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04/09/2013

Hommes, chevaux, (s)cul(p)tures

mosaïcultures, Montréal, chevaux, Anse-St-Jean

C'est beau, n'est-ce pas? Deux chevaux, paisibles parmi les fleurs, aux Mosaïcultures de Montréal. Je crois qu'ils sont faits en bois de grève. Parmi les multiples merveilles vues lors de cette visite, il y avait aussi des chevaux construits avec des plantes, comme ceux-ci:

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En classant ces photos, j'ai repensé à cette vision d'un groupe de cavaliers lors d'une excursion récente à l'Anse Saint-Jean, avec un couple d'amis et mon conjoint Jack, qui en a parlé ici

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Je les ai pris de fort loin (les photos de Jack sont bien meilleures), mais tout de même, c'était une image de liberté, de fusion avec la nature, de connivence humain-cheval. Ils se promenaient dans ce paysage extraordinaire, longeant justement la grève.

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Le cheval modifie l'homme, et l'homme lui rend hommage en faisant de ce noble animal le sujet de ses oeuvres.

Ainsi dans ce poème de Rainer Maria Rilke:

Tel cheval qui boit à la fontaine
Telle feuille qui en tombant nous touche,
Telle main vide, ou telle bouche
Qui nous voudrait parler et qui ose à peine -,

Autant de variations de la vie qui s'apaise,
Autant de rêves de la douleur qui somnole :
ô que celui dont le coeur est à l'aise,
Cherche la créature et la console.

15/07/2013

Genre flou

Youcef Nabi, miroir, Psychologies, genre, Lancôme

Dans Psychologies Magazine, je lis un article sur notre rapport au miroir. Quelques témoignages de femmes connues (en France). Je vois le nom et la photo de Youcef Nabi. Tiens, je ne la connais pas! Dans le texte, tous les participes et adjectifs se rapportant à cette personne sont au masculin, y compris la dernière phrase: Youcef Nabi est président de Lancôme. La photo me semble pourtant être celle d'une femme.
Quelques clics sur la Toile m'apprennent qu'il s'agit bien d'une femme... née garçon. Transsexuelle, donc.
Native d'Alger, elle a grimpé dans la hiérarchie de la multinationale française L'Oréal, pour devenir présidente de la division Lancôme international.

Rien sur le quand, le pourquoi, le comment et l'ampleur de sa transformation physique. Si elle a toutes les apparences d'une -fort belle- femme, elle demande néanmoins que l'on continue de parler d'elle au masculin.
Quelques médias ne lui obéissent pas, notamment l'Express et le Nouvel Observateur.
Par ailleurs, les infos les plus récentes m'apprennent que Youcef Nabi n'est plus président de Lancôme: il aurait claqué la porte, selon certains.

Comme sur son genre, il maintient un flou artistique sur ses projets. Et je me dis que cela ne doit pas être facile pour lui (elle) de parler aux médias sans rien dévoiler de sa vie privée.

J'ignorais tout de Youcef Nabi avant de lire ce papier.

J'ai découvert, avec plaisir, son nom et son parcours professionnel.

Mais je n'en sais guère plus, car il -ou elle- a décidé de préserver son mystère....

20/06/2013

Trésors de Charlevoix

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Une nuit et deux jours passés en bonne compagnie dans la belle région de Charlevoix m'ont nourrie de choses belles à voir, à entendre et à déguster. De la matière pour ce billet-ci et quelques autres qui suivront.

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Je commence par cet arrêt que nous avons fait aux Ateliers DeBlois, à Saint-Irénée, où j'entrais pour la première fois. Plusieurs pièces et dépendances de cette belle grande maison sont  consacrées à la poterie. Magnifiques objets aux couleurs vives ou tendres, créés selon la méthode traditionnelle qui se pare ici de notes modernes et contemporaines, ou selon la technique japonaise du raku, dans laquelle les artisans Joan DeBlois et Stéphane Bouchard se montrent tout aussi inventifs et créatifs.

Vaisselle, plats et ustensiles de cuisson et de service, accessoires divers, tout est réalisé avec grand soin, marqué par un évident souci du détail. J'avais plaisir à les découvrir et à imaginer leur place de choix dans d'éventuels grands dîners que je donnerais.

