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27/05/2010

Bixi mundo

Tout le monde le dit: le Bixi à Montréal, c'est génial. Et pour nous, Saguenéens, un sujet de fierté, bixiMOntreal.jpgpuisque ces vélos offerts en location libre-service sortent des ateliers de l'entreprise saguenéenne Devinci. Ce genre de système système existe depuis longtemps dans les villes d'Europe (Vélib à Paris, Bici à Barcelone, Sevici à Séville...), mais sans doute qu'il n'était pas transférable directement en Amérique, pour des raisons à la fois politiques, financières, géographiques et climatiques.

Maintenant, après avoir fait ses preuves, Bixi fait des p'tits (ou des p'xis!) et s'apprête à essaimer partout, y compris en Europe!

Il sera en effet mis en service à Londres le 30 juillet prochain, sous le nom de  London cycle hire.

velibLondres.jpg

 

bixiangl.jpgLe magazine Life en a présenté une belle série de photos il y a quelques jours, cliquez sur la vignette ci-contre pour y accéder.

 

Il ira bientôt rouler de l'autre côté de la planète, à  Melbourne en Australie, dans une belle livrée bleu électrique:

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Et voilà, en maquette,  les jolies couleurs du bixi, baptisé niceride, qui roulera à Minneapolis (et dans plusieurs autres villes du Minnesota):

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Washington et ses environs auront des bixis dès cet automne, et Boston a également signé un contrat pour ce système de vélos urbains.

Bixi roule depuis l'an dernier  à Ottawa et à Toronto, et si je ne me trompe pas, il y porte les mêmes couleurs qu'à Montréal.

24/05/2010

À l'ombre d'un piano

MatthieuRed.jpg

crédit photo: Melissa Dinel  

Amis, parents et mélomanes ont quitté dimanche (23 mai)  l'air chaud et humide du printemps saguenéen pour la relative fraîcheur de la salle Orphée (Atelier de musique de Jonquière), dans le secteur Arvida, afin d'y entendre le pianiste Matthieu Fortin, natif de Chicoutimi, qui proposait un concert intime et fort intéressant.

J'entends depuis nombre d'années mentionner le nom de Matthieu Fortin, qui, après avoir remporté tout ce qu'il y avait de concours de musique dans la région, a poursuivi sa formation et continué de remporter des concours à l'extérieur. Aujourd'hui âgé de 27 ans, il jouit d'une solide expérience comme soliste, il a également travaillé avec des ensembles et  des compagnies de danse, notamment Cas public, fondé et dirigé par la Chicoutimienne Hélène Blackburn. De retour de Berlin où il a travaillé avec Jacques Rouvier, il a un solide bagage et sans doute, beaucoup d'avenir. Dans la salle, il y avait notamment la pianiste Jacinthe Couture, avec qui il a étudié pendant plusieurs années au Conservatoire de musique de Saguenay, où elle enseigne toujours d'ailleurs.

Tout cet acquis ne l'empêche pas d'avoir l'air plutôt timide.

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crédit photo: Melissa Dinel  

Néanmoins il donne, avant de commencer à jouer, quelques explications, brèves mais précises et éclairantes sur les pièces qu'il a choisies.
Son court programme comprend trois noms: Beethoven, Chopin et Ravel. Rien de léger dans tout cela: de la substance, du paroxysme, du fortissimo presque tout le temps.

Nulle timidité ensuite devant son clavier: il déploie force, maîtrise, virtuosité, et propose une lecture assez personnelle des oeuvres choisies, axée sur l'intensité, la montée dramatique, le lyrisme. Quelques erreurs de doigté ne l'empêchent pas de mettre en valeur la beauté de ces pages d'une difficulté extrême.

Après la gravité et la complexité de la sonate opus 109,  la trentième des 32 qu'a écrites Beethoven,  et les étourdissantes variation de la Berceuse op. 57 de Chopin, le pianiste a offert les meilleurs moments de son concert en jouant le grand scherzo (no 2 op 31) de Chopin,   que l'on peut entendre ici interprété par Krystian Zimerman.

