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26/05/2009

Vicky Côté: rage contrôlée

ragepetit2.jpgLe titre: Rage (tu et moi)
La créatrice: Vicky Côté

Ce que c’est: une performance qui tient à la fois de la danse contemporaine et du théâtre. Seule en scène, une jeune femme exprime, par des gestes et des expressions du visage, une gamme d’émotions: peur, rage, inquiétude, certitude, joie, déception, amour, haine.
Les quelque 50 sièges disponibles dans la petite salle Murdock étaient presque tous occupés, en ce dimanche de dernière représentation (24 mai).
Création intéressante, intense.
Scénographie originale, qui fait intervenir le plastique à bulles habituellement utilisé pour l'emballage. Le tapis, les murs, les personnages et les vêtements de la danseuse sont faits de cette matière. Une matière que l’on voit et entend, quand les bulles éclatent avec un petit bruit sec sous les pieds de la danseuse, et quand la friction des surfaces de plastique produit des sons étranges, inquiétants.
Ingénieusement combinés, le corps, le mouvement, les accessoires et la trame sonore  expriment un mal de vivre, issu, semble-t-il, d'une aspiration -sans cesse déçue- au rapprochement affectif, social, amoureux. Préalable essentiel à ce rapprochement: la conformité avec une image, ou avec ce que les autres attendent du personnage.

Lequel, pour se conformer à ces attentes,  essaie de se transformer, par exemple en  s’enveloppant d’un ruban adhésif qui évoque les bandelettes d’une momie (ou les excès de la chirurgie esthétique) pour comprimer son corps, dissimuler des bourrelets plus imaginaires que réels, car elle possède un corps puissant, solide, bien musclé, qui vibre et vit sous nos yeux.

On la voit ensuite, au fil d’un scénario impressionniste plutôt que rigoureux, ébaucher, avec des mannequins représentant divers types d’hommes, des relations qui semblent impossibles ou délétères, et alors les frapper, leur imposer des gestes obscènes, les tuer, et ensuite s’en prendre à elle-même. La rage, donc, celle de l’impuissance, celle de la déception, celle de l’incompréhension.
Le spectacle est professionnel, de grande qualité (peut-être un peu redondant malgré sa brièveté). Les mouvements saccadés, les gestes excessifs, font appel à la grammaire de la danse contemporaine, tout en constituant une sorte de pièce de théâtre. La proximité du public avec l'artiste et l'intensité de celle-ci créent un malaise (ce qui a incité quelques spectateurs à rire alors qu’il n’y avait rien de drôle): remise en question voulue, audacieuse.
Je regrette seulement que la fin du spectacle se présente comme une copie conforme du début, suggérant que tout cela tourne en rond, sans aucune possibilité d’espoir, de rédemption. Propos sombre, donc, mais légitime malgré tout. La vie peut être comme ça.
En présentant à 12 reprises ce spectacle solo, Vicky Côté a relevé un beau défi. Faisant preuve de beaucoup de cran et de talent, elle montre qu’une petite équipe disposant de peu de moyens peut arriver à un résultat impressionnant, pour peu que la motivation, les connaissances et la maîtrise technique soient au rendez-vous.
Voici quelques liens, si vous souhaitez en savoir plus sur l’artiste et le spectacle:

Entrevue Voir
Critique de Jean-François Caron (à qui j’emprunte la photo) dans Voir
Critique de Dario Larouche

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