22/04/2010
Beaux bodies
Bodies l'exposition: j'ai bien apprécié ma visite... du corps humain. Les muscles, le squelette, le système nerveux, le système digestif, les organes génitaux, le coeur, l'appareil circulatoire, le développement de l'embryon: tout est là... sauf la peau.
C'est mieux que des images en deux dimensions: on peut faire le tour de chaque morceau exposé, tout est bien expliqué, de petites vignettes collées directement sur les pièces indiquent l'emplacement de chaque organe.
Le plus fascinant, selon moi: le cerveau. Dure-mère, cervelet, corps calleux, lobes, une merveille. De même que la colonne vertébrale, le rachis qui supporte l'ensemble du corps et lui permet de se mouvoir gâce à un ensemble complexe de pièces osseuses à la fois solides et mobiles et de fluides assurant la transmission des influx et la souplesse de l'ensemble.
On y voit aussi des maladies, cancer du poumon ou de la glande thyroïde, hydrocéphalie, oedèmes, artériosclérose: il faut être spécialiste pour les distinguer, moi je n'aurais pas pu les détecter.
Quelques processus de réparation sont montrés aussi: prothèses de remplacement du genou, par exemple.
Il y avait peu de monde, mercredi midi, donc j'ai pu visiter tranquillement, cette exposition qui occupe une grande partie du vaste hangar de la zone portuaire à Chicoutimi, pour écouter l'audioguide et lire la plupart des textes. Ce sont des choses que je connais plus ou moins, l'emplacement des poumons, de la rate, du fémur, le fonctionnement du coeur, comment faire travailler mes muscles deltoïdes ou mon grand fessier, mais c'est absolument fascinant de les voir "en vrai" et dans le contexte des organes environnants.
Tout cela est fort bien présenté, et le fait qu'il s'agisse de véritables corps humains impose le respect. Ce n'est pas macabre ou sordide, il faut voir ça comme une expérience de découverte scientifique. On peut avoir des réserves morales, sur la provenance des corps, mais comment savoir? Mieux vaut profiter de ce que l'on voit. Avec un élan de sympathie pour les êtres vivants que furent ces corps avant d'être plastinés.
Cela relativise les choses, nous montre que nous sommes au fond tous faits de la même façon: tous les visiteurs qui étaient là au même moment que moi, par exemple, je pouvais voir comment étaient faits leur crâne, leurs muscles, leurs artères, leurs poumons, leurs organes génitaux (mais oui!): tous pareils et pourtant tous différents.
Les animaux, mammifères et vertébrés surtout, possèdent des systèmes vitaux semblables aux nôtres. Admiration et humilité...
Mais quand même, je trouve qu'on est plus jolis avec la peau.
25/03/2010
La couleur selon Alfred Pellan
Il y a une magnifique exposition des oeuvres d'Alfred Pellan au Centre National d'exposition. Une exposition itinérante en provenance du Musée du Québec. Présentation sobre et dépouillée, propre à mettre en valeur l'effervescence et l'éclat de la peinture. Peu nombreuses mais bien choisies, les oeuvres permettent de bien voir l'évolution de Pellan, de ses débuts à peu près figuratifs (tendance cubiste), jusqu'à l'abstraction inclusive (intégrant des élément figuratifs), et parfaitement maîtrisée à tous points de vue. Les lignes et les couleurs nous parlent un langage direct, immédiatement accessible.
Comme le dit le texte de présentation:
"son œuvre célèbre la vie dans tout ce qu'elle insuffle de désirs, de rêveries et d'images poétiques.(...)
Depuis les premiers tableaux recelant notamment l'influence du cubisme, jusqu'à sa série des Bestiaires, en passant par sa maîtrise de l'art du portrait, ses grandes compositions aux fortes connotations surréalistes, ses repères topographiques fantastiques que constituent les Jardins, puis son apport à la scénographie théâtrale, Pellan nous invite à le suivre au sein d'un univers oscillant constamment entre la réalité et l'imaginaire."