Le jeune musicien a su mettre en valeur le rythme, la mélodie, et la puissance de cette oeuvre très connue.
Il a joué enfin Gaspard de la nuit, de Ravel, plongeant le public dans une succession d'atmosphères: fluide pour Ondine, très sombre pour Le Gibet, frénétique et agitée pour Scarbo. Ces pièces sont associées à des extraits d'une suite de poèmes en prose  d'Aloysius Bertrand, intitulée Gaspard de la nuit, j'ajoute donc en fin de note une partie du poème intitulé Ondine.

Il y avait environ 75 personnes dans la petite salle, ce qui est somme toute assez bon et lui permettra de recueillir quelques sous pour poursuivre sa carrière et sa formation, et pour avancer dans ce métier très exigeant.
Matthieu Fortin sera candidat au prochain Prix d'Europe, dont les épreuves se dérouleront à Montréal du 8 au 11 juin prochain. Le grand prix est une bourse d'études de 25 000$. La lauréate de ce prix en 1974 était... Jacinthe Couture.

Ondine

(...) Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l'époux d'une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.

 

 

 

C'est l'époque où fleurissent en abondance les pommetiers décoratifs. Par exemple  celui-ci, devant l'édifice de la Sécurité publique, que j'ai croqué en sortant du concert.

 

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22/05/2010

Souvenirs exotiques

casa150norm.jpgComme je l'ai dit dans les notes précédentes, je suis en mode souvenir par les temps qui courent, parce que je tente de classer mes papiers et documents.

J'ai retrouvé par exemple cette photo que j'ai prise de la Mosquée Hassan II à Casablanca, lors d'un circuit des Villes impériales du Maroc effectué en compagnie d'un groupe de journalistes en 2001. Casablanca, qui était la première étape de notre voyage, ne fait en réalité pas partie de ces villes impériales, Fès, Rabat, Meknès et Marrakech, dont je parlerai ici au cours des prochains jours.

Bien sûr, la photo n'offre pas une vue d'ensemble de ce superbe monument (à cet effet, je place un peu plus bas une image glanée sur le web), mais je l'aime bien, à cause du petit garçon qui gravit les paliers en s'appuyant sur ses mains, et du personnage vêtu de blanc qui passe à l'arrière-plan. Contraste entre la petite taille physique des humains et la démesure de leur esprit, en l'occurrence de celui qui a conçu et mis en oeuvre ce gigantesque ensemble architectural.

De retour de mon voyage, au mois de juin, j'avais retardé à l'automne le moment de publier des textes touristiques sur le Maroc dans Le Quotidien, car c'était une saison plus propice que l'été pour les voyages dans cette partie du monde.

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Mais voilà: après les attentats du 11 septembre 2001, l'invitation au voyage en pays musulman avait perdu toute pertinence. J'ai donc attendu en février de l'année suivante pour les publier. Je m'auto-cite donc ici, en présentant celui (légèrement retouché) qui concernait plus précisément la mosquée Hassan II.

Des arrêts que l'on ne voudrait manquer pour rien au monde sont prévus aux monuments témoignant d'une grandeur passée, d'un culte de la personnalité ou d'une ferveur religieuse encore très présente.  Par exemple et en premier lieu, la mosquée Hassan II de Casablanca, mosqueeSalle.JPGconçue par l'architecte français Michel Pinseau à la demande du roi Hassan II: plus de 10 000 artisans et ouvriers marocains ont mis six ans pour ériger la plus grande mosquée du monde musulman. L'immense esplanade de marbre bordée d'arches et de colonnes conduit à la mosquée elle-même, érigée littéralement sur l'Atlantique, comme un vaisseau amarré au bord de l'océan, avec son minaret haut de 200 mètres, son toit central coulissant, son architecture inspirée des traditions andalouse et marocaine, combinant le bois sculpté et la céramique finement ciselée et peinte. C'est l'une des rares mosquées ouvertes aux non-musulmans, qui peuvent donc tous en admirer l'opulence et la richesse.

autreVueInt.jpg

18/05/2010

Faire parler les p'tits papiers

Laissez parler les p'tits papiers: J'ai toujours adoré cette chanson composée par Serge Gainsbourg et interprétée par Régine, que l'on voit sur cette vidéo de 1967.
Par les temps qui courent, c'est vrai que les p'tits papiers me parlent: classer, jeter, relire... souvenirs.

