24/12/2013
Joyeux Noël !
Noël, Nativité: que l'on soit croyant ou non, toute naissance constitue un événement extraordinaire, qu'il convient de célébrer. Celle de Jésus, devenue mythe et légende, inspire les artistes du monde entier, qui l'illustrent avec les matériaux, les techniques et les styles les plus variés.
Je vous présente sur cette page des crèches exposées au sous-sol de l'église à Rivière-Éternité. C'est une partie de l'exposition internationale de crèches de Noël qui, depuis 25 ans, se déroule non seulement à l'église, mais en extérieur, partout dans le village, devant les maisons et sur les différents sites où les visiteurs sont invités à admirer des crèches grandeur nature pendant la période des Fêtes.
Quel plaisir ce fut pour moi, lors de mon passage à Rivière-Éternité l'été dernier, de découvrir comment ces créateurs fervents, habiles -et inconnus pour la plupart- inscrivent leurs nativités dans les matières les plus diverses, de la plus humble comme le bois, la pierre, les coquillages et les nids, jusqu'à la plus précieuse comme l'or et l'argent, en passant par l'argile, la céramique, le tissu, le papier, le verre.
(Le Musée de l'Oratoire St-Joseph. accueille également une belle exposition de crèches venues du monde entier: j'ai eu la chance de l'admirer il y a plusieurs années lors d'un séjour à Montréal).
08/10/2013
Beauté abstraite
L'exposition Chihuly: un univers à couper le souffle est prolongée jusqu'au 27 octobre au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Beauté formelle, couleurs pures et vives, transparence, tout cela est fort séduisant.
La forme de ses sculptures de verre évoque celle de nos objets familiers: fleurs, lampes, arbres, ballons. Au moment où j'ai visité l'exposition, mon petit-fils avait adopté un mot: "balou", c'est-à-dire "ballon". Il s'était emparé de ce mot, le premier peut-être qu'il maîtrisait et employait à sa guise, non seulement pour désigner les ballons, mais pour communiquer avec les adultes, s'amuser à les faire réagir, et aussi pour désigner tout objet dont il ne savait pas prononcer le nom.
"Si Mattéo voyait ça, il dirait bien: balou, balou!", ai-je pensé en voyant cette barque remplie de boules de verre multicolores.
Véritable forêt enchantée aux couleurs chatoyantes, l'univers de Dale Chihuly (photo ci-dessous) m'a cependant laissée un peu froide. Admirative, certes, éprouvant un plaisir sensuel et intellectuel, mais pas vraiment touchée ou remuée.
Je me suis demandé pourquoi, alors même que j'avais été bouleversée par plusieurs des oeuvres présentées aux Mosaïcultures, visitées lors du même séjour à Montréal.
La réponse me semble-t-il tient à... la vie. La vie qui palpite dans les sculptures végétales, autant par les sujets représentés, humains, animaux, histoires, légendes, que par le matériau utilisé pour les construire: des plantes vivantes... La vie qui trouve son chemin vers les humains que sont les visiteurs.
Il y a moins de vie dans l'oeuvre de Chihuly. Du mouvement, certes... mais aucune de ces magnifiques créations de verre ne nous parle de notre monde, de ses activités, de ses aspirations.
En reconnaissant la forme d'un ballon, d'un arbre, d'une forêt, je suis fascinée par ce jeu de l'esprit, par la beauté de ce que je vois, mais il me manque quelque chose, comme un souffle de vie... qui me relierait à l'auteur de ces extraordinaires créations.
04/09/2013
Hommes, chevaux, (s)cul(p)tures
C'est beau, n'est-ce pas? Deux chevaux, paisibles parmi les fleurs, aux Mosaïcultures de Montréal. Je crois qu'ils sont faits en bois de grève. Parmi les multiples merveilles vues lors de cette visite, il y avait aussi des chevaux construits avec des plantes, comme ceux-ci:
En classant ces photos, j'ai repensé à cette vision d'un groupe de cavaliers lors d'une excursion récente à l'Anse Saint-Jean, avec un couple d'amis et mon conjoint Jack, qui en a parlé ici.
