Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/11/2011

Les vitraux de Notre-Dame

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

(Détail: une licorne, animal qui ne fait pourtant pas partie de l'iconographie catholique)

 

À Montréal en septembre, j'ai pu admirer les vitraux de la basilique Notre-Dame. J'ai vu ce temple plusieurs fois dans ma vie, j'y ai assisté à des concerts, mais il y avait longtemps et j'avais le goût d'y retourner. J'ai cherché sur Internet quelles étaient les offres de visite guidées. Outre la visite générale, il y avait celle, un peu plus pointue, des vitraux.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

(Sainte Thérèse de Lisieux, patronne de ma paroisse natale)

J'ai réservé par téléphone et quand je suis arrivée à l'entrée de la basilique, on m'attendait avec impatience: j'étais la seule personne inscrite à cette visite thématique! Qui paraîtrait peut-être un peu longue et trop spécialisée à des touristes n'ayant pas beaucoup de temps, mais pour moi, c'était parfait.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visiteJ'ai fait la connaissance de ma guide: Guylaine, compétente et dynamique, passionnée par son sujet. Elle m'a résumé avec beaucoup de clarté l'histoire de la basilique, conçue par l'architecte new-yorkais d'origine irlandaise James O'Donnell, qui plus tard se convertit au catholicisme et déménagea à Montréal, où il est mort en 1830. Ellebasilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite m'a parlé de la décoration intérieure, de l'architecte Victor Bourgeau, qui s'est inspiré de la Sainte-Chapelle à Paris. Texte plus complet sur les différentes étapes de l'érection du bâtiment ici.

Puis nous sommes parties voir ces vitraux extraordinaires, réalisés selon une technique traditionnelle et exigeante, des vitraux de différentes époques, de différents styles et créateurs. Ceux de la nef, qui évoquent la fondation de Montréal, ont été dessinés par le Québécois Jean-Baptiste Lagacé et réalisés à Limoges en France.

Nous nous sommes promenées partout, avons monté et descendu des escaliers, franchi des couloirs étroits et, grâce au trousseau de clefs de Guylaine, avons accédé à la sacristie et au deuxième jubé, des endroits où les visiteurs ne sont en général pas admis.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

J'ai vu le grand orgue et le petit, la chapelle du Sacré-Coeur et, dans la sacristie, des vitraux placés là parce qu'on ne voulait pas les présenter au public (en voici deux sur la photo ci-haut,  et une vue générale de ladite sacristie). J'ai malheureusement oublié le nom de l'atelier qui les a réalisés, mais les autorités religieuses (qui n'y connaissaient rien) à Montréal les ont jugés sans beauté, maladroits. C'est vrai qu'ils ont un style particulier, les traits sont grossièrement dessinés, on dirait parfois des figures d'animaux. Mais ils sont intéressants tout de même.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite

(Guylaine m'a guidée avec aisance et compétence en tenant compte de mon niveau de connaissance préalable. Comme nous étions juste toutes les deux, nous avons même eu le temps de jaser!)


basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visiteMes photos, prises rapidement car je n'avais pas beaucoup de temps, ne rendent pas justice aux chefs-d'oeuvre que j'ai pu admirer en détail. Ce fut un tour fabuleux, très bien préparé, complet, instructif et fort bien présenté. J'espère qu'il sera offert à nouveau l'été prochain et qu'il attirera beaucoup de gens. Il est davantage fait pour les amateurs d'art, et pour les Montréalais et autres Québécois désireux d'approfondir leur connaissance du patrimoine. Pour ceux qui ont un peu de temps et qui sont curieux.

basilique notre-dame montréal,montréal,vitraux,histoire,visite(Fenêtre ouverte et vierge Marie. Un peu plus haut à droite, Jeanne d'Arc)

25/11/2011

La liste sans fin

IMG_2886.jpg

Sur le comptoir de la cuisine près de l'endroit où je mange, il y a toujours un calepin ouvert et un ou plusieurs stylo. J'achète ces stylos à bille et ces carnets à feuilles lignées chez Dollarama, car j'en fais une abondante consommation.

Sur la page visible, il y a ma liste d'épicerie (ou d'autres choses à acheter). Quand je pense à un ingrédient qui nous manque: pain, laitue, poires, fromage, lait, mayonnaise ou autre, je l'inscris sur la liste. De même quand mon conjoint me signale qu'il ne reste plus de biscuits soda, de clémentines, de margarine, de yaourt, j'inscris cela.