Ainsi cette feuille glissée dans un cahier où je notais mes activités quotidiennes.

amenuCharvet.jpg

J'y avais inscrit les mets dégustés au Restaurant Charvet, à Aix-en-Provence en 1982, où j'avais accompagné mon conjoint qui allait soutenir sa thèse de doctorat.

Comme cette fois nous étions infiniment plus riches qu'au temps de nos études à Aix dans les années 70, nous avions décidé de nous gâter. Après sa soutenance, donc, qu'il a passée haut la main, répondant avec aisance aux docteurs qui lui posaient des questions trèsgrandSiecle.jpg pointues sur Proust et Balzac,  nous sommes allés boire un champagne Cuvée Grand siècle (Laurent-Perrier) à la brasserie-café La Belle époque, sur le cours Mirabeau.

Et le lendemain, nous avons été dîner au Restaurant Charvet, situé au 9 rue Lacépède, deux étoiles au guide Michelin. Nous avions pris les deux menus inscrits dans le premier ton de bleu, pour moi le menu à 140 francs (environ 30$) et pour Jack celui avec les rognons de veau.

Un beau souvenir, un peu estompé... (Jack l'a aussi évoqué sur son blogue, ici).

Quelque temps après notre passage,  Henri Charvet a vendu son restaurant aixois, qui n'existe plus aujourd'hui,  pour aller  ouvrir un autre établissement,  Au Comte de Gascogne, à Boulogne-Billancourt près de Paris.

 

 

(Sur la vidéo, le chef donne une recette de cabillaud au foie gras... si vous avez envie d'essayer). Et ses prix ont considérablement augmenté depuis le temps: 100 à 150 euros par personne (130 à 190$), vins non compris...
Le troisième menu (noté avec un stylo d'un bleu différent) est celui que nous avions choisi (au cours du même voyage) à Paris, au Bistro d'Hubert, qui existe toujours. Il avait peut-être une étoile à l'époque, mais il n'en a plus et les prix y sont -disons-  plus raisonnables que ceux pratiqués par Charvet.

Dans le coulis d'écrevisses nageaient quelques vraies écrevisses: c'était la première fois que j'en mangeais et c'était délicieux, comme tout ce que nous avons dégusté au cours de ces deux repas.

 

 

13/05/2010

André Mathieu, Alain Lefèvre et le Saguenay-Lac-Saint-Jean

C'est le printemps André Mathieu,  on dirait. Compositeur génial et précoce (décédé le 2 juin 1968, à l’âge de 39 ans), pianiste virtuoseandreMathieu.jpg hors pair, il a connu un destin tragique qui a fait de lui un de ces génies méconnus comme il en existe tant au Québec. Nous avons tendance à enterrer vivants ceux qui ont des problèmes, alcool,  drogue, maladie mentale, parce que leur entourage lui-même les rejette et les oublie, ou que l'Église et l'État, complices, veillent à les effacer de la scène publique où ils risqueraient de déranger l'ordre établi.

On voyait lundi soir à la télé de la SRC le pianiste Alain Lefèvre jouer son extraordinaire concerto no 4 avec l'Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Kent Nagano. Une musique magnifique (pour voir cet enregistrement intégral,  cliquez ici ou sur l'image ci-dessous, et ensuite sur le lien qui apparaît dans la page). Et chapeau à Alain Lefèvre pour avoir tenu à bout de bras ce projet de faire connaître l'homme et revivre sa musique.
mathieuNagano.jpgEn passant, ce concert était donné à salle Wilfrid- Pelletier de la Place des arts. Or le chef Wilfrid Pelletier , alors qu'il était à la tête de l'OSM dans les années cinquante, refusait de jouer les oeuvres de Mathieu (qu'il avait pourtant louangé à ses débuts) au motif qu'il avait des sympathies "séparatistes", ayant notamment composé l'hymne du Bloc populaire. Quelle honte!

Le compositeur n'aura malheureusement pas pu goûter cette douce revanche.

