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26/02/2015

Guernica: le choc

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Si les chefs-d'oeuvre que j'ai eu la chance de voir au cours de mes voyages sont tous remarquables pour leurs qualités esthétiques (trait et couleur, composition, choix et traitement du sujet), ils ont tous aussi, pour mériter le titre de chef-d'oeuvre, quelque chose de plus.

Un supplément de vie ou de signification, à la fois perceptible et indéfinissable, qui exhausse l'oeuvre à un niveau supérieur. Toujours on a cette impression singulière de communiquer directement avec l'artiste, avec sa pensée, avec son âme. Et on ressent fortement diverses émotions, selon la nature de l'oeuvre: exaltation, apaisement, joie, tristesse, admiration, par exemple.

On peut aussi ressentir un choc, une violente secousse, comme un coup en plein coeur.
C'est ce que j'ai éprouvé devant l'immense Guernica, de Pablo Picasso, au Musée Reina Sofia de Madrid. Un magnifique musée, d'ailleurs, où j'ai vu des toiles et des sculptures extraordinaires, signées Dali, Miró, Kandinsky, Man Ray entre autres. 
Mais Guernica est tellement bouleversant qu'il m'a peut-être empêchée de bien voir toutes ces autres oeuvres.

Bouleversée, sidérée je suis demeurée longtemps devant la toile (comme le font la plupart des visiteurs), cherchant à en retenir tous les détails en même temps que j'aurais préféré ne pas les voir. Car elle montre les horreurs de la guerre, et plus généralement la cruauté dont peut faire preuve l'être humain.

La toile est si grande qu'on a l'impression d'y être, d'entrer dans ces massacres, ces prisons, de toucher les corps brisés, les visages suppliants de cette mère tenant son enfant mort, de cet homme allongé, de ce cheval transpercé, de sentir le contact de ces pointes acérées.
On s'accroche à la petite fleur, dessinée au centre, dans la partie inférieure du tableau, comme à une minuscule lueur d'espoir, bien tremblotante sous l'éclairage cru de la lampe à l'huile et de l'ampoule nue.

Tout cela sous le regard d'un taureau dont on ne sait s'il est bienveillant, inquiet ou lui-même bourreau.

Puis on se rend compte que tout ça est en noir et blanc. Le noir et blanc pour évoquer des situations où coule le sang: quel trait de génie!

La toile (présentée pour la première fois en 1937 à l'Exposition universelle de Paris, au pavillon espagnol), évoque un événement précis: le bombardement de la ville de Guernica, exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes, sous les ordres des nationalistes espagnols.

Quelle colère, quelle rage, quelle révolte ont animé Picasso et guidé son élan créateur, l'incitant à jeter sur sa toile toutes ses forces vives!

22/02/2015

La marche à l'hiver

J'ai consacré une bonne partie de ce beau dimanche à une longue marche dans l'hiver arvidien, qui était très doux en ce 22 février 2015. Je n'avais pris que mon mini-appareil numérique, histoire de ne pas surcharger mes poches, et je m'en suis servie pour croquer ceci:

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Au fond, l'église Saint-Jacques, maintenant occupée par l'équipe de Québec Issime, et à l'avant-plan, une portion de l'anneau de glace, sur lequel personne ne patinait à l'heure du midi.

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Et j'ai découvert, entre le boulevard Mellon et les maisons de la rue Dion qui lui est parallèle, ce merveilleux petit sentier, où il y avait quelques traces de pas dans lesquelles j'ai mis les miens, "calant" dans la neige à certains moments, à d'autres me tenant aux arbres.

En pleine ville, à une trentaine de pieds d'un boulevard très fréquenté, je me sentais comme en pleine forêt: c'était vraiment formidable!

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15/02/2015

Cimiez: un magnifique champ de ruines

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Si vous reconnaissez cet endroit, c'est que vous avez déjà séjourné dans la ville de Nice, en France. Je ne sais pas si vous avez visité ce site, Cimiez, où se trouvent notamment de magnifiques vestiges de la cité gallo-romaine de Cemenelum.

Je dis ça parce que, lorsque j'ai parcouru ce superbe site archéologique en 2003, il y avait bien peu de visiteurs. Je ne sais pas si la situation a changé depuis.

Pour ma part, je suis fascinée par les vestiges grecs et romains que l'on trouve partout en Europe et qui attirent des millions de touristes. Mais j'aime aussi les sites plus discrets, comme celui de Cimiez, et je me sens privilégiée d'avoir pu le visiter.

