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27/11/2012

La salle Bourgie... en chaussettes

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Comme vous le savez peut-être, j'aime découvrir des salles de concert que je n'ai pas encore vues. En mars dernier, Jack et moi sommes allés pour la première fois à la salle Bourgie, aménagée dans l'ancienne église Erskine and American, qui fait maintenant partie du Musée des Beaux-arts.

Une salle magnifique, aménagée dans le respect total de l'architecture originale, conservant la structure et l'ossature de l'église. À l'intérieur, on retrouve également, fort bien préservés et mis en valeur, les magnifiques vitraux de Tiffany, que j'avais d'abord vus lors d'une exposition préalable présentée au MBAM. (Jack a parlé de cette salle au moment de son ouverture: ici).

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Pour voir les piliers soutenant les magnifiques bancs de bois et le garde-fou incurvés de l'ancienne église, il faut cependant soit prendre place au balcon, soit, du parterre, se tourner et regarder vers ce balcon, à l'arrière de la salle.

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Des sièges conçus par le designer Michel Dallaire et fabriqués par l'entreprise québécoise Bouty ont été placés au parterre et constituent la majorité des places disponibles pour les concerts.

Ces fauteuils m'ont paru détonner un peu dans ce décor d'église, car ils sont tellement

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confortables qu'on croit être assis dans son salon. À tel point que les auditeurs faisaient comme chez eux, semblant sortir directement du bureau (sauf quelques très vieilles dames qui avaient pris la peine de mettre un chapeau), posant leurs manteaux un peu n'importe où. J'ai même vu un homme qui avait enlevé ses souliers et qui écoutait cette belle musique...  en pieds de bas. Je dirais que ça manquait un peu de tenue.

Même Boris Brott, le chef et directeur artistique de l'Orchestre de chambre McGill, s'exprimait sans grande élégance, un peu comme ça lui venait, et surtout en anglais...

Et la musique ? J'en parle dans le prochain billet.

 

13/10/2012

Sortir de la Maison (symphonique)

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Petit complément à mon billet précédent.

La Maison symphonique, nouvelle résidence de l'OSM (photo du hall ci-dessus): la salle est fort belle, le son est formidable, les sièges relativement confortables. Mais les architectes ont négligé un volet très important de leur travail: assurer une circulation fluide et rapide des usagers.

À l'entracte et après le concert, tous les spectateurs du parterre (les plus nombreux) se retrouvent coincés, d'abord dans la salle même pour ceux qui sont placés à l'avant et qui doivent faire la queue entassés dans les étroits couloirs latéraux. Il y a très peu de vomitoires, c'est-à-dire de sorties latérales (au Grand Théâtre de Québec, par exemple, il y en a une à toutes les deux ou trois rangées) et les quelques-unes disponibles conduisent aux deux seules vraies sorties, situées à l'arrière.

Ensuite tous, ceux du parterre, des loges, de la mezzanine et des balcons se retrouvent en haut des escaliers qu'ils doivent descendre de conserve, comme des sardines compactées dans leur boîte, en essayant de ne guère plus bouger que celles-ci, pour éviter les sardines folles qui foncent comme des malades, celles qui ont des béquilles, celles qui ne voient rien, celles qui zigzaguent de gauche à droite, tout en regardant où ils posent les nageoires... pardon, les pieds.

La cohue totale. La cage à homards, pour rester dans le paradigme halieutique.

C'était déjà terrible à Wilfrid-Pelletier. Eh bien là, c'est encore pire!

10/10/2012

Incohérences symphoniques

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À Montréal, en septembre dernier: un concert de l'OSM à la Maison symphonique, que mon conjoint n'avait pas encore vue (moi oui, j'en ai parlé ici). Le programme (Debussy, Ravel, Britten) n'était pas tout à fait dans nos cordes habituelles, mais enfin, nous avons décidé d'y aller.

Pour l'achat des billets, nous nous présentons au guichet de la Place des arts, comme nous l'avons toujours fait. L'employée nous explique qu'il y a peu de billets disponibles, car l'OSM ne leur alloue que 5% (ou 15% je ne me souviens plus) des sièges par événement, et vend lui-même le reste. Donc si on veut autre chose que ce qui est offert là, et qui nous semble bien peu intéressant, il faut se rendre aux bureaux de l'orchestre, au 260 Maisonneuve, dit-elle en omettant de préciser que cette adresse est simplement une autre entrée de la Place des Arts.