Mathieu et le Saguenay

En fin de semaine dernière, Lefèvre a joué ce même concerto no 4 à Shanghai, lors de l'inauguration du pavilllon du Canada à l'expo universelle.
Le chef invité était le Chicoutimien Jean-Philippe Tremblay, très apprécié déjà sur la scène mondiale. (Une bonne nouvelle à son sujet pourrait être annoncée sous peu...). La semaine dernière, il accordait, de Shanghai, une interview à René Homier-Roy (SRC, Première Chaîne)  après une première répétition avec les musiciens de l'OSS. Voci le lien pour entendre cette interview.

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Jean-Philippe Tremblay et Alain Lefevre à Shanghai.
(La photo n'est pas terrible, mais enfin...)

 

 

Paysages

Après un voyage au Lac-Saint-Jean, impressionné par les paysages qu'il avait pu voir, André Mathieu a composé en 1954  le poème symphonique Mistassini, en hommage au lac et à la rivière du même nom. Bien peu de gens ont entendu cette oeuvre, l'une des dernières qu'il ait écrites, j'ignore même si elle a été déjà jouée en public.
Je ne sais pas si c'est possible, mais ce serait vraiment extraordinaire si l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean mettait cette oeuvre au programme d'une prochaine saison, et encore mieux s'il pouvait aller la jouer dans la ville de Dolbeau-Mistassini.

Mélodies

Le baryton saguenéen Jean-François Lapointe est l'un des rares interprètes  à avoir chanté des mélodies d'André Mathieu: il en a albumVerlaine.jpgenregistré quatre sur le très beau disque Poètes maudits dans la mélodie française, qui réunit des poèmes de Verlaine mis en musique par des compositeurs tels que Fauré, Debussy, Reynaldo Hahn et André Mathieu. Afin de ne pas contrevenir aux droits d'auteur  (même si j'ai acheté le disque), je vous donne un lien, si vous voulez les entendre, vers le site Analekta, où on peut les écouter. Descendez au bas de la page, et les numéros 24 à 27 sont des poèmes de Verlaine mis en musique par Mathieu. Le plus beau, à mon avis, c'est Il pleure dans mon coeur.


Jeune pianiste

À titre de curiosité, voici une vidéo bien sympathique: on y voit une jeune pianiste (dont j'ignore le nom) jouer une pièce d'André Mathieu intitulée Les abeilles piquantes (le texte indique "piquants"...) au Festival de Musique du Royaume en 2008. Et si ne je me trompe pas, cette prestation a été filmée à l'auditorium Dufour.


Et encore
Le film consacré à la vie d'André Mathieu, L'enfant prodige, réalisé par Luc Dionne, a été présenté en avant-première à Shanghai.  Il sort au Québec le 28 mai.
Une page Facebook (malheureusement pleine fautes d'orthographe) est consacrée au compositeur et Georges Nicholson vient juste de publier sa biographie aux Éditions Québec-Amérique.

08/05/2010

L'auditorium Dufour il y a 20 ans

En tentant de ranger mes vieux papiers (je dis bien tentant car c'est pénible et fastidieux, je ne sais pas si je vais en venir à bout) je retrouve d'anciens programmes de l'auditorium Dufour, au temps où il y avait une salle, gérée par la Coopérative de Développement culturel. Par exemple celui de l'automne 91, que je vous livre en quatre images et un .pdf

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(Pour télécharger l'ensemble du document en format .pdf, cliquez sur cette petite vignette)

 

 

Ce qui m'apparaît extraordinaire à la lecture de ce programme d'il y a 20 ans, c'est que la plupart des artistes, chanteurs, musiciens, comédiens et même auteurs dramatiques sont encore actifs aujourd'hui sur la scène culturelle. Entre autres Michel Tremblay, Michel Barrette, Jean-Marc Parent, Luc de Larochellière, le Quatuor Alcan (Nathalie Camus et David Ellis en sont membres depuis la fondation, en 1989), le chef Jacques Clément et les solistes invités cette année-là par l'Orchestre symphonique régional: le pianiste Anton Kuerti et le baryton Jean-François Lapointe.

