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31/05/2008

You're my man...

106737684.jpgPourquoi Leonard Cohen vient-il chanter à Saguenay (hier et ce soir)? Mystère. Un mystère dont nous avons pu profiter, mon conjoint, moi et les quelque 900 personnes qui remplissaient hier l’auditorium Dufour. Des gens de tout âge, beaucoup de connaisseurs de l’homme et de l’oeuvre, ou de simples amateurs, comme moi. Surprise moi-même de me déplacer pour aller  entendre un chanteur anglophone.
Preuve que le génie transcende la langue: Leonard Cohen chante en anglais, un travers que je ne supporte pas venant d’autres artistes. Or, non seulement je le lui pardonne, mais je le comprends et je l’aime.
Costume gris foncé et chapeau, 74 ans, mince et frêle. Quand il s’incline et plie les genoux, on dirait qu’il va casser en trois.
Mais il est solide, malgré tout: il a tenu le public en haleine pendant trois heures, en fait, vers la fin, je commençais à me sentir fatiguée, mal d’être assise sur un siège inconfortable, alors qu’il chantait toujours. Simple, humble, il dit des choses profondes et terribles, mais sans se prendre au sérieux.
Quel régal, quel bonheur! Entouré de six fabuleux musiciens et de trois choristes, Leonard nous a livré une bonne trentaine de ses innombrables succès, chacun offert dans un écrin musical parfait, un cocktail à base folk-country, enrichi de traits d’inspiration variée:  classique, latino, salsa, rock, dance, techno, où guitariste, saxophoniste, claviériste et autres avaient de la place pour s’exprimer. Un pur régal côté musique.
Une ovation dès son entrée en scène, puis une spectatrice qui lance : “on vous aime”,
à quoi il répond “je vous aime aussi”.
La table était mise, le menu fut riche, varié, incomparable:  Dance me to the End of Love, So Long  Marianne, In My Secret life, The Gipsy’s Wife, Democracy,  Hallelujah, First We Take Manhattan, entre autres.
Mes préférées: Bird on the Wire, Suzanne, Tower of Song. ...Et Boogie Street, un vrai bijou poétique et musical, et le génial I’m Your Man. J’ai goûté chaque instant, j’étais bien, ravie, charmée à tout point de vue.
La voix un peu plus rauque a perdu quelques harmoniques, mais cela n’enlève rien au plaisir de cette rencontre exceptionnelle, qu’on pourrait qualifier de communion, tant les ondes passaient bien de la salle à la scène et vice-versa. (Excellente critique de Christiane Laforge dans Le Quotidien et sur son blogue.
Je crois que nous, du Saguenay (une étape qui n’est pas mentionnée sur son site web ) sommes les premiers à voir ce spectacle à la fois chaleureux et bien préparé, qui marque le retour à la scène de Cohen après 15 ans d’absence, et avec lequel il entreprend dès cette semaine à Toronto une tournée mondiale qui le conduira en Irlande et en Angleterre, puis à Montréal du 23 au 25 juin, et ensuite dans plusieurs autres pays d’Europe.