Ce dont nous nous rendons compte après avoir fait quelques pas sur Maisonneuve... dans la mauvaise direction.

Une porte dérobée bien peu visible, un gardien de sécurité, un ascenseur, et nous voici à la billetterie de l'OSM. Un petit bureau, ordinaire et exigu. Une employée nous accueille, fort gentiment d'ailleurs. Sur une feuille de papier, elle pointe avec un stylo les places disponibles, parmi lesquelles nous devons choisir. Elle nous quitte pour aller à son poste et imprimer les billets, après quoi elle revient au comptoir d'accueil pour nous faire compléter la transaction bancaire. (Le prix vous intéresse? 235.12$ pour deux billlets à la rangée J).

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Système préhistorique, locaux peu accessibles et vraiment pas faits pour le grand public. (Nous avons failli renoncer à acheter des billets pendant que nous cherchions l'entrée. Je me demande combien de ventes perd l'OSM avec cette façon de faire).

D'autant plus ridicule que ces bureaux ne sont pas dans la Maison symphonique, mais dans la Place des Arts voisine. D'ailleurs, si vous allez au bout des liens, la Maison symphonique est intégrée au site de la Place des Arts. Par ailleurs, sur le site de l'OSM il n'est nulle part indiqué (du moins je n'ai rien trouvé à ce sujet) où à Montréal on peut acheter des billets pour les concerts.

04/10/2011

Jelena Milojevic: une musicienne en or

Oui, "en or" parce qu'elle portait avec une suprême élégance un pantalon doré et scintillant, coupé dans une sorte de lamé.

Belle grande jeune femme au port altier, l'accordéoniste Jelena Milojevic a conquis le public fort nombreux qui est allé l'entendre dimanche au premier concert de la saison offert par la section régionale des Jeunesses Musicales, à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière. (Sur la vidéo, elle présente son instrument (en anglais) et joue quelques pièces).

Jelena Milojevic, Jeunesses Musicales, accordéon, JonquièreElle a séduit son auditoire par son allure, par les propos toujours pertinents qu'elle a tenus, dans un français impeccable teinté d'un charmant accent, et par les histoires qu'elle a racontées, certaines très sombres étant donné qu'elle est née en Croatie.

La guerre était présente dans son programme, notament par une composition de son mari Aleksandar Milojevic, d'origine serbe, en hommage à une petite fille de trois ans tuée dans un bombardement, et par une pièce de Victor Vlasov inspirée par le Goulag.

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Un volet sombre cependant tempéré par l'atmosphère joyeuse et vivante de l'ensemble, le sens du rythme et la joie de vivre de cette lumineuse artiste.

Elle pimente ses présentations de notes humoristiques, et accompagne ses exécutions de mimiques, de sourires, de gestes qui appuient les rythmes parfois endiablés des pièces, faisant preuve d'une aisance sur scène peu commune.

Mais surtout quelle musicienne! Elle fait corps avec son accordéon, un instrument difficile, qu'elle maîtrise, qu'elle aime manifestement et dont elle tire des sonorités et des rytmes éblouissants, étonnants, séduisants.

 

Très peu de pièces connues dans ce programme qui faisait la part belle aux compositeurs russes et slaves du 20e siècle, inspirés par les thèmes folkloriques des pays de l'Est, où l'instrument est aussi très connu et utilisé. Ce que l'on en connaît ici est plutôt associé au style musette français et au tango argentin (elle a joué tout de même quelques pièces d'Astor Piazzola).

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Jelena Milojevic vit aujourd'hui à Vancouver où elle enseigne la musique. Gagnante de plusieurs concours internationaux, elle s'est donné pour mission de faire connaître l'accordéon, pour aider à consolider la place qu'il a conquise au sein des instruments classiques. Avec ses qualités exceptionnelles de musicienne et de performeure, elle est une ambassadrice tout indiquée pour son instrument.

Après l'entracte, elle a souligné que ce jour (2 octobre) était très spécial pour elle, car "c'est la fête de mon ami Luc". Elle parlait de Luc Bouchard, responsable dévoué des Jeunesses musicales depuis nombre d'années, qui agissait comme animateur et présentateur du concert. Elle a joué les premières mesures de "Bonne fête", le public a continué pour lejubilaire tout ému qui indiquait son âge avec ses doigts: 70 ans!

Bref, une surprise, une découverte, une rencontre, comme savent en procurer les concerts des JMC. Nous sommes tous  tombés sous le charme de Jelena Milojevic et son accordéon.

