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25/05/2013

La Reine et moi

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J'ai (ré-)écouté récemment sur TV5 un document de la série Secrets d'histoire consacré à la reine Élisabeth II d'Angleterre, qui a eu 87 ans le 21 avril dernier.

Cela m'a rappelé ma première et seule rencontre avec Sa Majesté. Oui, oui, moi, simple roturière, non seulement j'ai vu la reine en personne, mais c'est elle qui est venue vers moi, et non l'inverse. Elle s'est en effet arrêtée à Arvida, le 22 juin 1959, brève étape d'un long périple qu'elle effectuait au Canada avec son mari le duc d'Édimbourg.

J'avais 12 ans, elle en avait 33... Nous nous sommes croisées sur les terrains du Manoir du Saguenay. Il faisait beau soleil, une foule triée sur le volet était venue accueillir et applaudir le couple royal. J'étais là en ma qualité de membre des Guides de sa Majesté (Girl Guides, Guides anglaises). Une amie m'avait convaincue de joindre cette organisation un an plus tôt.

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Tout s'y passait en anglais, la religion officielle du groupe était le protestantisme, nos réunions avaient d'ailleurs lieu à l'église protestante d'Arvida. Nous lisions la biographie de Baden Powell et prêtions serment à la Reine en posant la main sur l'Union Jack (le drapeau canadien n'existait pas encore)... Et si je parle relativement bien anglais aujourd'hui, c'est en bonne partie grâce à cette expérience.

Ce jour-là au Manoir du Saguenay donc, il y a eu quelques discours officiels. Après s'être brièvement adressée à la foule, la Reine a remis une récompense à trois Guides émérites de mon groupe, un peu plus âgées que moi. Elles étaient guides depuis plusieurs années et avaient accédé au rang de "Ranger". Dans leurs rêves les plus fous, elles n'avaient sans doute jamais imaginé que Sa Majesté elle-même épinglerait à leur uniforme la médaille attestant ce statut prestigieux.

À Arvida, Élisabeth II a également visité les installations d'Alcan. L'éditorialiste Bertrand Tremblay (mon ancien patron!) a raconté cette visite dans Le Quotidien en 2011, rappelant notamment cette savoureuse anecdote:

"Comme le PowerPoint avec ses projections audiovisuelles n’existait pas encore, Alcan avait fait confectionner une cuve miniature pour bien illustrer le procédé d’électrolyse. Sans doute intimidés par la présence du couple royal, les ingénieurs et techniciens responsables de la démonstration avaient raté le coulage de cinq gros lingots. Tout se termina par quelques boutades enrobées d’éclats de rire."

Avec un brin d'humour, il soumettait aussi l'hypothèse suivante:

"J’ai la conviction, en plongeant dans mes souvenirs, qu’après avoir été conductrice d’ambulance et mécanicienne durant la guerre1939-45, la reine, encore toute jeune à l’époque, voulait profiter de son premier long séjour en Amérique du Nord pour en savoir davantage sur l’aluminerie qui avait contribué à vaincre la terrifiante machine de Hitler."

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Quand j'étais jeune, le troisième lundi de mai était un jour férié: c'était la Fête de la reine Victoria, que le Canada est le seul pays à célébrer encore aujourd'hui.

Au Québec, ce jour a été déclaré Fête de Dollard (des Ormeaux). Aujourd'hui et depuis plusieurs années, c'est la Journée nationale des Patriotes, en hommage aux héros des Rébellions de 1837-1838.

Veuillez donc m'excuser d'avoir, en ce jour, pondu un billet sur la Reine d'Angleterre!

20/04/2013

Denis Rousseau: organique et minéral

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Quand je suis allée pour la première fois au centre d'art le Belgo à Montréal, c'était, comme je vous le disais ici, afin de voir l'exposition Gorganciel, de Denis Rousseau, qui était présentée (jusqu'au 30 mars) à la galerie Joyce Yahouda ( dont, soit dit en passant, le site Internet est superbe: simple, beau, bien fait).denis rousseau,artiste,belgo,joyce yahouda,galerie

Mon conjoint avait attiré mon attention sur lui en me montrant cet article dans Le Devoir.