Mais comme je ne donne plus guère de réception et que j'en suis, dans ma vie, à une étape d'élagage et de simplification plutôt que d'acquisition, je n'ai pas osé acheter de ces jolies choses fragiles. Je me suis contentée de les dévorer des yeux.

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J'ai aussi découvert avec ravissement les oeuvres du peintre Marc DeBlois, accrochées sur tous les murs de ces ateliers ainsi que dans une petite salle d'exposition à l'étage. Pavots multicolores et rouges coquelicots sont ses thèmes et sujets de prédilection, parfois seuls, parfois associés à des visages, à des paysages, à des formes concrètes ou abstraites.

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L'artiste était présent et nous a reçus avec une grande gentillesse, nous invitant dans son atelier pour nous parler de son art, avec naturel, simplicité et ferveur. Des propos appuyés par ses oeuvres lumineuses et colorées, où il joue avec la transparence, les nuances et les contrastes.

Une visite que j'ai vraiment appréciée.

05/03/2013

Larmes d'airain

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Un article paru dans Le Devoir hier (je ne mets pas le lien car il est réservé aux abonnés, mais vous trouverez facilement des informations sur le sujet, entre autres ici) évoquait l'installation de neuf nouvelles cloches à Notre-Dame de Paris. Cela m'a rappelé bien sûr ma visite à cette vénérable cathédrale en octobre 2010 (ce n'était pas la première fois que j'y entrais).

Mais surtout un épisode prodigieusement intéressant de la série Des Racines et des ailes consacré aux 850 ans de Notre-Dame de Paris, présenté récemment sur TV5.

Construction, évolution, modifications, problèmes reliés à l'entretien et à la restauration de ce monument fabuleux. On évoquait aussi le rôle que Notre-Dame a joué dans l'histoire de Paris et de la France. Des religieux et d'autres personnes pour qui la cathédrale est un lieu de travail, de même que des gens qui vivent ou travaillent aux environs nous furent aussi présentés, de même que les préparatifs pour une messe de Noël.

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Tout un reportage était évidemment consacré aux nouvelles cloches devant être hissés dans les deux tours de NDP. Huit d'entre elles ont été coulées à la fonderie Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles en Normandie. C'était particulièrement beau de voir les ouvriers et artisans à l'oeuvre. Quand le métal en fusion a commencé à couler dans les moules (qui sont dessinés à l'ordinateur puis fabriqués avec un mélange... d'argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre), le contremaître Stéphane Mouton (photo ci-dessous) pleurait, à la fois de joie et de soulagement car l'opération est très délicate. Tout en essuyant ses larmes, il évoquait son amour du métier de fondeur, son respect pour les artisans qui, au cours des siècles, en ont élaboré les règles et techniques. Son goût du travail bien fait et sa fierté de participer à la confection de ces cloches qui seront admirées -et écoutées- par des gens du monde entier.

Un homme rude et fier qui laissait voir son émotion. Vraiment un beau moment.

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On a vu aussi l'artiste (Virginie Bassetti) chargée de graver sur chaque cloche son nom (Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel,  Étienne, Benoît-Joseph, Maurice, Jean-Marie) et d'y ajouter des motifs graphiques évoquant son histoire ou sa vocation. Heureuse et fière d'avoir été choisie pour effectuer ce travail, elle nous expliquait sa vision et sa technique, voyant manifestement là un moyen de s'exprimer et de donner libre cours à sa créativité.

Des gens admirables dans leur modestie, dans leur ferveur, et dans leur engagement total envers leur métier.

22/02/2013

Michel Marc, Christine et le théâtre

Reprise ces jours-ci à Montréal (chez Duceppe) de la pièce Les Muses orphelines, de Michel Marc Bouchard. Je ne sais pas si je l'ai vue lors de sa création en 1988, mais j'y ai certainement assisté en 1995 à Chicoutimi, dans la mise en scène de René-Richard Cyr (pour lire le texte que j'avais alors écrit, cliquez ici). J'ai vu aussi le film réalisé par Robert Favreau, de même qu'une demi-douzaine de mises en scène des pièces de Michel Marc Bouchard, y compris L'Histoire de l'oie, Les Feluettes (par La Rubrique à Jonquière) et Les grandes chaleurs (en théâtre d'été à la Pulperie).

