Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/09/2012

Tom Wesselmann: l'art qui fait pop!

tom wesselmann,montréal,musée des beaux-arts,exposition,pop art

À Montréal en juin dernier, je suis allée au Musée des Beaux Arts voir la rétrospective de Tom Wesselmann (présentée jusqu'au 7 octobre) intitulée Au-delà du pop art.

Deux grandes lignes de force animent son oeuvre, m'a-t-il semblé: l'érotisme et les références.

Un érotisme joyeux et délicieusement coquin, inspiré par une obsession totalement assumée pour le corps féminin... et pour ce qui le soutient, dans l'imaginaire ou dans le réel: vêtements, sous-vêtements, talons hauts, verres fumés, maquillage, en particulier le rouge à lèvres. En fond de scène: banquette, voiture, plage, fauteuil, sur lesquels il se pose et se détache, souvent dénudé.

tom wesselmann,montréal,musée des beaux-arts,exposition,pop art

Références: d'abord à la vie quotidienne que l'on était censé mener aux États-Unis dans les années 50. Une vie à la fois matérielle, idéalisée et rêvée... Symbolisée, incarnée dans les icônes du bonheur bourgeois et familial: pain tranché, grille-pain, boissons gazeuses, réfrigérateur, automobile, bungalow. Du pop art à l'état pur! Références également à l'art, français en particulier:  Wesselman emprunte à Matisse, Picasso, Cézanne, Mondrian... leurs motifs les plus emblématiques et les incorpore à ses toiles comme autant de clins d'oeil.

De plus, il a recours aux techniques les plus diverses: collage, dessin, peinture, incrustation d'objets, qu'il maîtrise et utilise avec jubilation, dirait-on.

tom wesselmann,montréal,musée des beaux-arts,exposition,pop art

On sort le sourire aux lèvres et la tête pleine d'idées de cette exposition joyeuse, ironique et drôle. Pas plus que nous, Tom Wesselmann ne prend ses obsessions au sérieux: il nous les offre, vivantes, colorées, triviales, grotesques ou fantaisistes. C'est à prendre ou à laisser. Pour ma part, j'ai pris avec beaucoup de plaisir ces oeuvres d'un esprit libre et libertin, d'un créateur qui ne s'enfarge ni dans les conventions, ni dans les règles de l'art.

25/07/2012

Tiens... un tacon!

Interaction Qui, tacon, tacon-site, ouananiche, Jocelyn Maltais, Alain Laroche, site du papier, Saguenay, ArvidaJe l'ai reconnu de loin, immédiatement, lors de ma dernière sortie à vélo. Le long de la piste cyclable qui passe devant l'usine AP-60 (en construction) de Rio Tinto Alcan, sur le boulevard Saguenay.

Un tacon!

En principe, le tacon est un saumon naissant. Mais ce peut être aussi une jeune ouananiche, cette cousine du saumon considérée par certains comme l'emblème animalier du Saguenay-Lac-Saint-Jean.interaction qui,tacon,tacon-site,ouananiche,jocelyn maltais,alain laroche,site du papier,saguenay,arvida Je l'ai appris alors que je travaillais comme journaliste au Quotidien et que j'interviewais Jocelyn Maltais et Alain Laroche, les fondateurs du collectif Interaction Qui.

Quand, dès 1988, ils venaient me parler de leur vaste projet Événement-Ouananiche, j'avais des doutes: je ne croyais pas qu'ils pourraient le mener à bien tant il était d'envergure.

Eh bien il semble que la sceptique que j'étais soit en voie d'être confondue. Ce tacon que je viens de photographier (en juillet 2012) est le 23e  d'une série de 60 sculptures environnementales représentant une ouananiche, faites de pierres et de grillage métallique, à être mises en place sur tout le territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean. (35 d'entre elles sont installées à l'heure actuelle). En principe, une fois que ce sera terminé, l'ensemble aura les contours d'une grande ouananiche, détectable en vue aérienne. Comme ceci:

interaction qui,tacon,tacon-site,ouananiche,jocelyn maltais,alain laroche,site du papier,saguenay,arvida

Les concepteurs de La grande marche des Tacons-Sites décrivent ainsi leur entreprise:

"réaliser un signe couvrant le territoire sur une surface de 140 kilomètres de long par 40 kilomètres de large. Il s'agit de construire 60 sculptures à l'effigie de la Ouananiche appelées «Tacon-Site»,à tous les 5 kilomètres sur le pourtour de cet immense signe emblématique."

