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29/06/2010

Fraise contre fraise

fraisesTessier.jpgJ'aime les fraises, mais pas au point de parcourir des kilomètres pour en trouver. Je les achète habituellement au supermarché IGA près de chez moi, et... j'en rencontre de toutes sortes.

Les premières fraises québécoises arrivées cette année venaient de Ste-Anne des Plaines: elles étaient extraordinaires. J'en ai acheté deux fois, des petits paniers à 4.99. Un peu cher, mais ça valait la peine: petites, justeuses, sucrées, auccun besoin d'y ajouter sucre ou crème: elles étaient parfaites.

Plus récemment, les paniers offerts chez IGA venaient de l'Île d'Orléans: un peu moins chers, 3.99$ si je me rappelle bien. Vu la réputation de l'Île, je croyais qu'elles seraient encore meilleures. J'aurais dû me fier à leur aspect: des parties blanches ou trop pâles, d'autres qui semblaient ramollies. En fait elles  étaient à peu près immangeables: certaines très dures, d'autres talées, toutes acides ou insipides. Quelle déception!

fraiseChamp.jpg

Ensuite j'en ai acheté d'autres chez Corneau Cantin, toujours en format 1.5 litre (à 2.99$), en provenance de St-Nicolas. Elles étaient petites et juteuses mais pas tout à fait assez sucrées, plutôt bonnes mais très loin de la perfection des fraises de Ste-Anne des Plaines.

Je n'ai pas goûté aux fraises du Saguenay, qui arrivent ces jours-ci: et je n'y goûterai probablement pas, car elles ne sont pas vendues dans les supermarchés. Il faut aller au marché public ou à la ferme pour s'en procurer....

Art et fraises

En faisant des recherches pour trouver des images de fraises, j'ai découvert cette toile magnifique (photo du haut) d'un peintre français dont j'ignorais tout, Joseph Le Tessier (1867-1949). L'oeuvre faisait partie d'une exposition consacrée aux peintres de la vallée de la Marne, tenue l'an dernier à Château-Thierry.

Voici quelques lignes (bien maladroites) tirées des documents de l'exposition:

Installé à Noroy-sur-Ourcq  en 1933 avec sa fille et son épouse, vivant très chichement et souvent avec l’aide des paysans qui échangeaient les produits de la ferme contre ceux du peintre, Le Tessier, âgé de 66 ans, donna soudain à sa peinture l’éclat d’une jeunesse éclatante (sic). Plus rutilantes les unes que les autres, les couleurs organisent un véritable embrasement pictural.

TessierAutoportrait.jpg

(...) Il faudra attendre 1952, trois ans après sa mort, pour qu’une rétrospective de ses œuvres ait lieu à Lyon où les critiques les plus célèbres (...) loueront la puissance picturale peu commune de Le Tessier.

Et sur son autoportrait, ci-contre:

Le caractère entier, ombrageux et emporté de l’artiste transpire dans ce dessin inédit où Joseph Le Tessier semble vouloir se dévoiler…

Curieusement, à l'exception du lien cité plus haut menant à l'exposition de Château-Thierry, je n'ai trouvé ni site web ni article Wikipedia à son sujet. En revanche, il y a une biographie assez complète  sur ce site en anglais. (C'est la traduction d'une page contenue dans un ouvrage en français:  Les peintres de la vallée de la Marne, autour de l'impressionnisme, de Noël Coret, chez Casterman, qui, lui, n'a pas été mis en ligne, ou du moins pas sous une forme très lisible, comme on pourra le vérifier en suivant ce lien).

26/06/2010

Artistes en ville

michelineHamel.jpgPetit tour hier (vendredi) au carré Davis pour y voir à l'oeuvre les artistes de La Maestria. Ils sont aujourd'hui (de midi à 20 heures) sur la zone portuaire à Chicoutimi et dimanche au parc Mars à La Baie.

Sous un chapiteau, ces peintres réalisent des oeuvres inspirées par les arrondissements de Jonquière, Chicoutimi, La Baie. Il y a un vernissage chaque jour à 19 heures. Le projet s'intitule:  Les couleurs des arrondissements.