Certains ont ralenti un peu leurs activités, comme Claude Dubois et Pierre Légaré. La comédie musicale Pied de Poule a été revisitée par Serge Denoncourt en 2003, et ses interprètes chantent encore, pour la plupart.

Je ne sais pas ce que sont devenus Marc Drouin, Geneviève Paris, Claudine Côté...

Quant à Réjean Ducharme, il me semble voir entendu dire qu'il avait volontairement renoncé à écrire.

À ma connaissance, aucun de ces artistes n'est mort...

Vive la culture!

05/05/2010

André Laplante et le quatuor Alcan: l'intensité Brahms

quatuorAlcanImg.jpgSoirée formidable mardi à la salle Pierrette-Gaudreault: le Quatuor Alcan offrait trois oeuvres pour le dernier concert de la saison de l'orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et un invité de marque pour jouer avec lui la dernière oeuvre de ce dernier programme: le pianiste André Laplante (je vous envoie à un site en français, car son "official website" est uniquement en anglais... dommage!).
C'était plein ou presque: environ 230 personnes (les sièges de la partie avant n'étaient pas disponibles). Les mélomanes de la région ont reconnu un grand nom et s'y sont précipités, mais ils devraient courir aussi vite pourr assister aux concerts donnés par le quatuor Alcan seul.
Je me suis surprise à vibrer en écoutant Dmitri Chostakovitch, qui n'est pourtant pas trop dans ma palette de compositeurs. Le quatuor a livré une interprétation remarquable, fougueuse et sensible, de son quatuor no 3, composé en 1946. L'oeuvre évoque la guerre, a pris la peine d'expliquer David Ellis avant de la jouer: cela m'a aidée à comprendre et permis de saisir que les pizzicati marquaient le passage au dernier mouvement même s'il n'y avait pas eu de silence après le quatrième. J'ai adoré ça.AndrePiano.jpg
Il y a eu le Haydn, au début, le no 5 de l'opus 76 qui, dit-on, marque un sommet dans l'art du quatuor. J'ai aimé, mais je trouve cette musique un peu trop claire, trop facile. Je préfère les quatuors de Mozart et surtout de Beethoven. Mais tout de même, c'était très beau, surtout le dernier mouvement.
La pièce de résistance, c'était le quintette pour piano et cordes de Johannes Brahms, qui occupait toute la deuxième partie.

(Sur youtube ici, le troisième mouvement avec Pinchas Zukerman, Ida Kavafian, Gary Hoffman, Paul Neubauer et le pianiste David Golub, décédé en 2000, quelque temps après cette performance)

Grand musicien au sommet de son art, André Laplante se montre totalement habité par la musique tout s'exécutant avec un minimum d'effets visuels et théâtraux. Calme et serein, il regarde ses collègues avec une sorte de tendre complicité pour synchroniser les départs et arrêts, se montre très gentil avec sa tourneuse de pages qui a beaucoup d'ouvrage, car l'oeuvre dense et riche, comporte "beaucoup de notes" mais pas trop... (l’empereur Joseph II aurait dit après avoir entendu L’Enlèvement au sérail : « Trop de notes mon cher Mozart, trop de notes ! »)
johbrahms.jpgTout le monde je crois était conscient d'entendre de la grande musique et de vivre des moments exceptionnels. Des pages et des pages de passages sublimes (une belle description de l'oeuvre ici ), un défi technique pour le pianiste et les musiciens qui l'ont totalement assumé sans oublier l'essentiel: le coeur et l'âme. Bref un chef-d'oeuvre. On ne pouvait qu'écouter et se laisser emporter.
En rappel les musiciens ont rejoué un passage du quintette (3e mouvement je crois) car c'était impensable de proposer une autre oeuvre qui nous aurait sortis de ce que nous venions d'entendre.

Notes:

- Laplante et le quatuor Alcan vont jouer ce même quintette de Brahms demain (jeudi 6 mai) à l'église Unie St-James au concert d'ouverture du Festival de musique de chambre de Montréal.

- Nous sommes donc très chanceux d'avoir pu entendre cette même oeuvre ici à Saguenay, et pour un prix ridicule.