 

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J'ai bien sûr rencontré et interviewé l'auteur, né à Saint-Coeur-de-Marie au Lac-Saint-Jean, à plusieurs reprises. C'est quelqu'un de bien, un créateur que j'admire et apprécie, autant pour son oeuvre (traduite en plusieurs langues et jouée partout dans le monde) que pour son attitude, sa personnalité. C'est un homme qui a vécu, qui comprend les êtres et les choses. Cultivé et intelligent, il défend ses idées, s'exprime clairement tout en demeurant simple et accessible.

Je prends prétexte de son retour dans l'actualité (on l'a vu récemment à Tout le monde en parle) pour parler de sa pièce la plus récente, Christine, la reine-garçon (photo ci-dessus), que j'ai pu voir en janvier lors de ma première visite au Théâtre Banque Nationale (l'auditorium Dufour rénové).

C'est une oeuvre très forte, peut-être un peu plus intellectuelle, moins axée sur l'émotion que les précédentes, mais qui bouleverse et dérange aussi à sa façon. En ayant l'air de raconter l'histoire d'un personnage éloigné dans le temps et dans l'espace, celle de la reine Christine de Suède, qui a régné (et abdiqué) au 17e siècle, il nous parle de nous, Québécois, de notre pays, de son anti-intellectualisme ambiant, des rêves et aspirations qui ont disparu:

"...les frontières sont faites pour êtes flouées, les étiquettes arrachées, les pulsions profondes assouvies, le spectateur devenant captif d’une toile adroitement tissée, qui le renvoie non pas à une page historique oubliée, mais à une réalité qui le rejoint, de façon presque viscérale. La Suède d’alors et le Québec d’aujourd’hui finissent par se fondre en un même lieu parallèle, qui suscite la réflexion: pays de neige dirigé par une femme qui tente de combattre l’apathie des hommes, en questionnement perpétuel, vendant ses richesses au plus offrant, refusant qu’une culture forte lui serve de dénominateur commun…" (REVUE JEU, 3 décembre 2012)

La pièce m'intéressait également parce que j'avais vu, quelques mois plus tôt, un documentaire sur la vie de Christine de Suède présenté par TV5 dans le cadre de la série Secrets d'histoire (vous pouvez l'écouter en cliquant sur ce lien).

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Michel Marc Bouchard est servi par la mise en scène discrète et efficace de Serge Denoncourt, et par une formidable équipe de comédiens. Céline Bonnier (que l'on peut voir en cliquant l'image ci-dessus), excelle à montrer les tourments de cette âme à la fois sensible et forte, de cette femme qui aimait les femmes à une période et dans un milieu où ce n'était guère permis, de cette reine qui, entre le devoir et l'amour, choisissait toujours ce dernier (du moins c'est la vision qu'en offre le dramaturge), qui n'a pas craint de heurter de plein fouet le clergé tout-puissant lorsqu'elle s'installa à Rome.

Elle est entourée notamment par Catherine Bégin, David Boutin, Jean-François Casabone, Robert Lalonde.

J'avais gagné deux billets en participant au tirage organisé par Diffusion Saguenay pour les quatre premiers spectacles présentés dans la nouvelle salle. Et j'ai vraiment beaucoup aimé ma soirée.

 

13/10/2012

Sortir de la Maison (symphonique)

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Petit complément à mon billet précédent.

La Maison symphonique, nouvelle résidence de l'OSM (photo du hall ci-dessus): la salle est fort belle, le son est formidable, les sièges relativement confortables. Mais les architectes ont négligé un volet très important de leur travail: assurer une circulation fluide et rapide des usagers.