Quand la liste est longue et occupe toutes les lignes de la page, il est vraiment temps d'aller faire le marché. Parfois elle est courte mais contient des produits essentiels, pain ou lait par exemple, alors il y a urgence. Je détache la feuille, la plie en six et la mets dans ma poche quand je vais faire les courses.

(Je fais aussi d'autres genres de listes: des choses à faire pendant la journée ou la semaine, ou avant de partir en voyage, des objets à apporter en voyage, par exemple).

De retour à la maison, j'inscris sur une nouvelle feuille les aliments que je n'ai pas achetés (parce que j'ai oublié ou qu'il n'y en avait plus), et j'en ajoute d'autres jusqu'à ma prochaine visite chez IGA. Comme ce super-marché est à deux minutes de la maison, j'y vais très souvent: au moins aux deux jours, parfois deux jours de suite quand il faut acheter de quoi cuisiner le souper.

Avant de retourner au marché, je dois jeter le papier plié en six utilisé la fois précédente et qui est encore au fond de ma poche de pantalon ou de manteau, pour le remplacer par le nouveau. 

IMG_2900.jpg

Mais je n'y pense pas toujours, et la liste reste régulièrement au fond de ma poche: je la retrouve quand je reporte le même vêtement, trois jours, deux semaines, ou même un an plus tard s'il y a eu changement de saison! Il m'est déjà arrivé de me mêler dans mes listes, et de me dire: "Comment ça des carottes? il me semble que j'en ai acheté hier!"

Souvent, je balance la liste utilisée dans mon sac à main. Quand je fais le ménage de celui-ci, je trouve des tas de petits bouts de papier pliés avec des listes "passées date". 

Pas si périmées que ça, au fond, car les mêmes éléments y réapparaissent régulièrement:  ce sont les combinaisons qui changent.

Et ça recommence sans cesse: tant que nous existons, le ravitaillement constitue une activité essentielle à notre survie.

Alors il y a toujours quelque chose à inscrire sur cette liste sans fin, que mon conjoint appelle la liste de Sisyphe.

IMG_2888.jpg

 

22/11/2011

Persistance...

IMG_2924.JPG

Première accumulation de neige au Saguenay samedi dernier. Au moins trois bons centimètres au sol.

Ravis, les enfants du voisinage se sont précipités dans le parc pour se rouler dans la neige, se lancer des balles de neige, construire des bonshommes de neige et ériger un fort.

Ou plutôt les fondations du premier mur d'un projet de fort. Ils n'ont pas eu le temps de terminer leur ouvrage: maman les a appelés pour aller manger. Ensuite ils ont dormi et le lendemain, il n'y avait plus assez de neige pour continuer.

IMG_2915.JPG

Trois jours plus tard, alors que toute la neige environnante a fondu et que les enfants sont retournés à l'école, leur ouvrage est encore visible, en plein soleil, au beau milieu de l'herbe réapparue. Ils s'y connaissent en construction, ces chers petits. Ces fondations sont très solides.

Leur secret: un amalgame compact de feuilles et de neige, bien visible sur ce gros plan:

IMG_2922.JPG

Comme il a fait -12 (degrés Celsius) ces derniers jours, le soleil n'a pas pu venir à bout de ces quelques blocs.

Et tandis que j'y étais, je me suis amusée à jouer avec mon ombre. (Comme pour la plupart des images publiées dans ce blogue, vous pouvez cliquer sur les photos pour les voir en plus grand).

IMG_2919.jpgIMG_2917.jpg

20/11/2011

Don Giovanni: le (toujours aussi) divin Mozart

Don Giovanni, de W. A. Mozart

En direct du Metropolitan Opera, au cinéma Jonquière, le 29 octobre 2011

Mise en scène: Michael Grandage

Interprètes: Mariusz Kwiecien, Luca Pisaroni, Barbara Frittoli, Marina Rebeka, Mojca Erdmann, Ramón Vargas

don giovanni,mozart,metropolitan opera,mariusz kwiecien,michael grandage

Les critiques publiées aux États-Unis ont été assassines pour cette production... mais leurs auteurs n'ont pas vu le même spectacle que moi. Ils ont assisté à la première (ou à la deuxième), tandis que moi j'ai vu une représentation subséquente... que j'ai adorée à tout point de vue.