J'irais le voir à nouveau si je retournais à Nice (ce que j'aimerais beaucoup). J'apprécierais sans doute encore davantage cette nouvelle visite, à la lumière des connaissances et de l'expérience que j'ai acquises depuis.

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J'ai exhumé récemment mes cartes, documents et photos de ce séjour à Nice, et je compte en parler dans quelques prochains billets.

Aujourd'hui, donc, c'est Cimiez, dont je garde un souvenir marquant. Ma déambulation dans les ruines, calme et heureuse, me rappelait celle que j'avais faite sur le site de Lucentum, lors d'un séjour en Espagne deux ans auparavant. Même si ce ne sont pas les meilleures possibles, je vous présente quelques-unes de mes propres photos (sauf la vue en plongée ci-dessous, que j'ai glanée sur la Toile).

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Cimiez est un magnifique ensemble que l'on atteint en gravissant l'avenue des Arènes: les arènes, les murs encore dressés d'une partie des thermes romains,  l'amphithéâtre, le decumanus (voie dallée) surmontant les égouts: des ruines de qualité je dirais.nice france,cimiez,matisse,fouilles,vestiges,archéologie,musée

Il faut aussi voir le beau Musée archéologique où sont exposés les trésors mis au jour au fil des fouilles. Le musée Matisse tout voisin. Et aussi le monastère franciscain, dont j'ai visité le cimetière-jardin qui offre une vue fantastique sur la ville.

 

 

Voici ce que j'avais écrit dans mon journal de bord:

 

"Je me promène longtemps dans les ruines romaines-chrétiennes. Des groupes d'écoliers suivent des guides. Un chat déambule de son pas élastique dans les hautes herbes.

Un chat... romain? s'interrogent les jeunes en rigolant.
Il fait beau, mais frais. Superbe, agréable. Puis, petit tour dans le cimetière franciscain.

Ça me donne les bleus.

Tombes de pierre et de marbre. Je vois celle de Raoul Dufy. Je ne vais pas jusqu'à celle de Matisse, trop loin.
Pour dîner, j'achète des biscuits-gâteaux et un coca au Monoprix voisin. Je m'assois sur un banc pour manger. En partant, je découvre une jolie terrasse. Trop tard pour le lunch, mais je vais tout de même y déguster un excellent café."

08/02/2015

Chefs-d'oeuvre autour du monde

Au cours de ma vie, j'ai eu la chance de visiter plusieurs grands musées du monde. J'y ai pu admirer longuement des chefs-d'oeuvre de la peinture et de la sculpture. Je vous en présente ici une petite sélection, bien peu nombreuse par rapport à tout ce que j'ai vu, sans autre critère que le thème du sujet féminin.

Et bien entendu l'émotion, à la fois esthétique, intellectuelle et sensorielle que j'ai eue à les contempler.

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L'un des plus célèbres, La Joconde, de Léonard de Vinci, au Musée du Louvre en 2010. Tellement vu, commenté, reproduit, utilisé, l'extraordinaire portrait de Mona Lisa, énigmatique et fascinante, conserve son mystère à travers les siècles.

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J'ai pu prendre une photo du chef-d'oeuvre, puisque c'était permis, mais je vous en présente une image de meilleure qualité. Et ci-contre, une photo prise par mon conjoint: moi, de dos, en noir au premier plan, perdue dans la foule qui tentait de voir Mona Lisa de plus près.

 

 

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Également au Louvre, j'ai pu admirer l'extraordinaire Victoire de Samothrace, sculpture grecque représentant la déesse Niké, placée en haut d'un escalier monumental. Très impressionnante, et sans doute encore plus depuis sa restauration en 2013-2014.

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J'ai trouvé ma visite bien courte au Musée du Prado à Madrid. Il fallait consulter le plan, déterminer où étaient les oeuvres que nous tenions à voir, et s'y précipiter.

Parmi ces dernières, Les Ménines, admirable tableau de Diego Vélasquez, qui représente la jeune infante Marguerite-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe IV, entourée de diverses personnes. Jeux de miroir, mise en abyme, mélange de réalisme et de symbolisme font de cette oeuvre complexe l'une des toiles les plus importantes -et les plus commentées- de la peinture occidentale, selon Wikipédia.

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J'ai eu le privilège de voir plusieurs oeuvres du peintre Vermeer de Delft (en 2009) au Metropolitan Museum de New York, qui présentait une exposition temporaire en provenance du Rijksmuseum d'Amsterdam.

Entre autres La Laitière, "unique tableau de Vermeer prenant comme sujet principal une femme d'humble condition", dans lequel

"une douce clarté partage l'espace entre zones d'ombre et de lumière, et vient illuminer la nature morte de la table du premier plan".