Je les ai pris de fort loin (les photos de Jack sont bien meilleures), mais tout de même, c'était une image de liberté, de fusion avec la nature, de connivence humain-cheval. Ils se promenaient dans ce paysage extraordinaire, longeant justement la grève.
Le cheval modifie l'homme, et l'homme lui rend hommage en faisant de ce noble animal le sujet de ses oeuvres.
Ainsi dans ce poème de Rainer Maria Rilke:
Tel cheval qui boit à la fontaine
Telle feuille qui en tombant nous touche,
Telle main vide, ou telle bouche
Qui nous voudrait parler et qui ose à peine -,
Autant de variations de la vie qui s'apaise,
Autant de rêves de la douleur qui somnole :
ô que celui dont le coeur est à l'aise,
Cherche la créature et la console.
20/04/2013
Denis Rousseau: organique et minéral
Quand je suis allée pour la première fois au centre d'art le Belgo à Montréal, c'était, comme je vous le disais ici, afin de voir l'exposition Gorganciel, de Denis Rousseau, qui était présentée (jusqu'au 30 mars) à la galerie Joyce Yahouda ( dont, soit dit en passant, le site Internet est superbe: simple, beau, bien fait).
Mon conjoint avait attiré mon attention sur lui en me montrant cet article dans Le Devoir.
Effectivement, le travail de cet artiste est fort intéressant. Les deux oeuvres sur la photo ci-dessus, Le cuirassé de Spire et Les Gorgones, ressemblent respectivement à un ver marin et à des plantes sous-marines. On s'attend à voir l'un se mettre à ramper, les autres agiter doucement leur ramure.
D'autre part, par ses inquiétantes aspérités, la Nébuleuse des Tripodes (ci-dessous) évoque des objets fabriqués par l'homme dans une matière métallique, par exemple des outils trouvés dans l'épave d'un cuirassé ou des armes abandonnées sur un champ de bataille.
Quant à l'oeuvre suivante, intitulée La Coupe de fumerolles, elle combine les deux types d'éléments: minéral pour les bases (qui font penser à des boulets de canon!), et végétal pour les branches.
Toutes ces oeuvres sont le fruit d'un procédé long et minutieux qui fait appel aubois, au métal, au silicone, au polyuréthane. Et le lien entre ces matériaux et l'apparence finale de la création est bien présent, mais comme en filigrane, davantage lié à notre perception qu'à la réalité du travail en atelier. C'est là un des aspects les plus intéressants de son travail.
Ces sculptures sont riches en qualités visuelles et intellectuelles. Je n'en dirais pas autant des quelques photos qui complètent cette exposition: images abstraites qui font penser à des des poussières de roche ou à des micro-organismes grossis mille fois, mais dont le secret m'a semblé impénétrable.
Ceci dit, j'ai bien aimé plonger dans l'univers de Denis Rousseau, après un parcours du combattant qui m'a conduite jusqu'à la galerie, dans un couloir au cinquième étage du Belgo, rue Ste-Catherine.
26/02/2013
La hache de Richard Martel
Après ma conversation avec Julie Bernier, j'entre à la galerie Séquence pour voir l'exposition présentée par Richard Martel (non ce n'est pas l'ex-entraîneur des Saguenéens!). Je suis accueillie par Bruno Marceau, le jeune directeur de la galerie. (Dans mon temps, c'était Gilles Sénéchal).
(Richard Martel et une invitée au vernissage)
Dans une des trois salles, des photos de performances qu'il a réalisées en divers endroits du monde (Québec, La Havane...), où il a demandé à des gens d'endosser un costume blanc pour poser des actions précises (défile dans la rue, s'asseoir à une table de restaurant...). J'aurais aimé voir ça.
Dans la salle du fond, un fascinant montage vidéo montre les manipulations faites sur un plat de cuisson en aluminium. L'artiste l'enroule et le moule autour de sa main, puis de son pied, et enfin de sa tête. Filmés, ses gestes sont projetés sur un écran encastré dans une table renversée. Au mur, d'autres projections offrent, en images floues, des gros plans tirés de ces opérations, accompagnés de sons, sans doute les bruits produits par le pliage et la manipulation. Formidable.