Effectivement, le travail de cet artiste est fort intéressant. Les deux oeuvres sur la photo ci-dessus, Le cuirassé de Spire et Les Gorgones, ressemblent respectivement à un ver marin et à des plantes sous-marines. On s'attend à voir l'un se mettre à ramper, les autres agiter doucement leur ramure.

D'autre part, par ses inquiétantes aspérités, la Nébuleuse des Tripodes (ci-dessous) évoque des objets fabriqués par l'homme dans une matière métallique, par exemple des outils trouvés dans l'épave d'un cuirassé ou des armes abandonnées sur un champ de bataille.

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Quant à l'oeuvre suivante, intitulée La Coupe de fumerolles, elle combine les deux types d'éléments: minéral pour les bases (qui font penser à des boulets de canon!), et végétal pour les branches.

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Toutes ces oeuvres sont le fruit d'un procédé long et minutieux qui fait appel aubois, au métal, au silicone, au polyuréthane. Et le lien entre ces matériaux et l'apparence finale de la création est bien présent, mais comme en filigrane, davantage lié à notre perception qu'à la réalité du travail en atelier. C'est là un des aspects les plus intéressants de son travail.

Ces sculptures sont riches en qualités visuelles et intellectuelles. Je n'en dirais pas autant des quelques photos qui complètent cette exposition: images abstraites qui font penser à des des poussières de roche ou à des micro-organismes grossis mille fois, mais dont le secret m'a semblé impénétrable.

Ceci dit, j'ai bien aimé plonger dans l'univers de Denis Rousseau, après un parcours du combattant qui m'a conduite jusqu'à la galerie, dans un couloir au cinquième étage du Belgo, rue Ste-Catherine.

02/03/2013

Dimanche, parfait dimanche

Tchaikovsky, concerto poru violon, Da COsta, Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Jacques Clément

Deux oeuvres que j'aime, deux grands chefs-d'oeuvre de la musique au programme d'un même concert: c'est  rare. C'est ce que m'a offert récemment l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, au Théâtre Banque Nationale.

Un concert qui m'a rendue heureuse à chaque minute de ce dimanche après-midi. Je ne sais même pas si tout était parfait, dans les moindres détails de l'exécution, et peu m'importe: c'était du bonheur pour moi.

Le violoniste Alexandre Da Costa (photo ci-dessus) fut prodigieux dans le concerto pour violon de Tchaïkovski (joué par Itzhak Perlman sur la vidéo ci-dessous): virtuose engagé, il se déplaçait beaucoup dans le petit espace qui lui était laissé, regardant tout à tour le public, le chef Jacques Clément ou les musiciens d'une section donnée. Une oeuvre marathon: 40 minutes de difficultés, d'obstacles franchis avec grâce, sans fausse note ou autre erreur que j'aie pu détecter. Un torrent, une déferlante d'âme et de beauté.

J'ai découvert quelques passages particulièrement émouvants dans le deuxième mouvement alors que le violon, la flûte et la clarinette se relancent un même thème.

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D'ailleurs les instruments à vent de l'orchestre furent particulièrement mis en valeur cet après-midi-là, grâce au travail impeccable des solistes Louise Bouchard (flûte), Sonia Gratton (hautbois) et Élizabeth Francoeur (clarinette).
En deuxième partie, l'orchestre a joué ma favorite parmi les symphonies de Beethoven, la septième, et son deuxième mouvement si prenant dont le thème est très connu: une extraordinaire composition et une excellente exécution, qui a permis aux vents de briller encore une fois.
Le concert a commencé par une création mondiale, une oeuvre d'Airat Ichmouratov composée spécialement pour l'OSSLSJ, aux accents russes et dansants, agréable et accessible. (Le Quatuor Alcan (dont les membres occupent les premières chaises de leur section) a déjà créé une oeuvre de ce compositeur (j'en ai parlé ici).

Un dimanche après-midi tout simplement parfait.

