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29/04/2013

César au temps des colonies

Giulio Cesare, de Georg Friedrich Haendel, en direct du Metropolitan Opera, le samedi 27 avril 2013 au Cinéma Jonquière.

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Un excellent spectacle, où la soprano Natalie Dessay fait une formidable Cléopâtre. Pourtant, elle n'a pas la séduction physique que l'on associe généralement à la grande reine d'Égypte. Elle a un corps de femme d'un certain âge, qui a du vécu, sans les attributs que l'on associe généralement à la séduction, un corps qu'elle dénude pourtant autant que faire se peut pour attirer le regard et le désir de Jules César.

Mais son jeu incomparable transcende son apparence réelle et nous communique le plaisir non seulement de l'entendre chanter, mais de la voir vivre et vibrer sur scène, totalement là, passant du comique au tragique avec un naturel déconcertant. Le fait de pouvoir distinguer en gros plan l'imperfection de ses traits ou de ses formes augmente en réalité, pour le spectateur, le troublant mystère de la création, de l'interprétation qui emporte tout sans trébucher sur les détails.

La dernière fois que j'avais vu Natalie Dessay, dans La Traviata, elle était souffrante, et sa performance, bien que très émouvante, en avait souffert quelque peu. Mais en Cléopâtre, elle est en pleine possession de ses moyens vocaux et dramatiques. Ses arias avec danse sont irrésistibles de grâce et de drôlerie, en particulier son numéro au parapluie façon Chantons sous la pluie. Son chant d'amour à César, Se pietà di me non senti constitue un sommet de beauté et d'intensité.

Il faut dire qu'elle s'intègre à une belle et grande production, qui figure parmi les meilleures du Met que j'ai pu voir. Harry Bicket et David McVicar, respectivement directeur musical et metteur en scène, unissent leurs efforts à ceux des chanteurs pour que les interminables répétitions du baroque ne nous paraissent pas, justement interminables. Dans chacune des dizaines de reprises d'une même phrase, il y a quelque chose de spécial, de différent: intonation, ornementation, expression du visage, attitude, mouvement. Après avoir entendu ces quatre mots: Giusto ciel io moriro chantés une vingtaine de fois par Natalie Dessay-Cléopâtre (dans le Se pietà di me non senti), on en redemanderait presque!

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Par ailleurs, les autres chanteurs sont tous de grande qualité, même si j'ai quelques réserves sur l'interprète de Jules César, le contreténor David Daniels, dont j'avais pourtant beaucoup aimé le Prospero dans The Enchanted Island: il m'a semblé moins maître de ses inflexions et surtout de son volume. Mais quelle prestation que celle de l'autre contreténor, le Français Christophe Dumaux, (on le voit dans la vidéo ci-dessus, mais il ne chante pas...): une voix pure, claire, forte et juste, et un beau talent d'acteur pour jouer le méchant Ptolémée! Patricia Bardon et Alice Coote sont excellentes dans les rôles très dramatiques de Cornelia et de son fils Sesto (Sextus).

Par ailleurs, les chorégraphies sont formidables, et ceux qui les exécutent également.

La scénographie situe l'action au temps des colonies, françaises et anglaises (l'Égypte fut sous la domination de la France, puis de la Grande-Bretagne), avec casques coloniaux, sahariennes, jumelles, revolvers et téléphones, mais sans négliger la touche égyptienne, par les costumes, la gestuelle et l'iconographie associée à l'époque de Cléopâtre, peut-être dans la foulée des superproductions hollywoodiennes. Le style années folles fait aussi une délicieuse incursion dans les danses et les costumes.

C'est donc à regret que j'ai dû partir avant le dernier acte, pour des raisons personnelles. Mais je suis très contente de ce que j'ai vu et entendu.

20/04/2013

Denis Rousseau: organique et minéral

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Quand je suis allée pour la première fois au centre d'art le Belgo à Montréal, c'était, comme je vous le disais ici, afin de voir l'exposition Gorganciel, de Denis Rousseau, qui était présentée (jusqu'au 30 mars) à la galerie Joyce Yahouda ( dont, soit dit en passant, le site Internet est superbe: simple, beau, bien fait).denis rousseau,artiste,belgo,joyce yahouda,galerie

Mon conjoint avait attiré mon attention sur lui en me montrant cet article dans Le Devoir.

Effectivement, le travail de cet artiste est fort intéressant. Les deux oeuvres sur la photo ci-dessus, Le cuirassé de Spire et Les Gorgones, ressemblent respectivement à un ver marin et à des plantes sous-marines. On s'attend à voir l'un se mettre à ramper, les autres agiter doucement leur ramure.

