29/02/2012
Toujours plus haut
Quand on visite une ville ou un pays, il y a toujours des points de vue, tours, clochers, montagnes, qui permettent de voir très loin, d'embrasser du regard une grande partie de ce qui nous entoure. Comme bien des touristes, je suis friande de ces endroits. Voici quelques-uns de ces sommets que j'ai gravis, et des photos que j'ai moi-même prises de là-haut.
À Paris, à défaut de la Tour Eiffel, je suis montée au 56e étage de la Tour Montparnasse (hauteur totale: 210 mètres, 59 étages), d'où nous avions une bien belle vue sur le cimetière du même nom... (à droite sur la photo) et sur toute la ville lumière:
Nous sommes aussi montés sur le toit des galeries Lafayette, bien moins haut (8 étages) mais tout de même intéressant, notamment pour la belle vue sur la face arrière de l'Opéra Garnier:
À Séville, en Espagne, nous avons gravi à pied (et redescendu de la même manière) l'étroite pente et les centaines de marches conduisant au sommet de la Giralda (97 mètres):
À New York, nous sommes montés en haut de l'Empire State Building, (381 mètres, 102 étages, notre record à ce jour!), avec un million de personnes.
À Athènes, l'ascension à pied, par de petites rues, jusqu'au sommet du mont Lycabette (277 mètres) fut une expérience extraordinaire, et la vue sur la ville était fabuleuse.
Dans une autre vie, à Rio de Janeiro, j'ai aussi gravi le Corcovado (710 mètres), en train si je me souviens bien, jusqu'à la gigantesque statue du Christ Rédempteur.
C'est beau d'aller loin, mais j'ai aussi grimpé à des hauteurs fort intéressantes au Québec. Par exemple l'Observatoire de la Capitale (132 mètres, 31 étages) à Québec:
À Montréal, je suis montée à quelques reprises dans le mât du stade Olympique, aujourd'hui appelé la Tour de Montréal (165 mètres), qui offre une belle perspective, notamment sur le stade Saputo:
Il y a aussi des hauteurs naturelles, comme le mont Sainte-Anne et le Mont Orford, que j'ai gravis l'été en télésiège. Et le mont Royal, bien entendu, d'où la vue sur Montréal (de la terrasse de l'Oratoire Saint-Joseph) est extraordinaire.
Des sommets régionaux aussi: les hauteurs de Val Jalbert, d'où on peut observer une bonne partie du Lac Saint-Jean. Avec un groupe de randonneurs, il y a très longtemps, j'ai également gravi le mont Valin jusqu'au sommet, d'où on aperçoit tout le Saguenay.
24/02/2012
Bollés, les pics
Comme vous le savez peut-être si vous me lisez, j'entretiens une relation privilégiée avec les pics bois, dont plusieurs espèces fréquentent les arbres de ma cour. Pourquoi les pics bois ne s'infligent-ils pas de commotion cérébrale?, demandait récemment un auditeur de l'émission Les années lumière.
La question m'a semblé fort pertinente. Comment se fait-il en effet qu'un seul coup à la tête puisse plonger un humain dans une commotion profonde, alors que les pics s'en donnent à coeur joie et à longueur de jour, assenant des coups proportionnellement bien plus forts pour leur petite tête. Imaginez quelqu'un frappant un arbre avec un instrument pointu attaché à sa bouche: commotion cérébrale garantie après quelques coups seulement.
On pourrait dire à la blague qu'une cervelle d'oiseau victime de commotion, ça ne ferait pas une grande différence pour l'observateur. Plus sérieusement, il faut admettre que si tous les sujets étaient atteints dès qu'ils commencent à picorer les arbres, l'espèce n'aurait pas survécu.
La réponse (donnée ici en format audio) est fascinante. Plusieurs facteurs protègent le pic de la commotion. Entre autres, sa boîte cranienne est petite et contient peu de liquide céphalo-rachidien: le cerveau se déplace donc assez peu dans cet espace restreint, et la force d'inertie du liquide n'est pas assez grande pour provoquer un choc du cerveau contre la voûte crânienne, ce qui se passe dans plusieurs cas de commotion cérébrale chez l'humain.
En outre, les deux mandibules de son bec fonctionnent différemment: celle du haut, reliée à la boîte cranienne, est plus longue et munie d'un coussin qui adoucit le choc. Celui-ci se propage à la mandibule inférieure, qui est elle reliée à la mâchoire.