09/05/2008

L'Auberge: la critique

843353002.jpgL’Auberge du Cheval blanc 2008 (voir note précédente pour les détails) présentée à Jonquière est une réussite à tous points de vue: le metteur en scène Éric Chalifour a su revisiter l’oeuvre et le genre, sans tomber dans l’excès, sans chercher à réinventer l’intrigue ou les personnages. Il en propose simplement une vision jeune, à travers une pétillante suite de petites scènes qui roule pleins gaz du début à la fin. On ne s’ennuie pas une minute dans ce spectacle qui dure pourtant trois heures, entracte inclus.
(Pour d'autres critiques du spectacle, voir: Christiane Laforge, Dario Larouche)
La musique est belle, les airs connus sont livrés avec panache et justesse, et les divers genres ou rythmes inclus da549446255.jpgns la partition de Ralph Benatzky (jazz, fox-trot, valse) sont mis en valeur par l’orchestre qui sonne bien sous la baguette de Toshiaki Hamada, et par les chorégraphies qui, pour une fois, ne semblent pas plaquées là pour permettre les changements de scènes, mais constituent des tableaux agréables à part entière.
Tous les chanteurs et chanteuses sont excellents, un bravo particulier au baryton Patrick Mallette (photo), qui montre plusieurs facettes de son talent de comédien, en plus de faire entendre une belle voix, puissante et nuancée.
Geneviève Couillard Després possède de belles qualités vocales, elle est bonne comédienne et a vraiment le physique de l’emploi (Josépha, la patronne du Cheval blanc).
Je voudrais tous les nommer, j’ajoute  Marie-Ève Munger (Sylvabelle), directrice artistique de la SALR  et soprano de grand calibre, Thomas Macleay (Florès), un ténor à découvrir,  Caroline Tremblay  (la zozotante Clara).
Roger Girard nous fait bien rire dans le rôle parlé du coloré Marseillais Napoléon Bistagne. Mention spéciale à Martin Giguère, qui incarne avec brio l’extravagant, le maniéré, le chéri de ces dames, le “beau” Célestin Cubisol.
J’arrête ici, sans exclure personne. La réussite tient certes à un imposant travail d’équipe: tout le monde s’est donné à fond, et puisque je suis dans l’organisation de la SALR, j’ai été témoin des efforts incroyables consacrés à la préparation du spectacle.
Le résultat est là, sur scène, brillant, pétillant, exquis.

Activité bénéfice
Comme tous les organismes culturels, surtout en région, la Société d’art lyrique du Royaume a besoin d’aide et de soutien financier. L’une de nos activités à cet égard est la tenue d’un souper bénéfice avant les deux premières représentations de l’opérette. Ces soupers ont eu lieu mercredi et jeudi. Nous avons pour ainsi dire fait salle comble (environ 120 convives par soir) et tous les membres du CA, incluant moi-même, plus quelques bénévoles venus nous donner un coup de main, ont mis la main à la pâte pour servir et desservir les plats préparés par les Banquets Huguette. De plus, les bières RJ, brasseurs de la bière Cheval blanc, nous ont offert une commandite sous forme d'une bière Cheval blanc offerte à chaque convive présent à ces soupers. J'en ai profité pour goûter à cette bière. Mon verdict: une blanche tout à fait délicieuse.

Un scoop...

J’ai appris aussi que ce soir (vendredi), le maire de Saguenay Jean Tremblay, qui se couche en général très tôt et assiste rarement aux événements culturels, doit se déplacer pour assister à la représentation de l’Auberge du Cheval blanc... À suivre.

03/03/2008

Spectacles stimulants

1694445360.jpgManon Lescaut

Samedi après-midi, l’opéra: au cinéma Jonquière, cette fois la projection de Manon Lescaut  a bel et bien eu lieu, nous étions une trentaine de personnes, c’était convivial et amical entre les spectateurs qui partagent tous la même passion pour la musique et l’opéra. Pas de grands airs dans cet opéra de Puccini, un Des Grieux assez ordinaire (le ténor Marcello Giordani, au physique ingrat et qui force une voix probablement en déclin). La Manon de Karita Mattila finit par convaincre et même par émouvoir, même s’il s’agit pratiquement d’un contre-emploi pour elle.  Quelques spectateurs ont pleuré dans le cinéma pendant son célèbre Sola, perduta, abbandonata, en effet assez émouvant.
Bonne prestation du baryton Dwayne Croft (Lescaut, le frère de Manon), et remarquable  performance d’acteur (un peu moins de chanteur) de Dale Travis qui sait se montrer bouffon à souhait dans le rôle du vieux barbon  Géronte.
Mise en scène sage mais décors bien réussis, dont on nous a montré des détails aux entractes. Reportages, entrevues avec les protagonistes, en fait, au-delà des détails moins réussis de la production, ce furent pour moi trois heures de pur bonheur.
Trois heures pendant lesquelles, assise dans une salle obscure, j’oublie tout le reste, je plonge complètement dans le monde que l’on m’offre, bref, un pur délice. Chaque fois que je suis allée à ces projections d’opéra, j’en suis sortie heureuse, stimulée, pleine d’énergie, c’est un phénomène bizarre que je ne saurais expliquer.