Une oeuvre émouvante, vraiment magnifique.

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Et enfin, j'ai pu voir une des oeuvres les plus audacieuses qui soient, L'Origine du monde, de Gustave Courbet,  au Musée d'Orsay à Paris.

Elle est placée seule dans une salle où l'on entre avec respect, où les gens demeurent silencieux, ayant peine à croire qu'un peintre ait choisi et évoqué avec tant de réalisme ce sujet intime.

Cette toison paraît d'autant plus troublante aujourd'hui que les femmes modernes se piquent d'offrir un sexe glabre, rasé et épilé. Oublié et démodé, le poil pourtant dissimule et révèle à la fois ce qui est bien en effet, L'Origine du monde.

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Note: J'ai beaucoup aimé faire cet exercice de recherche dans mes photos et ma mémoire, qui m'a permis de ranimer mes souvenirs.  À tel point que je compte le renouveler, avec d'autres chefs-d'oeuvre et d'autres musées.

02/02/2015

Musique, plaisir et Contes d'Hoffmann

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S'asseoir, écouter, s'abandonner. Se laisser emporter par la musique, le rêve, dans la fantasmagorie d'un monde irréel. Comprendre que cette histoire qui nous est racontée, bien qu'invraisemblable et fantastique, nous parle et parle de nous, de l'humanité, de l'amour, des secrets enfuis et enfouis.
Ainsi ai-je vu Les Contes d'Hoffmann, en direct du Metropolitan Opera, au cinéma Jonquière samedi.
Un spectacle, comment dire, vivant, dynamique, organique, grâce aux interprètes, complètement là, dans leur rôle, dans l'histoire, dans le décor.
À commencer par Vittorio Grigolo, qui nous a offert un merveilleux poète Hoffmann: belle voix bien timbrée, expressivité qui nous séduit dès le début avec la légende de Kleinzach (cliquez ci-dessous pour entendre cet air interprété par Rolando Villazón), le premier des multiples arias et beaux airs dont est tissé cet opéra de Jacques Offenbach.

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Le compositeur, que l'on surnommait le roi de l'opérette, est mort avant d'avoir complètement terminé cette oeuvre fort différente de ses précédentes, mais portant néanmoins son style et sa sa signature dans la richesse, l'éclat et l'inventivité de la mélodie et de l'orchestration.
La scénographie et la mise en scène, avec ces groupes de personnages bigarrés (choristes et danseurs) portant des costumes hétéroclites inspirés par différentes époques et cultures, ont quelque chose de décadent et de lascif, un peu à la Fellini (même si le metteur en scène Bartlett Sher disait à l'entracte avoir puisé son inspiration chez... Kafka).

Une atmosphère somme toute d'inquiétante étrangeté, surtout dans l'acte consacré à la poupée-automate Olympia, lui-même tiré d'un récit de E.T.A. Hoffmann auquel Sigmund Freud fait référence quand il élabore ce concept.

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L'extraordinaire Grigolo est entouré d'interprètes également magnifiques: que ce soit Kate Lindsey (la Muse et l'étudiant Nicklausse), Erin Morley, extraordinaire d'agilité vocale dans l'air d'Olympia (cliquez sur la photo ci-dessus pour l'entendre), Hibla Gersmava qui propose une émouvante Antonia, ou encore le baryton Thomas Hampson qui assume avec élégance et assurance les quatre vilains. Les rôles secondaires sont également de haute tenue et tout ce monde prononce le français de façon remarquable, faisant honneur à l'admirable livret de Jules Barbier.

L'orchestre, sous la baguette du chef franco-ontarien Yves Abel, accomplit un excellent travail.

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Bref, ce fut un enchantement du début à la fin, ponctué par les arias comme 
Elle a fui la tourterelle, O Dieu de quelle ivresse, Belle nuit (la barcarolle), Les oiseaux dans la charmille, Scintille diamant, Non c'est la méthode, comme autant d'étoiles dans ce beau firmament musical.

Un bémol

Une petite réserve toutefois au sujet du dernier acte et de l'épilogue, qui  m'ont semblé escamotés, comme si on était pressé de conclure. Le reflet volé, le meurtre de Schémil, le départ de Giulietta, puis celui de Stella, la révélation de l'identité de Nicklausse, tout ça se bouscule dans une certaine confusion.


Une deuxième fois

Je voyais cette production pour la deuxième fois. La première fois, c'était en 2009, également au cinéma Jonquière. Même mise en scène, distribution différente, sauf pour Kate Lindsey. J'avais beaucoup aimé également. Mon compte rendu est ici.