C'est lumineux, séduisant, profond.
C'est beau, ludique, exubérant, inventif, génial.
Courez-y si vous ne l'avez pas vue (Elle se termine dimanche prochain, 28 mars). Je ne sais pas si les images que je vous présente ici y sont, je n'ai pas noté les titres, mais peu importe, Pellan c'est Pellan.
08/03/2010
La beauté selon Tiffany
Je manque rarement les expositions présentées au Musée des Beaux-Arts de Montréal, quand je vais dans la métropole. Celle-là, Le verre selon Tiffany, je voulais la voir absolument. Pour moi, ce fut un voyage au pays de la beauté. La beauté pure. La couleur, la lumière, l'harmonie. Pas de drame, pas de grande question existentielle. Juste de la beauté pour les yeux, l'esprit, le coeur.
Vase monté motif de plume de paon (1899)
Verre soufflé, argent doré, émail plique-à-jour, rubis
Et une technique à couper le souffle, des effets de drapé, de vagues, obtenus en faisant bouger le verre chaud, en passant dessus une sorte de peigne. L'audioguide que j'avais loué m'a plus dérangée qu'aidée dans ma visite, de sorte que je ne l'ai pas tout écouté. J'ai préféré regarder, me gaver de beauté.
Et les vitraux de l'église voisine, Erskine and American, que le MBA a acquise pour agrandir ses locaux: seule occasion de les voir d'aussi près, car ensuite il seront réinstallés à leur place, dans l'église transformée en une partie du musée.
Vierge à l'enfant d'après un dessin de Frederick Wilson 1902
Saint Jean l'Évangéliste 1902
Ange de la résurrection d'après un dessin de Frederick Wilson
Verre et plomb-Photos MBAM
J'ai aimé découvrir le parcours de cet artiste, Louis Comfort Tiffany, un homme qui conserve son mystère, malgré ce qu'on peut en dire.
Voilà, c'était beau, c'était bien. Si vous voulez voir des photos de plusieurs pièces de l'exposition, allez sur le site du magazine , L'Actualité (ici), il y en a une quinzaine. Je vous en montre encore une, vraiment magnifique, et ensuite je me tais:
Panneau de mosaïque aux cacatoès à huppe jaune
Vers 1908 Mosaïque de verre
30/08/2009
Le jardin de Spring Hurlbut
Un jour du mois d’août, je me suis rendue au Musée d’art contemporain, un endroit de Montréal que j’aime beaucoup, davantage que le Musée des Beaux-Arts, parce qu’on y trouve l’art actuel, celui qui se fait aujourd’hui, créé par des artistes pour la plupart encore vivants et actifs.
Il y avait plusieurs expositions en cours, dont une magnifique rétrospective Betty Goodwin (décédée en 2008) dont je vous reparlerai.
Celle qui m’a le plus frappée est une installation intitulée Le jardin du sommeil (jusqu'au 7 septembre 2009), de l’artiste torontoise Spring Hurlbut, née en 1952.
Toute une salle occupée par 140 lits d’enfants, en réalité des châlits, soit les armatures métalliques dépouillées de tout leur contenu. Disposés en rangées, ces berceaux métalliques anciens forment des allées rectilignes qui toutes se rejoignent.
Je m’y suis longuement promenée, parcourant presque chaque chaque allée, très lentement.
Quelques idées me sont venues: dortoir, hôpital, orphelinat, et donc, enfants maltraités, négligés, privés d'amour. Notion d'enfermement, de prison, fortifiée par les lampes qui diffusent une lumière blanche et crue.
Mémorial, commémoration: accomplissement (par l'artiste et le visiteur) d'un devoir de mémoire envers tous ceux qui ont dormi dans ces lits, morts aujourd'hui.
Allée de cimetière: le cycle de la vie, de l'enfance à la mort.