"(Un Tacon-Site est implanté dans chacun des 60 pas d'une lieue que Ti-Jean
a réalisés dans le conte « Les pas de Ti-Jean » au Pays de la Ouananiche)"

(Explications plus détaillées ici)

 

C'est un projet insensé, géant, fabuleux. D'autant plus extraordinaire qu'il est assorti d'une foule d'autres éléments, écriture de textes, création de contes, forums, conférences, colloques, performances, événements culturels participatifs accompagnant l'installation des tacons, association avec les milieux de l'éducation, des affaires, avec les instances municipales, avec les communautés locales. Tout cela est admirable.

interaction qui,tacon,tacon-site,ouananiche,jocelyn maltais,alain laroche,site du papier,saguenay,arvida

Admirable, mais peut-être pas admiré à sa juste valeur. Ainsi, ce tacon du boulevard Saguenay (bien qu'il soit baptisé tacon-site du papier, il est, bizarrement, placé devant les installations de RTA où l'on produit... de l'aluminium!), est là depuis 2008. Je suis passée tout près des dizaines de fois, et pourtant je ne l'ai remarqué que récemment, quatre ans plus tard. Et il y en a d'autres que j'aurais dû voir aussi (je me promets bien d'y porter attention à l'avenir), dans des lieux que je fréquente régulièrement: au Centre national d'exposition, au Musée du Fjord, et même devant le restaurant le Priviliège, par exemple. J'aurais dû les voir car je connais le projet depuis des années, je suis sensible aux arts visuels et j'aime particulièrement le Land Art.

 

interaction qui,tacon,tacon-site,ouananiche,jocelyn maltais,alain laroche,site du papier,saguenay,arvida

En réalité, chaque tacon est si bien intégré à son environnement qu'il s'y confond et qu'on ne le remarque guère. Après tout, des amas de roche et de métal, il y en a partout...

Par ailleurs, le fait de passer inaperçu à prime abord est peut-être un attribut essentiel, et à la limite son principal atout...

Un grand coup de chapeau donc à ces créateurs qui, au risque de passer pour de doux rêveurs, pour des utopistes déconnectés, pour des mendieurs d'argent public, poursuivent leur projet envers et contre tous. Je leur souhaite de pouvoir le mener à terme.

Je salue leur créativité et leur persévérance, que n'entament ni l'indifférence générale, ni le temps qui passe.

21/07/2012

Ma nouvelle amie

la fée des bois, Chicoutimi, Raoul Hunter, sculpture,

Au cours d'une belle balade en vélo jusqu'à Chicoutimi, je me suis assise sur un banc dans le petit parc triangulaire formé à la jonction du boulevard Saguenay et de la rue Racine. Tout en avalant mon sandwich au fromage et mon thé glacé, j'ai observé et photographié ma compagne: la Fée des bois.

Il s'agit d'une sculpture en aluminium réalisée en 1960 par Raoul Hunter. De retour chez moi, j'ai fait des recherches pour trouver le nom de l'artiste. En poursuivant ma recherche, j'ai réalisé que je le connaissais déjà, puisqu'il s'agit du célèbre caricaturiste au journal Le Soleil, où il a travaillé de 1956 à 1989.

Voici le socle de la sculpture:

la fée des bois,chicoutimi,raoul hunter,sculpture

L'inscription est un peu difficile à lire, je la transcris fidèlement (c'est-à-dire en majuscules et sans les accents qui auraient dû normalement s'y trouver):

LA FEE DES BOIS
OPERATION CP*
1960
HOMMAGE A LA FORET

(*Opération CP: "opération conservation et protection (de la forêt)", une initiative prise à l'époque par  L’Association forestière Saguenay–Lac-St-Jean (AFSL).

Une sculpture en aluminium en hommage à la forêt, un peu étrange, non?