Partition sublime au départ (du divin Mozart...), excellents -et nombreux- interprètes, ce qui est rare, car il y en a en général un ou une qui détonne, que ce soit au Met ou ailleurs. Le baryton polonais Mariusz Kwiecien (photo ci-dessus) est vraiment superbe dans le rôle-titre, et l'autre baryton, Luca Pisaroni, qui incarne son comparse Leporello est un chanteur de grande classe doublé d'un acteur formidable. Marina Rebeka (Donna Anna) chante divinement. Et Mojca Eddmann (Zerlina) est fabuleuse de fraîcheur juvénile et de pureté vocale.

En symbiose avec la musique (dirigée par Fabio Luisi, qui succède à James Levine), il y avait le jeu, les déplacements, l'interaction entre les interprètes, et surtout la gestuelle et la mobilité expressive de leurs traits. Les critiques, assis dans la salle à bonne distance de la scène, n'ont pas pu observer en gros plan, comme nous au cinéma, les mouvements des yeux, les petits gestes, les mimiques des chanteurs, et en l'occurrence, c'est là que se jouait le drame. Le petit soupir de Don Ottavio (Ramon Vargas, excellent chanteur lui aussi) quand Donna Anna remet leur mariage à plus tard pour une énième fois, et le regard entendu qu'il jette vers l'assistance comme pour dire "il fallait bien s'y attendre": savoureux.

Les duels d'expressions et de regards entre Don Giovanni et Leporello: visages, visages. Micro-échanges visibles seulement au cinéma, en plans rapprochés. C'était magnifique.

Un merveilleux samedi après-midi. (En revanche, je ne suis pas allée voir Siegfried, la semaine suivante).

17/11/2011

Deux hommes et une nacelle

IMG_2889.JPGNon loin de chez moi, il y a l'usine Lapointe (qui fabrique des câbles en alliage d’aluminium) et ses quatre immenses cheminées. (Je crois qu'elles font partie du système anti-pollution, mais je n'en suis pas certaine).

Il faut bien entendu les entretenir, les réparer, les nettoyer. À cet effet, une grue géante a séjourné dans le secteur ces dernières semaines.

Le dernier jour de sa présence, j'ai entendu des bruits, des cognements. J'ai été voir dehors. Deux hommes dans une nacelle frappaient sur les cheminées avec des outils métalliques.

J'ai pris quelques photos. On peut voir la silhouette des ouvriers, sur celle-ci:

Arvida, cheminées, usine, hommes au travail, réparationsEt là, j'ai zoomé (numérique) au maximum. On les distingue quand même assez bien:

Arvida, cheminées, usine, hommes au travail, réparations

Je trouvais que ça faisait de belles photos, sur ce fond de ciel bleu, avec l'ombre portée des deux cheminées à l'avant sur leurs deux soeurs à l'arrière-plan.

15/11/2011

Les Têtes heureuses chez Feydeau: réjouissant!

L'Hôtel du libre-échange, de Georges Feydeau

Mise en scène: Rodrigue Villeneuve

Comédiens: Martin Giguère, Sophie Larouche, Christian Ouellet, Lucille Perron, Mélanie Potvin, Éric Renald, Patrick Simard

Au Petit théâtre (UQAC), du 27 octobre au 13 novembre 2011

Représentation du dimanche 6 novembre

les têtes heureuses,l'hôtel du libre échange,don giovanni,mozart,metropolitan opera

Une réjouissante incursion des Têtes heureuses dans un genre où on ne les attendait pas: le  vaudeville. Non pas parce que c'est comique, car la compagnie sait y faire dans le genre (avec Ubu-Roi, par exemple), mais parce qu'il s'agit d'un vaudeville pur sucre, rigolo et grinçant.

Des personnages sans envergure, mesquins et égoïstes, un texte à la mécanique implacable dont il faut respecter le rythme et les subtilités, une histoire bien serrée (mensonge, tricherie, adultère -jamais consommé!) mais pas vraiment vraisemblable, supposée contenir en elle-même des effets comiques dévastateurs pour le genre humain.

