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18/11/2008

Docteur House et Docteure Grey

houseSeul.jpgChaque semaine, j’ai rendez-vous avec deux médecins.
Le lundi soir, c’est le Docteur Gregory House (série Dr House, TVA, 21h ).  Bourru, misanthrope, égoïste, ce médecin antipathique (que l'on finit par aimer un peu tout de même) avale des tonnes de calmants pour soulager sa douleur chronique à une jambe, qui le fait boiter et l’oblige à marcher avec une canne.
La structure des épisodes est toujours la même: une personne, homme, femme, enfant, fait une crise quelconque, évanouissement, saignement, douleur intense avant d'être conduite à l’hôpital où House et ses assistants cherchent la cause du problème.
Ils croient la trouver (parfois House et son équipe ne sont pas d’accord), la traitent, mais s’aperçoivent que ce n’était pas le bon diagnostic. Le patient ou la patiente va de plus en plus mal, ce qui entraîne une spirale d’examens, de traitements inefficaces, de nouveaux examens et ainsi de suite.
En général, le patient est sur le point de mourir quand House découvre la source de son problème. Dans un récent épisode, une jeune fille est même morte: on avait diagnostiqué et traité un cancer, pour s’apercevoir ensuite que c’était une infection. Mais le traitement contre le cancer avait détruit son système immunitaire... alors elle est morte d’une simple infection.
C'est une série étrange, un peu trash, les personnages ne s’aiment pas : toujours à couteaux tirés, ils s'envoient sans cesse reproches, insultes, vacheries. Mais je l’écoute quand même: on s'y laisse prendre malgré tout, et certaines “histoires de cas” sont très intéressantes, même si la solution ou l’explication est souvent tirée par les cheveux. (Genre: un jeune amateur de baseball devient malade parce qu’il s’est confectionné un monticule de lanceur avec de la terre contaminée...)

greySeule.jpgLe samedi soir je vais voir la docteure Meredith Grey (21h, SRC, série Dre Grey), à l’hôpital Grace, de Seatle. Je l’aime beaucoup, et j'aime aussi son entourage: amis, collègues, patients, patrons, parents, amant (le Docteur Shepard, avec qui la relation est difficile).
Chaque épisode montre plusieurs cas très variés, où interviennent les différents services de l’hôpital: urgence, cardiologie, pédiatrie, chirurgie. Ça bourdonne sans arrêt: accidents, urgences, opérations, morts, guérisons.  Plus les intrigues amoureuses, les relations familiales des personnages principaux. Médecins qui travaillent trop, conjoints qui en ont marre, liaisons, adultères, divorces, parties de jambes en l’air avec ou sans conséquences...
Une vraie série médicale, comme je les aime, passionnante comme comme le fut la regrettée Urgence de Fabienne Larouche, à Radio-Canada. Quant à la série américaine Urgences (que j'ai suivie pendant plusieurs saisons, et dont je me suis lassée), produite par Steven Spielberg, elle bat un record de longévité: , E.R. (encore à l'affiche sur la SRC en après-midi) en est à sa quinzième saison et doit se terminer en février prochain. Peut-être à cause du décès récent de son scénariste, Michael Crichton, l’auteur du génial Parc Jurassique (roman et film(s)).

21/10/2008

Tetes Heureuses, Russie et relève

rodrigueVill.jpg La subvention accordée par le Conseil des arts et des lettres du Québec CALQ à la troupe les Têtes Heureuses a été réduite, aussi l'équipe avait-antonBord.jpgelle fait appel à ses amis et fidèles (j’en fais partie) pour une première-bénéfice de La Cerisaie (ma critique de la pièce ici), samedi 18 octobre, suivie d’un buffet russe: vodka, saumon mariné dans icelle, salades de betteraves, de pommes de terre, pirojki et autres délices du pays de Tchekhov, sur des airs joués par un trio de musiciens en costume.
J’y ai retrouvé tous ceux qui ont vieilli avec les Têtes Heureuses, et qui sont devenus, en plus de 25 ans, des têtes blanches (les hommes du moins, car les femmes, moi comprise, préfèrent colorer leurs cheveux blancs).
Jack et moi sommes allés à cette fête, même si nous relevons à peine d’une grippe carabinée, mais je me suis demandé lequel ou laquelle, parmi ce groupe de fidèles (peut-être moi?) ne pourrait pas venir à la prochaine pièce pour cause de décès ou de maladie.annieLegende.jpg
Le parcours de la troupe fondée en 1982 par Rodrigue Villeneuve, Hélène Bergeron et Marielle Brown est tout à fait remarquable. Si vous allez consulter l’historique sur leur site,  vous pourrez voir l’impressionnante liste des pièces qu’ils ont cerisGrise_.jpgmontées au fil des ans. Et celle des colloques reliés à chaque production depuis 1996. C’est encore le cas cette année,  avec  l’exposition Histoires discrètes (quelques fêlures) de l’artiste Carol Dallaire, présentée à la galerie L’Oeuvre de l’autre jusqu’au 28 octobre, et le colloque La vie même, portant sur la dramaturgie contemporaine, le vendredi 24 octobre de 9h à 16h au

