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28/04/2012

Ma violence au hockey...

J'ai évoqué dans ma précédente note un coup reçu à la tête alors que je jouais au hockey dans la rue. Voici les détails.

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(Richard Brodeur: Rue St-Paul)

 

Le cadre: une partie disputée rue Maxwell à Arvida, devant notre maison, avec mon frère Pierre et une demi-douzaine d'enfants du voisinage, par un beau soir d'hiver après le souper. J'ai environ neuf ans et comme d'habitude, je suis la seule fille.

Je garde les buts, délimités par deux amas de neige, dans l'équipe de mon frère. Devant moi, ce dernier prend son élan pour un lancer-frappé vers le but adverse. Il lève son bâton loin derrière lui... et paf, je me prends la palette en plein sur la tempe.

Je n'ai pas vraiment mal, mais je suis un peu étourdie. Tout de suite une superbe prune commence à se former au-dessus de mon oeil droit. Je n'en veux pas à mon frère, qui manifestement ne l'a pas fait exprès.

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Gary Patterson: The Check

Nous rentrons à la maison, fort penauds. Mes parents s'inquiètent un peu de cet oedème si près l'oeil. Mon père m'emmène à l'unité sanitaire sur la rue Moritz. L'infirmière applique de la glace sur le bobo et me conseille de poursuivre ce traitement afin d'éviter que ça enfle davantage. Il n'y a rien d'autre à faire.

Comme la blessure n'est pas ouverte, le sang ne peut s'écouler et l'hématome devient vraiment énorme, gros comme un oeuf. Pendant les jours suivants, le sang descend peu à peu dans ma paupière, qui se ferme et prend les teintes les plus variées: rouge, bleu, jaune, vert, violet, noir...

Ce coquard n'est pas très présentable à l'école, alors je couvre le tout d'un cache-oeil de pirate, ce qui me donne un petit genre... pirate que je ne déteste pas. Et qui attire sur moi l'attention de mes compagnes et de la maîtresse:

voilà, ce fut mon heure de gloire.

Et la fin de ma carrière au hockey!

25/04/2012

Chapeau les Sags!

Les Saguenéens de Chicoutimi de la Ligue de hockey Junior majeur du Québec sont parvenus en demi-finale et luttent avec courage contre les puissants Sea Dogs de Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), qui mènent la série 2 à 1. Le héros du match de mardi fut Étienne Brodeur (photo ci-dessous) qui a compté le but vainqueur en prolongation, et soulevé la foule des partisans réunie au centre Georges-Vézina.

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Je ne suis pas une grande fan de hockey, mais ce sport fait néanmoins partie de mon ADN, comme de celui de tous les Québécois: j'écoutais les parties de la Ligue Nationale à la télévision avec mon père et mes frères, j'ai moi-même joué au hockey dans la rue, j'ai même reçu un bon coup de hockey sur la tempe, qui m'a valu une visite à l'urgence. Je connais tous les règlements et je sais apprécier un bon jeu, un bon match à l'occasion.

Quant aux Sags, leur succès actuel me rappelle les deux dernières années de ma carrière au journal Le Quotidien. Après 32 ans comme journaliste à la section culturelle, j'avais l'impression de tourner en rond...

Un poste s'ouvre au pupitre, et hop! me voilà propulsée dans le merveilleux monde du sport!

Je ne connaissais rien à la mise en page, et rien au milieu sportif régional. J'ai tout appris en relisant les textes des journalistes chevronnés de la section. Les Sags occupaient beaucoup d'espace. Nouvelles, interviews, analyses, commentaires, statistiques, photos: avant chaque match, après le match, le lendemain du match... et entre les matches. Et davantage de textes et de photos quand les Bleus se rendaient en série éliminatoire.

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Tout un monde s'ouvrait à moi. J'ai appris les noms de ces jeunes vedettes de 18-20 ans, je savais les reconnaître sur les photos. Il y avait notamment  David Desharnais, qui joue aujourd'hui pour les Canadiens de Montréal. (Certains s'obstinent à dire et à écrire "le Canadien", ou encore "Canadien", mais je ne suis pas d'accord). J'ai aussi fait la connaissance (sans jamais le rencontrer!) de Richard Martel, l'entraîneur omniprésent qui régnait en maître à l'époque. Son adjoint était Marc-Étienne Hubert, qui l'a remplacé aujourd'hui à la barre de l'équipe.