L’accumulation, la disposition sage et élégante, l’éclairage tamisé dégagent en revanche une atmosphère paisible, des notions d’harmonie, de sérénité, qui font contrepoids à la nostalgie, à l'angoissante oppression que dégagent les berceaux eux-mêmes.
Bref, j’ai beaucoup aimé Le Jardin du sommeil: pas vraiment novateur comme idée, mais profond, intime.
On en ressort avec un riche mélange d'idées et de sentiments contradictoires. Poétique et touchant en quelque sorte.
Note: Spring Hurlbut a déjà présenté la même installation dans un contexte très différent: lits et berceaux partiellement peints en blanc, placés dans un jardin verdoyant où poussent aussi de grands arbres. Les connotations de l'oeuvre étaient allors totalement autres, comme on peut en juger d'après la photo ci-dessous.
16/06/2009
Gatien Moisan le créateur
Dimanche 14 juin, vernissage de l’exposition rétrospective des oeuvres du peintre Gatien Moisan, au CNE de Jonquière, pour laquelle j’ai agi à titre de commissaire. Beaucoup de beau monde à ce vernissage. On m’a demandé de dire un mot, après le président du conseil d’administration Lionel Brassard et l’artiste Guy Tay (un ami de longue date Gatien Moisan) et avant M. Roger Bertrand, ancien président de l’Assemblée nationale du Québec. S’il était là, c’est que Gatien Moisan a réalisé son portrait pour la galerie des présidents, aménagée dans l’édifice du parlement à Québec, un portrait ... qui tranche nettement sur les autres et que l’Assemblée nationale a prêté pour l’exposition. Bien sûr l’artiste a également été invité à dire quelques mots.
Je reviendrai peut-être sur l’exposition (qui se poursuit jusqu'au 20 septembre) et l’oeuvre au cours de l’été, mais pour le moment, je vous propose le petit texte de présentation (adapté et modifié pour ce blogue), que j’ai lu hier.
Je me sentais un peu gênée d'accepter l'invitation de madame Manon Guérin, directrice du Centre National d'exposition, à agir comme commissaire de cette rétrospective de l'œuvre de Gatien Moisan. Je connaissais, du moins jusqu'à un certain point, l'artiste et son oeuvre... mais je ne connaisssais pas le métier de commissaire.
Cependant, grâce à l'équipe compétente et dynamique du CNE, grâce également à la générosité de l'artiste, la tâche fut facile, et je dirais même agréable.
Elle m'a permis de faire davantage connaissance avec Gatien Moisan, un homme exquis, avec qui le contact est à la fois simple et direct, un artiste intelligent et passionné, remarquable autant par la qualité de son oeuvre que par la profondeur de sa réflexion sur sa pratique et sur la création en général.
Il m'a accueillie chez lui, à Saint-Honoré (la photo a été prise là), m'a montré ses toiles, décrit ses sources d'inspiration, sa manière de procéder. Même si j'avais déjà vu un certain nombre de ses oeuvres, je les ai vraiment découvertes et mieux comprises à la lumière de ses propos, tout en ayant le privilège de me glisser pendant quelques heures dans son cadre de vie.
Plus tard, avec le réalisateur Claude Bérubé, nous avons procédé à une séance de questions et réponses (on peut en voir une partie sur le document vidéo accompagnant l'exposition) qui m'a éclairée davantage sur Gatien Moisan, l'artiste encore aujourd'hui animé par la même passion de créer, qui a su évoluer tout en demeurant fidèle à ses choix et à son élan initial.
À partir de ces éléments, et des idées que faisait naître en moi cette œuvre, j'ai pu rédiger le texte qui figure sur le document qui accompagne l’exposition. La mathématique et le nombre d'or, l'humain et la nature, la lumière et l'infographie contribuent à édifier cette géométrie organique si particulière et si caractéristique de l'œuvre de Gatien Moisan.
(Gatien Moisan: Marche au crépuscule)
Je vous invite donc (vous qui passez par ce blogue), à vous rendre au CNE au cours de l’été. Vous aurez le plaisir d’entrer en contact avec une oeuvre exceptionnelle et avec un homme qui l'est tout autant.