Une activité joyeuse et intense, que j'ai visitée avec plaisir. Un chevalet, quelques toiles vierges, des couleurs, et c'est parti. Malgré sa simplicité apparente, un tel événement demande beaucoup de travail et une bonne organisation.

Les curieux et les visiteurs étaient nombreux sous le petit chapiteau (j'ai même rencontré Stéphane Bégin, un ancien collègue journaliste qui musardait lui aussi par là). Je connais bien entendu la plupart de ces artistes car j'ai eu l'occasion de les interviewer ou de commenter leur travail quand j'étais journaliste.

Notamment Micheline Hamel (photo du haut), la présidente de la Maestria, que j'étais allée rencontrer lorsqu'elle a ouvert son propre atelier à Chicoutimi. Elle m'a dit que cela faisait neuf ans, elle m'a parlé de son travail, du plaisir qu'elle éprouve toujours à quitter son train-train quotidien pour se retirer dans son atelier et créer. De ses cinq petits-enfants, pour lesquels elle avait (à l'occasion de Noël je crois) organisé une veillée à l'atelier.

Elle avait posé directement sur le bitume l'aquarelle à laquelle elle travaillait pour la laisser sécher pendant notre conversation.maestria7.jpg..

 

Voici quelques autres photos:

 

maestria3.jpg

Ginette Chavarie (c'est cependant une toile de Micheline Hamel qui est à l'avant-plan)

 

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Louizel Coulombe et Hélène-Louise Falardeau

 

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Une journaliste de la radio est arrivée pour réaliser un reportage

 

maestria5.jpg

Deux étudiants du Conservatoire assuraient l'ambiance musicale

 

Voici les noms des autres artistes participants: Armand Bergeron,  Carole Desgagné, Daniel Labelle, Jean-Marie Laberge, Lucie Lapointe, Sophie Lebeuf, Michel Tanguay, Judith Tremblay, Martine Tremblay et Odet Tremblay.

 

Au CNE

Incidemment, il reste quelques heures pour voir la magnifique exposition Nomade (qui se termine demain, dimanche 27 juin) au Centre national d'exposition de Jonquière. On y retrouve de grands noms de l'art québécois, comme Jean Paul Lemieux, Ozias Leduc, Jean-Paul Riopelle, Marcelle Ferron, Serge Lemoyne, Suzor-Côté, Guido Molinari, ainsi que plusieurs créateurs importants d'aujourd'hui. En tout, cinquante oeuvres de la Collection Loto-Québec: nous sommes chanceux d'avoir accès gratuitement à ces oeuvres. Jack en a parlé sur son blogue ici.

Il a parlé aussi d'une autre très intéressante exposition présentée jusqu'au 27 juin (inclusivement) au CNE, celle de Françoise Tounissoux intitulée La grenade, indices ou le corps absent.

 

24/06/2010

Chantons sous la pluie

drapeauChat.jpgTemps un peu pluvieux ce matin sur Saguenay, mais c'est quand même notre Fête nationale.

Il n'y a qu'un morceau de drapeau québécois sur cette image, et il n'est pas placé dans le bon sens, mais je l'ai choisi à cause de l'ombre du chat (québécois?) qui se profile derrière le tissu...

Je n'ai pas la tête à écrire un long texte sur le sujet, mais je l'ai déjà fait, il y a deux ans, je m'autocite donc et vous renvoie à cette note qui reflète toujours ma pensée, même si l'exposition dont je parle au Musée Pointe-à-Callière n'est bien sûr plus en cours.

Et bonne fête à tous les Québécois!

21/06/2010

Un parterre de bleuets

trophBleuets.jpgSamedi soir à la salle Pierrette-Gaudreault, premier Gala de l'Ordre du bleuet. On doit cette idée géniale et sa mise en oeuvre à deux bleuets d'adoption: Jérémie Giles, et  Christiane Laforge ont mis sur pied la Société de l'Ordre du Bleuet et, entourés d'une petite équipe de collaborateurs, mis sur pied  cet événement annuel destiné à souligner le dynamisme et la créativité des bleuets d'ici et d'ailleurs, dans le domaine culturel au sens large.

