28/09/2014
Karol Proulx: fenêtre et rivière
Voici ma préférée parmi les oeuvres d'art public de Karol Proulx que j'ai photographiées. Les photos de cette page ont été prises à Jonquière au cours des deux années précédentes, lors de balades à vélo le long de la rivière aux Sables.
Ma préférée à cause de sa subtile intégration dans le paysage où elle est installée. Ses angles droits et la massivité des matériaux contrastent avec le vert tendre du gazon, les courbes gracieuses de la rivière, et la légèreté de l'eau.
En même temps elle propose au visiteur un cadre précis, un angle sous lequel il peut regarder ce paysage bucolique et urbain, comme dans le viseur d'un appareil photo. Par le fait même, elle lui offre l'occasion de le percevoir autrement.
Une fenêtre sur la rivière, c'est son titre. C'est exactement ça, nul besoin d'explications ni de savantes analyses: c'est clair comme l'eau de la rivière.
C'est zen, simple et beau.
Comme dirait Baudelaire, dans ce vers que je cite souvent:
"Je ne vois qu'infini par toutes les fenêtres"
24/09/2014
Destin de murale
L'autre installation de Karol Proulx que l'on peut voir au carré Davis a connu un sort moins intéressant que le monument, dont j'ai parlé ici. C'est la murale intitulée La Place de l'homme dans l'univers?, sur la façade de l'ancien hôtel de ville d'Arvida.
Le sort de l'oeuvre qui s'y trouvait auparavant fut encore moins enviable. C'était une murale de céramique en quatre parties réalisée par Jordi Bonet en 1960 et intitulée L'Homme et la cité. Attaquée par l'humidité, elle fut retirée, et on dit que les morceaux sont maintenant rangés dans des boîtes et entreposés à La Pulperie.
Voici une rare image de cette oeuvre de Jordi Bonet, tirée du documentaire Scrapper l'art:
Elle fut donc remplacée en 1975 par l'oeuvre de Karol Proulx, dont les quatre volets s'insèrent dans l'espace occupé auparavant par ceux de Jordi Bonet. Mais un peu plus tard, une rampe d'accès pour handicapés fut installée de façon à masquer deux des quatre tableaux de cette murale:
J'ai pris quelques photos de ces éléments cachés:
(Ci-dessus, un détail du premier panneau, entièrement dissimulé à la vue)
On songe semble-t-il, à déplacer la rampe pour laisser voir l'oeuvre, fort intéressante me semble-t-il, dans sa totalité. Voici d'ailleurs une photo de l'ensemble, empruntée à la page Facebook de l'artiste:
22/09/2014
Le monument de Karol Proulx
Deux oeuvres de l'artiste saguenéen Karol Proulx sont installées à quelques pas l'une de l'autre, au carré Davis à Arvida. Mais elles ont connu un sort bien différent.
Je les vois chaque fois que je vais au centre-ville, c'est-à-dire très souvent. Mais au cours de cet été qui s'achève aujourd'hui, j'ai fait une sortie spéciale pour les photographier.
Voici la première, la plus connue et la plus visible: un imposant monument en aluminium intitulé "Élévation vers une conscience universelle", qui fut mis en place en 1977 pour souligner le 50ième anniversaire de fondation de la ville d'Arvida.
Je l'aime bien à cause de sa dualité: masse et poids du matériau d'une part, et d'autre part, légèreté avec laquelle ses deux "ailes" se courbent gracieusement pour se tendre vers le ciel, semblant vouloir emporter dans leur élan la sphère située au milieu, symbole de la terre.
Mais l'oeuvre était inachevée, en quelque sorte. (Cliquer sur la vignette ci-dessus à gauche pour voir son ancien aspect).
À la faveur d'une restauration récente, elle fut également "complétée" de belle façon par l'ajout de deux vitraux signés par l'artiste-verrier Harold Bouchard, qui lui apportent couleur et luminosité.
