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29/06/2008

Paris Trash

logoParisM.jpg

Confondant la ville de Québec et le Québec, le magazine français Paris Match publie un numéro spécial sur les 400 ans du Québec plutôt que sur le 400e anniversaire de la fondation de Québec.
Et pour Paris Match, manifestement, le Québec, c’est Montréal. Et les vedettes québécoises, ce sont celles qui sont connues en France, comme Garou, qui apparaît en page couverture du numéro, avec sa conjointe Lorie.
Choisir Garou pour illustrer les 400 ans de Québec, serait-ce même du Québec, il faut le faire!

Voyez l’article de Julie Lemieux, dans le Soleil, particulièrement le passage suivant:

 Le résultat laisse tout de même pantois: Paris Match consacre ses pages sur le «400e du Québec» à HEC, à l’Université McGill, aux restos branchés de Montréal suggérés par des vedettes montréalaises, à une entrevue avec le premier ministre Jean Charest, à une exposition du Musée des beaux-arts de Montréal, à un portrait de la gouverneure générale Michaëlle Jean et à des gens connus comme Garou ou Gilbert Rozon qui font carrière en France. On peut même y voir une photo de Stéphane Rousseau et de Corneille devant la statue de Paul de Chomedey de Maisonneuve, le fondateur de... Montréal. Et on parle de Pascale Picard en disant qu’elle est née AU Québec.

 

Conclusions possibles (les miennes):
1 - Il n’y a pas de journalistes à Paris-Match. S’il y en avait, ils se seraient informés correctement et auraient écrit des articles pertinents, même orientés sur les stars, cela aurait pu se faire.
2 - Cette obsession pour la vedette, la star, tout ce qui est people comme ils disent, a quelque chose de sidérant. (Dans ce numéro spécial sur le Québec, ils n’oublient surtout pas de parler du couple présidentiel Bruni-Sarkozy, un sujet inépuisable semble-t-il)
3 - Constatant son erreur, celle de confondre le Québec et Québec, la  rédaction de PM a promis de publier sous peu un autre numéro spécial, bien ciblé cette fois, et  d’envoyer quelqu’un couvrir les festivités du 400e.
Autrement dit:
4 - Ils n’avaient envoyé personne ni au Québec, ni à Québec en vue de pondre leur numéro spécial et ils n’avaient pas l’intention de le faire.
5 - Que ce magazine soit aussi lu de par le monde et fasse autant d’argent, avec des photos de vedettes, ça me dépasse!!!
6 - Vaut mieux en rire.
7 - Paris-Cash, ton jupon dépasse!!

26/06/2008

Attention: travaux!

garsTrav.JPGRien de pire que les travaux de rénovation: ces jours-ci, nous faisons changer plusieurs fenêtres à notre maison. Des travaux de ce genre, ça dérange notre petite vie, notre routine, on doit nous-même travailler, faire du ménage, prendre des décisions, ramasser derrière, s'attendre à quelques dégâts collatéraux. Impossible de se concentrer pour écrire ou même pour lire: l'impression d'avoir l'esprit complètement vidé par tout ça.
Le jour où les ouvriers ont commencé le travail, nous avions un souper de famille, fort agréable par ailleurs, mais quand même, tout arrive en même temps.
Alors voilà, je n'en écris pas plus long, je suis épuisée et mon lit m'appelle. Peut-être que d'ici quelques jours, si j'en ai le courage, je vous présenterai d'autres photos de ces travaux.
Ou sinon je me contenterai de citer, comme explication et résultat de cette mise en chantier, ce magnifique vers de Baudelaire:
Je ne vois qu'infini par toutes les fenêtres

24/06/2008

Fête nationale

drapQueb.jpg

Aujourd’hui, 24 juin, Fête nationale du Québec et des Québécois.
À Montréal il y a deux semaines, j’ai visité l’exposition France, Nouvelle-France, Naissance d'un peuple français en Amérique, G_FranceNF01.jpgau très beau Musée Pointe-à-Callière.
La visite a rehaussé ma fierté, celle de faire partie de ce peuple.
Comme les autres histoires de pays et de peuples, celle du Québec ses bons côtés et ses moins bons (notamment les tentatives d’assimilation des Amérindiens et l’exécution d’un certain nombre d’innocents à l’issue de procès criminels bâclés) mais elle est unique, riche, elle est le fait d’hommes et de femmes qui ont trimé dur, pleins d’espoir.

Résultat :  nous sommes là, toujours là.
Toujours menacés, mais toujours là.
Et nous parlons toujours français.


D’autres peuples nous envient, nous en envions certains qui ont obtenu leur indépendance, mais quand même, toutes ces racines, tous ces ancêtres qui ont lutté contre les intempéries, la maladie, les incendies, (dommage qu’ils n’aient pas eu la même énergie pour s’opposer aux diktats de l’Église catholique, mais ils se sont bien rattrapés à partir des années 60) toutes ces tendances, ces mouvements sociaux, culturels, chacune des vies qui ont déroulé leur fil sur ce territoire,  ces progrès et ces reculs, j’en suis le résultat, comme tous ceux qui m’entourent.
Et j’en suis fière, comme on est fier de ce qu’on est, sans arrogance mais avec une assurance tranquille. Et  sans rien renier ni cacher de ce qui s’est passé.
Tellement fière que je puis me permettre d’inviter ici des gens qui viennent d'ailleurs, de les accueillir et de vivre en harmonie avec eux. S’ils viennent ici, c’est bien qu’ils voient dans le Québec une terre d’accueil où planter leur futur. Ils devront parfois confronter la réalité à l’image mythique qu’il s’en étaient forgée, mais finalement, ils peuvent s'installer, apporter avec eux leurs souvenirs, leurs blessures, leurs croyances, et vivre en paix entourés des leurs.
Et si je puis les accueillir, c’est que leur venue ne m’enlève rien, bien au contraire: je demeure ce que je suis, et je m’enrichis de ce qu’ils sont.
Je vais continuer à parler français, et les convaincre, autant que je le peux, d’en faire autant.
Vous direz que je suis naïve, que je rêve en couleur et que je verse dans la sentimentalité.
Peut-être...
... et je m’en fous complètement!