Plus de 200 personnes ont assisté à cette cérémonie sobre, émouvante, rondement menée.  Michel Simard, président et éditeur des journaux Le Quotidien et Progrès-Dimanche (mon ancien patron, donc) a participé activement à cette soirée dont il était président d'honneur, et l'animation était assurée par Marc Bergeron, animateur retraité de Radio-Canada.

14 personnes ont été décorées de l'Ordre du Bleuet,  dont cinq à titre posthume. Si vous allez sur le site de l'ordre du bleuet, mis en ligne et tenu à jour par Christiane Laforge (qui a également rédigé tous les textes qui ont été lus lors de la cérémonie) vous trouverez la photo de chacun de ces récipiendaires et au moins un lien menant à une page web faisant état de ses réalisations. Ce n'est peut-être pas tout à fait complété encore, mais cela se fera au cours des jours qui viennent. Je vous cite simplement les noms:

Pierrette Gaudreault (la salle où nous étions porte son nom), Jean-Guy Barbeau, Monseigneur Victor Tremblay, Paul Tremblay, Ghislain Bouchard, à titre posthume. Ce sont des enfants ou conjoints qui ont reçu la décoration en leur nom.adieuGhislain.jpg

Et aussi: Olivette Hudon, Jean-Philippe Tremblay, Georges Coulombe, Gabrielle Gaudreault, Yvon Gaudreault, Carmen Gill, Hélène Beck, Albert Larouche et Ariane Blackburn (photo en bas  droite).

Toutes ces personnes, chacune à sa façon, ont contribué à développer et à enrichir la vie culturelle des bleuets, et plusieurs d'entre elles ont également rayonné hors de la région. On leur a remis une oeuvre de Jérémie Giles représentant des bleuets (photo ci-haut), une épinglette et un certificat.

Quelques notes:

- Si les récompenses étaient largement méritées, j'ai vu dans la salle un bon nombre de bleuets, hommes et femmes, fort actifs dans divers domaines et qui mériteront peut-être également cette décoration au cours des années qui viennent.

- Le public est d'ailleurs invité à suggérer des noms de candidats potentiels à cette prestigieuse récompense.

- Christiane Laforge a été la première récipiendaire de l'Ordre du Bleuet, en mai dernier.

- Tous les lauréats avaient été avisés à l'avance, sauf une: Olivette Hudon, qui croyait que seul son mari, le regretté Ghislain Bouchard, recevrait l'Ordre. Immédiatement après avoir reçu la décoration destinée à ce dernier, elle fut rappelée sur scène pour recevoir à son tour l'Ordre du Bleuet.

- Deux autres couples parmi les lauréats: Gabrielle et Yvon Gaudreault, Hélène Beck et Albert Larouche.

- Le quatuor Gardel a assuré de belle façon la partie musicale de la soirée, ponctuant les étapes et chaque remise de prix de mélodies de Vigneault, Léveillée et autres Québécois.arianeBlackburn.jpg

- Les musiciens ont fait une belle surprise à Jérémie Giles en interprétant l'une de ses compositions.

- Ce dernier a fait remarquer avec humour qu'il ne pouvait pas dire que Christiane Laforge a été son bras droit (il a perdu son bras gauche...).

- Enfin, chose qui n'a rien à voir: comme c'est souvent l'occasion dans ce genre de réunion, j'ai beaucoup entendu parler de cancer: une personne venait de se faire opérér, l'autre suivait des traitements, une troisième avait appris qu'un proche en souffrait, et ainsi de suite... Quelle terrible maladie!

18/06/2010

Des bibis et des âmes

chapeaux3.jpgQuel art merveilleux que celui de Mireille Racine, qui présente  l'exposition Le silence des chapeaux, au CNE jusqu'au 4 juillet.

chapLong.jpgAutrefois, les femmes portaient avec élégance et fierté ces chapeaux à plumes et à voilettes, simples, coquets ou extravagants, qui ont presque entièrement disparu du paysage.

Une artiste habile et sensible est allée les cueillir dans les tiroirs des vieilles commodes, les armoires de cèdre et les papiers de soie: transformés, élagués, recomposés, piqués sur des tiges, comme de grandes fleurs qui sortiraient du sol, ils émergent de l'oubli pour devenir oeuvres d'art et ainsi accéder à la pérennité.