cerisaieAvec.jpg

Petit Théâtre. Invités, spécialistes, tables rondes, c’est toujours intéressant, c’est gratuit et ouvert à tous.

Et la relève?
Tenue à bout de bras depuis les débuts par le même petit noyau de gens animés par l’amour du théâtre et le désir d’en faire, la troupe, un des fleurons de notre vie culturelle régionale, mérite bien entendu non seulement de survivre, mais de se développer.
Cependant, son avenir est lié à une éventuelle relève, et je ne sais pas s’il y en a une qui attend aux portes.

12/10/2008

Bonne route, Monsieur Barbeau

Barbeau 2.jpgLe peintre Jean-Guy Barbeau (appelé Guy Barbeau sur l’avis de décès paru dans le journal) est décédé.
Heureusement, cet artiste au style personnel et unique a eu le plaisir de voir la rétrospective de son oeuvre présentée à la Pulperie en 2007. Malade et affaibli, il avait cependant pu voir ses oeuvres réunies dans une belle exposition, rencontrer ses proches et recevoir leurs témoignages d’affection et d’estime.
J’avais parlé de lui à cette occasion, et mon idée n’a pas changé depuis: un artiste exceptionnel, un homme exquis, discret et intelligent, doté d’une finesse d’esprit et d’une délicatesse remarquables.
Maintenant qu’il est mort, je puis, sans craindre d’offenser sa modestie ou sa discrétion, révéler la nature de ce geste qu’il a posé pour ma retraite: il a peint sur un boîtier ce superbe petit tableau de 4X2 pouces intitulé Dernière édition. (pour un autre exemple de son style, vous pouvez voir le tableau que j’ai un jour offert à Jack en cadeau d’anniversaire ici)
Ensuite il s’est débrouillé pour trouver mon adresse, ce qui n’était pas évident, et il m’a fait parvenir un colis contenant son oeuvre ainsi qu’une lettre manuscrite amicale et délicate.
Son geste m’avait émue et profondément touchée.
J’en suis encore toute remuée et je rends hommage à ce grand monsieur, à cet artiste incomparable qui nous quitte en nous laissant, dans ses oeuvres, une partie de son âme.

01/09/2008

Mes hommages à Céline

celineScene.jpgJ’ai vu Céline Dion (un des innombrables liens associés à son nom), en spectacle deux fois, à Jonquière, dans les années 90.
La première fois: le 18 décembre 1992, à la salle François-Brassard. Elle avait 24 ans, et déjà du succès en France et aux États-Unis.
La salle de mille places était pleine, mais il n’y avait ni folie, ni cohue: c’était juste une bonne chanteuse que les gens allaient entendre, par curiosité. Moi je "couvrais" le spectacle comme critique: elle avait du talent, une voix solide et terrible, mais encore beaucoup de maladresse, d’imperfections, d’hésitations, alors comme tout le monde, je me demandais si elle pourrait réaliser son ambition de développer la carrière internationale qu’elle venait d’entamer.
La deuxième fois, c’était quatre ans plus tard, le 5 juin 1996, au Palais des sports de Jonquière, devant environ 5000 personnes : un très gros show. Céline était effectivement devenue une star internationale, elle était au beau milieu d’une grande tournée mondiale. Tous les journalistes voulaient l’avoir en entrevue, alors elle avcelineFace.jpgait donné une conférence de presse à l’aéroport de Bagotville à sa descente d’avion. J’avais couvert sa conférence en après-midi et son spectacle en soirée. Elle avait deux ou trois chansons en français (S’il suffisait d’aimer, Pour que tu m’aimes encore), le reste en anglais.
Il n’y a pas eu de troisième fois, parce qu’elle n’est pas revenue au Saguenay depuis, je n’ai donc pas eu à parler d'elle dans Le Quotidien. Et comme spectatrice, je ne me déplacerais pas pour l’entendre, parce que  ses chansons et son style ne sont pas ce que je recherche quand je veux écouter de la musique.
Cependant, je la trouve formidable et je l’admire, autant pour sa façon de chanter et de performer sur une scène que pour cette méga-carrière qu’elle assume parfaitement tout en demeurant québécoise et en n’oubliant jamais ses racines.
Ce parcours exceptionnel qui l’a conduite dans le cercle restreint des vedettes planétaires force le respect et l’admiration. Je ne sais pas tout ce qu’elle a fait, tout ce que René Angélil a fait pour parvenir à cela, mais il y a une chose qu’elle a certainement faite, c’est de travailler.

