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28/07/2011

Pierre Grandmaison, la fête

Un grand organiste du Québec, Pierre Grandmaison, a présenté mercredi le dernier des Concerts d'été 2011 de la Cathédrale de Chicoutimi, le seul auquel j'ai pu assister cette année (et je le regrette).

pierre grandmaison,orgue,concerts d'été,cathédrale de chicoutimi(Photo d'écran...)

M. le curé de la Cathédrale a souligné que s'il y avait un peu moins de monde cette fois-là que les précédentes, c'est qu'on avait dû changer de jour. Ces concerts gratuits ont habituellement lieu le mardi, mais mardi, c'était la fête de sainte Anne, alors on n'a pas voulu lui faire concurrence avec un événement dans une autre église du diocèse.

Mercredi 27 juillet, c'était en revanche l'anniversaire de M. Grandmaison, qui a eu 62 ans. Après l'entracte, Céline Fortin, organiste titulaire de la cathédrale (qui assistait le musicien pour les pages et les réglages), est intervenue sur l'orgue du choeur avec un air de circonstance, et le public l'a spontanément suivie en entonnant "bonne fête à Pierre". C'était un peu gênant, mais néanmoins charmant, et accueilli avec simplicité et naturel par le principal intéressé.

Organiste titulaire des grandes orgues de la basilique Notre-Dame de Montréal, Pierre Grandmaison a proposé un programme français, sauf pour cinq chorals de Bach, qui curieusement, m'ont paru bien ternes. C'est un comble! Sans doute dû au contraste entre la sagesse classique de Bach et les autres oeuvres au programme.

pierre grandmaison,orgue,concerts d'été,cathédrale de chicoutimi(Pierre Grandmaison)

Brillantes comme le grand Dialogue en ut de Louis Marchand et le Choral varié "Veni Creator" de Maurice Duruflé, ou impressionnistes comme le planant Jardin suspendu de Jehan Alain et les extraits des Cathédrales de Louis Vierne: dans la présentation de celles-ci, Pierre Grandmaison a invité le public à imaginer Notre-Dame-de-Paris comme un navire voguant sur la Seine. J'ai suivi son conseil, et dans ma rêverie, l'Île de la Cité tout entière larguait les amarres et nous emportait tel un grand vaisseau.

pierre grandmaison,orgue,concerts d'été,cathédrale de chicoutimiLe plus beau moment du concert était toutefois à venir: celui où on a pu entendre le Deuxième choral de César Franck, un compositeur que j'aime décidément de plus en plus: profonde et sombre, une oeuvre d'une richesse sonore remarquable, thèmes et jeux explorés à fond, magnifique. (Un clic sur l'image ci-dessus conduit à une   interprétation de cette oeuvre (sur Youtube) par l'organiste Jean-Paul Imbert).

Il a terminé la soirée par une improvisation (donc une oeuvre québécoise!), tradition des concerts d'orgue qui se perd un peu aujourd'hui. Trois thèmes lui ont été soumis (par Céline Fortin): Tantum Ergo, Un Canadien errant, et V'là l'bon vent.

C'est manifestement ce dernier thème qui a le plus inspiré l'organiste (qui est aussi compositeur), car il y est revenu dans les deux derniers des cinq mouvements de sa symphonie improvisée, pour mettre en évidence le rythme pulsionnel de la pièce, y allant de passages virtuosement jazzés. Dans un final frénétique, quasiment en transe, il a poussé l'orgue dans ses derniers retranchements pour le faire sonner au maximum. Bien sûr, cela tient de l'exploit destiné à épater la galerie, il y a là un zeste d'esbroufe, mais c'est aussi de la vraie musique, et seul un musicien chevronné et expérimenté peut se livrer à un tel exercice. Ça fait partie du jeu et c'était vraiment agréable à entendre.

Somme toute, un excellent concert, dont je me souviendrai longtemps.

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