salle, le plancher est dégagé de façon à former des sentiers sinueux au fil desquels le visiteur déambule. Il doit regarder au sol, où sont disposés la plupart des éléments, afin de ne pas marcher sur ceux-ci, et quand il regarde droit devant, derrière ou à côté de lui, il aperçoit les objets qui émergent du sol, ceux-ci sont des oeuvres issues de la créativité de Nathalie Levasseur: branches tressées qui prennent la forme d'une balançoire, d'un coeur, d'un animal, plus des sculptures abstraites et des projections vidéo.

On peut y voir une tentative d’ordonner, de dominer, de disposer la nature, qui perpétue la tradition consistant à classer et hiérarchiser les espèces (y compris les races humaines) et les objets, afin sans doute de pouvoir les comprendre.

Voilà donc que les feuilles, au lieu de pousser dans les arbres et de tomber au sol dans le plus grand désordre (apparent, sans doute), sont soigneusement rangées dans un espace bien délimité: il y a là un travail de l’esprit qui, incapable d’appréhender le monde tel qu'il se présente, le filtre pour le mouler à ses capacités, lui conférant ainsi un nouvel aspect, de nouvelles significations.
Avec sa nature recréée et revisitée,  par cet univers organique  qui propose un raccourci éclairant de l’histoire du monde et de ses règnes, Nathalie Levasseur nous offre une expérience étrange et sensuelle, une proposition qui met en lumière le couple paradoxal nature-culture.
Et qui soulève davantage de questions qu’elle ne donne de réponses: n’est-ce pas le propre de l’art vivant?