Ceci dit, elle est charmante, cette fée des bois. Elle se détache admirablement sur la toile de fond formée par le Saguenay, ses rives... de même que les fils électriques, le boulevard et ses voitures!

Voici une autre photo que j'ai prise: hier:

la fée des bois,chicoutimi,raoul hunter,sculpture

J'ai aussi pris une photo de face, mais je vous propose plutôt d'aller voir celle, bien meilleure, qui se trouve sur le site de Raoul Hunter, ici.

J'ai trouvé deux poèmes de Victor Hugo ayant pour thème la Fée.

Le premier est lyrique et tendre:

LA FÉE


Viens, bel enfant! Je suis la Fée.
Je règne aux bords où le soleil
Au sein de l'onde réchauffée
Se plonge, éclatant et vermeil.
Les peuples d'Occident m'adorent
Les vapeurs de leur ciel se dorent,
Lorsque je passe en les touchant;
Reine des ombres léthargiques,
Je bâtis mes palais magiques
Dans les nuages du couchant.

Mon aile bleue est diaphane;
L'essaim des Sylphes enchantés
Croit voir sur mon dos, quand je plane,
Frémir deux rayons argentés.
Ma main luit, rose et transparente;
Mon souffle est la brise odorante
Qui, le soir, erre dans les champs;
Ma chevelure est radieuse,
Et ma bouche mélodieuse
Mêle un sourire à tous ses chants.
J'ai des grottes de coquillages;
J'ai des tentes de rameaux verts;
C'est moi que bercent les feuillages,
Moi que berce le flot des mers.
Si tu me suis, ombre ingénue,
Je puis t'apprendre où va la nue,
Te montrer d'où viennent les eaux;
Viens, sois ma compagne nouvelle,
Si tu veux que je te révèle
Ce que dit la voix des oiseaux.

 

et le deuxième est une fable cruelle et comique:

 

         L'OGRE ET LA FÉE

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.

Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...

01/06/2012

Rencontres à Québec: Hélène, Félix et Jean-Paul

Étrange comme on peut découvrir des trésors en quelques heures passées dans une ville qu'on croit pourtant bien connaître.

Ainsi l'autre jour à Québec, dans le charmant parc aux abords du Théâtre Petit Champlain  au pied de la falaise, j'ai observé attentivement et photographié cette oeuvre, qui semblait m'attendre depuis sa mise en place en 1997:

québec,petit-champlain, Hélène Rochette, sculpture, Le souffle de l'île, Félix Leclerc

Réalisée par l'artiste Hélène Rochette dans le cadre d'un concours d'art public, la sculpture, faite en majeure partie d'aluminium, s'intitule Le Souffle de l'île.

En voici une vue rapprochée:

québec,petit-champlain, Hélène ROchette, sculpture, Le souffle de l'île, Félix Leclerc

L'île du titre, c'est l'île d'Orléans: pas étonnant puisque nous sommes dans le parc Félix-Leclerc. Deux  des trois textes gravés dans le métal sont de Félix, le troisième est de Jacques Bertin.

québec,petit-champlain, Hélène Rochette, sculpture, Le souffle de l'île, Félix Leclerc

Textes que vous pourrez mieux lire en cliquant sur ce lien, où il y a aussi tous les renseignements sur cette oeuvre.

québec,petit-champlain,hélène rochette,sculpture,le souffle de l'île,félix leclercquébec,petit-champlain,hélène rochette,sculpture,le souffle de l'île,félix leclerc

 

 

 

 

 

Et puis j'ai rencontré Jean-Paul qui m'attendait tout seul sur un palier de l'escalier Casse-Cou...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit zoom sur sa belle tête:

 

 

Et bien sûr je conclus en beauté avec une meilleure vue de sa magnifique toile (affichée sur la colonne), La Fête-dieu à Québec, où on aperçoit notamment  l'église Notre-Dame-des- Victoires (à gauche au centre) et le Château Frontenac.

québec,petit-champlain,hélène rochette,sculpture,le souffle de l'île,félix leclerc

04/05/2012

Photo-peinture et vice-versa

La photographie est un médium très polyvalent: elle peut servir à saisir un instant, immortaliser un visage ou un événement, capter un sourire, raconter une fête de famille ou un voyage. Mais c'est aussi un art véritable, qui explore tous les éléments de la technique pour produire des résultats étonnants et souvent d'une grande beauté.