À l'entracte et après le concert, tous les spectateurs du parterre (les plus nombreux) se retrouvent coincés, d'abord dans la salle même pour ceux qui sont placés à l'avant et qui doivent faire la queue entassés dans les étroits couloirs latéraux. Il y a très peu de vomitoires, c'est-à-dire de sorties latérales (au Grand Théâtre de Québec, par exemple, il y en a une à toutes les deux ou trois rangées) et les quelques-unes disponibles conduisent aux deux seules vraies sorties, situées à l'arrière.

Ensuite tous, ceux du parterre, des loges, de la mezzanine et des balcons se retrouvent en haut des escaliers qu'ils doivent descendre de conserve, comme des sardines compactées dans leur boîte, en essayant de ne guère plus bouger que celles-ci, pour éviter les sardines folles qui foncent comme des malades, celles qui ont des béquilles, celles qui ne voient rien, celles qui zigzaguent de gauche à droite, tout en regardant où ils posent les nageoires... pardon, les pieds.

La cohue totale. La cage à homards, pour rester dans le paradigme halieutique.

C'était déjà terrible à Wilfrid-Pelletier. Eh bien là, c'est encore pire!

29/08/2012

Au fond du parc, le tombeau

sir william price,tombeau,parc price,kénogami,chute-à-caron,chute à bésyAprès avoir franchi le majestueux portail surmonté des deux lions qui gardent l'entrée du parc commémoratif Sir William Price, il faut bien entendu parcourir ce beau parc tout calme, de style anglais, avec ses larges sentiers propres et bien tracés, tout en se tenant, si on le désire, à l'ombre des grands arbres qui le bordent de part et d'autre. Il est accessible au grand public depuis sa réouverture en 2010. Avant cela, il a été fermé pendant plusieurs années, utilisé par le club d'archers local, puis laissé à l'abandon et aux vandales.

On peut le parcourir à pied (3.4 kilomètres aller-retour), ou encore à vélo, comme je l'ai fait la semaine dernière, quitte à faire de nombreux arrêts pour voir tout ce qu'il y a à voir. Par la même occasion, il est très agréable de rouler un peu aux environs, dans les rues très larges et relativement peu fréquentées du secteur Kénogami.

sir william price,tombeau,parc price,kénogami,chute-à-caron,chute à bésyAu bout du chemin, donc, se trouve le tombeau de Sir William Price, installé au bord d'une falaise escarpée. L'inscription gravée dans la pierre indique qu'il est né à Talca au Chili: il s'agit en fait de Talcahuano, où son père, l'un des fils de William Price, s'était établi. Le petit-fils William (photo en haut à gauche) fut appelé à prendre la relève de ses oncles qui n'avaient pas d'enfant mâle, à la tête de la compagnie fondée par son grand-père. (Liens vers des textes intéressants et détaillés sur la vie et l'oeuvre des deux hommes: William Price le fondateur, un homme d'affaires controversé dont les méthodes ont été dénoncées par une partie de la population et des historiens, et  Sir William Price, son petit-fils qui, lui, fut très apprécié par les gens d'ici).

De là, on a une très belle vue sur le barrage de Chute-à-Caron, de style néogothique(!). Construit par Alcoa sur la rivière Saguenay, il fait maintenant partie du réseau des six centrales hydroélectriques de Rio Tinto Alcan (qui a pris bien soin de ne pas mentionner le nom d'Alcoa sur ce site web).

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Au retour, on peut descendre les marches d'un bel escalier de bois jusqu'au poste d'observation

sir william price,tombeau,parc price,kénogami,chute-à-caron,chute à bésysir william price,tombeau,parc price,kénogami,chute-à-caron,chute à bésy

qui permet d'apercevoir l'usine dite de Chute-à-Bésy, construite par la famille Price le long de la Rivière-aux-Sables.

On peut lire les panneaux d'information disséminés sur le parcours, s'asseoir sur un banc, pique-niquer si on a apporté ce qu'il faut. Les gens y vont en couple, en famille, promener les enfants... ou les chiens.

Et il y a des travaux en contrebas (vers le Saguenay). Des machines, du terrassement. Je ne sais pas si on construit une route, une autre usine... ou autre chose.