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 Elizabeth

Samedi soir, à l’auditorium Dufour, j’ai été voir Élizabeth, roi d’Angleterre, une production du TNM mettant en vedette Marie-Thérèse Fortin dans le rôle d’Élizabeth 1ère. Beaucoup de monde dans la salle, mais il restait quand même plusieurs sièges libres. Le texte de l’auteur canadien Timothy Findley est riche, dense, complexe à certains moments. il est éclairé par une mise en scène subtile et nette, signée René-Richard Cyr, qui joue aussi dans la pièce, un décor à la fois chargé, pertinent et visuellement séduisant (notamment grâce aux éclairages). Et une performance éblouissante de Marie-Thérèse Fortin, en reine qui vient discuter avec Shakespeare et sa troupe d’acteurs après une représentation, la veille de l’exécution du comte d’Essex, l’homme qu’elle aime et qu'elle laisse néanmoins exécuter. Les autres acteurs sont également très bons.
Amour, humour, dérision, émotion, les grands thèmes dramatiques se mélangent aux préoccupations prosaïques des personnages: le théâtre à son meilleur.

04/01/2008

Salut Bye Bye

Incontournable Bye Bye! Égaux à eux-mêmes, les gars de RBO nous ont servi une macédoine où il y a un peu de tout: du bon et du mauvais, du subtil et de l’épais, du vulgaire et du raffiné, du gentil et du bête et méchant, du comique et du déprimant.
En général, les topos les plus courts étaient les meilleurs, et les déguisements et les imitations valaient vraiment le détour.

J’ai aimé:

Héroutyville, parodie du film d’horreur Amityville, en noir et blanc, subtil et finement ciselé.
Capitaine Lemire part en voyage pour filmer son visage: j’ai tout à coup compris pourquoi Jean Lemire m’énerve: il se trouve tellement beau!
Céline fait ses boîtes et quitte Las Vegas: la chevelure pleine d’étoiles, l’argent jeté par les fenêtres, le “viendu” oublié dans le frigo:   bon et vulgaire,
Bons bébés de France: une bonne imitation et une parodie réussie: comique et subtil.
10% de quotient: une excellente parodie de 110% avec comme sujet la politique, méchant et savoureux.

Les bonnes nouvelles TVYA
: un savoureux bitchage contre le concurrent de Radio-Canada à partir de bonnes observations, comme les nouvelles internationales qui durent deux secondes, et le “déparlage” de Claude Poirier.
À propos, Guy-A avait déjà imité ce dernier, ainsi que le général Dallaire et sa déstructuration syntaxique (de retour en 2007), dans le Bye Bye 2006.

Stephen Harper qui tente de comprendre les Québécois dans un camping.
Lise Thibault et sa Faster Card: court et bien envoyé. "Je marche pu mais je roule en tabarnak!"

J’ai un peu moins aimé:

Myriam Bédard et Nima: pas mal mais un peu long.
La conne mission Bouchard Taylor: ce n’était pas si mal, mais un peu long, et comme tout le monde l’a remarqué, pas aussi drôle que les vraies interventions qui furent faites devant les commissaires, dont certaines nous ont été montrées à la revue de l’année de Jean-René Dufort. Sauf le gars qui vient dire que sa chatte a accouché...
Le caissier, parodie du banquier, trop longue et pas vraiment drôle.

Je n’ai pas du tout aimé:


Frédérick de Grandpré : parodie trop appuyée pour un disque qui n’en méritait pas tant.

Le bout sur Claude Dubois
: pas drôle et vraiment très méchant.