Mireille Racine combine les techniques de la chapellerie, qu'elle connaît bien, et celles de la gravure, du papier matière, de la sculpture, pour confectionner des bibis qui dégagent charme et nostalgie.

Les plumes évoquent des oiseaux? L'artiste leur pose des pattes en fil de fer pour nous offrir quelques improbables phénix. Les formes à chapeaux chapeaux1.jpgont les contours des anciennes pierres tombales? Elle y imprime, par transfert photographique, des visages glanés sur des photos anciennes: dans un raccourci saisissant, le temps qui passe, le cycle de la vie et de la mort.

Poursuivant son exploration du paradigme, Mireille Racine a aussi sculpté des épingles à chapeau géantes en bois. S'est servie du ruban et des aiguilles à chapeau pour tisser une murale. A confectionné des cahiers où elle a consigné des textes.


Le visiteur y passe à travers des forêts de symboles, entouré, submergé, étreint par la nostalgie, le regret, l'émotion de ce passé restauré qui nous donne à voir l'âme des chapeaux.


chapeaux5.jpg

14/06/2010

Paul Auster, l'Invisible

InvisibleLivre.jpgJe viens de terminer la lecture de Invisible, le plus récent roman de Paul Auster. Cela aurait pu s'appeler "Un homme", mais le titre était déjà pris (par Philip Roth).
Et peut-être qu'il faudrait dans ce cas dire "Deux hommes", car en réalité Adam Walker, le "héros" de l'histoire, n'existe que par rapport à un autre personnage, Rudolf Born, en quelque sorte son âme damnée. Le premier est un jeune étudiant idéaliste et naïf, l'autre un personnage ambigu, qui inspire fascination et inquiétude.
Un lien se noue entre les deux hommes, qui sera brisé à la suite d'un événement tragique. Horrifié par le geste agressif de Born, Walker tente de le dénoncer, d'abord à la police, puis à d'autres personnes qui le connaissent, et finit par quitter les États-Unis pour l'Europe, croyant ainsi se libérer de son fardeau. Quelques liaisons avec des femmes, une poursuite, des interventions policières, des rencontres émaillent aussi la narration et étendent le tissu temporel autour de l'année de référence, 1967.
Ce que j'ai surtout aimé de ce livre, c'est sa structure, qui s'appuie sur une technique narrative originale, sa maîtrise des procédés littéraires, les références à l'histoire ancienne ou moderne qui le relient au monde réel. Paul Auster, un auteur que j'apprécie et dont j'ai lu presque tous les livres, est un as à ce chapitre.
Cette histoire prend la forme d'un manuscrit qu'Adam Walker, atteint d'une grave maladie, fait  parvenir en plusieurs étapes à Jim, un ancien vague camarade de promotion.
Mais le fait qu'il s'agisse d'un manuscrit n'est pas dévoilé d'emblée: le lecteur l'apprend après avoir lu le premier chapitre. La responsabilité d'écrire le récit se transmet alors du personnage principal au personnage secondaire, puis à un troisième personnage, on passe du "je" au "tu", puis au "il".  Le suspense se tisse et se désamorce, tandis qu'Adam Walker est de moins en moins présent à mesure que faiblissent ses forces... il devient invisible.paulAuster.jpg
Comme toujours chez Paul Auster, les personnages sont des êtres de mots et non de chair: tissés dans et par l'écriture, ils conservent leurs zones d'ombre, se défilent et se délitent.

 

Tout passe

l'espace

efface

le bruit

comme dirait Victor Hugo.

 

Des indices sèment le doute chez le lecteur et l'incitent à tenter d'établir une hiérarchie des événements selon leur réalité, leur probabilité, ou leur impossibilité (par exemple ceux qui sont imaginés par un personnage). Il est même écrit en toutes lettres, quelque part au milieu du livre, que les noms de personnes et de lieux ont été changés... ce qui est un comble puisqu'il s'agit d'une fiction!
Ceci dit, ces incertitudes ne sont pas frustrantes pour le lecteur, du moins pas pour moi: l'histoire finit par se tenir, grâce à un travail littéraire habile et fascinant.

