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27/04/2009

La Ribouldingue à l'UQAC

novarina.jpgJeudi dernier, j’ai été voir L’Opérette imaginaire, présentée par les étudiants du cours Production théâtrale de l’Université du Québec à Chicoutimi. Un exercice à haute teneur de risque, mettant à contribution une trentaine d’étudiants qui se font acteurs, chanteurs, mimes, clowns, acrobates, manipulateurs d’objets. Une proposition déstabilisante, un texte écrit en 1998 par Valère Novarina (photo ci-contre),  un auteur français dont je n’avais jamais entendu parler (le lien conduit à un site fort bien fait et vraiment très complet). Sous la direction du professeur Jean-Paul Quéinnec (l'autre photo).
Texte dense, éclaté, difficile à suivre par moments. Dans la lignée de Beckett, Ionesco, Alfred Jarry. Quelque chose qui nous sort de la routine et qui fait réfléchir.
Un petit extrait:

Les oursements blonds des bernardines à action ne font maintenant plus aucun bruit.

On arrive à en décoder une partie, mais pour le reste, il faut se laisser porter et emporter, ce qui est fort agréable finalement. operLivre.gifBeaucoup d’humour, à la fois dans le propos et dans la mise en scène, qui occupe tout l’espace visuel et sonore: ça bouge tout le temps, ça parle tout le temps.
Surréalisme, délire, absurde, jeux avec la langue, comme cette hallucinante énumération de chiffres, ou cette longue parodie d’un roman qui met en lumière l’absurdité de la narration avec incises, tout en mettant à rude épreuve la capacité de mémorisation des comédiens, qui s’en tirent sans un accroc.
La scénographie pullule d’objets hétéroclites, chariots et véhicules divers, animaux empaillqueinnecjean-paul.gifés, vêtements, cordes, bâtons, textes inscrits sur divers supports, qui s’entremêlent avec le ballet des comédiens, véritables saltimbanques évoluant sur le plancher instable et mouvant de ce cirque ambulant. Baroque, criard, éclaté, celui-ci a cependant quelque chose à nous dire. Tout un défi pour ces étudiants à l’aube d’une carrière en théâtre: plutôt bien relevé, ce défi, si on excepte quelques petits problèmes de diction, surtout en première partie.
Tout cela semble avoir peu de lien avec L’Opérette du titre, sauf à lire un texte théorique comme celui-ci (je ne sais pas s’il est de l’auteur ou d’un analyste de son oeuvre):

 

Qu'est ce qu'une opérette ? C'est un diminutif. Une forme plus courte, d'où tout gras théâtral est enlevé, un drame si concentré qu'il se dépouille du sentiment humain. L'opérette s'obtient par érosion : demeurent les restes durs, les arêtes rythmiques, la structure, les émouvants restes humains. Dans l'opérette, l'homme émeut par absence : On reconnaîtra les ossements humains à ce qu'il portait des yeux.
C'est une forme acérée, un théâtre acide et en relief : une eau-forte. La pâte théâtrale a disparu : reste le trait, l'élan, la gravure. Par projections, sauts projetés, par passage d'un plan à l'autre, par pointillés, par découpes, le théâtre vient ici se débarrasser du tendre, de la plainte, du partage ému. L'opérette : ossature et forme cruelle du théâtre.


Une proposition audacieuse qui m’a bien plu.  Rodrigue Villeneuve, qui a présidé pendant de nombreuses années à ces productions, dont certaines tout à fait mémorables, était présent à la représentation de jeudi. Tout comme il l’a fait, son successeur semble mener la barque avec enthousiasme et compétence.

 

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