Pendant ces deux années précédant ma retraite, j'ai vécu au rythme des Saguenéens de Chicoutimi. Je suis même allée voir un match au centre Georges-Vézina. Ils n'ont pas été très loin dans les séries à cette époque.

Maintenant, ils sont parvenus en demi-finale. Le prochain match a lieu demain, 26 avril, à Chicoutimi. Contrairement aux partisans sur la photo, je n'y serai pas. Mais je leur souhaite de  vaincre les Sea Dogs et de poursuivre leur chemin vers la Coupe Memorial.

PS: Finalement, les Sags ont été éliminés: dommage! Mais ce fut tout de même un beau parcours.

24/04/2012

Où est Québec???

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Québec, c'est beau, mais c'est où?


Quand on est très loin, ça va, on voit bien le nom de Québec inscrit sur les panneaux routiers situés à Saguenay ou à Montréal, par exemple.

Mais Québec a tendance à disparaître à mesure que l’on approche de la ville. Ou du moins à se cacher pour faire place à Capitale-Nationale. "Bienvenue dans la Capitale nationale". "Commission de la Capitale nationale". Partout, la Capitale nationale (le plus souvent, mais pas toujours, avec deux majuscules et un trait d'union).

Et Québec, alors? C’est où Québec? Car il est bien écrit sur Wikipédia qu'il ne faut pas confondre la région de la Capitale-Nationale avec la région de Québec... car la première est incluse dans la seconde!!! Voilà une décision administrative qui atteint exactement le contraire de l’objectif visé: mettre en valeur Québec et sa région.

Mais le plus étrange est le choix des termes et la façon de les écrire dans les documents officiels. Une ville est une capitale ou ne l’est pas. Capitale du Québec? Capitale de Québec? Québec, capitale nationale du Canada? On est tout mêlé.
Imaginez un étranger qui se dirige vers Québec. Il lit sur un panneau le long de la route: région de la Capitale-Nationale. Cela pourrait tout aussi bien être la capitale nationale du Zimbabwe. (Petite précision, pour être juste: d'après des images que j'ai pu voir, il est possible qu'on ait changé ces panneaux ou qu'on en ait ajouté d'autres comportant le nom de Québec depuis que j'ai remarqué la chose).
Sur le site du gouvernement du Québec, cela s’appelle la région de la Capitale-Nationale: avec deux majuscules et un trait d’union, contre toutes les règles de la grammaire française.
Le plus amusant (et c'est peut-être ce qui explique la graphie québécoise particulière), c’est qu’il existe aussi une Commission de la capitale nationale (minuscules sans trait d’union)... canadienne, qui englobe Ottawa et Gatineau. Pour eux, la capitale nationale c'est Ottawa!

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Si vous tapez "capitale nationale" sur Google, vous allez trouver plus de liens avec celle de Québec, mais celle d’Ottawa va également se glisser dans les résultats: une autre bataille Québec-Ottawa!

Pourquoi ne pas tout simplement garder et utiliser partout le beau nom de Québec?

(Parlant de bataille, saviez-vous que les plaines d'Abraham font partie du Parc des Champs-de-Bataille (à noter que le nom de Québec est absent de cette appellation officielle), créé et administré par la Commission des champs de bataille nationaux... un organisme fédéral?)

20/04/2012

Je (re)vois des étoiles

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Le Centre des sciences de Montréal présente depuis quelques jours une exposition consacrée à Star Wars. J'irai sûrement la voir, même si je ne suis pas certaine qu'elle me plaira, car, dit-on, les films et les personnages de Georges Lucas servent à explorer le thème de l'identité:  c'est peut-être intéressant, je verrai.