Circulaires, ces vitraux captent la lumière, et à la fois la renvoient vers l'extérieur et la diffusent vers l'intérieur, sur la sphère où ils produisent de mystérieux reflets.
On peut donc dire que cette oeuvre a été d'une certaine façon choyée par les citoyens (sauf quelques inévitables vandales) et par les autorités municipales successives de Jonquière, avec laquelle Arvida avait fusionné en 1975, et de Saguenay, avec laquelle Jonquière fusionna en 2001!
14/09/2014
Découvrir un pont couvert
Par un beau dimanche du mois d'août, en revenant de Tadoussac, nous nous sommes arrêtés pour visiter et photographier le pont Louis-Gravel, un bel exemple de ces nombreux ponts couverts semés à travers le Québec, précieux éléments de notre patrimoine bâti.
Celui-ci, situé non loin de Sacré-Coeur, enjambe la rivière Sainte-Marguerite. Il est assez méconnu et peu visité, sans doute parce qu'il ne mène qu'à une seule propriété, privée. Donc, si on l'emprunte en auto et qu'on ne connaît pas les gens qui habitent de l'autre côté, on doit faire demi-tour dans un espace assez restreint.
Nous l'avons donc parcouru à pied, ce qui nous a permis d'en admirer la belle structure de bois (très invitante pour les amateurs de graffiti, voir plus bas), bien remplie mais permettant tout de même d'apercevoir la rivière en plusieurs points.
Rouge et pimpant, en apparence solide, il est fort charmant, ce pont nommé Louis Gravel en hommage, dit-on, à l'un des premiers colons qui s'établirent à Sacré-Coeur.
Construit en 1934, il n'a pas toujours eu cet aspect. D'abord il fut blanc jusqu'en 1998:
Cette même année, après avoir été peint en rouge et avoir subi d'importants travaux de réparation et de consolidation, le pont s'effondra dans la rivière, littéralement cassé en deux:
Le couple (un M. Régis Tremblay et sa femme) qui habitait alors de l'autre côté a dû utiliser une chaloupe (que l'on aperçoit à droite de la photo de Léo Bonin, ci-dessus) pendant quelque temps pour traverser la rivière. (Pour des détails sur cette catastrophe, cliquer ici)
Le pont fut rédressé, réparé et consolidé encore par des poutres d'acier installées sous sa structure. Ouvert toute l'année, il a une longueur de 129 pieds et peut supporter jusqu'à 12 tonnes.
Les belles poutres de bois sont littéralement couvertes de graffiti. On peut le déplorer, mais pour ma part je trouve cela plutôt sympathique. Je les aimerais cependant un peu plus originaux, ou poétiques. En voici quelques exemples (cliquez sur chaque photo pour mieux lire le texte):
07/09/2014
Michel Sarrazin et la sarracénie
Il y a un peu plus d'un mois, j'ai présenté sur ce blogue la sarracénie pourpre, une plante carnivore dont j'avais fait la connaissance au cours d'une visite des Jardins Scullion à l'Ascension. (Cliquer sur l'image ci-contre pour relire mon billet).
J'ai bien sûr fait quelques recherches sur le web avant d'écrire ma note. Cependant il y a une question que j'aurais dû me poser alors: d'où vient le nom de cette plante, la sarracénie, et celui de sa famille, les sarracéniacées. J'avais bêtement présumé que c'était en rapport avec les noms donnés à d'autres végétaux du même type.
Mais je me trompais et c'est tout à fait par hasard, en écoutant une capsule de l'excellente émission radiophonique À rebours, que j'ai eu l'explication, fort sympathique, de ce nom.