D'autre part, par ses inquiétantes aspérités, la Nébuleuse des Tripodes (ci-dessous) évoque des objets fabriqués par l'homme dans une matière métallique, par exemple des outils trouvés dans l'épave d'un cuirassé ou des armes abandonnées sur un champ de bataille.

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Quant à l'oeuvre suivante, intitulée La Coupe de fumerolles, elle combine les deux types d'éléments: minéral pour les bases (qui font penser à des boulets de canon!), et végétal pour les branches.

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Toutes ces oeuvres sont le fruit d'un procédé long et minutieux qui fait appel aubois, au métal, au silicone, au polyuréthane. Et le lien entre ces matériaux et l'apparence finale de la création est bien présent, mais comme en filigrane, davantage lié à notre perception qu'à la réalité du travail en atelier. C'est là un des aspects les plus intéressants de son travail.

Ces sculptures sont riches en qualités visuelles et intellectuelles. Je n'en dirais pas autant des quelques photos qui complètent cette exposition: images abstraites qui font penser à des des poussières de roche ou à des micro-organismes grossis mille fois, mais dont le secret m'a semblé impénétrable.

Ceci dit, j'ai bien aimé plonger dans l'univers de Denis Rousseau, après un parcours du combattant qui m'a conduite jusqu'à la galerie, dans un couloir au cinquième étage du Belgo, rue Ste-Catherine.

14/04/2013

Un chien la nuit

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J'ai récemment passé une semaine à Montréal, chez mon fils dont la conjointe était au travail à l'extérieur de la ville. J'ai bien aimé prendre soin de mon petit-fils Mattéo, un an. Cela m'occupait beaucoup le jour, mais pas la nuit, puisque bébé dormait très bien, dans sa petite chambre d'enfant, voisine de celle de son père.

Tandis que papa et fiston roupillaient au sous-sol, moi je dormais au rez-de-chaussée, dans une chambre très confortable.

Mais je n'y étais pas seule...

Miss Loula, chienne de son état dormait d'un sommeil entrecoupé de nombreux réveils, au cours desquels elle se promenait partout, faisant sonner ses griffes sur les planchers de bois (tac-tac).

Elle allait manger et boire (piac-piac et slourp-slourp), après quoi elle venait s'installer dans la chambre où je dormais, le plus près possible de mon lit.

Alors elle procédait à une toilette en règle (langue sur le poil, encore slourp-slourp), elle s'aguisait les griffes avec ses dents (scritch-scritch), se grattait (scratch-scratch), rotait et pétait (blurrp et prrout). Une fois endormie, elle ronflait (ron-ron-ron) et rêvait (ouh-ouh: elle pleurait parfois comme un loup).

Loula est tellement charmante que je n'osais pas lui fermer la porte au nez (et affronter le lendemain son regard bleu plein de reproches...) Mais j'avais besoin de dormir. Solution: chaque soir avant de me coucher, somnifère léger et bouchons dans mes oreilles.

Ainsi, j'ai pu dormir malgré les sarabandes nocturnes de ma compagne poilue.

12/04/2013

Léo-Paul Tremblé

vueVille.jpg

Morceau de ville, 1969

08/04/2013

Le Belgo: un secret bien gardé

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J'avais déjà entendu le nom de ce lieu, le Belgo, que je savais relié à l'art, mais sans plus. La lecture d'un article du Devoir quelque temps avant de un voyage à Montréal m'a incitée à m'y rendre, sans le savoir en quelque sorte. En effet, j'avais bien vu le nom et l'adresse de la galerie Joyce Yahouda, mais je ne savais pas qu'elle était installée dans cet immense complexe, un édifice massif de six étages érigé (en 1912) en plein centre-ville, sur Sainte-Catherine tout près de la Place des Arts.

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La porte d'entrée est très discrète, perdue au milieu des enseignes criardes portant les noms des commerces environnants (Fabricville, boutique de souvenirs... voyez le genre).

Mais une fois à l'intérieur, après être passée devant le charmant café situé au rez-de-chaussé et  avoir gravi des escaliers jusqu'au cinquième étage, je fus prise de vertige. Vertige de découvrir que les deux derniers étages sont occupés par une enfilade de petites galeries d'art. D'art contemporain, plus précisément. J'étais comme une petite fille au milieu d'une talle de bleuets: éblouie à la perspective de ce que j'allais cueillir. Il y a une trentaine de ces bijoux culturels, derrière des portes réparties chaque côtés d'un très, très long corridor.

 montréal,belgo,denis rousseau,arts,exposition,joyce yahoudaConstruit en 1912 pour abriter le grand magasin Scroggies (magasin à rayons et de vente par catalogue, qui ne l'occupa que deux ans), l'édifice a connu diverses vocations.

Depuis quelques années, il a été converti en centre d'art et abrite la plus grande concentration de galeries d'art contemporain au Québec (et peut-être en Amérique du Nord).