 

 

23/12/2007

Guillaume au cinéma

83e1ae4a7f2f5575ceeff1fde91790ce.jpg Samedi 22 décembre,  j’ai été voir un autre Casse-Noisette, celui du Ballet national du Canada (Toronto)... à Jonquière, c’est-à-dire au cinéma Jonquière. Le spectacle était présenté en direct, une formule nouvelle et intéressante, et la grande vedette masculine en était Guillaume Côté (photo), danseur originaire de Métabetchouan.
Il a d’ailleurs été interviewé à l’entracte, il a répondu en français à une première question posée en français, beau clin d’oeil à ses concitoyens québécois. Sur scène, il est excellent, remarquable. Quel homme, ce garçon!
Le spectacle était très différent de celui des GBC vu à Montréal la semaine dernière: à Toronto, la scénographie est plus directement inspirée de ses originines russes. Tout, dans les décors et costumes, fait référence à la Russie tsariste: grands manteaux bordés de fourrure, robes longues, culottes bouffantes, églises orthodoxes, jusqu’à cet oeuf de Fabergé qui sert d’écrin à la fée Dragée: c’est la Russie des paysans et du petit peuple, d’ailleurs tout se passe à l’extérieur, il n’y a pas de grand salon, même les lits des enfants semblent se promener dehors.
Tout cela est un peu lourd et sombre, trop chargé aussi, ce qui empêche d’apprécier les mouvements des danseurs, les chorégraphies, les petits détails d’exécution. En fait, j’ai nettement préféré le Casse-noisette de Montréal, même s’il est détaché de la tradition: il est plus coloré, pimpant, fantaisiste, mais en même temps assez dépouillé pour mettre en valeur la danse. Les danseurs - sauf Guillaume Côté - m’ont semblé meilleurs à Montréal.
Cependant, l’événement lui-même, soit la diffusion du spectacle au cinéma, est digne de mention et d’intérêt, et je me promets d’aller voir, au même cinéma, quelques opéras en provenance du Metropolitan qui y seront diffusés.
En ce qui concerne le ballet, la présentation sur film permet d’observer de très près les visages des danseurs, de bien voir leurs mimiques, de distinguer les détails des décors, et, à l'entracte, de visiter les coulisses et d'écouter les artistes parler de leur métier et du spectacle, ce qui est vraiment extraordinaire..
En revanche, des caméras trop mobiles et trop nombreuses quittaient à tout bout de champ la vue d’ensemble pour s’approcher des danseurs, de sorte qu’on perdait le fil des chorégraphies. Ce n’est pas comme à l’opéra où la caméra peut bouger légèrement autour d’un duo de chanteurs quasi-immobile. En danse, par définition, les artistes sont en mouvement, et la caméra devrait demeurer plus statique, parce que quand elle bouge aussi, on devient un peu perdu et étourdi.
Mais ce sont là des ajustements mineurs qui je l’espère pourront être faits: ce serait merveilleux de pouvoir aller voir ainsi, à quelques pas de chez soi, et pour un prix raisonnable, de grands spectacles (opéra, danse, théâtre) présentés dans le monde.

11/12/2007

Super Marie-Ève

6be2749a9b5497b9572038c9bec6caa6.jpegMagnifique prestation, dimanche après-midi (elle a aussi donné le concert samedi soir) de la soprano Marie-Ève Munger, à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière. Cette jeune artiste de 25 ans a déjà un bon bagage, elle possède une voix juste et agile, et surtout, une présence en scène incomparable. Belle, élégante, elle se donne à chaque pièce avec tout ce qu’il faut, elle présente simplement ses airs. Elle a chanté avec une chorale, Jeunesse en choeur, fondée par sa mère Gisèle Munger il y a 20 ans et toujours dirigée par elle: Marie-Ève y a fait ses débuts en chant, les jeunes qui lui succèdent sont bons et bien préparés, tout se passait de façon fluide entre la fille, la mère, les choristes, les pianistes. (voir la critique dans Le Quotidien)
Quelques beaux airs de Noël, Rejoyce du Messie, Noël à Jérusalem et le Minuit chrétiens final, une série de chansons en espagnol fort bien tournées.
C’est cependant dans l’opéra français que Marie-Ève performe le mieux actuellement: les Oiseaux dans la charmille (des contes d’Hoffman, son hit)  L’air de la folie d’Ophélie (dans Hamlet d’Ambroise Thomas), avec lequel elle a remporté le concours de chant international de Marmande et qui lui a déjà valu un engagement pour l’opéra de Metz en 2009, Non, Monsieur mon mari, tiré des des Mamelles de Tiresias, une pochade délirante de Francis Poulenc et Guillaume Apollinaire qu'elle rend avec un talent comique délicieux.
Elle a complètement charmé le public qui remplissait la salle, appréciée autant des connaisseurs que des amateurs occasionnels, et nul doute qu’elle ira très loin dans sa carrière. Marie-Ève Munger, un nom à retenir.