La plante a été nommée en l'honneur de
médecin, chirurgien, naturaliste et botaniste, né en France et qui a ensuite vécu à Terre-Neuve et au Québec au temps de Louis XIV. Voici son portrait, attribué à Pierre Mignard, qui figure dans la collection du Musée Stewart à Montréal:
Considéré comme le premier scientifique canadien, Michel Sarrazin réalisa notamment une opération chirurgicale audacieuse pour son temps, soit l'ablation d'une tumeur cancéreuse logée dans le sein d'une... religieuse. Comme il n'avait pas de produits anesthésiants à sa disposition, il dut administrer à sa patiente force vin et laudanum, pour qu'elle puisse supporter la douleur de l'opération. On dit que la femme vécut ensuite de nombreuses années...
Naturaliste et botaniste, Michel Sarrazin s'appliqua à répertorier les spécimens de la faune et de la flore de son pays d'adoption, comme le relate un épisode de la série De Remarquables oubliés (également à Radio-Canada) qui lui a été consacré, et dont voici un extrait (cliquer sur l'extrait pour accéder au texte complet et à l'émission):
Bien entendu, je connaissais le nom de Michel Sarrazin, car c'est celui que porte la maison de soins palliatifs Michel Sarrazin située à Québec.
Mais je ne savais pas du tout qui était cet homme, ni surtout que je pouvais le relier à ma rencontre récente avec la sarracénie pourpre.
Une belle découverte!
03/09/2014
Aluminium en ville
L'exposition Les joyaux en aluminium, présentée à La Pulperie de Chicoutimi jusqu'au 28 septembre, ajoute à la collection française Jean-Plateau des oeuvres en aluminium réalisées par des artistes saguenéens.
Je suis allée prendre des photos de certaines de ces oeuvres récemment à Arvida. Il y a d'abord celle de Daniel Dutil, une sculpture de 9 mètres de haut en aluminium et acier galvanisé. Littéralement plantée au milieu du carrefour giratoire Ste-Thérèse depuis 2006, elle s'intitule
Le vent tourne sous le regard de Julien
La colonne centrale formée de quatre tiges métalliques est coiffée en son sommet de pales légèrement courbées qui me font penser à des ailes ou encore à des hélices, et donc en général au vent. L'artiste y voit pour sa part les branches d'un arbre ou encore les pales d'une turbine, comme en fait foi le texte explicatif installé au coin des rues voisines.
Et non pas sur le terre-plein lui-même, car alors je n'aurais pas pu le photographier...(voir cette photo un peu plus bas).
Ce terre-plein tout rond et végétal est en effet difficile d'accès pour une pauvre piétonne, car il est le point de convergence de cinq rues, et la circulation y est donc intense.
C'est pourquoi je n'ai pas pu bien saisir les petits éléments en forme de feuilles (en aluminium également) plantés dans le sol, sur lesquels sont gravés "100 noms de famille associés aux premiers travailleurs embauchés par l'Alcan, entre 1922 et 1926, pour le projet Arvida".
Des plaques métalliques entourent le sommet de la colonne pour former trois cubes censés évoquer les étages d'une maison. L'artiste y a gravé les 200 prénoms les plus populaires au Québec en 2005, afin de souligner le "renouvellement des habitants du quartier et le changement de perspectives qu'il entraînera dans la communauté".
(cliquez pour agrandir le texte)
Je me souviens de commentaires bêtes et méchants qui ont été émis régulièrement, par des gens qui ne connaissent rien à l'art (notre maire notamment) à l'endroit de cette oeuvre que pour ma part j'ai aimée dès le début.
(À ce sujet, cliquez ici pour lire un très bon texte écrit par Jean-François Caron, alors journaliste au Voir).
Je la vois chaque fois que je fais mon 3/4 de tour au carrefour giratoire en revenant de Chicoutimi par le boulevard Saguenay, mais je ne peux pas trop la regarder car il faut que je surveille la circulation.
Alors cette fois-là, j'y suis allée seulement pour elle, pour bien la regarder, la photographier et vous la faire connaître.
À noter que depuis décembre 2013, elle est mise en valeur le soir par un éclairage spécial.