De nombreuses études sur ce sujet ont été réalisés par des chercheurs de diverses disciplines, et pas seulement par des ornithologues. Ils cherchent notamment à déterminer comment le système de protection du pic pourrait être transposé et appliqué au fragile cerveau humain.
20/02/2012
Pas de record... mais bien du plaisir
Au cours de l'année 2011, j'ai vu 45 spectacles, films ou concerts au Saguenay, soit le même nombre que l'année précédente.
Et j'ai travaillé encore une fois très fort au cours des derniers mois pour numériser et afficher mes billets sur mon site billets de concert. Si vous cliquez sur l'image ci-haut, vous accédez à l'index 2011 Saguenay. J'ai aussi ajouté quelques spectacles vus et expositions visitées en 2011 à Québec et à Montréal. Quand il y a un double astérisque après le nom sur la page d'index, c'est que l'image agrandie du billet est accompagnée d'un lien vers un texte (de ce blogue) sur l'événement.
C'est vraiment beaucoup de travail, une multitude de petits détails à traiter, de liens à ajouter, du HTML, du CSS. En outre, chaque fois que j'ajoute des éléments sur une page, il faut apporter des corrections à ceux qui s'y trouvent déjà. Par exemple, modifier le nombre total des vignettes ou le lien qui mène de l'une à l'autre.
Mais j'adore faire ce travail. Le genre d'activité qui maintient le cerveau alerte, dit-on.
Et c'est l'occasion de me rappeler non seulement les spectacles de l'an dernier, mais d'autres que j'ai vus il y a plus longtemps, et auxquels je n'ai peut-être pas pensé depuis longtemps. Toutes sortes de détails me reviennent en tête: une scène, un personnage, une réplique, un thème musical, le temps qu'il faisait, mon siège, l'atmosphère de la salle...
Encore une fois, j'ai moi-même conçu et dessiné certains billets reliés à des événements où il n'y en avait pas. Sur ceux-là, j'ai ajouté les initiales FS, pour fac-similé. Les Clowns noirs quant à eux ont gentiment confectionné un billet spécial pour moi à l'occasion de leur spectacle En attendant l'dégât d'eau.
15/02/2012
Artiste en noir et blanc
J’ai beaucoup aimé L'Artiste. Entre pastiche et hommage, un film muet (ou presque) en noir et blanc (ou presque). Certains ont dit que le scénario était convenu et prévisible: c’est bien vrai, mais il me semble que c’est à prendre au second degré. Un film muet qui n’en est pas vraiment un, tourné avec les moyens techniques et le regard d’aujourd’hui, et qui donc prend ses distances avec son modèle. Le pastiche teinté de nostalgie reprend les poncifs d’autrefois... sans tenter de cacher qu'il s'agit de clichés.
L'imitation est délicieuse et rehaussée d'humour. Exemple: une dame qui semble très fâchée parle à son partenaire pendant trois minutes et tourne les talons. Ensuite on voit l'écriteau qui "traduit" son long discours par ces quelques mots: "Je m’en vais!"
Jean Dujardin est formidable dans le rôle principal, celui de George Valentin, immense vedette du cinéma muet qui ne peut pas s’adapter au cinéma parlant, de même que sa partenaire Bérénice Bejo. Et Uggie, le chien, est fort sympathique. Certains affirment qu'il est la vraie star du film.
Mélodramatique à souhait, et même s'il manque de rythme à certains moments, c'est un film fort agréable à écouter.
Selon moi toutefois, il lui manque ce petit quelque chose, je ne sais pas quoi, qui en ferait un chef-d'oeuvre. J'ai parfois eu l'impression d'un travail bien fait, mais qui s'est arrêté au seuil de ce brin de folie, de cette originalité, de cette émotion que j'attendais peut-être...
Le film est en nomination pour plusieurs Oscars, je ne sais pas s’il les mérite (les statuettes ne sont pas toutes décernées à des chefs-d'oeuvre!) mais il est bon que l'Académie retienne autre chose que les films d’action débiles -et américains- qui affligent la plupart de nos écrans. C'est d'ailleurs un film français, éligible puisqu'il est muet... et tourné aux États-Unis!