J'ai donc beaucoup aimé ce roman de Paul Auster: agréable à lire, il fait réfléchir et, comme les personnages et les événements qu'il construit sous nos yeux, comme toute oeuvre d'art d'ailleurs, il conserve sa part de mystère.

09/06/2010

L'enfant prodige: un beau film

(Je ne parle pas du vote de dimanche pour la rénovation de l'auditorium Dufour: peut-être un peu plus tard, mais pour le moment, je laisse retomber la poussière).

guillaumeActeur.jpg

J'ai été voir L'enfant prodige, film de Luc Dionne qui relate les principaux épisodes de la vie du compositeur québécois André Mathieu.
(Le lien ci-haut renvoie renvoie à la note trouvée sur l'excellent blogue sur le cinéma québécois tenu par Charles-Henri Ramond, que je viens de découvrir, et qui est vraiment formidable. La fiche est bien plus complète que ce qu'on trouve sur le site officiel. Toutes les photos de cette page viennent en revanche du site d'Alliance Vivafilm).

Ayant lu quelques critiques tièdes ou carrément assassinpatrickPiano.jpges, je ne m'attendais donc à rien. J'y allais surtout pour la musique, que j'aime beaucoup.
Et le film fait effectivement une grande place aux passages musicaux (c'est Alain Lefèvre qui les joue au piano) dont j'ai goûté chaque instant.
Et j'ai aussi beaucoup aimé le film. Contrairement à d'autres, j'ai fort bien compris, et pleinement accepté, qu'on ne me donne pas les clés pour comprendre totalement l'être humain que fut André Mathieu. Dans un film biographique, surtout quand les documents d'archives sont rares, c'est impossible.
André Mathieu garde  son mystère, comme homme et comme artiste.
Nous avons des pistes, simplement:  Mathieu se percevait comme un compositeur, et sa virtuosité était pour lui un outil qui ne devait servir qu'à transmettre ses créations. Mais son entourage (famille, professeurs, directeurs musicaux) voyait surtout en lui un virtuose du piano, et envisageait son avenir comme celui d'une vedette (sinon un singe savant) qui ferait de grandes tournées pour interpréter les pièces les plus difficiles du répertoire.

afficheProdige.jpg

Jouer les pièces des autres, cela ne l'intéressait pas: "n'importe qui peut faire ça", dit-il.
Or, le métier de compositeur, c'est très difficile, insuffisant pour gagner sa vie et celle de sa famille. C'est Sergueï Rachmaninov lui-même qui le dit au jeune André Mathieu.
Dilemme, incompréhension.
Dans sa vie personnelle: omniprésence d'une mère surprotectrice, admiration et révolte envers le père, alcoolisme.
À partir de ces avenues, il revient au spectateur de pousser la réflexion, de se faire sa propre idée, d'entamer des recherches s'il en a le goût.
J'ai éprouvé de l'empathie pour cet homme, ses difficultés, sa vie gâchée, et j'aime sa musique.
Les très nombreux comédiens sont plutôt bons. (Marc Labrèche, Macha Grenon, Lothaire Bluteau... tout le bottin de l'Union des artistes y est). Sans soute pas un grand chef-d'oeuvre du cinéma, mais c'est un film honnête et bien fait, au style assez classique, et typiquement québécois...
parentsMathieu.jpgToute la première partie, alors que le jeune André Mathieu (joué par le jeune Guillaume LeBon) commence une carrière prometteuse et soulève l'admiration,  est fascinante. Il y a quelques trouvailles, par exemple la partition qui s'imprime au fur et à mesure de la musique d'ouverture, ou le gros plan sur les "marteaux" qui s'agitent furieusement dans l'âme du piano.
Une seule chose m'a vraiment frustrée, c'est la fin: Mathieu est ivre, il s'étend sur son lit, respire fort... Fondu au noir, un texte indique  qu'il est mort le 2 juin 1968 (il avait 39 ans)... et c'est le générique. J'aurais aimé qu'on évoque un peu plus clairement les circonstances de sa mort.
Mais peu importe. C'est la musique qui prime. Pour le plus grand plaisir du spectateur, le mien en l'occurrence.