La Guerre des étoiles, pour moi, ce fut une belle aventure. Avant de voir le film, j'aimais et lisais beaucoup de romans de science-fiction. Mon mari et moi les dévorions, surtout pendant nos études à Aix-en-Provence: ceux d'Isaac Asimov,  d' A. E. van Vogt, de Clifford D.Simak entre autres. J'avais vu quelques films: Solaris, Le voyage fantastique, j'avais aimé THX 1138, de Georges Lucas et détesté 2001 : l'Odyssée de l'espace. Cependant je ne retrouvais pas dans ces films l'atmosphère et les décors des romans: je les trouvais trop centrés sur les Terriens et leurs problèmes. Même la série télévisée Patrouille du Cosmos (Star Trek), qui faisait pourtant la part belle aux planètes lointaines, me semblait trop teintée d'anthropomorphisme(!)

En 1977, à Montréal, mon mari me propose d'aller voir un film de science-fiction qui vient de sortir: il a lu des articles élogieux, moi je n'en ai jamais entendu parler.  La Guerre des étoiles!  Quel bonheur! Enfin de la science-fiction comme je l'aime. Enfin des voyages intergalactiques à bord de vaisseaux sophistiqués, des combats grandioses, des planètes,  des effets spéciaux et des images spectaculaires. (Aujourd'hui, tout cela nous semble dépassé: même les images du film trouvées sur Internet sont de mauvaise qualité!). Il y avait des humains, certes, mais ce n'étaient pas des Terriens! Et il y avait aussi beaucoup d'extraterrestres, effrayants ou sympathiques. Et des robots!

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Avec en plus une belle histoire, à la fois complexe et rondement menée, et des personnages attachants: comme Luke Skywalker, Dark Vador, la princesse Leia, Yoda, Obi-Wan Kenobi,  Han Solo (mon préféré, il était tellement beau!), Chewbacca,, R2-D2 et C-3PO.

 

Conquise, j'étais.

 

La Guerre des étoiles est le premier film que j'ai vu (revu plutôt) quand nous nous sommes abonnés à la télévision payante, quelques années plus tard. Fiston, quatre ans, a fort apprécié lui aussi et a écouté la cassette des dizaines de fois.

Aussi quand le deuxième épisode, L'Empire contre-attaque, fut projeté  à Chicoutimi (au cinéma Cartier, démoli depuis, si je me souviens bien), je m'y suis rendue avec fiston. Une grosse déception nous attendait: on a refusé d'admettre mon jeune de six ans, car le film était destiné aux huit ans et plus! J'ai discuté un peu avec le gérant... rien à faire. Nous sommes rentrés à la maison bien piteux.

Bien entendu, il  a quand même vu le film... à la télévision, quelque temps plus tard. Peut-être que c'était en effet un brin violent pour un jeune de son âge... Mais pour lui, pour moi, pour son père, ce fut une aventure formidable, qui a fait voyager en famille dans les étoiles.

15/04/2012

La Traviata: souffrante... et magnifique!

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La dernière retransmission du Metropolitan Opera samedi au cinéma Jonquière: La Traviata de Verdi, a connu un grand succès: tous les sièges étaient occupés. J'ai aimé la scénographie dépouillée et intemporelle, cette grande horloge qui évoque le temps compté à Violetta, et tous ces tous ces éléments en forme de croissant ou de demi-lune. La mise en scène de Willy Decker est correcte, mais n'évite pas la confusion au sujet des lettres échangées et des motivations de chaque personnage.

Natalie Dessay, qui a bien failli ne pas pouvoir chanter, fait -presque- toute la valeur et la saveur de cette production. La soprano s'est désistée le soir de la première, et il était facile de comprendre pourquoi samedi en l'entendant répondre avec difficulté aux questions de Deborah Voigt à l'entracte, la voix manifestement très affectée par une quasi extinction... et manifestement malheureuse ce cette situation. Malgré cela, malgré quelques difficultés non seulement à atteindre les aigus (elle en a raté quelques-uns), mais simplement par moments à faire sortir le son, elle est éblouissante. Comme comédienne, elle est entièrement là, entièrement Violetta Valéry. Joie, peine, regret, espoir:  tout est dépeint dans les moindres nuances par son jeu, son visage, ses gestes.

Robe rouge, robe blanche (pour elle) sur des fauteuils et divans de cuir aux mêmes couleurs: l'effet est intéressant. Peignoirs fleuris (pour elle et lui) sur meubles recouverts du même tissu fleuri:  trop, c'est trop.