Films débiles
Pendant que j'écoutais L'Artiste, lundi après-midi avec quatre autres personnes, j’entendais un grondement sourd provenant d’une autre salle du cinéma Odyssée. L'écho d’un de ces films où bons et méchants, bandits, mafieux, espions, policiers, créatures fantastiques, monstres et belles jeunes femmes se poursuivent et se tirent dessus, et que l’on dirait faits pour les sourds. Je ne sais pas lequel. Cela pouvait être Peur Grise, Chronique, Le refuge, ou même l'inepte Alvin et les Chipmunks.
De quoi anesthésier le cerveau des jeunes qui constituent la majorité des clients des salles de cinéma. En y ajoutant les pop-corn, chips, chocolat et boissons gazeuses offerts en portions gargantuesques, on détruit à coup sûr leur corps en même temps que leur cerveau.
10/02/2012
Formidables Brigands d'opérette
Pour son 40e anniversaire, l'opérette au Saguenay retrouve son lustre et renoue avec la tradition des grandes productions, comme j'ai pu le voir jeudi à la salle François-Brassard.
Les Brigands, opéra-bouffe de Jacques Offenbach, c'est un grand coup frappé à la porte d'un destin qui semblait inquiétant ces dernières années. Un coup de pied salutaire et joyeux, qui bouscule tout et revient à la base, celle qui a assuré le succès et la vitalité de l'entreprise.
Cette base c'est d'abord du monde, beaucoup de monde: la Société d'art lyrique du Royaume a su réunir les meilleurs éléments, sur scène, dans la fosse et en coulisses. Des gens allumés, concentrés, manifestement contents d'être là. Des artistes, interprètes, concepteurs, techniciens compétents, brillants, aux carrières diverses, auxquels s'intègrent harmonieusement des amateurs expérimentés.
Résultat: un spectacle formidable et enlevant, parsemé de scènes burlesques, de rebondissements et de surprises, et surtout musicalement très agréable à écouter.
Le directeur musical Jean-Philippe Tremblay accomplit un travail colossal pour animer et maintenir le rythme et la cohérence de chaque section vocale et instrumentale. Il dirige de main de maître et fait sonner à merveille les 19 musiciens de l'Orchestre symphonique: c'est un peu malheureux que ceux-ci demeurent invisibles pour le public, perdus dans les profondeurs abyssales de la fosse, mais au moins il y en a une!. Il y a eu quelques flottements en ce soir de première, mais rien pour nous faire décrocher de ces belles sonorités, de ces rythmes enlevants, de cette remarquble harmonie entre un nombre considérable d'éléments.
L'oeuvre requiert une énorme distribution, six rôles principaux et plusieurs rôles secondaires (dont quelques-uns parlés) tout aussi importants, de même qu'un choeur consistant dont le travail est primordial.
Tous ces postes sont comblés de façon exemplaire: le talent foisonne, tous les chanteurs-acteurs sont excellents. Marie-Ève Munger, brillante et efficace Fiorella, nous éblouit encore une fois avec ses exploits vocaux. Éric Thériault offre un impeccable Falsacappa, le chef un peu enveloppé des brigands. Pascale Beaudin excelle dans le rôle masculin du jeune Fragoletto, et Patrick Mallette, un fidèle des productions de la SALR, se livre à d'amusantes pitreries tout en nous charmant avec sa belle voix de baryton.
Des vedettes de l'art lyrique acceptent humblement des rôles assez brefs, comme la basse Joseph Rouleau, 82 ans, qui s'amuse comme un petit fou en chef des carabiniers, et la mezzo-soprano Renée Lapointe qui incarne avec grâce la princesse de Grenade.
Je renonce à les nommer tous, mais ils le mériteraient.
Éric Chalifour impressionne une fois de plus par sa mise en scène originale, truffée de détails et de clins d'oeil amusants, assurant un déroulement rythmé et logique à cette folle histoire. Décors (Mylène Leboeuf-Gagné), costumes (Jacynthe Dallaire s'y surpasse) et comportement des personnages combinent les saveurs et couleurs du Far West américain à celles de la corrida espagnole. Le récit est maintenu dans son contexte géographique et historique, quelque part au 19e siècle, entre Italie et Espagne, mais l'adaptation (Martin Giguère et toute l'équipe) inclut de savoureux anachronismes (téléphone, moto, auto: quelques années trop tôt), et de fines allusions à la modernité et à l'actualité ("engagez-vous, qu'ils disaient") qui produisent leur effet... comique!