Il y a par exemple ce que les Anglais -et les Français qui bien entendu se sont empressés d'adopter servilement l'expression anglaise-  appellent le ligtht painting, qu'on pourrait traduire par "peinture de lumière", une technique fort utilisée par Man Ray. Temps d'exposition prolongé à plus d'une seconde, et ajout d'une ou plusieurs sources lumineuses.

Ce qui donne des images comme celle-ci, que je trouve magnifique:

pianoPeinture.jpg

ou encore elle-ci, qui reflète mon humeur aujourd'hui:

fachePeinture.jpg

Plusieurs autre exemples sur Topito, ici.

Certains photographes jouent uniquement avec le temps d'exposition (le prolongeant parfois à plus d'une minute), ce qui donne aussi des effets de lumière, comme cette superbe photo, qui me fait penser un peu à la route du Parc des Laurentides:

light painting, peinture de lumière, photographie, art photographique

et dont vous trouverez aussi d'autres exemples sur Topito, ici.

05/04/2012

Viva Fernando Botero

boteroChat.jpg

J'étais bien heureuse de lire une nouvelle concernant le peintre et sculpteur Fernando Botero dans Le Devoir (ici).

L'artiste colombien, qui aura 80 ans le 19 avril, a fait cadeau d'une nouvelle sculpture à sa ville natale, Medellin, à l'occasion d'une exposition qu'il y présente sur le thème du chemin de croix. Ce gros chat de bronze (qui n'a rien à voir avec le chemin de croix!) me plaît bien, comme tout ce que fait Botero. J'aime bien l'homme et l'artiste, son caractère bouillant et son discours iconoclaste.

fernando botero,medellin,viacrucis,chat en bronze,musée,mnbaq,québec

J'ai découvert son oeuvre, que je ne connaissais que vaguement, à l'occasion d'une exposition vue au Musée National des Beaux-arts de Québec en 2007.

J'ai écrit alors un billet sur ce blogue, assez éloquent il me semble, où je disais notamment:

 

"Je ne m'attendais pas à aimer beaucoup (..) mais j'ai été émerveillée par ses sculptures en bronze, notamment cette immense femme étendue sur le ventre, nue et tenant un cigarillo à la main, qui nous accueille dans le hall entre les deux salles. Sur le bronze sombre, les formes sont fascinantes, les rondeurs des fesses, auxquelles répondent les rondeurs des bras, des joues, des cuisses, même le dessous des pieds est potelé. C'est sensuel et doux, on a envie de toucher, de caresser..."  

 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder au texte complet de la note (où il est aussi question du Café Krieghoff):

fernando botero,medellin,viacrucis,chat en bronze,musée,mnbaq,québec

22/03/2012

Les poules de Léo-Paul

léo-paul tremblé,pulperie,exposition,peinture,poulailler,oeuvres

(Tous droits réservés)

 

Jusqu'au 1er avril, la Pulperie de Chicoutimi présente une exposition consacrée au peintre saguenéen Léo-Paul Tremblé (1924-1995). Le 1er octobre dernier, j'ai assisté au vernissage de cette très belle exposition rétrospective qui retrace les principales étapes dans la vie et l'oeuvre de cet artiste exceptionnel.

J'y ai revu sa femme, Suzette Savard (qui parle de lui sur une vidéo présentée dans la salle d'exposition) et sa fille Hélène. Je connnaissais l'artiste, mais aussi l'homme, car il y avait des liens d'amitié entre sa famille et la mienne.

J'ai en quelque sorte assisté à ses débuts, lorsqu'il a offert à mes parents deux pièces de bois sculptées et teintes en bleu: sur l'une il avait peint un chemin menant à une maison de ferme, sur l'autre des bouleaux.

Quand il est décédé, en 1995, j'avais écrit un texte-hommage dans Le Quotidien. Voici comment j'y racontais l'histoire du tableau ci-dessus.