Mais quelles grandes arias: Libiamo, Un di felice, È strano... on sort du premier acte joyeusement imbibé de bel canto. Et à la fin, son Addio del passato, peut-être plus facile vocalement, est totalement émouvant. D'ailleurs toute la finale est parfaitement réussie:  crédible et touchante.

J'écris comme s'il n'y avait qu'elle dans cet opéra. C'est que les partenaires masculins de Mme Dessay ne sont pas tout à fait à la hauteur. Le ténor Matthew Polenzani, qui joue le rôle de son amant Alfredo, possède une belle voix et chante plutôt bien, mais son jeu est uniforme et son visage manque singulièrement d'expression.

Quant au baryton Dmitri Hvorostovsky, malgré sa réputation, son statut de vedette, et son excellence dans d'autres productions, il m'a déçue dans cette production, et je le regrette beaucoup. Malgré ses cheveux blancs, il n'est pas tout à fait crédible dans le rôle du père d'Alfredo. Il chante bien, mais ne semble pas très à l'aise dans ce rôle qu'il a pourtant souvent joué.

Par ailleurs l'orchestre est fort agréable à entendre sous la baguette de Fabio Luisi. Et les choeurs se montrent dynamiques et bien chorégraphiés.

Nous avons eu droit à une présentation vidéo des opéras du Metropolitan qui seront retransmis la saison prochaine: plusieurs oeuvres s'annoncent intéressantes.

Autres points de vue sur La Traviata du Met au cinéma:

Christophe Huss dans Le Devoir

Jack sur son blogue

13/04/2012

Un voyage...

Je reviens d'un merveilleux voyage... Ce ne sont pas les ailes d'un avion, mais les pages d'un livre qui m'ont ainsi transportée quelque part en Amérique du Sud. J'ai chevauché la fin du 19e et le début du 20e siècle, vécu dans une petite ville portuaire des Caraïbes, parcouru un pays imaginaire qui doit ressembler à la Colombie ou au Chili, côtoyé des êtres merveilleux, pleins de vie, avec leurs qualités et leurs travers, et surtout tellement humains, notamment la belle Fermina Daza, son mari Juvenal Urbino, et son amour de jeunesse Florentino Ariza.gabriel garcia marquez,l'amour aux temps du choléra,roman,colombie,exotisme,amérique du sud,fantaisie

Eh oui, je viens tout juste de terminer L'amour aux temps du Choléra, de l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez (pour plus de détails sur sa vie, voir cet artice du Nouvel Observateur), dont j'avais lu autrefois avec ravissement Cent ans de solitude et Chronique d'une mort annoncée.

Récemment, deux amis avec lesquels je mangeais au restaurant ont évoqué cet autre roman très connu de l'auteur, L'amour aux temps du choléra (publié en 1985), en se relançant les passages et les personnages qu'ils avaient préférés.

Cela m'a donné le goût... de lire autre chose que les polars et policiers qui constituent depuis plusieurs années l'essentiel de mes lectures. J'ai emprunté l'ouvrage à la bibliothèque municipale, et il m'a fait passer des heures merveilleuses.

Un grand roman, entre passion, sagesse, folie, poésie, exotisme. Dramatique et comique, parsemé de considérations sur la vie, la mort, l'amitié. L'auteur-narrateur se montre sans illusion sur la nature humaine, qu'il aime pourtant et qu'il décrit avec une bienveillante ironie.

C'est aussi un livre surgabriel garcia marquez,l'amour aux temps du choléra,roman,colombie,exotisme,amérique du sud,fantaisie les affres de la vieillesse, laquelle cependant, selon cette histoire, réserve encore quelque bonheur à ceux qui s'y laissent glisser en abandonnant leurs préjugés.

C'est l'histoire d'un amour éternel, entrecoupé d'amours passagères. Des personnages, des animaux, des maisons, des rues, des paysages aux couleurs intenses et lumineuses prennent vie sous nos yeux. L'écriture (la traduction d'Annie Morvan m'a semblé excellente), riche et foisonnante, émaillée de touches lyriques ou poétiques, coule de source.