Le sujet: une bande de brigands veut s'emparer d'une dot de 3 millions destinée à une princesse espagnole par son futur époux italien, le Duc de Mantoue. Le tout traité à la manière d'Offenbach (et de son librettiste Ludovic Halévy): complot, déguisements, revirements, confusion, quiproquos, initiés par les deux moteurs de l'activité humaine, l'amour et l'argent et illustrés par des scènes enlevées où le burlesque le dispute au mot d'esprit.
Les meillleurs moments, selon moi:
l'air des bottes: magnifique
le solo du caissier, joué et chanté par Christian Ouellet: irrésistible
l'entrée en scène des carabiniers (aussi incompétents que les Gendarmes de St-Tropez) derrière leur chef, Joseph Rouleau, qui roule à moto.
le can-can des poulets (plumés) chanté par les trois bandits déguisés en marmitons: burlesque à souhait
et tous les solos de Marie-Ève Munger.
Malgré la longueur réelle de la prestation (près de trois heures), le temps passe vite et on ne s'ennuie pas une minute.
Le public était très nombreux en ce soir de première, où on a rendu hommage au fondateur de l'opérette Guy Dion, et aux six (ou sept?) membres de la famille Laprise qui y ont oeuvré et y oeuvrent encore. Le doyen (et papa) de ces derniers, Normand Laprise, a dirigé l'orchestre de l'opérette pendant plusieurs années. Notamment en 1992, alors que l'on présentait Les Brigands à l'auditorium Dufour. Madeleine Gauthier, actuellement vice-présidente du CA, signait la mise en scène. Et c'est le baryton Jean-François Lapointe (songera-t-on à lui rendre hommage?) qui incarnait alors Falsacappa.
Il reste deux représentations: ce soir (vendredi 10 février), et demain à la salle François-Brassard, à 19h30. Si vous voulez vous amuser, entendre de la belle musique et voir à l'oeuvre des artistes de grand talent, courez-y.
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Autre(s) point(s) de vue:
08/02/2012
Une queue prodigieuse
Le 31 janvier dernier marquait le 60e anniversaire de naissance du Marsupilami. Le connaissez-vous, cet animal fabuleux créé par Franquin? Il ne devait faire que quelques brèves apparitions dans les albums de Spirou et Fantasio, mais il était si extraordinaire que le public en a réclamé davantage et que le marsupilami a eu finalement ses propres albums, ses propres aventures, créées d'abord par Franquin, qui a ensuite confié le personnage au bédéiste Batem. C'est Marsu Productions qui gère la carrière du marsupilami.
Toute notre famille, en particulier mon fils et moi, étions fascinés par le Marsupilami. Nous aurions tellement aimé en rencontrer un! C'est un si bel animal. Jaune à taches noires, doté d'une queue extraordinairement longue (8 mètres!) avec laquelle il peut faire bien des choses: se déplacer, comme sur un ressort, attraper des proies (notamment des piranhas, son mets préféré), la nouer en un puissant coup de poing. Il a un caractère fougueux, combatif, colérique même, que seule sa compagne, la marsupilamie, peut tempérer. Il ne pense pas, ne parle pas, ou plutôt ne connaît qu'un seul mot: HOUBA, et ses variantes: houba-hop, houba-grrr, houba-snif... Sa compagne dit houbi, et les petits, deux jaunes et un noir, disent bi!
J'ai acheté quelques albums (parmi les premiers de la série, publiés en 1987-88, j'en ai encore quelques-uns), après avoir lu Le Nid des marsupilamis (je l'avais acheté aussi, il me semble, mais je ne le retrouve plus), qui faisait partie de la série Spirou.
La reportère Seccotine y présentait un document sur la petite famille observée in situ, dans la jungle de Palombie: on assistait à la construction du nid et à la naissance des bébés, le caractère de chacun déjà marqué par sa façon de casser la coquille de son oeuf. Vraiment mignon, tout ça.
Puis la famille (la mienne!) est passée à autre chose, on a un peu oublié le marsupilami, et la bande dessinée en général. Quand j'ai vu que c'était sa fête, j'ai eu la curiosité de regarder s'il y avait des albums à la bibliothèque municipale: il y en a vraiment beaucoup, l'aventure a continué... sans moi.
Comme il fallait s'y attendre, le film est un incontournable. Intitulé Sur la piste du Marsupilami, et réalisé par Alain Chabat, il sortira (en France du moins) en avril 2012. L'affiche est horrible et la bande-annonce guère prometteuse (c'est peu dire). Dommage pour ce charmant animal, qui mériterait un traitement royal... mais attendons de voir.