27/08/2011

Casavant, petit et grand

Casavant, St-Dominique, Jonquière, Luc Lessard, Marie-Hélène GreffardC'est l'orgue de choeur de l'église Saint-Dominique de Jonquière, que j'ai pu entendre vendredi au concert donné par Marie-Hélène Greffard.

Originaire de Montmagny et titulaire à la paroisse St-Thomas de cette ville, l'organiste a eu la bonne idée de présenter toute la première partie de son concert sur cet instrument, un petit Casavant de 1943 (15 jeux et 1016 tuyaux), déménagé l'an dernier de la paroisse St-George jusque dans le choeur de St-Dominique, par les soins de Luc Lessard et de son équipe. (Histoire du déménagement racontée ici). J'ai donc photographié les tuyaux (ci-dessus), ainsi que la console et la plaque indiquant les origines de cet orgue.casavant,st-dominique,jonquière,luc lessard,marie-hélène greffard

Au programme notamment, des oeuvres de Jean-Sébastien Bach, ainsi que d'aimables variations de Charles Wesley (fils) sur God Save the King, dont la musique fut composée par Jean-Baptiste Lully en l'honneur de Louis XIV, et par la suite empruntée par Haendel pour poursuivre sa carrière en Angleterre (histoire fort bien racontée ici sur le blogue de Jack).

Le reste du concert, consacré à un répertoire plutôt romantique, a été joué sur le grand Casavant de la tribune (1914, 32 jeux, 3023 tuyaux). Avec son conjoint  François Grenier, également organiste, Mme Greffard casavant,st-dominique,jonquière,luc lessard,marie-hélène greffarda fait entendre une composition qu'elle a écrite pour pédalier seulement: ses variations sur Country Gardens furent donc jouées... à quatre pieds! La caméra montrait bien les déplacements de ces pieds et jambes sur les pédales, c'était amusant et fascinant.casavant,st-dominique,jonquière,luc lessard,marie-hélène greffard

Avec simplicité et humour, l'organiste a présenté les oeuvres, et elle nous a montré aussi ses souliers dorés, commandés spécialement à New York, dotés d'une semelle de suède pour se déplacer sans bruit sur le pédalier, et d'un talon haut de un pouce pour faciliter l'alternance entre le bout du pied et le talon.

Il a fallu attendre la dernière pièce au programme, la suite Gothique de L. Boëllmann pour entendre l'orgue sonner dans toute sa puissance (peut-être pas toute, d'ailleurs).

28/07/2011

Pierre Grandmaison, la fête

Un grand organiste du Québec, Pierre Grandmaison, a présenté mercredi le dernier des Concerts d'été 2011 de la Cathédrale de Chicoutimi, le seul auquel j'ai pu assister cette année (et je le regrette).

pierre grandmaison,orgue,concerts d'été,cathédrale de chicoutimi(Photo d'écran...)

M. le curé de la Cathédrale a souligné que s'il y avait un peu moins de monde cette fois-là que les précédentes, c'est qu'on avait dû changer de jour. Ces concerts gratuits ont habituellement lieu le mardi, mais mardi, c'était la fête de sainte Anne, alors on n'a pas voulu lui faire concurrence avec un événement dans une autre église du diocèse.

Mercredi 27 juillet, c'était en revanche l'anniversaire de M. Grandmaison, qui a eu 62 ans. Après l'entracte, Céline Fortin, organiste titulaire de la cathédrale (qui assistait le musicien pour les pages et les réglages), est intervenue sur l'orgue du choeur avec un air de circonstance, et le public l'a spontanément suivie en entonnant "bonne fête à Pierre". C'était un peu gênant, mais néanmoins charmant, et accueilli avec simplicité et naturel par le principal intéressé.