Il y a là de la pensée, de la couleur, de la cohérence, des intuitions, bref, une vision personnelle, un style unique. Vous découvrirez - et serez automatiquement portés à partager - ce regard, à la fois lucide et bienveillant, que pose Gatien Moisan sur le monde, et qu'il offre à son tour à nos yeux sous la forme d'un univers pictural riche, profond, nuancé… et magnifique.
Merci à l’équipe du CNE pour son formidable travail de mise en place: l’exposition, à la fois épurée et abondante, se visite dans le jeu tout à fait remarquable de la lumière, de la couleur, du noir et du blanc, des murs, des cimaises et des oeuvres.
Merci enfin à Gatien Moisan pour son accueil chaleureux, pour sa générosité et pour son immense talent.
Vous trouverez un excellent billet assorti de bonnes photos des oeuvres de l’artiste sur le blogue de Christiane Laforge de même qu’un superbe texte qu’elle a publié dans le Quotidien il y a deux ans, des citations, des références.
Une note aussi sur le blogue de Jack.
28/05/2009
Vaillancourt: la force du métal
Deux magnifiques expositions que j’ai vues au cours des derniers mois, et qui achèvent.
Armand Vaillancourt au Centre national d'Exposition de Jonquière: comme l’homme, l'oeuvre est une force de la nature. L'exposition s'intitule d'ailleurs Sculpture de masse. Le bronze, les autres métaux, le bois: il traite tout avec la même puissance, c’est vraiment une occasion unique de voir ses oeuvres rassemblées au CNE jusqu’au 7 juin.
Ingres
Au Musée national des Beaux Arts du Québec, l'exposition Ingres et les modernes, qui se termine le 31 mai. Outre le plaisir de voir les oeuvres d’un artiste très intéressant (Jean-Auguste-Dominique Ingres), on a l’esprit stimulé par la mise en parallèle de ses créations originales avec des oeuvres qu’elles ont inspiré à d’autres artistes issus d'écoles différentes, que ce soit des copies, des parodies, des adaptations ou des relectures.
Comme les deux oeuvres ci-dessous:
À gauche par Ingres, huile sur toile, 1808.
À droite par Vik Muniz, photographie chromogénique. 2006
19/04/2009
Tousignant: vivantes vibrations
Je vous parle maintenant de cette extraordinaire exposition que j’ai pu voir à Montréal il y a un mois, car elle se termine dimanche prochain.
Claude Tousignant, une rétrospective, présentée au Musée d’art contemporain, couvre plus de 50 ans de carrière en 91 œuvres, incluant dessins, peintures et sculptures de ce grand créateur québécois, qui fut aussi un génial bousculeur d’idées reçues.
La visite de cette exposition a constitué pour moi une expérience physique et sensorielle incroyable. Habituellement, quand je regarde des oeuvres d’art, ce que je vois avec mes yeux se rend à mon cerveau et y suscite des idées, des sensations, des impressions, suivies d’allers-retours qui empruntent le même chemin (cerveau-oeil-oeuvre). Bref, je regarde, je ressens, je pense... et je recommence, dans le même sens ou en sens inverse. La démarche peut même se poursuivre une fois que j’ai quitté la salle d’exposition.
Mais la plupart des toiles de Claude Tousignant (voyez ici cette superbe exposition virtuelle, un site très intéressant réalisé par le MAC sur son oeuvre et sa démarche: je ne saurais mieux faire) font directement vibrer mon oeil même.
En me plaçant de biais devant un de ses accélérateurs chromatiques (comme sur l'image) par exemple, je vois littéralement le mouvement de la couleur sur la surface, et mon regard bouge afin de suivre ce mouvement. À la vue de chaque oeuvre, mon oeil tente, réellement et physiquement, de s’ouvrir davantage comme pour mieux absorber l’intensité lumineuse de la couleur.