Le metteur en scène Rodrigue Villeneuve aborde ce genre comme il le fait pour le drame et la tragédie: avec le même respect, par un travail approfondi sur le texte et sur le jeu des comédiens (paroles, gestes, interaction).

Il les dirige fort bien, ces comédiens, afin qu'ils nous servent avec élégance ce texte logorrhéique et ces répliques ciselées, tout en naviguant avec précision dans les rouages et les engrenages de cette histoire à rebondissements. Même si ce n'est pas vraiment leur univers, ils s'en tirent fort bien.

Le deuxième acte, où l'on voit ce qui se passe dans ce miteux hôtel du libre-échange (que l'on pourrait rebaptiser "hôtel du quiproquo"), est très comique, bien rythmé et rondement mené. Le premier acte souffre de quelques longueurs (c'est la faute à Feydeau) et le dernier attache à la va-vite les ficelles qui pendent un peu partout (c'est aussi la faute à Feydeau).

La scénographie dépouillée oblige -et aide- le spectateur à imaginer des portes et des murs qui n'y sont pas du tout, seulement découpés par des éclairages et quelques accessoires. C'est limite, mais ça fonctionne.

J'en ai gardé le souvenir d'un dimanche après-midi où j'ai beaucoup ri.

14/11/2011

Monsieur Lazhar, soeur Cécile, religion et culture

Deux films québécois vus au cours du dernier mois.

(Dans les prochains billets il y aura: une pièce de théâtre, un opéra et une exposition)

pour l'amour de dieu,micheline lanctôt,monsieur lazhar,philippe falardeau,hôtel du libre échange,les têtes heureuses,don giovanni,metropolitan opera,les frères caillebotte

Monsieur Lazhar, de Philippe Falardeau. Du cinéma social de qualité. Les scènes qui se succèdent  mettent en lumière, par touches délicates et fluides, la situation des personnages, leurs réactions et émotions face à des enjeux sociaux comme l'école, l'enfance, l'immigration, le travail, l'inclusion et l'exclusion. Bachir Lazhar, un Algérien demandeur du statut de réfugié, remplace au pied levé une enseignante de quatrième année qui s'est suicidée dans son école.

Le scénario s'attache en particulier à deux élèves, Alice et Simon, et à ce qu'ils vivent après la disparition de leur enseignante et l'arrivée de ce nouveau professeur aux méthodes étranges. Les drames sont évoqués discrètement, les scènes bien découpées, et tous les acteurs sont formidables, en particulier Fellag dans le rôle de Monsieur Lazhar (photo ci-dessus), de même que les jeunes Sophie Nélisse et Émilien Néron. Peut-être un peu trop proche du théâtre (car tiré d'une pièce d'Evelyne de la Chenelière), Monsieur Lazhar est un beau film qui fait réfléchir.

___________________________

Pour l'amour de Dieu, de Micheline Lanctôt. L'histoire se situe aussi dans le milieu scolaire, maispour l'amour de dieu,micheline lanctôt,monsieur lazhar,philippe falardeau,hôtel du libre échange,les têtes heureuses,don giovanni,metropolitan opera,les frères caillebotte celui des années 50-60: un jeune prêtre en visite dans une école provoque un double coup de foudre: chez Léonie, une élève de 7e année, et chez soeur Cécile, une religieuse enseignante. Difficultés, incompréhension, déchirements entre la morale et le désir. Le film est, dit la réalisatrice, insipiré par un épisode de sa propre vie.

Le sujet est intéressant et la reconstitution plutôt réussie du milieu scolaire et religieux des années 50-60 m'a beaucoup intéressée (c'est mon époque). Cependant le rythme poussif du récit et certaines avenues où il s'aventure (on y voit Jésus!) m'ont dérangée. Des longueurs, une fin invraisemblable, des images discutables, bref, je n'ai pas vraiment aimé la réalisation. Dommage car Micheline Lanctôt est une femme que j'estime et dont j'apprécie habituellement le travail.

09/11/2011

Montréal: mes restos confortables

l'express. café cherrier,montréal,réconfort,bien

Quand je vais à Montréal, je me déplace beaucoup toute seule. Je dois donc régulièrement manger en tête-à-tête avec moi-même.

Pour cela, j'ai mes endroits préférés, où je retourne chaque fois parce que je m'y sens bien: bien accueillie, bien servie, à la fois solitaire et accompagnée (par les autres clients), j'y trouve la nourriture que j'aime.

