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27/11/2017

Britannicus, une offrande magistrale

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Encore aujourd'hui, mon esprit est bercé par les vers de Racine, par cette musique des alexandrins que j'ai entendue il y a peu.
Dimanche donc, 26 novembre, avec la centaine de personnes qui emplissaient la salle Jacques-Clément du Conservatoire de musique de Saguenay, j'ai assisté à la dernière représentation de l'extraordinaire Britannicus
des Têtes heureuses. Complètement subjugués par la beauté et la profondeur de ce que nous pouvions voir et entendre, nous avons vécu là quelque chose d'unique: une échappée, une évasion, un moment hors de notre temps et qui pourtant nous parle de lui. Sara Moisan et Martin Giguère (photo ci-haut, crédit Patrick Simard) dans les rôles d'Agrippine et de son fils Néron, Marilou Guay et Christian Ouellet dans ceux de Junie et de son amant Britannicus, nous ont offert des moments intenses et terribles, des dialogues précis et implacables où la soif du pouvoir le dispute au sentiment amoureux, noble et pur ou brutal et impérieux. Soutenus par Éric Chalifour et Bruno Paradis, impeccables dans les rôles des gouverneurs. Sans oublier le violoncelliste François Lamontagne, qui, assis au premier rang, assurait les transitions en jouant la musique de Marin Marais.
Malgré les contraintes imposées par L'Art poétique en général et les alexandrins en particulier (par exemple prononcer con-fi-ance et non confyance pour faire 12 pieds), tous se sont montrés à l'aise avec leur texte, parfaitement capables d'exprimer les infimes nuances de leurs sentiments, états d'âme et passions. Grâce sûrement au long et patient travail effectué avec eux par le metteur en scène Rodrigue Villeneuve, fin connaisseur de la tragédie classique, qui signe là une de ses plus grandes réussites.
Les décors et costumes minimalistes imposaient en quelque sorte à ces acteurs une perfection qu'ils ont su atteindre. De sorte qu'on a eu ce petit miracle, réalisé avec peu de moyens (financiers et matériels) et beaucoup de passion. Par les comédiens, artistes et techniciens de la production. Par la directrice de production et assistante à la mise en scène Hélène Bergeron, co-fondatrice (avec Rodrigue Villeneuve) de la troupe et fidèle complice de tous ses projets.
Et aussi, il vaut la peine de le mentionner, par un grand nombre de collaborateurs, anciens et nouveaux, pour le son, l'éclairage (Alexandre Nadeau, toujours aussi "allumé"), la salle, la régie, le graphisme, la photographie et autres aspects techniques, qui ont contribué à la production. (Une partie de l'équipe sur la photo du bas, crédit Patrick Simard).
Depuis 35 ans, une poignée de passionnés de théâtre, de mordus un peu fous persistent et signent. Pour eux, les sentiers battus ne sont pas une option. Sous la houlette des deux fondateurs, contre vents et marées, ils et elles fomentent des propositions audacieuses, inattendues, étonnantes, pour leur plaisir et pour le nôtre.

La troupe s'appelle Les Têtes Heureuses, soutenons-la et assurons-lui une longue vie!

Britannicus, Têtes heureuses, Saguenay, Rodrigue Villeneuve