Quand on la voit sur scène (vidéo de son show à Las Vegas), c’est fabuleux: elle fait dix mille choses en même temps, chanter, danser, se tenir en équilibre sur des talons aiguille et sur un plancher incliné, elle arrive en coulisses pour se changer. Tout est au point, et en plus, elle chante d’une voix parfaitement maîtrisée et contrôlée, tout en exprimant des sentiments, des émotions. Il y a une équipe énorme, et beaucoup d’argent derrière tout ça, c’est certain, mais sans le talent et la force de Céline, il n’y aurait rien du tout.
J’ai déploré autrefois qu’elle  chante en anglais, mais je comprends aussi qu’elle devait le faire (aborder la pop américaine insignifiante et formatée) pour arriver là ou elle est.
Et cela ne l’a pas poussée à délaisser le répertoire francophone (c’est là qu’elle est la meilleure, et je suis sûre qu’elle le sait parfaitement),  au contraire. célineDion.jpg Quand elle est allée chanter sur les Plaines, à Québec, c’était en français mur à mur, et avec des artistes québécois.
Des mégastars de la chanson qui mènent une carrière bilingue (en anglais et en français), aussi géante dans une langue que dans l’autre, c’est très rare.
Céline est unique, et je crois que son secret est qu’elle demeure elle-même, parce qu’elle fait ce qu’elle aime et aime ce qu’elle fait.

25/07/2008

Jean Laforge, le créateur

laforgeTrotteur.jpgLa Pulperie de Chicoutimi consacre une exposition rétrospective au peintre Jean Laforge, décédé il y a un peu plus d’un an. C’était le père de la journaliste Christiane Laforge, je l’ai rencontré à quelques reprises et ce que je sais de lui me dit que c’était un homme solide comme un chêne, mais aussi tourmenté que ces arbres tordus et à visage quasi humain qui vibrent et vivent sur ses toiles.
Un créateur aussi, non seulement de tableaux, mais de sa propre vie, car il s’interrogeait sans cesse sur le sens de la vie, sur ses choix, allant sans cesse du doute à la certitude. Il savait se montrer chaleureux et accueillant, mais il avait aussi un côté vieux loup solitaire, et se retirait régulièrement loin des autres pour réfléchir, être en contact avec la nature, et créer.
Pour diverses raisons, il a peu exposé de son vivant: c’est pourquoi il fait bon de retrouver plusieurs de ses oeuvres regroupées dans une seule exposition qui, même incomplète, nous donne cependant un bon aperçu de sa sensibilité et de ses préoccupations. Elle  nous démontre aussi qu’il mérite tout à fait son titre de “maître du relief”.
Il choisit souvent une légende ou un fait historique (Alexis le Trotteur, sur la photo, ou Don Quichotte), qu’il combine à son esthétique et à sa vision personnelle pour illustrer son propos.
La visite est émouvante, elle doit se faire en silence, dans le recueillement je crois, pour que circulent, de lui à nous, les idées, les couleurs, l’intimité, la beauté en somme.
Le journaliste Yvon Paré a écrit un très beau texte sur Jean Laforge dans Le Quotidien du 9 juillet dernier. Il n'est plus disponible sur Cyberpresse, mais on peut le trouver ici, sur le blogue de Christiane Laforge.
Celle-ci per ailleurs, chargée de préserver et de promouvoir l’oeuvre de son père, a aussi écrit plusieurs textes, entre autres sur son blogue, et notamment celui-ci.
D’autres renseignements et liens sont disponibles sur l’excellent répertoire artistique régional Arts et culture au Saguenay Lac-Saint-Jean.