Mes deux grands favoris ont pignon sur la  rue St-Denis, à courte distance l'un de l'autre. Ils y sont depuis longtemps, leur décor chargé d'histoire change peu, ils ont une atmosphère, du vécu, tout en étant modernes et très achalandés. (La preuve que je les fréquente régulièrement: j'en ai parlé, en des termes semblables à ceux qui suivent, dans un précédent billet, en 2007).

Quand je vais seule à L'Express  (j'y vais aussi régulièrement en couple ou en famille), c'est pour y savourer un bon repas, en général très tôt l'après-midi, vers 15h30-16h. À cette heure, il n'y a que quelques tables occupées, avant la cohue de la soirée. Je m'assois non loin de la porte-fenêtre en forme d'arche (photo du haut: en prime ce jour-là, quelques musiciens offraient leurs airs aux passants et à quelques employés de l'Express...), je prends La Presse ou Le Devoir pour lire dans les moments d'attente, c'est en général Ginette qui me sert, aidée d'un jeune serveur.

l'Express, café Cherrier, Montréal, réconfort,bien

C'est la formule idéale quand j'ai un spectacle à 20 heures. Après avoir mangé, je peux rentrer à la maison (chez mon fils!) pour me changer et faire un brin de toilette avant de reprendre le métro pour me rendre à la Place des Arts.

Je choisis habituellement un plat que je connais, auquel j'ai déjà goûté. Rillettes, céleri-rémoulade, pavé de saumon au cerfeuil, ou un plat du jour. La dernière fois, en septembre, j'ai choisi les raviolis maison (je les ai pris en photo), dont je raffole. Farcis à la viande, dans un riche bouillon aux champignons et aux oignons. Avec une salade verte... et une bière. Ensuite un camembert au lait cru et un verre de porto. Et enfin un espresso court... excellent. Je sors de là réconfortée, contente, comme après une belle rencontre.

l'express,café cherrier,montréal,réconfort,bien

Pour le lunch du midi, quand je me sens plutôt en mode déjeuner-dîner, j'aime bien aller au Café Cherrier, beaucoup plus ancien que l'Express: il est là depuis 1931, avec sa terrasse qui longe deux murs en angle. Parfois je prends seulement une soupe et un dessert (j'adore la crème caramel, et la leur est vraiment délicieuse). Ou encore un bagel au saumon fumé.

La dernière fois, encore lors de ce fameux voyage de septembre, j'ai pris un potage aux légumes et une quiche, garnie d'une excellente salade verte (on reconnaît d'ailleurs un bon bistrot à la qualité de sa salade: légumes frais, vinaigrette équilibrée et peu abondante), un verre de vin blanc... un espresso. Là aussi, je lis un journal et je me sens bien. J'observe discrètement les autres convives, toujours nombreux à cette heure, ou alors l'intense circulation et l'impatience des automobilistes au croisement des rues St-Denis et Cherrier.

J'y puise l'énergie qui me permet de continuer mes courses et mes visites. Si je prévois souper tard, à la maison ou au resto avec les enfants, c'est idéal: je suis, en attendant, nourrie, reposée...

...et vogue la galère!

03/11/2011

La formidable murale de Jordi Bonet

IMG_2862.JPG

Elle est tellement forte qu'on préfère peut-être parfois ne pas la regarder vraiment. Je parle de la murale du Grand Théâtre de Québec réalisée par Jordi Bonet. Elle couvre trois murs du hall d'entrée, faisant de celui-ci l'un des plus impressionnants que j'aie pu voir dans un théâtre.

Un si grand espace accordé à l'art visuel, tel un magistral avant-propos aux autres oeuvres (spectacles, concerts, opéras) qui seront vues en salle, donne à la création artistique la place qui lui revient dans un tel lieu: la première.

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Et l'oeuvre elle-même a tant de choses à dire. On sent l'artiste totalement engagé dans la transmutation de ces murs de béton, sculptant directement la matière encore liquide afin de lui donner vie, y imprimant l'énergie de tout son corps et de son seul bras (le gauche, son bras droit ayant été amputé quand il était enfant).