La toile s’offre à mes yeux comme l’objet par excellence, l’idéal qu’ils poursuivent depuis qu’ils se sont ouverts pour la première fois sur le monde.
Éblouissement chromatique vécu comme une sensation à l’état pur, et confirmation d’une idée que j’avais depuis longtemps:
Claude Tousignant est un artiste génial.
11/04/2009
Charlie Brown et son créateur
Si Tintin fut mon premier amour, Charlie Brown et sa bande l’ont rejoint dans mon coeur et dans ma tête, bien des années plus tard.
Et si j’avais fait découvrir Tintin (et Snoopy aussi) à mon fils avant même qu’il sache lire, c’est lui qui m’a fait redécouvrir Charlie Brown. Écolier, il s’est mis à aimer les créatures de Charles M Schulz, à demander qu’on lui achète ces petits albums bon marché édités à la va-vite: j’ai lu après lui toutes ces planches dont chacune compte au maximum quatre cases.
C’est alors que je me suis mise à aimer vraiment les Peanuts, comme on les appelle. Ce sont des enfants, en apparence du moins: au fond, c’est l’humanité dans toute sa diversité, c’est la vie, la souffrance, les questions, tout cela exprimé sans aucun sentimentalisme.
Umberto Eco l’a dit mieux que moi:
- ...ces enfants nous affectent parce qu'ils sont des monstres. Ils sont les réductions monstrueuses et infantiles de toutes les névroses des citoyens modernes de la civilisation industrielle... l'univers de Peanuts est un microcosme, une petite comédie humaine pour le lecteur candide comme lettré.
Véritable philosophe, Schulz avait l’art de transformer un petit détail de la vie quotidienne en une grande aventure lue par des millions de personnes. Encore aujourd’hui, je lis chaque jour dans Le Quotidien la petite BD de Charlie Brown.
C’est pourquoi je ne voulais pas manquer l’exposition Le monde de Charlie Brown : la vie et l'oeuvre de Charles M. Schulz, présentée à la Pulperie de Chicoutimi. Description plus détaillée ici.
J’y suis allée un peu tard, jeudi dernier, elle se termine lundi (13 avril 2009). En provenance du Schulz Museum, de Santa Rosa en Californie, elle comprend des artefacts, figurines et autres objets représentant Charlie Brown et ses amis. Elle vaut surtout par les panneaux affichés aux murs, qui relatent l’aventure de leur création par Charles M Schulz, proposent une biographie de celui-ci, décédé en 2000, et des notes intéressantes sur ses méthodes et sa pratique de la bande dessinée.
On peut aussi voir des planches (traduites en français juste à côté) montrant son évolution vers un dépouillement et un minimalisme qui font tout le charme de Charlie Brown. Et chaque personnage a son panneau: outre le garçon à la tête ronde, son chien Snoopy et sa soeur Sally, il y a aussi Linus, Schroeder, Lucy la pas fine, Marcie et tous les autres, avec sa date de naissance et ses principaux traits de caractère. (Photo de droite: la maison de Snoopy "emballée" par Christo (nom "de plume" du couple d'artistes formé par Christo Vladimiroff Javacheff et Jeanne-Claude Denat de Guillebon ).
Les gens de la Pulperie ont dû travailler très fort pour traduire ces textes en français, et les visiteurs de tout âge, groupes scolaires ou jeunes accompagnés de leurs parents, ont fort apprécié leur visite, me disait le conservateur Rémi Lavoie lors de mon passage.
27/02/2009
Des lentilles et des hommes
La photographie de presse est une discipline particulière, un art en soi. Le Centre national d’exposition présente jusqu’au 12 mars les finalistes et lauréats du prix Antoine-Desilets 2008, dans différentes catégories (portrait, nouvelle, vie quotidienne...).