10/04/2008

Sous-bois, maison et paysage

324048685.jpg316253121.jpgTrès intéressante proposition, au Centre National d’exposition,  de l’artiste Marie-France Boisvert, originaire du Saguenay. Je ne la connais pas du tout, elle termine une maîtrise en création à l’Université du Québec à Chicoutimi.
L’ensemble s’intitule Lieux limites. Dans la grande salle, elle présente une haute structure faite de palettes de bois empilées jusqu'au plafond dans un désordre apparent. Sur les murs de cette même salle, de grandes toiles reprennent la thématique du bois, cette fois par la représentation de l'arbre, de la forêt. Le thème commun à tous ces éléments (naturels ou fabriqués par l’hommes) me semble être celui de l’humidité, de l’humus faudrait-il dire, que l’on sent presque se dégager des pièces. Comme si les racines de l’oeuvre, autrement dit les sources vives de la création, affleuraient dans ces images  d’où pourtant la représentation humaine est absente.
Cette absence - ou alors autre chose - vient labourer le regard, en quelque sorte. Un bouleversement amorcé au moment où le visiteur regarde  les dessins en noir et blanc exposés dans l'espace qui forme portique à la grande salle. On peut y distinguer des souches, des branches, des structures empilées aussi qui finalement évoquent des livres, des tours de livres, même il y a deux tours (peut-être trois, à droite) sur l'un des dessins... peut-on parler de “tours jumelles”?
Marie France Boisvert m’a semblé travailler à partir d’une véritable inspiration, ses créations ont quelque chose qui sort de l’ordinaire. Allez voir, elle est là jusqu’au 8 juin.

Émilie Rondeau562989976.JPG
Dans l’autre salle quand je suis passée, il y avait une autre exposition pas mal, malheureusement terminée depuis le 30 mars, d’Émilie Rondeau intitulée Hiver. Un thème exploité de plusieurs façons: l’hiver vu de l’extérieur, de l’intérieur, en bleu ou en couleurs. L'artiste applique des techniques variées comme le dessin, l’impression, l’animation, à des photos et vidéos de paysages. Un peu hétéroclite, ce work in progress mérite tout de même l’attention. Comme vous le voyez sur les photos, la maison (intérieur et extérieur) occupe une place de choix dans ce travail.

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17/01/2008

Saltimbanco si !

68b9e5eaca5683658a721d22a5c2f3b6.jpegJ’ai été voir, ou plutôt revoir Saltimbanco, le spectacle du Cirque du Soleil, que j’ai vu pour la première fois lors de sa création en 1992, à Québec probablement.
Évidemment, dans un aréna comme le centre Georges-Vézina de Chicoutimi, le chapiteau si caractéristique du CDS nous manque un peu, à la fois pour l’atmosphère et parce que les numéros de voltige sont forcément un peu moins spectaculaires. De plus, mercredi après-midi, la salle était bien vide. Seulement la moitié des sièges occupés au parterre où je me trouvais, et presque personne dans les gradins du fond. J’ai donc pu me déplacer à ma guise pour obtenir la meilleure vue possible.
Ceci dit, j’ai bien aimé le spectacle en général. En fait je ne souvenais pas du tout de ce que j’ai vu la première fois. Très beaux costumes, image d’une troupe dynamique, allumée, impertinente, des artistes à la fois sympathiques et agiles à un point inimaginable.
Bizarrement, les numéros que j’ai le plus aimés étaient les plus dépouillés: une simple jonglerie avec de petites balles blanches, un cycliste qui fait tout et n’importe quoi avec son vélo, des acrobates au sol qui prennent des positions improbables. La beauté, le charme. Belle performance aussi, mais plus brouillonne en apparence, avec beaucoup de monde sur la scène, des acrobates qui s’élancent de la balançoire russe pour retomber sur leurs pieds, atterrissant sur un matelas tenu par leurs collègues.
Le duo des boleadoras, ces cordes terminées par un poids que font tourner un homme et une femme, est intéressant au point de vue de la performance, mais son style, western, ne cadre pas avec l’esprit et la scénographie de Saltimbanco, malgré le petit clin d’oeil au numéro du mime.
J’ai bien aimé les numéros de ce mime déguisé en jeune garçon. Il a trouvé un partenaire idéal dans un spectateur bedonnant aux cheveux blancs qui est vraiment entré dans son jeu et nous a donné des moments hilarants. Moments tout à fait incompréhensibles cependant pour les quelques jeunes enfants qui se trouvaient dans la salle.
Musique en direct, intéressante, parfois tonitruante et dérangeante. Quand elle devient plus tendre et romantique dans le numéro des bungees, on apprécie davantage cette partie où les artistes se laissent tomber au bout de leurs filins élastiques, même si le coefficient de difficulté est sans doute moins élevé que pour d'autres numéros.
Bref un beau spectacle, j’en ai vu quatre ou cinq du Cirque du Soleil, celui-ci était le premier, d’autres étaient peut-être mieux structurés et plus impressionnants, mais la première fois... c’est la première fois, que voulez-vous!