La troisième installation s'intitule "L'art à la hache": des bûches posée par terre. Dans chacune, une hache enfoncée. Entre la hache et la bûche: une feuille de papier où sont imprimés le nom et le logo d'une ville, d'un événement ou d'un organisme du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il est comme ça, Richard Martel: il plante des haches dans des images, des objets, des concepts, pour montrer (et dénoncer) ce qu'on en fait, comment on les perçoit (il a déjà fait cela dans des dictionnaires...). Ça se passe de commentaire... et ça fait réfléchir.
Je sors de là pleine d'idées, d'enthousiasme, d'admiration pour tous ces créateurs qui font l'art vivant d'aujourd'hui. Je me promets d'y retourner.
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Incidemment, ce jeudi 28 février, il y aura à la Galerie Séquence une journée de réflexion sur l'art performance, à compter de 13 heures, avec conférence et performances de Sara Létourneau et Richard Martel. Je crois que c'est ouvert à tous. Informations au bout de ce lien.
21/11/2012
Lieux d'aisance
Il y a quelques jours, le 19 novembre, c'était la Journée mondiale des toilettes. L'idée de consacrer une journée à cet endroit peu attirant peut sembler incongrue, bizarre ou ridicule.
(À gauche, l'enseigne du restaurant Le Grand bleu, situé directement sur le canal de l'Arsenal)
Pourtant, elle nous rappelle que 2.5 milliards d'invidivus sur terre n'ont pas accès à des toilettes décentes. Et que cela cause de très sérieux problèmes de salubrité et de santé publiques. Les excréments dont on ne peut disposer convenablement propagent virus, bactéries et parasites vecteurs de troubles et maladies très graves.
Bon, je préfère ne pas trop m'étendre sur le sujet. Je vous présente sur cette page les photos d'une exposition intitulée Chiotissime, que j'ai vue à Paris en 2010. Elle comprenait 46 photos grand format présentant des toilettes, disposées en plein air, boulevard de la Bastille, le long du Port de l'Arsenal (non loin des appartements Citadines Bastille-Marais où nous logions).
Cette exposition fut préparée par le SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne) dans le but de mieux se faire connaître et de sensibiliser le grand public à cette situation qui affecte les plus pauvres et les plus démunis de la terre.
Je croyais qu'elle allait continuer à circuler un peu partout dans le monde. Et pourtant non: il n'y a eu que cette seule présentation, à Paris, en octobre 2010. À défaut d'avoir vu Monet au Grand Palais (trop de monde), j'ai vu Chiotissime à la Bastille!
12/09/2012
Tom Wesselmann: l'art qui fait pop!
À Montréal en juin dernier, je suis allée au Musée des Beaux Arts voir la rétrospective de Tom Wesselmann (présentée jusqu'au 7 octobre) intitulée Au-delà du pop art.
Deux grandes lignes de force animent son oeuvre, m'a-t-il semblé: l'érotisme et les références.
Un érotisme joyeux et délicieusement coquin, inspiré par une obsession totalement assumée pour le corps féminin... et pour ce qui le soutient, dans l'imaginaire ou dans le réel: vêtements, sous-vêtements, talons hauts, verres fumés, maquillage, en particulier le rouge à lèvres. En fond de scène: banquette, voiture, plage, fauteuil, sur lesquels il se pose et se détache, souvent dénudé.
Références: d'abord à la vie quotidienne que l'on était censé mener aux États-Unis dans les années 50. Une vie à la fois matérielle, idéalisée et rêvée... Symbolisée, incarnée dans les icônes du bonheur bourgeois et familial: pain tranché, grille-pain, boissons gazeuses, réfrigérateur, automobile, bungalow. Du pop art à l'état pur! Références également à l'art, français en particulier: Wesselman emprunte à Matisse, Picasso, Cézanne, Mondrian... leurs motifs les plus emblématiques et les incorpore à ses toiles comme autant de clins d'oeil.
De plus, il a recours aux techniques les plus diverses: collage, dessin, peinture, incrustation d'objets, qu'il maîtrise et utilise avec jubilation, dirait-on.