"Un jour mon père, nostalgique de son enfance à la ferme, a exprimé au peintre le souhait d'avoir une toile «avec un poulailler». Quelques mois plus tard, Léo-Paul lui apportait le tableau réclamé: quelques poules picorant devant un poulailler aux planches vieillies par le temps. L'oeuvre fut accrochée sur un mur de la bibliothèque, et s'y trouve toujours. Le talent du peintre y est déjà tout entier: on y remarque cette polyvalence du coup de pinceau (ou de spatule) qui deviendra, à mon avis, la marque, la signature véritable de Tremblé".

J'y parlais de "sa capacité à manier le pinceau pour étaler sur la toile des taches de couleur" qui seront, selon le sujet poules, ciel, nuages, fleurs, arbres, bateaux, mer ou rivière.

 

léo-paul tremblé,pulperie,exposition,peinture,poulailler,oeuvres

(Tous droits réservés)

 

Ma tante Yvette, grande amie de Léo-Paul, possédait plusieurs de ses toiles et savait m'en expliquer les qualités.

"Les oeuvres de Tremblé m'ont offert mes premiers contacts avec l'art visuel et sont peut-être à l'origine de mon goût pour la création artistique".

Après avoir assisté au vernissage, j'ai écrit pour Wikipédia l'article sur Léo-Paul Tremblé (ici). Ce fut difficile car il existe bien peu de documentation... Si vous souhaitez y ajouter des éléments, ne vous gênez pas!

04/02/2012

La soeur de l'autre

la joconde,copie,léonard de vinci,mona lisa,louvre,prado,paris,découverteJ'ai pu voir au cours de mes voyages un bon nombre de chefs-d'oeuvre de la peinture, et je m'estime très privilégiée d'avoir eu accès à ces tableaux de grands maîtres.

Par exemple, au Musée du Louvre, j'ai pu admirer l'un des plus célèbres et des plus connus, La Joconde de Léonard de Vinci. J'ai même pu la la joconde,copie,léonard de vinci,mona lisa,louvre,prado,paris,découvertephotographier (ma photo à droite n'est pas très bonne, mais en cliquant sur ce lien, on peut la voir en haute définition, ainsi que plusieurs autres grandes oeuvres du Louvre), comme l'ont fait les quelque 200 000 personnes (j'exagère à peine) qui étaient dans la salle en même temps que moi (au Louvre, il est permis de prendre des photos, ce qui produit des embouteillages et beaucoup de confusion). Jack, quant à lui, a eu l'idée de me photographier avec Mona Lisa (c'est moi au premier plan, avec le blouson noir).

la joconde,copie,léonard de vinci,mona lisa,louvre,prado,paris,découverte
Et j'apprends avec un mélange de stupeur et de plaisir que l'on vient de découvrir une soeur jumelle de Mona Lisa, en restaurant une toile conservée au musée du Prado à Madrid. Le tableau montre le même modèle, peint par un élève de Léonard de Vinci, et le même paysage en toile de fond.

La petite soeur (à droite sur la photo du haut, et sur cette page du Figaro, on peut littéralement superposer les deux oeuvres en déplaçant le curseur), plus claire et plus lumineuse, met en évidence des détails du paysage qui ne sont pas visibles sur la toile du maître. Cette dernière a subi des ans l'irréparable outrage, tandis que la copie a été pendant longtemps recouverte d'une couche de peinture noire qui l'en a protégée.

Et si je veux voir les deux oeuvres côte à côte, je n'aurai qu'à retourner à Paris entre mars et juin prochain, et retourner au Louvre où elles seront exposées: une occasion unique de les photographier ensemble. J'aimerais beaucoup ça, mais je crois que ce ne sera pas possible...

29/11/2011

Les vitraux de Notre-Dame

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

(Détail: une licorne, animal qui ne fait pourtant pas partie de l'iconographie catholique)

 

À Montréal en septembre, j'ai pu admirer les vitraux de la basilique Notre-Dame. J'ai vu ce temple plusieurs fois dans ma vie, j'y ai assisté à des concerts, mais il y avait longtemps et j'avais le goût d'y retourner. J'ai cherché sur Internet quelles étaient les offres de visite guidées. Outre la visite générale, il y avait celle, un peu plus pointue, des vitraux.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

(Sainte Thérèse de Lisieux, patronne de ma paroisse natale)