Surtout si on ne s'en rappelle pas! (hi hi)
La majorité des gens du Saguenay n’ont jamais vu un spectacle du Cirque du Soleil: c’est donc fort bien qu’ils aient ainsi accès à l’un des fleurons de la culture québécoise. Les billets coûtent cher, mais le prix est justifié par le personnel, le matériel et l’organisation indispensables pour assurer la réussite technique et la sécurité d’un tel spectacle.
En revanche, je trouve tout à fait inacceptable de payer 15$ pour le programme vendu à l’entrée: je n'en ai pas acheté, et je n'ai vu personne le faire.

15/01/2008

Macbeth

bea25f4b98a09b7bd852f3c161603a1c.jpegJ’ai donc été voir Macbeth samedi dernier au cinéma Jonquière, en direct du Metropolitan Opera de New York. Contexte historique transposé au 20e siècle, avec un lit, un paravent, une lampe suspendue, des lustres qui montent et descendent, des arbres, une clairière, un sous-bois, on pense à la Roumanie, aux guerres, aux réfugiés, aux clochards. En général ça fonctionne assez bien, sauf pour quelques détails. Une jeep sur la scène: pas très original et ça n’apporte rien de neuf. Et l’image de la forêt armée est par trop simpliste.
Deux interprètes principaux magnifiques, qui rivalisent de présence, de puissance scénique et vocale: l’Ukrainienne Maria Guleghina  et le baryton serbe Zelko Lucic (photo à gauche), impressionnants à tous égards, tellement bons que l’on croit à cette invraisemblable surenchère d’ambition et de folie meurtrière entre Macbeth et Lady Macb58f71d250802b8738854118f477a1468.jpegeth. Belle performance également des deux ténors, Dimitri Pittas en Macduff, et Russell Thomas en Malcolm, qui offrent un très bon duo à la fin. Direction nerveuse et vivante du chef James Levine. Plus des interviews avec tout ce beau monde.

La bonne nouvelle s’est répandue à Saguenay: il y avait bien 30 personnes cette fois, j’en connaissais plusieurs, et tout le monde a trouvé l’expérience formidable.
Dans Le Devoir, le critique Christophe Huss déplore que cette prestation ait mis en lumière et en vedette le travail du régisseur et metteur en images (Gary Halvorson, c’est l’article qui m’a appris son nom, car je ne l’avais pas retenu) en nous le montrant en régie, devant ses consoles avant le début des scènes et des actes. Le journaliste lui reproche d'avoir tenté en quelque sorte de voler la vedette au spectacle qu'il était chargé de montrer.
Pour ma part j’aimais bien le voir suivre la partition et ses notes pour donner les indications aux musiciens: j’ai adoré observer son travail.
Chacun ses goûts.