24/11/2007

Homère actuel

33234f6b0bee2a2c0116f4d92f97db53.jpegÉté voir l’Iliade à l’auditorium Dufour, par un soir de grande tempête. Production du TNM, adaptée et mise en scène par Alexis Martin, avec François Papineau et 11 autres comédiens qui pour la plupart jouent plus d’un rôle. La même équipe avait proposé l’Odyssée, toujours d’après Homère, dans la même salle, que j’avais vu en 2000 je crois.
Proposition différente: costumes modernes, un café grec garni de tables et de chaises comme décor au sol, grandes tiges de bois qui forment un étage supérieur, découpé en espaces-cages où évoluent les dieux.
C’est la vie des hommes cruels, ils se battent torse nu, animés par l’orgueil, la jalousie, l’amitié et la colère, cette colère d’Achille qui domine tout, qui se décuple quand son ami Patrocle est tué, et que même les dieux n’arrivent pas à  apaiser. Même en guerre, Grecs et Troyens se ressemblent, leurs femmes aussi, pleureuses qui subissent les effets de ces affrontements entre mâles.
Tout n’était pas parfait, peut-être un peu complexe pour les non-initiés, mais mon mari et moi qui vivons encore sur le “buzz” du voyage en Grèce effectué et 2006, et sur nos acquis du cours classique,  avons beaucoup aimé le spectacle. Et quel texte sublime!

Mes notes:
Mise en scène: 4.2
Jeu des comédiens : 4 (inégal)
Costumes et décors: 4.2
Note générale: 4.3

01/10/2007

Danse et déception

Samedi (29 septembre) j'ai été voir le spectacle  Journal intime, une création de la chorégraphie chicoutimienne Hélène Blackburn et de la compagnie qu'elle a fondée, Cas public.
Danse moderne, mouvements pulsionnels et déstructurés de sept danseurs et danseuses sur une musique de Bach jouée en direct par un pianiste, et quelques autres musiques et sons.
Pour ça, c'était correct. Mais pour le reste...
Thème de cette unique chorégraphie: l'amour et le trouble qu'il soulève dans le coeur et le corps. C'était aussi le thème des textes dits par les danseurs, en anglais et répétés en français, ou l'inverse, avec l'ajout parfois de passages en espagnol, allemand ou d'autres langues. Une enfilade de clichés, de poncifs sur l'amour, de propos redondants, inutilement ajoutés à la chorégraphie. En fond de scène, parfois, des projections de baisers filmés de près. Images sympathiques, mais mièvres, en totale contradiction avec les mouvements des corps tourmentés des danseurs.
Après une heure, même les mouvements sont devenus répétitifs: comme si la chorégraphe n'avait rien de nouveau, ou à tout le moins de percutant ou de pertinent à dire sur l'amour.
Peut-être que le sujet est épuisé...
Les hommes (danseurs) portaient des jeans, une horreur. Les filles portaient des combinaisons noires, correctes.
Je trouvais cela enfantin, pour tout dire, et, après avoir consulté les maigres informations disponibles dans Internet sur le spectacle, je me suis rendu compte qu'il avait été conçu pour un public d'adolescents.
Fort bien, mais alors on a trompé le public en programmant ce spectacle en plein samedi soir, comme s'il s'agissait d'un ballet normal, pour adultes ou pour tout public. Et d'ailleurs pourquoi penser que les ados ne comprendraient pas la chorégraphie et surligner pour eux, à coups de propos insipides et éculés, ce que l'on veut leur dire?
Bref, j'ai trouvé fort décevant ce Journal intime, où j'étais allée en toute confiance, m'attendant à apprécier le travail d'une artiste originaire de Chicoutimi et dont la compagnie a tourné dans le monde. Je suis sortie de là avec un grand malaise, la vague impression de m'être fait avoir.