06/06/2010

La culture, c'est capital(e)

galaCapitale.jpgLe Gala de la Capitale culturelle (Saguenay), vendredi au Palais Municipal, offrait un catalogue, une vitrine (une courtepointe, comme l'a écrit Daniel Côté dans Le Quotidien) de la culture au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

J'ai bien aimé
- Un spectacle court: deux heures pile
- Sept numéros bien comptés, évoquant autant de disciplines, plus les numéros d'ouverture et de fermeture
- Une occasion de voir, sur scène et en coulisses, en vedette, en figurants ou en techniciens, plus de 150 artistes et créateurs et d'ici, et d'apprécier toutes les facettes de leur talent
- Un témoignage de l'exceptionnelle vitalité culturelle de la région
Une bonne animation de Martin Giguère qui, si je ne m'abuse, avait écrit lui-même son texte

- L'apparition de Jean-Jules soucy sur son vélo stationnaire... en mouvement

artistesGala.jpg

- La mise en scène générale de Louis Wauthier: assez réussie, compte tenu des incroyables contraintes qu'impose la tenue d'un tel événement
- Chacun des quelque 200 noms inscrits sur le programme de la soirée: des gens de la région (artistes, techniciens, organisateurs, commanditaires) qui se donnent la main et collaborent pour créer, c'est fabuleux!!! (J'ai scanné la liste des artistes, cliquez pour lire les noms)


Les meilleurs numéros (selon moi)
- Celui sur les musées:  des images qui parlent par elles-mêmes sur fond de musique dynamique et créative
- Celui sur le cinéma, qui nous rappelle tout ce qui se tourne et que nous oublions trop facilement
- Celui sur le théâtre, où les comédiens (costumés) de diverses pièces produites par  les troupes de la région se donnaient la réplique (photo de Rocket Lavoie dans le Quotidien, que j'ai piquée à un blogueur...)

J'ai moins aimé
- Le "discours" (celui du spectacle) trop terre-à-terre, manquant un peu d'originalité

- Des longueurs et des redites dans certains numéros

- Les hésitations, flottements,  blancs de mémoire et autres désagréments dus au manque de temps (et de moyens) pour tout peaufiner


J'ai détesté
- Les Grandes gueules: nullissimes! Même pas capables de concocter une ou deux blagues bien senties pour la circonstance. Ils n'ont rien à voir avec la culture, ni avec la région. Ça ne les tentait pas d'être là.
- Insultant pour le public.

(en revanche)progrCapitale.jpg
... celui-ci a pu apprécier, par contraste,  le professionnalisme et la qualité des artistes de la région qui ont suivi ces trois prétendus humoristes

Je n'ai pas compris
- Un seul mot chanté par la jeune Mireille Mantha. Dommage, car c'était une composition d'une artiste de la région (Chantal-Éric Dumais)
- Pourquoi il n'y avait pas de musique classique... (mais j'ai une petite idée de la réponse)

Autres remarques

- Il y avait bien 2000 spectateurs, parmi lesquels sûrement beaucoup de non-initiés.
- C'est à ceux-là, qui connaissent peu ou pas du tout l'offre culturelle régionale, que le spectacle s'adressait surtout. Pour les gens qui suivent un peu ça, c'était du b-a-ba

- J'ai acheté mon billet à l'entrée, j'étais très bien placée
- Le Palais municipal est une salle parfaite... pour ce type d'événement, un spectacle à grand déploiement, mais certainement pas pour le théâtre, la chanson, la danse, la musique classique...

 

Conclusion

Encore une fois, CHAPEAU AUX ARTISTES!

02/06/2010

Le feu sacré!

quotidienFete.jpgMardi à La Saguenéenne: spectacle bénéfice pour la nouvelle salle.
Le constat s'impose, une fois de plus: au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le talent déborde. Plus d'une vingtaine de formations, surtout en musique et en danse, ont offert de nombreuses prestations, toutes de grande qualité.