07/01/2008

L'opéra au cinéma

b10ef0800a949b91e7629919b7124159.jpegJ’ai assisté à un opéra du Metropolitan! Au cinéma. À Jonquière. Une expérience extraordinaire! Il faut dire que l’oeuvre présentée était Roméo et Juliette, de Gounod, l’un des meilleurs opéras du répertoire français, pour la musique et les textes.
Donc, le cinéma Jonquière est entré dans la parade des cinémas du Québec et d’ailleurs en Amérique qui présentent, en direct et en haute définition, certains opéras du Met le samedi après-midi.
Il n’y avait qu’une dizaine de personnes, en ce samedi 5 janvier, mais c’était presque la première représentation, et on n’en a pas du tout entendu parler dans les médias. J’espère que ça va se répandre et que tous les mélomanes et amateurs d’opéra de la région vont s’y précipiter, comme les gens le font ailleurs au Québec depuis l’an dernier.
Roberto et les autres
Le ténor français Roberto Alagna incarnait Roméo : très bon chanteur, et rien de tel qu’un francophone pour chanter ce répertoire français!. Sa partenaire, la Russe Anna Netrebko, prononce assez mal le français, mais elle chante et joue fort bien. On ne peut pas en dire autant des rôles secondaires, tous assez mauvais à mon avis, exception faite d’Isabel Leonard, qui a obtenu une ovation méritée pour son air très réussi de Stephano.
Parmi les nombreux avantages de la diffusion au cinéma (j'en reparlerai d'ailleurs dans une future note): les gros plans permettent de suivre l’expression des chanteurs et d’avoir des vues en plongée. On nous offre des images de la salle, de l’orchestre, et même de ce qui se passe en coulisses pendant les changements de décors, ce qui est impossible quand on est dans la salle.
À l’entracte, entrevue réalisée par la diva Renée Fleming avec les deux vedettes, et un peu plus tard, avec le directeur musical, Placido Domingo. Elle lui demande s’il n’est pas épuisé car il chantait la veille au Met dans un autre opéra. Avec sérénité et ferveur, il répond que la musique, c’est sa passion, sa vie, alors il est heureux et pas fatigué. Belle tête blanche de patriarche, il aura 67 ans le 21 janvier prochain: quel artiste!
Courez-y
Bref, j’ai été enchantée, stimulée, bouleversée, ragaillardie par cette expérience, que je conseille à tous les amateurs d’opéra, de spectacle, de musique. (Un seul bémol: le son, qui faisait un peu ké-kanne par bouts, mais rien pour empêcher d’apprécier l’expérience). Allez sur le site de Ciné Entreprise pour connaître les titres et les dates de diffusion.  Chaque opéra est présenté deux fois: une première fois en direct, et une autre fois en rediffusion. Au programme, jusqu'en mai: Hansel et Gretel,  Macbeth, Manon Lescaut, Peter Grimes, La Bohème, La fille du régiment et Tristan et Isolde, de Wagner, qui dure cinq heures. Je ne sais pas si je vais me décider pour celui-là, mais j’aimerais bien faire l’expérience.
À noter: les représentations ne commencent pas toutes à la même heure. Comme la première diffusion est en direct, on commence à la même heure que le Met, entre midi 30 et 13h30 selon la durée de l’oeuvre.
Autres renseignements sur le site du Met.

19/12/2007

Départ d'une pionnière

Pierrette Lamontagne Gaudreault vient de mourir à 85 ans.
Quand j’ai fait mes débuts comme journaliste, elle était très présente, pour ne pas dire omniprésente dans le milieu culturel saguenéen: elle avait fondé l’Institut des Arts au Saguenay toute seule ou presque (avec l’aide de son mari, un homme effacé et dévoué), elle faisait venir des artistes renommés pour y donner des cours de peinture, de danse de musique, d’abord dans sa propre maison à Jonquière, puis dans une école, puis elle a obtenu les fonds (fédéraux) pour bâtir le Centre culturel de Jonquière.
C’était une fonçeuse qui n’avait peur de rien ni de personne, une maîtresse femme qui savait obtenir ce qu’elle voulait.
J’ai eu souvent affaire à elle à titre de journaliste: elle pouvait me parler pendant des heures de la beauté de l’art, de la nécessité d’y initier les enfants, mais en ce qui concerne l’argent, les dates, les budgets, elle devenait évasive. Si j’insistais pour connaître le montant d’une dépense ou d’un investissement, elle se refermait comme une huître, devenait impatiente et me priait de changer de sujet. Ce n'est pas qu,ell avait des choses à cacher: simplement, cet aspect-là de son activité ne lui semblait pas très important.
Le Saguenay lui doit beaucoup, en fait, car le Centre culturel de Jonquière a été un ferment important pour le développement des aptitudes artistiques chez les jeunes, et il a été à l’origine de plusieurs carrières artistiques.
D’ailleurs, dans ces années-là (50-60), le théâtre, la danse et dans une moindre mesure, la musique, domaine où Chicoutimi était fort active, c’est à Jonquière que ça se passait.
Un jour, Chicoutimi a eu son centre culturel, mais c’était plusieurs années plus tard, avec une vocation différente, et en fait, ce centre culturel chicoutimien n’a jamais réellement existé dans la tête des citoyens. Peut-être parce qu’on (les fonctionnaires de la Ville et du gouvernement) s’est obstiné à le nommer Centre des arts et de la culture, plutôt que Centre culturel...