- Je trouve qu'André Laplante ressemble à Richard Desjardins, ou l'inverse. Ce sont deux grands artistes, chacun à sa manière.

- Dans son mot de bienvenue le directeur de l'Orchestre, Jocelyn Robert, a fait référence à l'espoir d'une nouvelle salle à Saguenay, des propos qui ont été chaleureusement applaudis.

- Je regrette toujours de ne trouver, sur le petit programme accompagnant les concerts de l'Orchestre du SLSJ, aucun mot sur les oeuvres jouées. Il suffit de quelques lignes parfois pour rendre une oeuvre plus accessible, pour nous préparer à l'écoute et en améliorer la qualité et l'agrément. Si on veut faire oeuvre utile, former un nouveau public en aidant les néophytes et les jeunes à comprendre ce qu'ils entendent, c'est essentiel, il me semble. Et pour les habitués, c'est une délicate attention qui fait toujours plaisir.

02/05/2010

Armida: charme et trémolos

duoFleming,jpg.jpgArmida: un autre plaisir d'opéra. Un peu moins de monde que d'habitude, samedi après-midi au cinéma Jonquière pour la projection en direct du Metropolitan Opera, peut-être le beau temps a-t-il fait concurrence à l'opéra, mais personnellement j'ai passé des heures délicieuses.
Je ne connaissais pas cette oeuvre de Rossini, assez rarement jouée, c'est la première fois qu'elle est montée au Met.

La magnifique et toujours belle Renée Fleming aborde ce rôle périlleux avec grâce et assurance, ornementant son bel canto avec une virtuosité éblouissante.

Elle est entourée de cinq ténors, notamment du  bien nommé Lawrence Brownlee (que l'on verrait mieux dans le camp des maures que dans celui des chrétiens... mais enfin), qui joue Rinaldo, celui qu'elle ensorcelle et qui finalement la quitte. Belle voix également du ténor Barry Banks, dans ses deux rôles.

Cette incessante cascade d'exploits vocaux et de mélodies sublimes produit sur moi le même effet que le chocolat:  délicieux mais tellement riche que j'avais parfois un sentiment de satiété... et ça continuait quand même... Du bel canto pur sucre.
La magicienne Armida entraîne Rinaldo, le chef nouvellement élu des croisés dans un palais enchanteur et le tient sous son charme grâce à sa sorcellerie. Un sujet classique, pourrait-on dire. Et comme Ulysse et bien d'autres, Rinaldo finit par quitter celle qu'il aime pourtant pour vaquer à ses occupations d'homme: combat, guerre, le travail quoi!

Un ballet fabuleux au deuxième acte. Chapeau à la chorégraphe Graciela Daniele et aux danseurs et danseuses.

fleursArmida.jpg

 

Décors assez ordinaires, costumes couci-couça: certains, comme ceux des démons à la manière de Cats, frisent le ridicule. D'ailleurs la wagnérienne Debora Voigt qui remplaçait Renée Fleming (occupée ailleurs!) à l'animation, interviewant le chef de ces démons, n'a pu s'empêcher de dire qu'il portait le plus bizarre (weirdest -et je crois qu'elle voulait dire le plus laid-) costume jamais vu à l'opéra.

Mise en scène un peu confuse de Mary Zimmerman, qui on dirait, ne sait pas trop sur quel pied danser. Toute l'histoire est présentée sur un mode légèrement ironique, accentué par le sourire narquois qui ne quitte presque pas le visage de Mme Fleming. Pas de véritable émotion, donc, comme si tout ça n'était pas sérieux.

Mais comment pourrait-on être dans le drame quand les chanteurs virtuoses s'affrontent en duel -ou plutôt en duo- à coups d'ornements, fioritures, vocalises, arpèges, trilles, roulades et autres trémolos, tous plus étourdissants les uns que les autres?
On savoure, voilà, on savoure la musique, le temps passe vite, on en sort joyeux.
Les critiques ont été plutôt sévères envers cette production (ils ont même attaqué la prestation de Renée Fleming), mais comme vous le savez certainement, il ne faut jamais croire les critiques...

Cliquez ici pour lire l'opinion (très crédible celle-là!) de Jack.