Organiste titulaire des grandes orgues de la basilique Notre-Dame de Montréal, Pierre Grandmaison a proposé un programme français, sauf pour cinq chorals de Bach, qui curieusement, m'ont paru bien ternes. C'est un comble! Sans doute dû au contraste entre la sagesse classique de Bach et les autres oeuvres au programme.

pierre grandmaison,orgue,concerts d'été,cathédrale de chicoutimi(Pierre Grandmaison)

Brillantes comme le grand Dialogue en ut de Louis Marchand et le Choral varié "Veni Creator" de Maurice Duruflé, ou impressionnistes comme le planant Jardin suspendu de Jehan Alain et les extraits des Cathédrales de Louis Vierne: dans la présentation de celles-ci, Pierre Grandmaison a invité le public à imaginer Notre-Dame-de-Paris comme un navire voguant sur la Seine. J'ai suivi son conseil, et dans ma rêverie, l'Île de la Cité tout entière larguait les amarres et nous emportait tel un grand vaisseau.

pierre grandmaison,orgue,concerts d'été,cathédrale de chicoutimiLe plus beau moment du concert était toutefois à venir: celui où on a pu entendre le Deuxième choral de César Franck, un compositeur que j'aime décidément de plus en plus: profonde et sombre, une oeuvre d'une richesse sonore remarquable, thèmes et jeux explorés à fond, magnifique. (Un clic sur l'image ci-dessus conduit à une   interprétation de cette oeuvre (sur Youtube) par l'organiste Jean-Paul Imbert).

Il a terminé la soirée par une improvisation (donc une oeuvre québécoise!), tradition des concerts d'orgue qui se perd un peu aujourd'hui. Trois thèmes lui ont été soumis (par Céline Fortin): Tantum Ergo, Un Canadien errant, et V'là l'bon vent.

C'est manifestement ce dernier thème qui a le plus inspiré l'organiste (qui est aussi compositeur), car il y est revenu dans les deux derniers des cinq mouvements de sa symphonie improvisée, pour mettre en évidence le rythme pulsionnel de la pièce, y allant de passages virtuosement jazzés. Dans un final frénétique, quasiment en transe, il a poussé l'orgue dans ses derniers retranchements pour le faire sonner au maximum. Bien sûr, cela tient de l'exploit destiné à épater la galerie, il y a là un zeste d'esbroufe, mais c'est aussi de la vraie musique, et seul un musicien chevronné et expérimenté peut se livrer à un tel exercice. Ça fait partie du jeu et c'était vraiment agréable à entendre.

Somme toute, un excellent concert, dont je me souviendrai longtemps.

07/06/2011

Julie Boulianne et Karin Côté: complices et magistrales

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(Karin Côté et Julie Boulianne. Photo Rocket Lavoie, Le Quotidien)

Le concert donné dimanche après-midi à la salle François-Brassard par la mezzo-soprano Julie Boulianne et la soprano Karin Côté m'a procuré tant de plaisir que j'en fus moi-même étonnée. Même si la première a une carrière en pleine ascension tandis que la seconde s'est un peu éloignée (du moins l'ai-je cru) du chant classique au cours des dernières années, elles ont toutes deux brillé avec une force égale dans le répertoire qu'elles ont choisi, parfaitement adapté à leurs possibilités, à leur voix, à leurs goûts sans doute.

En duo, elles ont fait le premier air, Ah guarda sorella (Cosi fan tutte), entamant ainsi leur programme en joyeuse légèreté, et le dernier, Youkali, de Kurt Weill, terminant sur une note nostalgique et tendre. Atmosphère qui s'est étendue jusqu'au rappel, Le duo des Fleurs (Délibes, Lakmé). Bizarrement, deux personnes m'ont dit après le concert que cet air, "Sous un dôme épais", les fait pleurer chaque fois...

Dense et relativement court, le programme est bien conçu, original et parfaitement équilibré. En première partie, le grand répertoire, Mozart, Gounod, Rossini, surtout en français et italien. La deuxième partie plus contemporaine (mélodies de Ravel et Poulenc) s'est conclue par un volet Kurt Weill.

Julie Boulianne nous séduit par sa puissance vocale et son jeu hautement comique dans son air fétiche, Una voce poco fa (du Barbier de Séville, interprété par Joyce DiDonato dans la vidéo ci-dessous), et nous émeut jusqu'aux larmes avec Va laisse couler mes larmes, de Massenet. Karin Côté joue habilement l'ironie et l'humour noir dans Glitter and Be Gay de Bernstein, puis se révèle émouvante et vraie dans Je ne t'aime pas de Kurt Weill.

Les deux chanteuses font gracieusement alterner légèreté, gravité, humour, profondeur. Elles utilisent judicieusement leurs ressources dramatiques ou comiques pour faire comprendre les enjeux de ce qu'elles chantent, même dans une langue que le public ne comprend pas. Et cela sans parler de leurs timbres, magnifiques et complémentaires, de leur technique impeccable, de leur sens des nuances.