La soirée était animée par les quatre Clowns Noirs (que l'on aperçoit sur la une du Quotidien, l'article est ici), percutants et gonflés à bloc. En musique: classique, folklorique, lyrique, métallique, chant choral, chanson... En danse: tango, gumboot, flamenco, jazz.

Parmi les artistes:  Choeur symphonique, Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, quatuor Alcan, quatuor Gardel, Mosaïque, le Grand triomphe à Boudreault, Cellos on fireNathalya Thibault et Caroline Tremblay en chant classique,  Sara Létourneau en chanson, impossible de tous les nommer: au moins une centaine de personnes sont montées sur une scène manifestement pas conçue pour ce genre de spectacle.

On dit qu'il y avait 600 personnes dans la salle, ce qui est très bon. Les fonds recueillis (billets à 40$) permettront de soutenir l'organisation pour une nouvelle salle à Saguenay en vue du vote de dimanche.
Quelques discours ont remis cet objectif à l'ordre du Jour. Marie-Gilbert Thévard a été chaudement applaudie, de même que Jocelyn Robert.
Quant au spectacle même, tout était bon, mais ma découverte personnelle fut celle du groupe Mosaïque, dont je connaissais le nom mais que je n'avais jamais entendu jouer. Les percussions acoustiques à leur meilleur. De vrais professionnels, qui nous font découvrir des sonorités et des rythmes extraordinaires: ils sont vraiment bons. Le numéro de gumboot était super, et très bien présenté.
J'ai réentendu avec plaisir Cellos on fire, ces jeunes musiciens formés au classique qui reprennent les hits heavy metal,  à la manière du groupe Apocalyptica. Ils ont joué Final countdown (de Europe) et Master of the Puppets (de Metallica).  (Je suis toute  fière d'afficher mes nouvelles connaissances en matière de trash metal!) Jeunes et allumés, c'est le cas de le dire, ils ont soulevé la foule.

Donc ce dimanche 6 juin, nous, citoyens de Saguenay, sommes invités à voter pour choisir entre un projet de rénovation de l'auditorium Dufour ou la construction d'une nouvelle salle, dans le secteur de la zone ferroviaire de Chicoutimi.


Pour moi le choix est clair: une nouvelle salle, ça presse, et quel qu'en soit le coût.

Je ne referai pas ici l'historique du dossier, il est facile de trouver les renseignements pertinents pour ceux qui veulent s'informer.

Juste quelques idées:

- les salles de spectacle intégrées aux cégeps (et aux polyvalentes dans certains cas) ont été très à la mode dans les années 60 et 70.nouvelleSalle.jpg

- l'auditorium Dufour, au Cégep de Chicoutimi, s'inscrivait dans cette mouvance et il a bien servi les artistes et le public pendant nombre d'années. (On pourrait en dire autant de la salle François-Brassard, à Jonquière).

- mais les temps ont changé et, quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse (c'est du Charles Trenet!),  l'époque des salles dans les écoles est révolue.

- de nouveaux volets se sont ajoutés au mandat des municipalités et des communautés (développement économique, dynamisation du milieu urbain) et les incitent à construire des salles de spectacle autonomes, souvent situées au centre-ville.

- ces dernières accueillent dans plusieurs cas des activités autres que la présentation de spectacles, par exemple des écoles de musique ou de danse, des salles d'exposition et de répétition, des salles communautaires, conservant du même coup, mais sous une autre forme, la synergie culture-éducation favorisée autrefois par les salles des institutions d'enseignement.

- ces nouvelles structures deviennent des lieux de culture rassembleurs, favorisant la communication et la collaboration entre générations et entre milieux culturels différents, et par conséquent le développement et la créativité.
- comme le disait mardi un des intervenants (Jocelyn Robert, je crois), Saguenay devrait prendre exemple sur d'autres grandes villes du monde... comme Rimouski, Baie Comeau, Sept-Îles!!
- une salle de spectacle dans une ville, cela n'a en fait rien d'extraordinaire. C'est juste normal.

- un des problèmes que nous avons à Saguenay, c'est que la Ville (et pas seulement l'administration actuelle) a beaucoup investi dans plusieurs salles non situées à Chicoutimi: la salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière, le Palais Municipal à La Baie, le Palace à Arvida.