20/08/2007

Charmant rendez-vous

bd42c16b07f0e178ce243d2e132b8c9f.jpegUn premier concert samedi du Rendez-vous musical de Laterrière, ce mini-festival qui ressuscite après quelques années d'absence. Dans le temps du directeur Éric Soucy, les concerts étaient exclusivement consacrés à la musique de chambre, et maintenant, avec la violoniste Renée-Paule Gauthier comme directrice artistique, le répertoire s'élargit, tout en demeurant respectueux du cadre des concerts: l'église de Laterrière, qui ne pourrait bien entendu accueillir des oeuvres symphoniques à grand déploiement.
Le concert de samedi mettait en vedette trois jeunes voix superbes: celles de la soprano Karin Côté (photo, née à Laterrière si je ne me trompe pas), du contre-ténor Patrice Côté et du ténor Éric Gauvin.
Dans un programme bizarrement construit et assez ambitieux, ils ont démontré beaucoup de talent, des voix déjà bien pleines, de la fougue et de l'âme. Les extraits d'opéras de Mozart étaient particulièrement agréables.
Tout n'était pas parfait, peut-être à cause de répétitions insuffisantes, une erreur souvent commise par les jeunes musiciens, il y a eu beaucoup d'erreurs d'exécution, la pianiste Rosalie Asselin (excellente par ailleurs) avait souvent la main lourde, et la finale avec des chansons traditionnelles a capella auxquelles le public était invité à participer  traînait un peu en longueur. De plus, Karin Côté nous a avoué qu'elle avait souffert d'une extinction de voix au cours de la semaine, ce qui explique que son timbre n'était pas tout à fait aussi beau que d'habitude (on l'a entendue dans des opérettes de la Société d'art lyrique du Royaume) et que vers la fin, elle avait de la difficulté à chanter.
Ceci dit, elle est une artiste montante qui va certainement percer sur la scène opératique. Stagiaire à l'Atelier d'opéra de Montréal, elle possède une technique assez complète et peut développer un volume impressionnant quand elle s'y met.
Patrice Côté est étonnant, avec son contre-ténor d'un beau timbre velouté, on dirait vraiment une mezzo, il a de la profondeur, des harmoniques, et excelle dans le baroque, Haendell et Purcell. En revanche, son interprétation de Voir un ami pleurer (de Jacques Brel) ne m'a pas convaincue de la pertinence de prêter ce type de voix à ce type de musique.
Le ténor Éric Gauvin possède de belles qualités aussi, bien que sa voix soit manifestement en pleine évolution: l'avenir dira ce que cela donnera. Il chante assez bien Mozart, et je l'ai aimé en partticulier dans les trois mélodies d'Henri Duparc, qu'il aborde avec souplesse et délicatesse.
Un premier concert fort agréable, qui a attiré pas mal de monde dans la petite église de Laterrière. Il en reste trois autres.

18/08/2007

Ecce Mundo : ecce plaisir!