Les textes du poète Claude Péloquin, écrits en accord avec le muraliste et gravés dans le ciment, sont fort beaux. Dommage qu'on n'en ait retenu que celui-ci:

Murale du Grand Théâtre, Québec, Jordi Bonet, Québec, Grand Théâtre, Claude Péloquin

Sans doute non prévu au plan initial, il a frappé les esprits, en 1971 et suscité toute une polémique. Des pète-sec comme le ministre des Affaires culturelles Jean-Noël Tremblay et le romancier Roger Lemelin se sont élevés contre cette phrase, qu'ils jugeaient vulgaire et insultante. Ils ont mené une campagne populaire pour la faire effacer.

Le cachet de Jordi Bonet était de 50 000$ (la somme paraît aujourd'hui ridicule compte tenu de l'ampleur du projet),  et le ministre voulait soustraire 10 000$ de ce cachet, aussi longtemps que l'artiste n'aurait pas effacé ces mots de Claude Péloquin:

"Vous êtes pas écoeurés de mourir bandes de caves! C'est assez!"

L'émission Tout le monde en parlait a proposé l'an dernier un excellent reportage. sur cette controverse. On peut le revoir en cliquant sur ce lien. (Ne pas oublier d'écouter la deuxième partie après la fin de la première).

Jordi Bonet a défendu bec et ongles l'intégrité de l'oeuvre, et la phrase de son ami, qui fut finalement conservée. Chapeau à ceux qui ont pris cette décision (c'était des libéraux, mais bon...)

Cette controverse a occulté en partie la valeur de l'oeuvre dans son entier, de même que les autres textes du poète qui y sont intégrés.

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Revoir, mieux regarder et mieux ressentir la puissance de ce majestueux triptyque: c'est un des buts que je poursuivais en me rendant la semaine dernière au Grand Théâtre pour voir Eugène Onéguine. C'est Jack qui a pris les photos.

"Jordi Bonet n’avait qu’un bras. Avec sa truelle, il transformera en poème universel un matériau qu’il n’avait jamais vraiment traité, le béton, dans un environnement humide, sombre et sur une période de 3 mois."

J'ai perçu encore mieux, cette fois, la force et l'immensité des significations possibles de ces corps et morceaux de corps, prisonniers du ciment: ils y flottent ou s'en détachent, accompagnés par les poèmes, dont certains sont gravés à l'envers, comme dans un miroir, évoquant les grands thèmes choisis: amour, liberté et mort (passé, présent et futur).

Les dimensions de l'oeuvre contrastent avec l'espace occupé par les spectateurs, petits humains qui circulent dans le foyer:

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Et si vous voulez la voir et la parcourir sous différents angles, cliquez sur l'image ci-dessous pour voir un film panoramique de Vincent Royer:

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Sur la photo suivante, affiches d'artistes qui se sont produits au Grand Théâtre, d'autres géants en quelque sorte.

murale du grand théâtre,québec,jordi bonet,grand théâtre,claude péloquin

Formidable artiste d'origine catalane, Jordi Bonet a réalisé dans sa courte vie (il est mort à 47 ans) des murales un peu partout au Québec et notamment au Saguenay-Lac-Saint-Jean: hôtel de ville d'Arvida, polyvalente Jean-Dolbeau, Cégep de Jonquière, église St-Raphaël, et restaurant Le Sablonnet.

Scrapper l'art

Si ces dernières ont été restaurées et sont maintenant visibles au Centre national d'exposition, et si la murale du Grand Théâtre est toujours aussi présente, beaucoup d'autres oeuvres de Jordi Bonet intégrées à l'architecture ont été détruites ou recouvertes lors de rénovations, comme celles de bon nombre d'autres artistes, partout au Québec.

Cette question du (triste) sort réservé aux oeuvres publiques est justement abordée dans le documentaire Scrapper l'art, réalisé par Suzanne Guy et produit par la maison saguenéenne Télé-Boréale Productions. Le film prend précisément comme exemple principal les oeuvres réalisées au Saguenay par Jordi Bonet (on y voit notamment la veuve de l'artiste, Huguette Bonet, s'exprimer sur le sujet).

Après avoir été montré dans quelques festivals, le documentaire sera présenté ce dimanche 6 novembre à 17 heures à la télévision de Radio-Canada, Saguenay-Lac-Jean. Le lendemain 7 novembre, en deuxième partie du Téléjournal Saguenay, une table ronde sur la situation de l'art public au Québec.