Dans le hall, des oeuvres sélectionnées de photographes de presse du Saguenay-Lac-Saint-Jean; j’ai travaillé avec la plupart d’entre eux, quand j’étais journaliste au Quotidien et au Progrès Dimanche. Rocket Lavoie, Sylvain Dufour, Jeannot Lévesque, Steeve Tremblay, Michel Tremblay. Ces as de la lentille accomplissent un boulot exigeant, et la seule façon de bien faire ce travail, c’est de l’aimer. ce qui est certes leur cas.
Les bonnes photos de presse proposent parfois un paysage ou un objet, mais les plus réussies sont sans conteste celles qui montrent des humains. Un regard, une attitude, un pan de vêtement qui flotte: le lien créé entre le photographe et son sujet se rematérialise chaque fois que quelqu'un regarde la photo. De plus les photos sont de grande qualité technique, car les gars ont à leur disposition tous les appareils et lentilles qui permettent de s’adapter à différentes conditions, bref, c’est un plaisir de voir cette exposition.
Également au CNE jusqu’au 19 avril, La pensée sauvage, de Claire Labonté: couleurs vives, sujets éclatés, style naïf, imagerie d’inspiration primitive, et proposition de base - l’art comme principe épistémologique - à laquelle on peut réfléchir, sans être obligé de l’adopter.
Et enfin, La Stanley, jusqu’au 29 mars: des photos noir et blanc de Michel Arcouette rappelant la vie et la mort de l’usine la Stanley à Roxton Pond, une manufacture d’outils qui a fermé ses portes en 1984 à la suite d’un lock-out.
Exposition un peu austère à prime abord, mais si on considère les très belles photos, les subtils jeux de lumière, les pans de mur et autres objets provenant de l’usine, bref, l’ensemble de ce qui se joue dans cette véritable installation, on obtient la vision d’un créateur, on partage son regard plein d’empathie sur un monde disparu, sur les notions de richesse et de pauvreté, sur les rapports entre l’humain, la machine, l’usine, l’industrie, bref, sur le sens de la vie.
08/01/2009
Trio d'expositions
Dimanche dernier, 4 janvier, une sortie culturelle comme je les aime: visite de trois expositions, toutes présentées au même endroit, c’est-à-dire au Centre national d’exposition de Jonquière, et toutes intéressantes, chacune à sa manière. Une sortie qui ne demande pas énormément de temps, qui ne coûte rien et qui enrichit l’esprit et le coeur.
L’une de ces trois expositions se terminait précisément ce jour-là, on la dit itinérante, peut-être qu’elle sera présentée ailleurs.
Intitulée Une suite de Bach, elle a été réalisée sous l’égide du Centre Les Impatients, qui permet à des personnes éprouvant des problèmes de santé mentale de s’exprimer par la création artistique. Dans ce cas-ci, les participants ont réalisé chacun un portrait de Jean-Sébastien Bach à partir de sa musique et des rares images de lui qui existent. Cela donne 29 portraits assez fascinants, qui évoquent Bach sans doute, mais surtout qui révèlent beaucoup de choses sur les artistes-auteurs de ces oeuvres, comme on peut le deviner en observant celles de la photo ci-dessus.
Dans une autre salle, des personnages plus grands que nature sculptés dans des troncs d’arbres par Ernest Lévesque: sculpteur de contes, tel est le beau surnom que l’on a donné à cet artiste ethnologue. Ci-dessous, une vue d'ensemble de la salle où sont installées ses oeuvres, fascinantes et sympathiques. (L’exposition se poursuit jusqu’au 25 janvier).
Et enfin, Sublime démesure, une exposition d’art actuel issue de la collection privée d’Alain Tremblay, un gars de la région qui acquiert des oeuvres d’artistes contemporains en fonction de ses coups de coeur. Il y avait sur lui un article dans un numéro récent du magazine l’Actualité. Je connais quelques-uns de ces artistes (ceux qui viennent du Saguenay-Lac-Saint-Jean comme Carl Bouchard, Martin Dufrasne et Cindy Dumais), j'ai découvert les autres. Je ne sais pas qui a réalisé les oeuvres ci-dessous, je n’ai pas pris de notes... je ne suis plus journaliste!