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26/08/2012

Gardiens de pierre

Sir William Price, Parc Price, Kénogami, Alfred Laliberté

Voici le majestueux portail érigé à l'entrée du Parc commémoratif Sir William Price, familièrement appelé le parc Price, situé dans l'ancienne ville de Kénogami. Les deux lions de pierre, sculptés par Alfred Laliberté à la demande de la famille, coiffent pour ainsi dire l'hommage rendu par la construction de ce parc à la mémoire de Sir William Price (fondateur de Kénogami), qui périt lors d'un glissement de terrain survenu sur ce site en 1924.

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Ci-dessus, la plaque d'identité de la sculpture, dont le titre est donc: Les sentinelles du tombeau Price.

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 Il y est aussi indiqué que ces "symboles de la présence britannique en Amérique" tiennent entre leurs pattes les armoiries de la famille Price. On peut voir cela sur la photo à droite.

Juste au-dessous du blason, il y a la devise de la famille, en gallois:

Heb Duw heb ddim,

qui signifie: "Sans Dieu nous n'avons rien"

(sans commentaire!... sauf à dire que "Duw", avec sa graphie et sa majuscule initiale, doit être le mot gallois qui signifie Dieu).

La voici en gros plan:

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C'est un bien joli parc, au fond duquel se trouve le tombeau de Sir William. Je vous en reparle une prochaine fois.

25/07/2012

Tiens... un tacon!

Interaction Qui, tacon, tacon-site, ouananiche, Jocelyn Maltais, Alain Laroche, site du papier, Saguenay, ArvidaJe l'ai reconnu de loin, immédiatement, lors de ma dernière sortie à vélo. Le long de la piste cyclable qui passe devant l'usine AP-60 (en construction) de Rio Tinto Alcan, sur le boulevard Saguenay.

Un tacon!

En principe, le tacon est un saumon naissant. Mais ce peut être aussi une jeune ouananiche, cette cousine du saumon considérée par certains comme l'emblème animalier du Saguenay-Lac-Saint-Jean.interaction qui,tacon,tacon-site,ouananiche,jocelyn maltais,alain laroche,site du papier,saguenay,arvida Je l'ai appris alors que je travaillais comme journaliste au Quotidien et que j'interviewais Jocelyn Maltais et Alain Laroche, les fondateurs du collectif Interaction Qui.

Quand, dès 1988, ils venaient me parler de leur vaste projet Événement-Ouananiche, j'avais des doutes: je ne croyais pas qu'ils pourraient le mener à bien tant il était d'envergure.

Eh bien il semble que la sceptique que j'étais soit en voie d'être confondue. Ce tacon que je viens de photographier (en juillet 2012) est le 23e  d'une série de 60 sculptures environnementales représentant une ouananiche, faites de pierres et de grillage métallique, à être mises en place sur tout le territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean. (35 d'entre elles sont installées à l'heure actuelle). En principe, une fois que ce sera terminé, l'ensemble aura les contours d'une grande ouananiche, détectable en vue aérienne. Comme ceci:

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Les concepteurs de La grande marche des Tacons-Sites décrivent ainsi leur entreprise:

"réaliser un signe couvrant le territoire sur une surface de 140 kilomètres de long par 40 kilomètres de large. Il s'agit de construire 60 sculptures à l'effigie de la Ouananiche appelées «Tacon-Site»,à tous les 5 kilomètres sur le pourtour de cet immense signe emblématique."

"(Un Tacon-Site est implanté dans chacun des 60 pas d'une lieue que Ti-Jean
a réalisés dans le conte « Les pas de Ti-Jean » au Pays de la Ouananiche)"

(Explications plus détaillées ici)

 

C'est un projet insensé, géant, fabuleux. D'autant plus extraordinaire qu'il est assorti d'une foule d'autres éléments, écriture de textes, création de contes, forums, conférences, colloques, performances, événements culturels participatifs accompagnant l'installation des tacons, association avec les milieux de l'éducation, des affaires, avec les instances municipales, avec les communautés locales. Tout cela est admirable.