Un film (américain, avec Javier Bardem), a été tiré du livre en 2007: j'aimerais bien le voir.

09/04/2012

Manon: oui et non

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Deux jours apèrs avoir vu Manon, de Julles Massenet, en direct du Metropolitan Opera au Cinéma Jonquière, je suis incapable de dire si j'ai vraiment aimé cette production.

Je connais assez bien l'oeuvre, j'en aime beaucoup la musique, qui fut d'ailleurs très agréable à entendre  sous la baguette du maestro Fabio Luisi. J'ai beaucoup écouté deux de ses arias,  "Je marche sur tous les chemins" (cliquez sur l'image ci-dessus pour entendre un extrait de la 2e partie sur Youtube),  et  surtout "Ah fuyez douce image", un air qui me suit depuis l'adolescence: il correspond à quelque chose en moi et je l'écoute encore dans mon auto, chanté par Richard Verreau.
Mais ce ne sont pas ces deux grands passages que j'ai le plus appréciés dans cette production du Met: ils m'ont semblé corrects, agréables sans plus.

manon,massenet,metropolitan opera,anna netrebko,piotr beczala,laurent pelly,des grieux,manon lescautAnna Netrebko joue assez bien la passion, les sentiments forts, sans cependant entrer totalement dans le personnage de Manon. Et malgré ses nombreuses qualités, elle n'est pas idéale vocalement pour cette musique: beaucoup d'approximations, manque d'agilité, quelques aigus carrément ratés. Son partenaire, le ténor polonais Piotr Beczala (le Chevalier Des Grieux), offre en revanche une technique très sûre, un chant élégant et raffiné. Il manque un peu de volume toutefois et force trop sa voix dans les fortissimi. (Je les ai vus tous deux dans Lucia di Lammermoor en 2009).

La scène finale, où Manon meurt dans les bras de son amant sur la scène presque vide dans une ambiance d'après-guerre, est quant à elle vraiment réussie, dramatiquement et musicalement.

manon,massenet,metropolitan opera,anna netrebko,piotr beczala,laurent pelly,des grieux,manon lescautJ'ai aimé la touche française de l'ensemble. D'abord bien entendu le livret, inspiré à Henri Meilhac et Philippe Gille par le roman de L'Abbé Prévost.

Ensuite l'équipe, Laurent Pelly à la mise en scène et aux costumes, et  Chantal Thomas à la scénographie. Les maisons en trompe-l'oeil à échelle réduite, le décor (dépouillé) en rampes et  escaliers, en lignes obliques et jeux d'échelle. Le contraste entre l'exubérance sensuelle des costumes féminins et la sobriété sévère du décor, auquel répond le contraste entre l'austérité de Saint-Sulpice et la scène torride qui s'y déroule: c'est inventif et dynamique.

Pas évident de mettre en scène cet opéra dont les contours narratifs et la logique psychologique sont flous à plusieurs endroits. Le personnage de Manon est difficile à cerner: naïve jeune fille victime de conventions sociales hypocrites, coquette amorale, bombe sexuelle, écervelée cupide: il faut montrer tout cela, et ce fut bien fait il me semble.

Mais il penche en définitive vers le côté avide (pour le sexe, l'argent, le plaisir) du personnage, ce qui a fort déplu aux critiques new-yorkais. Ils n'ont pas apprécié non plus qu'on installe la chambre de Des Grieux dans l'église, ni, dans ce lieu même, l'entreprise de séduction d'une Manon extrêmement lascive qui commence à déshabiller Des Grieux sous nos yeux. Ils n'ont pas aimé enfin que des messieurs bien mis enlèvent les jeunes ballerines à la fin du ballet. Que voulez-vous, c'est français!