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26/02/2013

Stimulante vitrine

En allant faire mes courses à Chicoutimi, je décide d'arrêter rue Racine, à la Galerie Séquence, que je fréquentais beaucoup du temps que je travaillais aux Arts du Quotidien.

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Dans la vitrine, une jeune femme assise sur une chaise. Près d'elle, un téléphone rouge. Dehors, un autre téléphone, rouge également, sur un petit guéridon. Tout mouillé à cause des gouttières qui coulent.

Des yeux bleus, éveillés et magnifiques. Elle me regarde, me sourit et décroche. Je décroche aussi: petit brin de conversation sur son projet. Elle s'appelle Julie Bernier, elle est en train de réaliser, comme travail de fin de baccalauréat en arts à l'UQAC, cette performance intitulée "Se mettre en vitrine". Elle passe 72 heures dans la vitrine de la galerie, parlant aux  passants qui décrochent le combiné.

Elle semble s'offrir, comme le font les prostituées, mais elle détourne le geste, s'en sert pour poser des questions sur la communication entre les êtres. (Pour des explications supplémentaires: lire ce texte dans Le Quotidien).

Toute une expérience! Elle avait prévu dormir quelques heures pendant la nuit, mais ne l'a pas pu: il y a non seulement le téléphone, mais des gens qui passent, frappent dans la vitre, parlent fort, font des commentaires pas toujours gentils...

Donc elle en a pris son parti (elle est jeune!) et a décidé de rester vigilante. Elle reçoit des confidences, elle prend des notes, écrira quelque chose sur sa performance. 

Julie Bernier: audace, créativité, détermination, dynamisme.

L'art jeune et vivant d'aujourd'hui.

Je décide d'entrer pour voir l'exposition présentée par Richard Martel.  Et j'en parle ici!

 

La hache de Richard Martel

Après ma conversation avec Julie Bernier, j'entre à la galerie Séquence pour voir l'exposition présentée par Richard Martel (non ce n'est pas l'ex-entraîneur des Saguenéens!). Je suis accueillie par Bruno Marceau, le jeune directeur de la galerie. (Dans mon temps, c'était Gilles Sénéchal).

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(Richard Martel et une invitée au vernissage)


Dans une des trois salles, des photos de performances qu'il a réalisées en divers endroits du monde (Québec, La Havane...), où il a demandé à des gens d'endosser un costume blanc pour poser des actions précises (défile dans la rue, s'asseoir à une table de restaurant...). J'aurais aimé voir ça.

Dans la salle du fond, un fascinant montage vidéo montre les manipulations faites sur un plat de cuisson en aluminium. L'artiste l'enroule et le moule autour de sa main, puis de son pied, et enfin de sa tête. Filmés, ses gestes sont projetés sur un écran encastré dans une table renversée. Au mur, d'autres projections offrent, en images floues, des gros plans tirés de ces opérations, accompagnés de sons, sans doute les bruits produits par le pliage et la manipulation. Formidable.

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La troisième installation s'intitule "L'art à la hache": des bûches posée par terre. Dans chacune, une hache enfoncée. Entre la hache et la bûche:  une feuille de papier où sont imprimés le nom et le logo d'une ville, d'un événement ou d'un organisme du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il est comme ça, Richard Martel: il plante des haches dans des images, des objets, des concepts, pour montrer (et dénoncer) ce qu'on en fait, comment on les perçoit (il a déjà fait cela dans des dictionnaires...).  Ça se passe de commentaire... et ça fait réfléchir.

 Je sors de là pleine d'idées, d'enthousiasme, d'admiration pour tous ces créateurs qui font l'art vivant d'aujourd'hui. Je me promets d'y retourner.

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Incidemment, ce jeudi 28 février, il y aura à la Galerie Séquence une journée de réflexion sur l'art performance, à compter de 13 heures, avec conférence et performances de Sara Létourneau et Richard Martel. Je crois que c'est ouvert à tous. Informations au bout de ce lien.

10/02/2013

Une belle soirée aux Enfers!