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Admirable, mais peut-être pas admiré à sa juste valeur. Ainsi, ce tacon du boulevard Saguenay (bien qu'il soit baptisé tacon-site du papier, il est, bizarrement, placé devant les installations de RTA où l'on produit... de l'aluminium!), est là depuis 2008. Je suis passée tout près des dizaines de fois, et pourtant je ne l'ai remarqué que récemment, quatre ans plus tard. Et il y en a d'autres que j'aurais dû voir aussi (je me promets bien d'y porter attention à l'avenir), dans des lieux que je fréquente régulièrement: au Centre national d'exposition, au Musée du Fjord, et même devant le restaurant le Priviliège, par exemple. J'aurais dû les voir car je connais le projet depuis des années, je suis sensible aux arts visuels et j'aime particulièrement le Land Art.

 

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En réalité, chaque tacon est si bien intégré à son environnement qu'il s'y confond et qu'on ne le remarque guère. Après tout, des amas de roche et de métal, il y en a partout...

Par ailleurs, le fait de passer inaperçu à prime abord est peut-être un attribut essentiel, et à la limite son principal atout...

Un grand coup de chapeau donc à ces créateurs qui, au risque de passer pour de doux rêveurs, pour des utopistes déconnectés, pour des mendieurs d'argent public, poursuivent leur projet envers et contre tous. Je leur souhaite de pouvoir le mener à terme.

Je salue leur créativité et leur persévérance, que n'entament ni l'indifférence générale, ni le temps qui passe.

25/06/2012

Toujours plus haut...

Les malheurs s'abattent sur l'Espagne par les temps qui courent. Non seulement le pays est-il aux prises avec une grave crise économique, mais l'UNESCO menace de retirer à Séville son inscription au Patrimoine mondial de l'humanité.

Au motif qu'une tour à bureaux actuellement en construction menace l'intégrité visuelle de la Giralda, l'ancien minaret de la Grande Mosquée devenu aujourd'hui le clocher de la cathédrale.

La tour Cajasol, conçue par l'architecte argentin César Pelli, aura une hauteur de 178 mètres, contre les 100 mètres de la vénérable Giralda. Même si elle est construite sur une île au milieu de l'étroit fleuve Guadalquivir, il sera possible d'apercevoir les deux gratte-ciel de certains points de vue, comme sur cette photo:

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(On peut lire en toutes lettres sur Wikipédia: "une règle implicite d'urbanisme proscrit d'élever un bâtiment aussi haut que la Giralda dans le centre de la capitale andalouse").

Je ne sais pas si ce décatalogage du site ferait diminuer le nombre de visiteurs, mais il est certain que pour les villes et les pays, ce label du patrimoine mondial est un atout, un gage de prestige. Et se le voir retirer est certes fort humiliant.

Pour ma part, lors de mon passage dans la magnifique ville de Séville en 2008, j'ai eu la chance de monter au sommet de La Giralda: après avoir gravi avec deux millions de personnes les 24 rampes tournantes (il n'y a pas de marches) de plus en plus étroites (et avant de les redescendre dans des conditions encore plus périlleuses), voici la vue magnifique à laquelle j'ai accédé:

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Il me semble que dans ce cas l'UNESCO coupe les cheveux en quatre, car des affronts bien plus graves au patrimoine historique sont commis chaque jour dans le monde. Mais cette situation a au moins l'avantage de mettre en lumière un travers  bien humain: le désir de dépasser les autres. (Parfois travers, parfois aussi bien sûr motivation, stimulation à évoluer et à progresser).

Comme l'écrit ici le créateur du blogue Séville, entre ombres et lumières:

Le problème, c’est celui de l’insertion de l’architecture contemporaine dans des villes au patrimoine historique impressionnant. Les villes veulent se développer, s’inscrire dans la modernité, avoir un rôle dans le futur, et pas seulement dans le passé. Et ceux qui ont construit la Cathédrale de Séville ne disaient-ils pas : “Faisons une église telle que ceux qui la verront nous prendront pour des fous” ? Et ils n’hésitèrent pas à détruire la mosquée qui se trouvait là et à rajouter deux étages de cloches à son minaret. Si l’Unesco avait été là pour voir ça, elle leur aurait sûrement tapé sur les doigts…