 

 

La pianiste Marie-Ève Scarfone, une jeune femme de grande expérience, surmonte avec grâce tous les pièges de ses énormes partitions (qui remplacent l'orchestre dans bien des cas), tout en accompagnant, soutenant et donnant la réplique à ses compagnes: c'est un vrai plaisir de l'entendre.

Au-delà des qualités énumérées ci-haut, il y avait ce petit plus, ce quelque chose qui circule entre les artistes et le public et qui donne une qualité particulière à l'atmosphère. Cette sorte de miracle, de grâce du moment, ne se produit pas toujours, mais cette fois, c'était bien là, dès le premier air et sans interruption jusqu'à la dernière note, grâce entre autres au professionnalisme de Julie Boulianne et de Karin Côté, à leur bonheur de chanter et de partager la scène, bref, à leur engagement total dans cette activité.

Ce magnifique événement présenté par la Société d'art lyrique du Royaume a attiré environ 250 personnes, soit un peu moins que le public habituel de l'opéra au Saguenay: il survient bien tard en saison et plusieurs mélomanes sont déjà sans doute en vacances ou en voyage. Les familles des deux jeunes femmes s'étaient cependant déplacées en grand nombre pour accueillir et fêter leurs vedettes.

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Voir aussi l'excellente critique de Daniel Côté, parue dans Le Quotidien

03/06/2011

Opérette, opéra, arias

Julie Boulianne, Karin Côté, SALR, opérette, opéra, sopranoEn marchant sur la rue Saint-Denis, dans un secteur de Montréal (un peu au nord de Cherrier) où pourtant j'ai dû passer des centaines de fois au cours des années, je découvre ce vieux bâtiment, assez beau malgré ses fenêtres placardées au rez-de-chaussée. (Il logerait un cabinet d'avocats, semble-t-il).

Gravée dans la pierre, au-dessus de la porte, cette inscription:

STUDIO DE LA SOCIETE CANADIENNE D'OPERETTE

Et tout en haut:

FONDEE EN 1921

(Tout en majuscules, sans accent...)julie boulianne,karin côté,salr,opérette,opéra,soprano

 

L'inscription est plus lisible sur la photo de droite:

Je connaissais vaguement la Société canadienne d'opérette, mais je ne savais pas du tout qu'elle avait eu pignon sur rue au 3774 Sait-Denis. Fondée par le baryton Honoré Vaillancourt, elle a compté jusqu'à 200 actionnaires et 155 employés. Elle présentait jusqu'à neuf opérettes par année; des artistes comme Amanda Alarie, Lionel Daunais, Albert Roberval, Raoul Jobin y ont chanté.

"Peu après sa fondation, la Société canadienne d'opérette lança une souscription populaire sous forme de briques vendues à un dollar afin d'ériger un édifice de quatre étages au 3774, rue Saint-Denis, pour y loger son administration et tenir ses répétitions".

La SCO a pavé la voie aux Variétés lyriques, fondées en 1936 par Lionel Daunais, qui ont connu un succès phénoménal à Montréal jusqu'en 1955, avec des opérettes présentées au Monument-National.

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julie boulianne,karin côté,salr,opérette,opéra,sopranoL'opérette, c'est aussi le créneau de la Société d'art lyrique du Royaume, fondée à Chicoutimi il y a 40 ans. J'en profite pour vous signaler qu'elle présente, ce dimanche 5 juin à la salle François-Brassard, un très beau concert qui réunira sur scène la mezzo-soprano Julie Boulianne (photo) et la soprano Karin Côté. L'une est née à Dolbeau-Mistassini, l'autre à Laterrière, elles sont amies et se font complices pour présenter, en solos et en duos, aussi bien Mozart, Rossini et Massenet, que Poulenc, Ravel et Kurt Weill.

Plus de détails sur le concert ici.

13/04/2011

La jeune fille et le Quatuor

nathalie camus,quatuor alcan,concert,guillaume thibert,beethoven,schubertLors du concert de Jessy Dubé dimanche dernier, on a présenté celle qui enseigne le violon à la jeune fille au conservatoire: Nathalie Camus, que j'avais entendue quelques jours plus tôt dans cette même salle (Pierrette-Gaudreault) au concert donné par le Quatuor Alcan. Elle en fait partie depuis sa fondation, il y a 22 ans, de même que le violoncelliste David Ellis.

Un beau programme là aussi, du moins en ce qui concerne les deux oeuvres classiques. Le quatuor de Beethoven qu'ils avaient choisi (op. 95 no 11) n'est pas mon préféré, mais ils ont su tout de même me le faire apprécier.