La Société d'art lyrique du Royaume a retrouvé son lustre d'antan tout en s'adaptant au goût du jour avec Orphée aux Enfers, l'opéra-bouffe de Jacques Offenbach que j'ai eu le bonheur de voir vendredi soir au Théâtre Banque Nationale.

Entendu de la première rangée du balcon, l'Orchestre (symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean) sonnait particulièrement bien. Maestro Jean-Philippe Tremblay, qui, malgré son horaire chargé, prend toujours plaisir à revenir chez lui diriger l'opérette, aime, connaît et respecte cette musique. Il sait communiquer sa ferveur aux musiciens et aux chanteurs, et mettre en valeur les subitilités et les nuances de la partition. Résultat: la musique monte jusqu'à nous, nous enveloppe et nous emporte. La nouvelle fosse d'orchestre est sans doute pour quelque chose dans la qualité sonore: celle de l'ancien auditorium Dufour, il faut bien l'avouer, étouffait carrément le son.

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(Antonio Figueroa et Aline Kutan dans Orphée aux Enfers. Photo Rocket Lavoie, Le Quotidien)


Presque tout dans cette production, est d'ailleurs formidable. À commencer par les interprètes principaux... et secondaires. Des professionnels d'expérience, habitués ou nouveaux venus aux productions de la SALR, qui savent travailler tout en ayant l'air de s'amuser.

Quelles belles voix que celles d'Antonio Figueroa (Orphée), de  Jacques-Olivier Chartier (Pluton), de Renée Lapointe (l'Opinion publique, qui parle plus qu'elle ne chante), de Patrick Mallette (Jupiter, impayable dans le duo de la mouche), de Sabrina Ferland (Cupidon) et de tous les autres. Quelques-uns n'ont pas toute l'agilité requise pour suivre le tempo dans ses passages les plus diaboliques, mais ce n'est pas trop grave.

Quant à la diva Aline Kutan, elle est tout simplement époustouflante. Les aigus, les graves, les fortissimi, les cascades et les ornementations ne lui font pas peur, elle que  j'ai déjà vue jouer et chanter la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée à l'Opéra de Montréal. Le registre comique non plus. Elle n'a peut-être pas le physique idéal pour jouer Eurydice, mais le metteur en scène tire parti de ses rondeurs et de ses appas pour produire des effets du plus haut comique.

L'action se déroule presque totalement sur une petite tribune carrée installée au milieu de la grande scène. Scène sur la scène, théâtre dans le théâtre: le dispositif, combiné aux décors en styromousse, stylisés comme dans une bande dessinée, se révèle intéressant et fructueux.

Le metteur en scène Dario Larouche doit se sentir comme un poisson dans l'eau dans cet univers parodique de la mythologie et de l'Antiquité grecques, lui qui a déjà monté La Marmite de Plaute, L'Assemblée des femmes d'Aristophane, et même Antigone de Sophocle, avec sa troupe les 100 masques. Expériences qui lui servent dans sa première mise en scène d'opéra, où il réussit à tenir ensemble une multitude d'éléments dont certains lui étaient sans doute peu familiers. Rythme, humour, inventivité, subtilité, connaissance approfondie de l'oeuvre sont au rendez-vous pour nous faire partager ce détournement de mythe que constitue Orphée aux Enfers.

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(Le baryton Patrick Mallette incarne un Jupiter dépassé par le mouvement de révolte qui agite les dieux et déesses de son royaume, l'Olympe. Photo Claudette Gravel, SALR)


Dans cet opéra-bouffe, Offenbach et ses librettistes revisitent la légende d'Orphée, en faisant de celui-ci un violoneux insignifiant, tout heureux d'apprendre la mort de sa femme Eurydice, qu'il déteste et qui le lui rend bien. Mais l'Opinion publique, gardienne de la morale, l'oblige à descendre aux Enfers (en passant, amis journalistes et autres qui écrivez sur ce spectacle, Enfers s'écrit AVEC UN E MAJUSCULE dans Orphée aux Enfers) pour aller la reprendre à Pluton, qui l'a en réalité enlevée. Il devra d'abord passer par l'Olympe, où Jupiter et sa troupe de dieux et déesses se joindront à son expédition.

