03/05/2015
Sur les flots bleus du souvenir
Quelques images du Richelieu qui appareille au port de Chicoutimi pour naviguer sur le Saguenay jusqu'à Tadoussac, et ensuite sur le fleuve Saint-Laurent vers Québec et Montréal apparaissent vers la fin de ce film formidable (cliquer ci-dessus pour le voir, durée totale: 30 minutes). Il a été tourné tourné par l'abbé Maurice Proulx en 1958 pour mettre en valeur les attraits de la région du Saguenay (ce n'était pas encore une ville à l'époque),
Cela m'a rappelé un beau souvenir. Je ne sais pas si c'est arrivé plus d'une fois, mais je me souviens d'un voyage à bord de ce bateau, avec ma mère, sa soeur ma tante Yvette et mon petit frère Pierre.
Après nous avoir conduits à Chicoutimi en voiture, mon père retournerait à la maison pour travailler pendant la semaine et nous rejoindrait ensuite à Tadoussac la fin de semaine, pour nous ramener ensuite à Arvida.
Ce fut ma première croisière. Après avoir vu le navire arriver au quai, tout blanc, immense, je suis montée à bord pour un voyage fantastique.
Je découvris sur ce bateau un nouvel univers, totalement différent de tout ce que je connaissais. J'allai de surprise en éblouissement dans ce véritable labyrinthe peuplé de mystères, de portes ouvrant sur des grandes pièces richement décorées ou encore sur de minuscules armoires à balais, de coursives et d'escaliers menant on ne sait où.
Le perpétuel grondement qui montait de ses entrailles avait quelque chose d'inquiétant et de fascinant à la fois.
Il y avait une belle grande salle à manger et de petites cantines où on pouvait acheter de la liqueur et de la crème glacée. Des salons aux sofas profonds et aux tapis épais, des bibliothèques aux chaises garnies de velours, des fumoirs aux fauteuils en cuir d'où émanaient des odeurs étranges... tous presque vides.
Les passagers préféraient en effet se tenir sur les ponts pour admirer le paysage et apercevoir la statue de la Vierge au Cap Trinité tandis que les haut-parleurs jouaient l'Ave Maria. Les femmes portaient des fichus, et les hommes des casquettes car l'air était frais et le vent soufflait fort.
Le Fjord du Saguenay, que j'aime tant aujourd'hui, ne m'intéressait guère à cette époque de mes sept ans. Je préférais nettement l'intérieur du bateau.
Il y avait des activités organisées pour les enfants (dessin, coloriage, bricolage), mais ce qui m'attirait le plus, c'était un jeu de société pour adultes: la course de chevaux! J'étais totalement captivée par ces petits chevaux en plastique que les joueurs déplaçaient, en fonction des points obtenus en lançant les dés, sur une longue piste (en bois si je me souviens bien) posée par terre.
J'avais vraiment hâte de grandir... juste pour pouvoir participer à ce jeu.
Tout cela m'a tellement absorbée que je ne garde par ailleurs aucun souvenir de l'entrée dans la baie de Tadoussac, ni du débarquement, ni du trajet jusqu'à l'hôtel...
Dans un prochain billet, des détails sur l'histoire du Richelieu et de ses "frères". (C'est ici )
______
*: Toutes les images qui illustrent ce billet sont tirées du film Au Royaume du Saguenay, de l'abbé Maurice Proulx, rendu accessible par Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Commentaires
Wow ! On croirait être un enfant sur ce bateau !
Écrit par : Jack | 03/05/2015
Les commentaires sont fermés.