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04/11/2010

Soudain l'été dernier: coup de théâtre, coup de coeur

J'ai écrit ce qui suit alors que je venais tout juste de voir la pièce. Des impressions, des idées à propos de Soudain l'été dernier, la pièce de Tennessee Williams présentée ces jours-ci par Les Têtes heureuses. (Il reste encore quatre représentations au Petit théâtre de l'UQAC, d'aujourd'hui 4 novembre au dimanche 7 novembre, et une à l'auditorium d'Alma le vendredi 12 novembre.)

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(Maude Cournoyer et Éric Renald)

 

Avant même le début de la représentation, j'ai été frappée par la beauté du décor signé Michel Gauthier. Même dans la pénombre, le style dépouillé de cette scénographie agit sur l'esprit. Un  plancher, des murs, un corridor, l'immense photo d'un enfant. Au centre: un petit module, comme un îlot formant table, chaise longue, banc. Impression d'immensité, de lignes qui fuient, de bois laqué, de géométrie, on y détecte aussi la grammaire visuelle de l'artiste Gatien Moisan, qui a travaillé lucillePerronL.jpgaux maquettes.
Les savant éclairages d'Alexandre Nadeau (décidément un as) varient en fonction des scènes pour fonférer à l'ensemble les textures et les couleurs qu'il faut, l'assombrir ou l'éclairer jusqu'à lui donner un aspect blanc aveuglant et fumeux.
Dans ce cadre vraiment magnifique se joue un drame, que je connaissais déjà pour ma part car j'ai vu cette pièce en 1995 à l'auditorium Dufour, présentée par la compagnie Jean-Duceppe: Andrée Lachapelle et Sylvie Drapeau y jouaient les deux rôles principaux. (Pour un résumé de l'oeuvre et le commentaire que j'en ai fait à l'époque, voir ce lien.)

Le thème principal de la pièce: la dévoration. Plante carnivore, oiseaux de proie dévorant les bébés-tortues aux Îles Galapagos, mère surprotectrice, quasi-amante de son fils: dévorante. Enfants affamés qui dévorent le héros. Images de la relation humaine selon Tennessee Wiliams: haine ou amour, on dévore toujours quelque chose de l'autre.
Impeccable performance de tous les comédiens, parfaitement dirigés par le metteur en scène Rodrigue Villeneuve.  En travaillant avec eux le rythme, la diction, l'accent, les pauses et les silences, il fait ressortir les riches nuances de ce beau texte qui tient du récit, du poème, de la méditation philosophique. Lucille Perron (photo de droite) est parfaite dans le rôle de Mrs (Violet) Venable (en plus d'avoir le physique idéal pour le rôle), oscillant entre jalousie, amertume, dénégation. Et Maude Cournoyer est tout simplement éblouissante dans la longue dernière scène finale où elle décrit, fragile, sensible, effrayée mais non pas folle, la fin terrible de son cousin.
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(Éric Renald, Martin Giguère, Maude Cournoyer, Dave Boudreault-Girard, Dominique Breton et Lucille Perron)

 

On a vu plus baroque et plus éclaté aux Têtes heureuses. Cette fois, c'est dépouillé et lumineux: une sobriété intelligente parfaitement justifiée.

Critiques parues:

Jacques-B. Bouchard sur son blogue

Daniel Côté dans Progrès-Dimanche
Christiane Laforge sur son blogue 

Keven Girard (une note discordante, c'est son droit)

Et les sous?

Parlons d'argent, enfin. C'est une honte que le CALQ refuse, depuis cette année, de verser à cette troupe une subvention de soutien au fonctionnement.  (Voir la nouvelle parue dans Le Quotidien).

Depuis presque 30 ans, ces gens accomplissent un travail théâtral remarquable, effectuent, avec une rigueur exemplaire, des choix totalement motivés par la qualité des oeuvres, et poursuivent sans relâche leur recherche de la perfection scénique. Que faut-il offrir de plus aux fonctionnaires et évaluateurs du CALQ pour qu'ils acceptent de soutenir financièrement cette troupe, l'un des fleurons du théâtre régional et québécois?

Lire à ce sujet:

-Le commentaire du blogueur Dario Larouche
-Le texte du directeur Rodrigue Villeneuve sur le site des Têtes heureuses, dans la colonne Espace Libre

 

Commentaires

J'ai toujours aimé les Têtes heureuses. Merci de me parler de cette troupe. À Montréal, j'en suis loin maintenant, et tu me les fais sentir à proximité. Quel remarquable travail ces gens font!

Écrit par : Andrée | 05/11/2010

Sachez que notre côté de l'Atlantique soutient comme vous la création et le soutien aux troupes, indispensables à la culture.
Cordialement,
Aude

Écrit par : cours de théâtre Paris | 13/10/2011

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