cda64656ec3a11685b55399a7c322b67.jpegEcce Mundo : quel spectacle! Du plaisir mur à mur, surtout en première partie. Je l'avais vu déjà quelques fois, il s'améliore chaque année, et possiblement à chaque représentation : des costumes colorés aux détails astucieux, des danseurs à la fois beaux, compétents, allumés. Le chanteur Jérôme Côté est polyvalent et possède une fort belle voix, et la chanteuse (soprano) Sabrina Ferland est une vraie star, qui assume aussi bien le grand opéra que le jazz et le disco. Et l'acrobate Isabelle Nault nous donne des frissons en enlaçant son cerceau suspendu au-dessus de nos têtes.
La directrice Ariane Blackburn avait au départ une vision claire de son projet, et elle s'y tient fermement, depuis les débuts plus modestes avec Paris Folies jusqu'à l'exubérant Ecce Mundo d'aujourd'hui,  écartant sans doute au passage ceux qui voudraient se mêler de ses affaires. Ça prend du cran et elle en a, je l'ai vue encore jeudi en train de régler un problème d'éclairage juste avant le début du spectacle.
C'est là le secret: le show lui appartient, elle y demeure très présente, elle a des idées précises et originales et elle réussit à les incarner sur scène en recrutant les meilleurs talents, en s'entourant d'une équipe efficace et aguerrie de créateurs, d'artistes et de techniciens.
Elle sait aussi écouter les critiques, comme elle l'a prouvé en modifiant le début du spectacle pour parvenir à un bel équilibre dans les costumes et la chorégraphie.
Essentiellement, Ecce Mundo, c'est l'histoire du monde en danse et en musique. La première partie est incroyablement entraînante, notamment dans la scène des premières nations, les combats de chevaliers, le menuet et la valse exécutée avec d'immenses robes, très spectaculaires.
Sabrina Ferland chante Farinelli et Straus (l'air Mein Herr marquis, tiré de la Chauve-Souris qu'elle a chantée -en français - à l'opérette de la SALR il y a quelques années).
Il est juste dommage que dans les airs classiques, sa voix doive passer par un micro, ce qui lui enlève de la qualité, mais je sais qu'on n'a pas le choix d'agir ainsi dans un spectaclee de ce genre. Il y avait d'ailleurs des petits ennuis d'ajustement du son jeudi qui ont amplifié le problème, et qui furent corrigés au fil des numéros.
Puis c'est le délicieux Pigalle et L'Expo de Paris, façon astucieuse d'encadrer une superbe séquence de danses folkloriques de différents pays, (qui rappelle la vocation première de l'École des Farandoles fondée par Ariane Blackburn), les chansonnettes qui mettent en valeur le talent de Jérôme Côté.
Le tout se termine par un cancan d'une grand beauté, fabuleux, incroyablement beau : ça secoue plus fort qu'une dose massive de caféine!
Le début de la deuxième partie est moins enlevant, mais très agréable aussi, en particulier les airs de jazz rendus avec beaucoup d'âme par Sabrina et les Nuits de Montréal avec leurs costumes extravagants.
Après ça, les parties rock et disco m'ont laissée plus froide. Les costumes et les chorégraphies ont beau être inventifs et beaux à voir, le problème c'est qu'il n'y a plus de musique, juste les rythmes répétitifs et sans mélodie, caractéristiques de ces époques et de ces genres. Deux numéros de rock endiablé sur la musique d'Elvis m'auraient amplement suffi.
Bien entendu, je n'enlèverais pas l'impressionnant Habanera de l'opéra Carmen que vient nous servir Sabrina Ferland.
Et l'apothéose finale ne lève pas suffisamment, à mon avis, peut-être à cause de cette chanson originale, Voici le monde, qui n'est pas à la hauteur des autres oeuvres entendues dans le spectacle, même le disco!!!
Il s'agit là bien entendu d'une opinion bien personnelle qui tient à mon rapport particulier à la musique. Je serais curieuse de connaître l'opinion des spectateurs en général. La salle était bien remplie, jeudi, mais curieusement assez passive.
Ceci dit, je n'ai pas boudé mon plaisir, le plaisir entre autres de retrouver, à tout moment, le même souci du détail, les décors et les costumes soignés, la beauté et l'agilité des danseurs. Que de travail derrière tout ça! Un travail fait en majeure partie dans la région, par des gens d'ici, qui ont su faire leur place et réaliser leur souhaits à force de travail, de persévérance et de compétence.
Un spectacle professionnel qui ne déparerait aucune sècne du Québec.
Bravo à toute l'équipe.
Ça finit demain, dimanche, et ce soir je commence mon marathon aux quatre concerts du Rendez-vous musical de Laterrière.