Aux autres étages, il y a des services et bureaux en tous genres: studios de danse, de yoga, d'arts martiaux, ateliers de création, salles de gym, bureaux d'optométristes et de notaires.

S'il a été rénové et bien entretenu, le Belgo conserve néanmoins ses allures de début de siècle. En fait, j'avais l'impression de me promener dans une ancienne école: au sol et dans les escaliers, selon les secteurs,  lattes de bois, terrazzo et carrelage. Murs blancs et portes brunes. Très hauts plafonds. Chaque étage se résume ou presque à ce très long corridor: quand on le parcourt, on peut jeter un coup d'oeil sur les galeries éclairées par la lumière du jour qui entre à pleines fenêtres. 

Je n'avais pas beaucoup de temps, malheureusement. Je me suis rendue directement à la galerie Joyce Yahouda pour voir l'exposition de Denis Rousseau (dont je vous parle bientôt). Mais je me promets bien de retourner au Belgo lors de mes prochains séjours à Montréal et de passer plusieurs heures dans ce lieu fabuleux, plein de promesses pour l'amatrice d'art contemporain que je suis.

04/04/2013

Errance dans les fouilles

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Chaque fois que j'en ai l'occasion, j'aime visiter les ruines, vestiges de civilisations disparues dont plusieurs éléments physiques ou sociaux subsistent dans notre monde actuel. Avec mon conjoint (et en groupe), j'ai visité plusieurs de ces lieux, notamment Delphes, Olympie, Cnossos en Grèce, Éphèse en Turquie, Paestum et Pompéi en Italie.
Ces grands sites, à la fois archéologiques et touristiques, sont gérés et aménagés de façon à recevoir des millions de visiteurs chaque année. Je les ai tous trouvés fabuleux.
Mais j'en ai visité de plus modestes, peu connus du grand public, et qui pourtant m'ont charmée lors de mes voyages en solitaire.
Par exemple en 2002, lors d'un séjour linguistique à Alicante, en Espagne, j'ai pris un jour le bus pour me rendre au site archéologique de Lucentum, où l'on peut voir les vestiges de l'antique cité ibéro-romaine sur laquelle est érigée Alicante, à quelques kilomètres du centre de la ville.

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Après être descendue à l'arrêt que m'a indiqué le chauffeur, j'ai eu un peu de difficulté à trouver l'entrée du site. J'ai dû gravir une colline aride en plein soleil, sans être sûre que c'était le bon chemin.

Et puis oui!!! J'ai enfin aperçu le bâtiment d'accueil, où un jeune et charmant employé m'a vendu un billet et remis un plan du site en me fournissant quelques explications. En espagnol, bien sûr: j'étais justement là pour apprendre la langue.
Tous les vestiges sont à ras du sol, il ne reste aucune partie d'édifice debout. (Les colonnes et fondations que que l'on voit sur la photo ci-dessous n'y étaient pas à l'époque, si je me souviens bien). Je me suis promenée pendant près de deux heures, je n'ai vu personne sauf quelques chats paresseusement étendus sur les pierres brûlantes.

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Grâce au plan fourni, j'ai identifié les fondations des maisons, des temples, des édifices publics de cette cité, appelée aussi Tossal de Manises. Je me sentais dans un état spécial, à la fois calme et attentive à chaque détail. Hors du monde, en quelque sorte, même si, à travers les arbres entourant le site, je pouvais distinguer quelques maisons et entendre les cris d'enfants qui jouaient dehors. Car les tours d'habitation que l'on aperçoit sur la photo n'y étaient pas encore, ou en tout cas pas en si grand nombre.
Quand vint le temps de partir, j'étais tout aussi perdue qu'à l'arrivée. J'ai descendu la colline broussailleuse et fini par trouver la route, le long de laquelle j'ai marché vers un arrêt de bus, devant un café au milieu de nulle part. Je ne connaissais pas l'horaire, et craignais de devoir attendre des heures. Au moment où je songeais à entrer dans le café pour me renseigner, deux vieilles dames se sont postées non loin de moi pour attendre le bus. Ça m'a rassurée.
Quelques minutes plus tard, je montais à bord (j'avais déjà mon billet de retour), et je rentrais sans problème au centre-ville d'Alicante.
Cette belle visite m'avait comblée, et en plus, j'étais fière de m'être débrouillée pour la faire alors qu'il y avait peu de publicité visible en ville et que l'accès n'en était pas exactement facile.
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NB: J'ai la bizarre impression d'avoir déjà écrit et publié ce texte que vous venez de lire. Mais je ne le retrouve ni sur ce blogue, ni sur aucun de mes fichiers. Encore plus étrange: mon conjoint se souvient de l'avoir lu!!! Peut-être qu'on est mûrs pour le CHSLD!!!