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Plusieurs rôles secondaires intéressants. Le ténor Christophe Mortagne (Guillot de Morfontaine, photo ci-dessus) Français à la diction impeccable, artiste polyvalent (il est aussi magicien) et plus tout jeune, spécialisé dans les rôles comiques, davantage parlés que chantés, offrit avec brio les quelques moments comiques de l'après-midi. Il se montra cependant incapable de répondre aux questions de Deborah Voigt à l'entracte, soit à cause de la langue ou du trac. L'animatrice et un autre chanteur ont dû intervenir pour meubler le silence et compléter ses phrases, c'était un peu pénible.
J'ai bien aimé aussi le baryton David Pittsinger (vedette de la comédie musicale South Pacific, version 2008!), dans le rôle du comte des Grieux (le père du Chevalier) et Bradley Garvin dans celui de Brétigny. Le baryton Paulo Szot qui jouait Lescaut, le cousin de Manon, était un peu fade et moins intéressant.
Bref, j'hésite encore... au sujet de cette Manon, qui m'a fait passer en somme quelques bons moments.

05/04/2012

Viva Fernando Botero

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J'étais bien heureuse de lire une nouvelle concernant le peintre et sculpteur Fernando Botero dans Le Devoir (ici).

L'artiste colombien, qui aura 80 ans le 19 avril, a fait cadeau d'une nouvelle sculpture à sa ville natale, Medellin, à l'occasion d'une exposition qu'il y présente sur le thème du chemin de croix. Ce gros chat de bronze (qui n'a rien à voir avec le chemin de croix!) me plaît bien, comme tout ce que fait Botero. J'aime bien l'homme et l'artiste, son caractère bouillant et son discours iconoclaste.

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J'ai découvert son oeuvre, que je ne connaissais que vaguement, à l'occasion d'une exposition vue au Musée National des Beaux-arts de Québec en 2007.

J'ai écrit alors un billet sur ce blogue, assez éloquent il me semble, où je disais notamment:

 

"Je ne m'attendais pas à aimer beaucoup (..) mais j'ai été émerveillée par ses sculptures en bronze, notamment cette immense femme étendue sur le ventre, nue et tenant un cigarillo à la main, qui nous accueille dans le hall entre les deux salles. Sur le bronze sombre, les formes sont fascinantes, les rondeurs des fesses, auxquelles répondent les rondeurs des bras, des joues, des cuisses, même le dessous des pieds est potelé. C'est sensuel et doux, on a envie de toucher, de caresser..."  

 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder au texte complet de la note (où il est aussi question du Café Krieghoff):

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02/04/2012

La chevauchée fantastique...

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C'est bien moi sur ce petit âne. Une excursion mémorable en 2006, lors de notre voyage en Grèce. Comme la plupart des autres membres du groupe, j'avais choisi le "péti-âne" (comme le prononçait la guide à bord du bateau) pour faire l'ascension d'une pente abrupte, dernier segment du chemin menant à l'Acropole de Lindos, sur l'île de Rhodes où nous avions fait escale.

Toute une expérience. Les "péti-ânes" étaient très énervés, et quasi-impossibles à contrôler une fois lancés vers le sommet. Ma monture, un mâle excité par la croupe des femelles, leur courait après sans trop se préoccuper de moi. D'ailleurs nous, les passagers, devions faire très attention à ne pas laisser écraser une de nos jambes entre deux ânes.

Montée dans le désordre et la bousculade, étroit sentier au bord d'une falaise escarpée. Nous étions en danger, sans bien nous en rendre compte. Un faux mouvement trop ample, un péti-ane qui prend le mors aux dents, et nous dégringolions tous au fond du précipice. Sauf mon conjoint, qui avait sagement choisi de monter par les escaliers.

Je vois d'ici les manchettes: "25 touristes québécois périssent dans un accident d'âne en Grèce."

J'ai été récompensée de mes peines toutefois: de là-haut, la vue en plongée sur la crique, avec son eau si calme et si bleue, était magnifique.

 

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 (Photo: M0ttylicense Creative Commons)


Sans parler de la splendeur de ce site archéologique, avec le temple d'Athéna Lindia et tous les autres vestiges. Aujourd'hui, les frissons et sueurs froides éprouvés pendant ma balade asinienne se sont transmués en un souvenir plaisant.

Jack a publié sur Facebook quelques autres photos de ce merveilleux voyage en Grèce et en Turquie, retrouvées au fond d'une armoire que nous avons entrepris de ranger: nous deux à Éphèse ici. Et moi en gros plan.