En revanche, le quatuor La Jeune fille et la mort  (D. 810), est une oeuvre admirable, un mini-requiem, "une berceuse à la mort accueillante et qui parle aussi du fol espoir de vivre et de se révolter contre l'inéluctable". Une oeuvre romantique, tendre et émouvante, dont l'écoute me bouleverse chaque fois, y compris sur le disque gravé par le Quatuor Alcan en 1998 (vous pouvez l'écouter ici). nathalie camus,quatuor alcan,concert,guillaume thibert,beethoven,schubertNathalie Camus,  David Ellis et Luc Beauchemin y étaient déjà (un peu plus jeunes: regardez la pochette!), mais le violoniste Brett Molzan a été depuis remplacé par Laura Andriani. Cette remarquable stabilité apporte maturité et profondeur à toutes leurs interprétations.

Le Quatuor Alcan inscrit régulièrement une création mondiale à son programme. Cette fois c'était Suspends, un quatuor écrit par Guillaume Thibert, jeune compositeur saguenéen (et directeur du Centre d'expérimentation musicale), qui est monté sur scène après l'interprétation. Une oeuvre jugée très intéressante par les interprètes. Sans doute mais en ce qui me concerne, je devrai l'entendre plusieurs fois pour l'apprécier vraiment.

Quant à Musica Celestis, d'Aaron Jay Kernis cette musique est peu trop planante pour moi...

12/04/2011

Les Jeunesses musicales: un phénomène

Jessy Dubé, Jeunesses Musicales, Jonquière, Céline BoisvertDifficile d'expliquer le succès des concerts des Jeunesses musicales présentés à Jonquière: chaque fois, une salle comble ou presque (plus de 350 personnes, salle Pierrette-Gaudreault non réduite), et même des spectateurs repoussés à l'entrée pour certaines prestations. Il y a l'heure et le jour (le dimanche à 16 heures), le coût modeste du billet, la possibilité de prendre un repas ensuite, le dévouement des bénévoles, mais beaucoup d'autres organisations offrent de semblables atouts sans obtenir le même succès.

Autre élément, et non le moindre, pour les abonnés: la certitude d'entendre de la bonne musique jouée par des artistes de talent. Pas des vedettes, rarement des noms connus, mais de bons interprètes. Musiciens accomplis ou en formation, ils sont soigneusement sélectionnés, et toujours de bon calibre.

Pour une jeune interprète comme la violoniste Jessy Dubé (article ici dans Le Quotidien, la photo [ci-haut] est de Sylvain Dufour), qui se produisait dimanche dernier lors du concert dit de la relève, c'est une occasion exceptionnelle, rarement offerte même à des solistes réputés: pouvoir jouer pendant deux heures, devant un public averti et nombreux, c'est une expérience unique, qui représente sûrement uen étape importante dans leur formation. La violoniste, qui jouait sur un instrument moderne créé par Élisabeth Wybou, a en outre reçu une bourse de 1000$, pour l'aider à poursuivre ses études. En Suisse, espère-t-elle, où elle venait de passer des auditions dans quelques écoles réputées.

Ce concert annuel de la relève est donné par un musicien ou un ensemble du Saguenay-Lac-Saint-Jean, choisi par l'organisation régionale des JMC: on y a vu passer au cours des années, des interprètes qui font aujourd'hui une belle carrière: Amélie Fradette, Julie Boulianne, Jean-Philipe Tremblay, le violoncelliste Sébastien Gingras...

Ce dernier est le fils de Céline Boisvert, la pianiste qui accompagnait Jessy Dubé: accompagner n'est pas un mot assez fort, car sa partie était aussi imposante que celle de la soliste, ce que cette dernière n'a pas manqué de souligner. Entre autres pour la sonate pour piano et violon de Beethoven (op.30, no 2) et le premier mouvement du concerto de Tchaïkovsky, dont la réduction pour piano a été écrite par le compositeur lui-même. (Sur la vidéo ci-dessus, l'oeuvre est jouée par Sarah Chang et l'Orchestre symphonique de Montréal dirigé par Charles Dutoit).

À ces oeuvres il faut ajouter la Suite italienne pour violon et piano de Stravinsky, Zigeunerweisen de Sarasate, et un caprice de Paganini. Programme riche et chargé, présentation éclairante des oeuvres, interprète(s) solide(s): musique et plaisir.