On sort le sourire aux lèvres et la tête pleine d'idées de cette exposition joyeuse, ironique et drôle. Pas plus que nous, Tom Wesselmann ne prend ses obsessions au sérieux: il nous les offre, vivantes, colorées, triviales, grotesques ou fantaisistes. C'est à prendre ou à laisser. Pour ma part, j'ai pris avec beaucoup de plaisir ces oeuvres d'un esprit libre et libertin, d'un créateur qui ne s'enfarge ni dans les conventions, ni dans les règles de l'art.
04/05/2012
Photo-peinture et vice-versa
La photographie est un médium très polyvalent: elle peut servir à saisir un instant, immortaliser un visage ou un événement, capter un sourire, raconter une fête de famille ou un voyage. Mais c'est aussi un art véritable, qui explore tous les éléments de la technique pour produire des résultats étonnants et souvent d'une grande beauté.
Il y a par exemple ce que les Anglais -et les Français qui bien entendu se sont empressés d'adopter servilement l'expression anglaise- appellent le ligtht painting, qu'on pourrait traduire par "peinture de lumière", une technique fort utilisée par Man Ray. Temps d'exposition prolongé à plus d'une seconde, et ajout d'une ou plusieurs sources lumineuses.
Ce qui donne des images comme celle-ci, que je trouve magnifique:
ou encore elle-ci, qui reflète mon humeur aujourd'hui:
Plusieurs autre exemples sur Topito, ici.
Certains photographes jouent uniquement avec le temps d'exposition (le prolongeant parfois à plus d'une minute), ce qui donne aussi des effets de lumière, comme cette superbe photo, qui me fait penser un peu à la route du Parc des Laurentides:
et dont vous trouverez aussi d'autres exemples sur Topito, ici.
05/04/2012
Viva Fernando Botero
J'étais bien heureuse de lire une nouvelle concernant le peintre et sculpteur Fernando Botero dans Le Devoir (ici).
L'artiste colombien, qui aura 80 ans le 19 avril, a fait cadeau d'une nouvelle sculpture à sa ville natale, Medellin, à l'occasion d'une exposition qu'il y présente sur le thème du chemin de croix. Ce gros chat de bronze (qui n'a rien à voir avec le chemin de croix!) me plaît bien, comme tout ce que fait Botero. J'aime bien l'homme et l'artiste, son caractère bouillant et son discours iconoclaste.
J'ai découvert son oeuvre, que je ne connaissais que vaguement, à l'occasion d'une exposition vue au Musée National des Beaux-arts de Québec en 2007.
J'ai écrit alors un billet sur ce blogue, assez éloquent il me semble, où je disais notamment:
"Je ne m'attendais pas à aimer beaucoup (..) mais j'ai été émerveillée par ses sculptures en bronze, notamment cette immense femme étendue sur le ventre, nue et tenant un cigarillo à la main, qui nous accueille dans le hall entre les deux salles. Sur le bronze sombre, les formes sont fascinantes, les rondeurs des fesses, auxquelles répondent les rondeurs des bras, des joues, des cuisses, même le dessous des pieds est potelé. C'est sensuel et doux, on a envie de toucher, de caresser..."
Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder au texte complet de la note (où il est aussi question du Café Krieghoff):
27/12/2011
Parfum de mystère...
Ceux qui me connaissent savent que je collectionne les billets de spectacles, concerts et expositions. Je les numérise et les utilise pour mon site Billets de concert. Ils son classés, identifiés, et je me souviens fort bien des événements auxquels ils sont associés. Mais pour celui-ci, c'est différent:
Je ne sais pas à quoi il correspond. Je crois qu'il s'agissait d'une promotion, et non pas d'une visite précise au MAC, que je fréquente pourtant régulièrement, chaque fois ou presque que je vais à Montréal. Comme vous pouvez le voir, aucun prix d'entrée n'y est inscrit, ni aucune date (mais je sais que je l'ai eu il y a environ un an). Je sais qu'il existe une carte nommée branché sur le MAC, qui donne un accès gratuit au Musée d'art contemporain pendant un an, mais elle coûte $20... et je ne l'ai pas achetée.
Mais je l'aime bien, ce mystérieux billet. J'ai avec lui une affinité particulière, comme s'il m'était spécialement destiné, à moi qui suis branché(e) sur le Mac(intosh)!