J'ai réservé par téléphone et quand je suis arrivée à l'entrée de la basilique, on m'attendait avec impatience: j'étais la seule personne inscrite à cette visite thématique! Qui paraîtrait peut-être un peu longue et trop spécialisée à des touristes n'ayant pas beaucoup de temps, mais pour moi, c'était parfait.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visiteJ'ai fait la connaissance de ma guide: Guylaine, compétente et dynamique, passionnée par son sujet. Elle m'a résumé avec beaucoup de clarté l'histoire de la basilique, conçue par l'architecte new-yorkais d'origine irlandaise James O'Donnell, qui plus tard se convertit au catholicisme et déménagea à Montréal, où il est mort en 1830. Ellebasilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite m'a parlé de la décoration intérieure, de l'architecte Victor Bourgeau, qui s'est inspiré de la Sainte-Chapelle à Paris. Texte plus complet sur les différentes étapes de l'érection du bâtiment ici.

Puis nous sommes parties voir ces vitraux extraordinaires, réalisés selon une technique traditionnelle et exigeante, des vitraux de différentes époques, de différents styles et créateurs. Ceux de la nef, qui évoquent la fondation de Montréal, ont été dessinés par le Québécois Jean-Baptiste Lagacé et réalisés à Limoges en France.

Nous nous sommes promenées partout, avons monté et descendu des escaliers, franchi des couloirs étroits et, grâce au trousseau de clefs de Guylaine, avons accédé à la sacristie et au deuxième jubé, des endroits où les visiteurs ne sont en général pas admis.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

J'ai vu le grand orgue et le petit, la chapelle du Sacré-Coeur et, dans la sacristie, des vitraux placés là parce qu'on ne voulait pas les présenter au public (en voici deux sur la photo ci-haut,  et une vue générale de ladite sacristie). J'ai malheureusement oublié le nom de l'atelier qui les a réalisés, mais les autorités religieuses (qui n'y connaissaient rien) à Montréal les ont jugés sans beauté, maladroits. C'est vrai qu'ils ont un style particulier, les traits sont grossièrement dessinés, on dirait parfois des figures d'animaux. Mais ils sont intéressants tout de même.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

(Guylaine m'a guidée avec aisance et compétence en tenant compte de mon niveau de connaissance préalable. Comme nous étions juste toutes les deux, nous avons même eu le temps de jaser!)


basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visiteMes photos, prises rapidement car je n'avais pas beaucoup de temps, ne rendent pas justice aux chefs-d'oeuvre que j'ai pu admirer en détail. Ce fut un tour fabuleux, très bien préparé, complet, instructif et fort bien présenté. J'espère qu'il sera offert à nouveau l'été prochain et qu'il attirera beaucoup de gens. Il est davantage fait pour les amateurs d'art, et pour les Montréalais et autres Québécois désireux d'approfondir leur connaissance du patrimoine. Pour ceux qui ont un peu de temps et qui sont curieux.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite(Fenêtre ouverte et vierge Marie. Un peu plus haut à droite, Jeanne d'Arc)

03/11/2011

La formidable murale de Jordi Bonet

IMG_2862.JPG

Elle est tellement forte qu'on préfère peut-être parfois ne pas la regarder vraiment. Je parle de la murale du Grand Théâtre de Québec réalisée par Jordi Bonet. Elle couvre trois murs du hall d'entrée, faisant de celui-ci l'un des plus impressionnants que j'aie pu voir dans un théâtre.

Un si grand espace accordé à l'art visuel, tel un magistral avant-propos aux autres oeuvres (spectacles, concerts, opéras) qui seront vues en salle, donne à la création artistique la place qui lui revient dans un tel lieu: la première.

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Et l'oeuvre elle-même a tant de choses à dire. On sent l'artiste totalement engagé dans la transmutation de ces murs de béton, sculptant directement la matière encore liquide afin de lui donner vie, y imprimant l'énergie de tout son corps et de son seul bras (le gauche, son bras droit ayant été amputé quand il était enfant).

