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17/10/2010

Kiwi: drame en deux dimensions

danyKiwi2.jpgVu Kiwi, présenté à Jonquière par le Théâtre de La Tortue Noire, spectacle qui a été récompensé en 2009 au festival Spectaculo Interesse en République tchèque. Une histoire (écrite par Daniel Danis et mise en scène par Guylaine Rivard), de jeunes de la rue, dramatique, poignante, qui s'adresse en premier lieu aux adolescents, mais qui peut être appréciée par les adultes.

Avant la représentation, les deux comédiens, Dany Lefrançois et Sara Moisan, proposent une vente de garage au public qui se présente à la salle Pierrette-Gaudreault. Pour quelques sous ou quelques dollars, on peut acquérir bibelots, plaques d'immatriculation, cartes postales, râpe à fromage, jouets et autres menus objets hétéroclites qui paraissent sans grande valeur.

IMG_1254.JPGEn écoutant la pièce, on s'aperçoit que ces objets sont en fait des accessoires et des éléments de décor du spectacle, et qu'en les achetant, on en a privé les acteurs, réduisant encore leur scénographie déjà minimaliste et les forçant à modifier le récit en fonction  des éléments manquants! Deux oiseaux en terre cuite reposent ainsi au fond de mon sac à main alors qu'ils devraient chanter au bord de la rivière. Une spectatrice se réjouit de ne pas avoir acheté le petit carrosse de poupée dans lequel Kiwi promène Noisette.

Objets, marionnettes, manipulation, jeu d'acteur: la mise en scène et la scénographie jouent sur les deux dimensions (humaine et lilliputienne), sur et sous la table, combinant tous ces éléments avec une bonne dose de fluidité. Des têtes de poupées au bout d'un doigt, des doigts qui marchent comme des jambes, d'autres têtes miniatures posées sur des bouteilles de bière et de vin, et voilà installé ce groupe de jeunes marginaux, dans un repaire bricolé où ils vivent d'espoir: menacés d'éviction à la veille de jeux olympiques, ils connaîtront un destin tragique. Les deux principaux IMG_1251.JPGprotagonistes, Kiwi et Litchi, survivent au drame et représentent l'espoir.

On reconnaît bien l'écriture de Daniel Danis, où le mode narratif et poétique se substitue aux dialogues: un autre défi  pour les deux comédiens-manipulateurs.

"Entre le récit et la manipulation on passe d'une échelle à l'autre sans difficulté, suivant par moments les acteurs-personnages, pour les voir ensuite personnifiés par des têtes de poupées manipulées au bout des doigts, déambulant par exemple à travers une ville faite de plaques de voitures, de vieilles lampes et de bricoles. La simplicité des moyens utilisés, la puissance d'évocation des images créées par la rencontre d'objets bruts, ainsi que le travail vocal des acteurs viennent souligner avec encore plus de force la dimension poétique du texte de Danis",

peut-on lire sur le site de La Tortue noire: je ne saurais mieux dire.

Un travail intéressant, fascinant, minutieux, à la limite un peu laborieux: tellement visible qu'il s'interpose parfois entre le drame et l'esprit du spectateur, telle une digue anti-émotion. Un barrage salutaire:  autrement, on pleurerait peut-être...

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