- comme une fuite en avant pour être bien sûr de ne rien investir dans l'auditorium Dufour (cela aurait dû être fait il y a 15 ans!). Pourquoi???

01/06/2010

Folle équipée à Rabat...

bouRegRabat.jpgSouvenir de Rabat, visitée lors de mon voyage au Maroc en 2001. Je crois que ce paysage (les photos ne sont pas de moi, malheureusement) entre les deux villes de Rabat et Salé, à l'embouchure du fleuve Bouregreb juste avant l'Atlantique, va considérablement changer au cours des années qui viennent, si ce n'est déjà fait, à cause d'un méga projet de réaménagement des berges et de tout cet environnement.

 

"... toucher au Bouregreg, c'est modifier plus de 20 siècles d'histoire, puisque l'installation de la colonie romaine à Sala Colonia et avant elle des Phéniciens sur les rives du Bouregreg est à l'origine de la création de Rabat et Salé"

 

Voici donc, légèrement modifié, le texte que j'ai rédigé pour Le Quotidien en février 2002: peut-être que tout ceci n'existe plus aujourd'hui...

Visite de Rabat, ville marocaine dont la sérénité offre un contraste avec l’agitation affairiste de Casablanca et l’effervescence fiévreuse de Fès et de Marrakech. Devenue capitale du Maroc au 19e siècle à l’inititative du maréchal français Hubert Lyautey, Rabat a oscillé au cours des siècles entre le statut de ville impériale et celui de petite agglomération tranquille.
On s’y sent bien et on veut voir de près les gens qui y vivent. Cinq minutes à peine après notre installation dans les chambres, par un beau matin ensoleillé, je suis dehors avec quelques compagnons de voyage, tout aussi désireux que moi de prendre le pouls de Rabat. C’est simple: nous traversons la rue (exercice quelque peu périlleux, cependant), franchissons un muret, descendons des marches de pierre: nous sommes au bord de l'oued Bouregreg, qui sépare Rabat de Salé.
Dans un ballet incessant et multicolore, des chaloupes à rames de toutes tailles effectuent la traversée d’une rive à l’autre, pour un dirham. Mais nous avisons deux jeunes hommes à bord d’un petit bateau à moteur et, après entente sur le prix (quelques dirhams), partons pour une brève excursion sur l'oued. Nous apercevons des pêcheurs dans leurs barques partout sur l’eau, le marché aux poissons sur la rive de Salé, qui voisine de très près la plage et ses baigneurs, un système de pompage...

Le vent nous fouette, il fait beau... Nos gentils bateliers énumèrent les poissons qui peuplent ces eaux: mérou, lieu, loup... On croise aussi un nageur qui fait l’aller-retour entre les deux rives. En approchant la pointe du détroit, une inquiétude nous effleure: serons-nous entraînés au large dans notre frêle esquif? Nous regrettons presque d'avoir choisi le moteur plutôt que les rames.travRabat.jpg

Un échange de regards, un signe et le capitaine et son moussaillon font demi-tour, à notre grand soulagement.

Le nageur fait toujours ses longueurs entre Rabat et Salé, un groupe de jeunes à bord d’un yatch nous envoie de grosses vagues.

Petits frissons... et retour à bon port après cette escapade modeste mais stimulante.

 

Complément d'information: malgré ce face-à-face séculaire dans lequel elles sont figées, Rabat et Salé sont deux villes différentes, et même opposées. Témoin ce texte, trouvé sur le web:

"Tout rapprochait les deux cités jusqu'au début du XXe siècle. Aujourd'hui tout les oppose.  (...)  à Rabat dominent le calme, l'élégance, Salé étale ses bidonvilles et ses cités populaires au pied de la médina surpeuplée. Rabat ignore Salé, mais les habitants de Salé viennent à Rabat. Pour leur travail, ils franchissent quotidiennement le pont à pied, en bus ou en taxi autorisé, d'autres encore préfèrent la petite barque noire. (..) Malgré son ancienneté et son passé glorieux, Salé n'est rien d'autre maintenant qu'un faubourg populaire étranger à Rabat..."