Première partie mieux réussie que la seconde, m'a-t-il semblé, mais c'est dû pour une bonne part au livret lui-même, qui s'égare un peu vers la fin. Autre remarque: il faudrait absolument songer à ajouter des surtitres à la production, car on ne comprend pas la moitié des paroles chantées, et par conséquent, l'humour raffiné, les références subtiles, la critique sociale implacable que contient le texte nous échappent totalement.

Dans l'ensemble, c'est un spectacle enlevé, joyeux, entraînant, drôle, agréable, dont tous les éléments (il faudrait parler aussi des choeurs et des costumes)  se combinent et s'accordent pour nous faire passer une fort belle soirée.

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Nous avons quitté la salle avec en tête l'air du Galop infernal, ce cancan endiablé sur lequel s'achève le spectacle (accès à une version, dans une autre production, en cliquant l'image ci-dessus).

Mais ce que nous avons fait jouer, en revenant à la maison Jack et moi, c'est le Che farò senza Euridice, tiré de l'Orfeo de Gluck, rappelé à notre mémoire par la citation musicale qu'en fait Offenbach dans dans Orphée aux Enfers.

Cliquez sur le lien pour entendre cet air célèbre, chanté par Marie-Nicole Lemieux.

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À lire aussi:

Critique de Daniel Côté dans Le Quotidien,

29/01/2013

Mes nouveaux amis

J'ai reçu un certain nombre de cadeaux à Noël, et je les apprécie tous. Mais deux d'entre eux m'ont fait particulièrement plaisir, car je les utilise chaque jour depuis qu'ils m'ont été  offerts. Les voici, en deux temps et deux billets.

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Le premier est un magnifique sac à main offert par Cindy Cantin, conjointe de mon fils et maman du craquant Mattéo. Elle a fondé et dirige sa petite PME, C comme Ça, et confectionne des sacs en tous genres, à main, à dos, étuis pour portables, cartables, contenants et autres objets en feutre recyclé et cuir qui sont à la fois utiles et fort beaux.

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Elle m'a déjà offert (ou à mon conjoint) des vide-poches, un étui dans lequel mon iPod Touch repose depuis quelques années (photos de gauche), ainsi qu'un grand sac fourre-tout que j'aime bien. Je m'en sers souvent, pour mes sorties au spectacle ou pour des réunions, rencontres, excursions où je dois transporter un petit bagage cindy cantin,c comme ça,sac,feutre,cuir: ce sac peut loger un nombre incroyabe d'objets!

Quant au nouveau sac que Cindy m'a offert à Noël (modèle "petite andouille"!, photo ci-haut), j'en use et j'en abuse(!) De taille moyenne, avec une courroie ajustable à l'épaule, des teintes qui me conviennent parfaitement et que j'adore (on m'avait un peu sondée auparavant...), il est parfait pour un usage quotidien.

En plus de mon téléphone et de mon porte-monnaie, j'y ai placé toutes les petites bébelles que je traîne habituellement avec moi: rouge à lèvres, pastilles pour la toux, kleenex, carnet d'adresses, stylos, bouts de papier... et un bandeau pour me couvrir les oreilles quand il vente fort. Il accueille aussi toutes les factures, reçus, coupons-rabais et billets de loterie que j'accumule dans une journée, de même que les menus objets que j'achète et pour lesquels je ne demande pas de sac spécial.

Chaque fois que je sors, je l'apporte avec moi. À tel point que j'ai un peu peur de l'user trop vite. Mais il solide et résistant, alors je ne me gêne pas.

25/10/2012

Virginie Brunelle: la danse brute

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Mardi, la compagnie de danse  Virginie Brunelle a présenté à Jonquière un superbe spectacle intitulé Complexe des genres. Six danseuses et danseurs, six corps vrais et différents, solides ou fragiles, énergiques et vibrants. Une succession de chorégraphies (signées Virginie Brunelle) qui forment un ensemble axé sur l'exploration de soi et de l'autre, la recherche de sa vérité et de sa place dans la valse des échanges physiques entre hommes et femmes. Cliquez sur l'image pour voir une courte vidéo assez représentative.