Les textes du poète Claude Péloquin, écrits en accord avec le muraliste et gravés dans le ciment, sont fort beaux. Dommage qu'on n'en ait retenu que celui-ci:

Murale du Grand Théâtre, Québec, Jordi Bonet, Québec, Grand Théâtre, Claude Péloquin

Sans doute non prévu au plan initial, il a frappé les esprits, en 1971 et suscité toute une polémique. Des pète-sec comme le ministre des Affaires culturelles Jean-Noël Tremblay et le romancier Roger Lemelin se sont élevés contre cette phrase, qu'ils jugeaient vulgaire et insultante. Ils ont mené une campagne populaire pour la faire effacer.

Le cachet de Jordi Bonet était de 50 000$ (la somme paraît aujourd'hui ridicule compte tenu de l'ampleur du projet),  et le ministre voulait soustraire 10 000$ de ce cachet, aussi longtemps que l'artiste n'aurait pas effacé ces mots de Claude Péloquin:

"Vous êtes pas écoeurés de mourir bandes de caves! C'est assez!"

L'émission Tout le monde en parlait a proposé l'an dernier un excellent reportage. sur cette controverse. On peut le revoir en cliquant sur ce lien. (Ne pas oublier d'écouter la deuxième partie après la fin de la première).

Jordi Bonet a défendu bec et ongles l'intégrité de l'oeuvre, et la phrase de son ami, qui fut finalement conservée. Chapeau à ceux qui ont pris cette décision (c'était des libéraux, mais bon...)

Cette controverse a occulté en partie la valeur de l'oeuvre dans son entier, de même que les autres textes du poète qui y sont intégrés.

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Revoir, mieux regarder et mieux ressentir la puissance de ce majestueux triptyque: c'est un des buts que je poursuivais en me rendant la semaine dernière au Grand Théâtre pour voir Eugène Onéguine. C'est Jack qui a pris les photos.

"Jordi Bonet n’avait qu’un bras. Avec sa truelle, il transformera en poème universel un matériau qu’il n’avait jamais vraiment traité, le béton, dans un environnement humide, sombre et sur une période de 3 mois."

J'ai perçu encore mieux, cette fois, la force et l'immensité des significations possibles de ces corps et morceaux de corps, prisonniers du ciment: ils y flottent ou s'en détachent, accompagnés par les poèmes, dont certains sont gravés à l'envers, comme dans un miroir, évoquant les grands thèmes choisis: amour, liberté et mort (passé, présent et futur).

Les dimensions de l'oeuvre contrastent avec l'espace occupé par les spectateurs, petits humains qui circulent dans le foyer:

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Et si vous voulez la voir et la parcourir sous différents angles, cliquez sur l'image ci-dessous pour voir un film panoramique de Vincent Royer:

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Sur la photo suivante, affiches d'artistes qui se sont produits au Grand Théâtre, d'autres géants en quelque sorte.

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Formidable artiste d'origine catalane, Jordi Bonet a réalisé dans sa courte vie (il est mort à 47 ans) des murales un peu partout au Québec et notamment au Saguenay-Lac-Saint-Jean: hôtel de ville d'Arvida, polyvalente Jean-Dolbeau, Cégep de Jonquière, église St-Raphaël, et restaurant Le Sablonnet.

Scrapper l'art

Si ces dernières ont été restaurées et sont maintenant visibles au Centre national d'exposition, et si la murale du Grand Théâtre est toujours aussi présente, beaucoup d'autres oeuvres de Jordi Bonet intégrées à l'architecture ont été détruites ou recouvertes lors de rénovations, comme celles de bon nombre d'autres artistes, partout au Québec.

Cette question du (triste) sort réservé aux oeuvres publiques est justement abordée dans le documentaire Scrapper l'art, réalisé par Suzanne Guy et produit par la maison saguenéenne Télé-Boréale Productions. Le film prend précisément comme exemple principal les oeuvres réalisées au Saguenay par Jordi Bonet (on y voit notamment la veuve de l'artiste, Huguette Bonet, s'exprimer sur le sujet).

Après avoir été montré dans quelques festivals, le documentaire sera présenté ce dimanche 6 novembre à 17 heures à la télévision de Radio-Canada, Saguenay-Lac-Jean. Le lendemain 7 novembre, en deuxième partie du Téléjournal Saguenay, une table ronde sur la situation de l'art public au Québec.