Quoi qu'il en soit,
bon anniversaire et
longue vie au Marsupilami !
04/02/2012
La soeur de l'autre
J'ai pu voir au cours de mes voyages un bon nombre de chefs-d'oeuvre de la peinture, et je m'estime très privilégiée d'avoir eu accès à ces tableaux de grands maîtres.
Par exemple, au Musée du Louvre, j'ai pu admirer l'un des plus célèbres et des plus connus, La Joconde de Léonard de Vinci. J'ai même pu la photographier (ma photo à droite n'est pas très bonne, mais en cliquant sur ce lien, on peut la voir en haute définition, ainsi que plusieurs autres grandes oeuvres du Louvre), comme l'ont fait les quelque 200 000 personnes (j'exagère à peine) qui étaient dans la salle en même temps que moi (au Louvre, il est permis de prendre des photos, ce qui produit des embouteillages et beaucoup de confusion). Jack, quant à lui, a eu l'idée de me photographier avec Mona Lisa (c'est moi au premier plan, avec le blouson noir).
Et j'apprends avec un mélange de stupeur et de plaisir que l'on vient de découvrir une soeur jumelle de Mona Lisa, en restaurant une toile conservée au musée du Prado à Madrid. Le tableau montre le même modèle, peint par un élève de Léonard de Vinci, et le même paysage en toile de fond.
La petite soeur (à droite sur la photo du haut, et sur cette page du Figaro, on peut littéralement superposer les deux oeuvres en déplaçant le curseur), plus claire et plus lumineuse, met en évidence des détails du paysage qui ne sont pas visibles sur la toile du maître. Cette dernière a subi des ans l'irréparable outrage, tandis que la copie a été pendant longtemps recouverte d'une couche de peinture noire qui l'en a protégée.
Et si je veux voir les deux oeuvres côte à côte, je n'aurai qu'à retourner à Paris entre mars et juin prochain, et retourner au Louvre où elles seront exposées: une occasion unique de les photographier ensemble. J'aimerais beaucoup ça, mais je crois que ce ne sera pas possible...
01/02/2012
Le choeur de Riccardo Muti
Sur cette vidéo (mars 2011) maestro Riccardo Muti accorde un bis pour le "Va Pensiero" du choeur des esclaves, alors qu'il dirige Nabucco de Verdi à l'Opéra de Rome. C'est exceptionnel, car en général, il refuse de bisser, estimant qu'un opéra doit se dérouler sans heurt du début à la fin.
Le chef a expliqué ainsi son geste (après que les appels pour un bis se soient tus, quelqu'un dans la salle venait de crier: "Longue vie à l'italie"):
"Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais (...) en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'accède à votre demande de bis pour le "Va Pensiero". Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle est bâtie l'histoire de l'Italie. Auquel cas notre patrie serait vraiment "belle et perdue".
Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant que nos donnions du sens à ce chant; comme nous sommes dans notre Maison, le théâtre de la capitale, (... ) si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nouspour chanter tous ensemble."
Donc, toute la salle s'est mise à chanter avec le choeur. Avec ferveur et émotion, comme on peut le voir et l'entendre. Plusieurs choristes pleuraient, comme le montre la photo. Des moments uniques, exceptionnels.
Et quelle belle façon de protester, d'exprimer sa révolte contre les dirigeants, contre les coupes sombres dans la culture. (Certains médias ont affirmé que Sylvio Berlusconi, alors encore président du pays, était dans la salle, mais il semble que ce n'était pas exact. Il a assisté à l'opéra la semaine suivante).
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-- Quelques détails sur l'événement dans cet article du journal La Croix
-- Traduction française (littérale) de Va Pensiero:
Va, pensée, sur tes ailes dorées;
Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines,
Où embaument, tièdes et suaves,
Les douces brises du sol natal!
Salue les rives du Jourdain,
Les tours abattues de Sion...
Oh ma patrie si belle et perdue!
Ô souvenir si cher et funeste!
Harpe d'or des devins fatidiques,
Pourquoi, muette, pends-tu au saule?
Rallume les souvenirs dans le cœur,
Parle-nous du temps passé!
Ô semblable au destin de Solime
Joue le son d'une cruelle lamentation
O que le Seigneur t'inspire une harmonie
Qui nous donne le courage de
supporter nos souffrances!