De la danse contemporaine, dépouillée, sur des musiques de Mozart, Brahms, Beethoven, Philip Glass, entre autres. Le corps des danseurs, comme traversé par des courants électriques, est agité de mouvements saccadés qui semblent aller de l'intérieur vers l'extérieur. L'énergie circule de l'un à l'autre comme un fluide, l'atmosphère est dense, sensuelle, érotique. C'est charnel et incarné.

On entend leur souffle amplifié par l'effort physique, certes très exigeant, et quelques paroles à l'occasion. C'est rude, direct, intense. Quelques notes d'humour, de poésie et de tendresse allègent et ponctuent cette avide -et parfois aveugle- recherche de contacts.

Peu de vêtements, seins nus, même un homme dévêtu qui se recroqueville en position foetale: chacun cherche l'enfant en soi, ou cherche à sortir de son cocon. L'énergie circule, franchit les obstacles, les corps entrent en contact et en collision, puis se rétractent.

Vie, mort, peur, ambition, désir, désir, inquiétude, rejet, ambivalence, désir, désir.

Dans la salle Pierrette-Gaudreault presque pleine, beaucoup d'adolescents, des élèves du secondaire qui je crois sont venus en sortie de groupe. J'espère qu'ils ont aimé. En tout cas, ils se sont levés pour applaudir très fort.

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé, c'était beau et prenant. Il y a longtemps que j'avais vu un spectacle de danse, et ça me manquait. Diffusion Saguenay n'en présente pas, alors que son mandat de diffuseur majeur exigerait qu'il le fasse, il me semble, et qu'il présente aussi du théâtre, de la musique classique, bref, autre chose que de la chanson populaire et de l'humour.

La Rubrique prend la place et le fait fort bien. C'est tout à son honneur.

Bravo à La Rubrique!

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À lire aussi:

Le point de vue de Daniel Côté, du Quotidien.

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15/10/2012

L'âme d'un artiste: Matthew Polenzani

À l'entracte, la soprano Debora Voigt demande au ténor Matthew Polenzani, qui joue le rôle de Nemorino dans L'elisir d'amore (opéra du Met présenté samedi au cinéma Jonquière), qu'est-ce qu'il ressent alors qu'il va bientôt chanter Una furtiva lagrima, célébrissime aria interprétée par Pavarotti, Caruso, Domingo et autres grands ténors de ce monde (au bout de ce lien, par Pavarotti, en 1985 à l'émission française Le grand échiquier animée par Jacques Chancel).

En fait répond-il (je traduis librement son anglais):

"je vais penser à cette larme, cette larme qu'elle (Adina) vient de verser et qui me prouve son amour. Je vais exprimer mon émotion et ma joie d'avoir vu couler cette larme".


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(Anna Netrebko et Matthew Polenzani. Photo: Ken Howard, Metropolitan Opera)


Quelle réponse magnifique! Celle d'un véritable artiste. Quand il est sur scène, il ne songe pas à la gloire, à la compétition, à la performance, futilités auxquelles peuvent penser les journalistes qui l'interrogent ou les badauds qui l'écoutent. Il est simplement là,  tout entier là, en train de faire son métier, concentré à être ce personnage d'amoureux bouleversé par cette larme furtive aperçue sur la joue de sa bien-aimée.

D'ailleurs son Una furtiva lagrima était tout à fait sublime. Des instants de pur bonheur pour nous qui l'écoutions dans la salle obscure, et pour ceux qui l'ont ovationné pendant de longues minutes à New York. Il a surmontmetropolitan opera,met,cinéma jonquière,matthew polenzani,anna netrebkoé avec aisance les aigus et les fortissimi, mais c'était encore plus beau quand il chantait pianissimo: nous pouvions entendre sa voix pure et douce et observer, en gros plan sur son visage, l'expression de son sentiment amoureux, extatique sur les dernières syllabes de "si puo morir d'amor".

Voilà la réponse d'un authentique artiste, ai-je pensé, moi qui l'admirais depuis le début de cette belle production du Metropolitan Opera. Pourtant, je l'avais déjà vu dans Don Pasquale (aussi de Donizetti et aussi avec Anna Netrebko), et La Traviata où, je l'avoue, il ne m'avait pas tellement impressionnée. Mais cette fois, j'étais sous le charme (il est très beau en plus...)

La mise en scène de Bartlett Sher, finement nuancée, met l'accent sur le côté romantique de cette oeuvre très légère, plutôt que sur l'aspect rigolade et grosse farce auquel on réduit parfois L'elisir...

Anna Netrebko dans le rôle d'Adina, surmonte sans trop de problèmes les écueils de ce bel canto qui la tire hors de sa zone de confort. Le baryton polonais Mariusz Kwiecien s'acquitte honorablement du rôle unidimensionnel de Belcore, tandis que l'énorme -et excellent chanteur-  Ambrogio Maestri nous fait bien rire avec les boniments du dottore Dulcamara. À noter, le clin d'oeil amusant de ses deux sbires, portant costumes blancs et verres fumés teintés de rose...

 

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(Anna Netrebko, Mariusz Kwiecien. Ambrogio Maestri. Photo: Ken Howard, Metropolitan Opera)


Bons points aussi pour l'impeccable diction (italienne) de tous ces interprètes: tellement précise que je comprenais presque toutes les paroles sans avoir besoin de lire les sous-titres anglais, et pour la direction musicale tout aussi impeccable de maestro Maurizio Benini.

C'était un plaisir de renouer avec l'opéra du Met, en compagnie des fidèles habitués et de quelques nouveaux adeptes. De beaux samedis après-midi en perspective au cinéma Jonquière encore cette saison.

12/09/2012

Tom Wesselmann: l'art qui fait pop!

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À Montréal en juin dernier, je suis allée au Musée des Beaux Arts voir la rétrospective de Tom Wesselmann (présentée jusqu'au 7 octobre) intitulée Au-delà du pop art.

Deux grandes lignes de force animent son oeuvre, m'a-t-il semblé: l'érotisme et les références.

Un érotisme joyeux et délicieusement coquin, inspiré par une obsession totalement assumée pour le corps féminin... et pour ce qui le soutient, dans l'imaginaire ou dans le réel: vêtements, sous-vêtements, talons hauts, verres fumés, maquillage, en particulier le rouge à lèvres. En fond de scène: banquette, voiture, plage, fauteuil, sur lesquels il se pose et se détache, souvent dénudé.

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Références: d'abord à la vie quotidienne que l'on était censé mener aux États-Unis dans les années 50. Une vie à la fois matérielle, idéalisée et rêvée... Symbolisée, incarnée dans les icônes du bonheur bourgeois et familial: pain tranché, grille-pain, boissons gazeuses, réfrigérateur, automobile, bungalow. Du pop art à l'état pur! Références également à l'art, français en particulier:  Wesselman emprunte à Matisse, Picasso, Cézanne, Mondrian... leurs motifs les plus emblématiques et les incorpore à ses toiles comme autant de clins d'oeil.

De plus, il a recours aux techniques les plus diverses: collage, dessin, peinture, incrustation d'objets, qu'il maîtrise et utilise avec jubilation, dirait-on.

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On sort le sourire aux lèvres et la tête pleine d'idées de cette exposition joyeuse, ironique et drôle. Pas plus que nous, Tom Wesselmann ne prend ses obsessions au sérieux: il nous les offre, vivantes, colorées, triviales, grotesques ou fantaisistes. C'est à prendre ou à laisser. Pour ma part, j'ai pris avec beaucoup de plaisir ces oeuvres d'un esprit libre et libertin, d'un créateur qui ne s'enfarge ni dans les conventions, ni dans les règles de l'art.