Bonne fête à tous les Québécois, anciens, nouveaux et futurs.
Festoyons tous ensemble.
Et n’oublions pas d’aller voir cette belle exposition de Pointe-à-Callière.
Pour ceux qui ne peuvent pas aller à Montréal, il y a aussi le site Nouvelle-France, à Saint-Félix d’Otis, axé sur la mise en scène de l’histoire, tout aussi digne d’intérêt et passionnant à visiter.

Lire aussi les plus beaux témoignages envoyés par des gens de tous horizons au chroniqueur Patrick Lagacé de La Presse sous le titre J'aime le Québec parce que... ou lire les 209 commentaires envoyés sur son blogue ici.

22/06/2008

... à l'autre

faceLJose.jpgDimanche soir 15 juin, gros  contraste avec la soirée précédente (celle du courageux Discoursus politicus): le show de Louis-José Houde au Centre Bell, plein à craquer. Décor, sono sophistiquée, écrans géants qui permettent de voir la face à Louis-José.
J’aime bien Louis-José, je trouve son humour intelligent, il jette un regard faussement naïf sur le monde qui l’entoure, il a le sens de l’observation, c’est aussi un bon comédien et un fin conteur qui mélange détails prosaïques et brins de folie imagée.
Comme un adolescent attardé qui aurait oublié de prendre son Ritalin, trépidant, bougeant sans arrêt, déployant une énergie apparemment sans limite et une voix qui grimpe dans l’aigu comme s’il en perdait le contrôle, Louis-José offre ses observations sur la vie, les choses qui lui pètent entre les mains, il raconte les vacances en famille, l’avortement de sa blonde, un sujet grave qui pourtant passe très bien, mais sans vraiment faire rire. Très proche encore de son enfance qui fut manifestement heureuse (voir une bonne interview réalisée par Nathalie Petrowski), il revisite ses souvenirs, parle avec affection de sa mère et de son père.
Dimanche, jours de la fête des pères, Louis-José est descendu dans la salle après son spectacle pour présenter son père à la foule.
J'ajoute ici une photo que j'ai prise moi-même lors du spectacle, assez pourrie, mais c'est la mienne.lsJosAmeliore.jpg
Si vous voulez un bon exemple de son humour, allez voir sur son blogue, les légendes qu’il a placées sous les photos de ses tournées. En particulier, pour les gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean,  SLSJ, si vous cliquez sur les photos d’Alma, la légende sous la photo numéro 12 est hilarante, vous allez la comprendre si vous êtes déjà allé à l’auditorium d’Alma.
Louis-José offre aussi un solo de batterie assez convaincant en début de deuxième partie. Oublions la  première partie -heureusement très brève -  de Philippe Bond, qui lui n’est pas très convaincant.
J’ai décidé d’aller voir ce spectacle à la toute dernière minute, il restait de bons billets,  j’étais très proche de la scène, j’ai bien ri, bref, une excellente soirée.

20/06/2008

D'un extrême...

discoursus.jpgDeux expériences aux antipodes l’une de l’autre, vécues en deux jours à Montréal: samedi soir, chaleur étouffante, je finis de manger au restaurant avec mon fils et un ami qui doivent se rendre à une soirée de “magic”. Il n’y aura personne ce soir chez mon fils, alors qu’est-ce que je fais?

Il est 19h50, je sais qu’il y a un spectacle qui m’intéresse à 20h à l’École Nationale de théâtre. Je me précipite au métro, trois-quatre stations,  je descends à Laurier et cours littéralement vers l’ENT tout près de là. J’arrive à 20h07,  confuse, essoufflée et craignant d’être refusée à la porte. Très gentil, le gardien me fait entrer en me disant de payer à l’entracte.
Dans la belle salle lambrissée de bois, la chaleur est suffocante. Exactement 18 des quelque 40 sièges disponibles sont occupés. Pour la dernière des représentations de Discoursus politicus, un spectacle présenté par la troupe Le Vaisseau d'or. C’est un collage, un montage de morceaux de discours qui ont été réellement prononcés par des hommes et des femmes politiques de divers pays et de diverses tendances : Jean Charest, Sarkozy, Kennedy, Clinton, Gandhi ou d’obscurs représentants de diverses tendances.

Un long fleuve...

Les discours sont découpés et organisés en thèmes, sortes d’actes ponctués par les coups de fouet d’un animateur-maître de piste : la colère, le mensonge, la haine. Les comédiens et comédiennes, en répétant les discours, imitent légèrement ou de façon appuyée les attitudes, les traits physiques et les tics de de ceux et celles qui les ont prononcés. René Lévesque par exemple, ou André Boisclair. Celle qui incarne Benazir Bhuto est hallucinante de vérité. Pour plus de détails sur cette production, voir l’article sur montheatre.qc.
Tous ces discours sont comme un fleuve dans lequel on pourrait se noyer :  à quoi ont-ils servi? Images, camouflage, dérives: la structure de la pièce met cela en évidence et fait ressortir le motif électoral sous-jacent à la plupart de ces envolées oratoires.
Par vraiment du théâtre, plutôt un exercice de style, intelligemment construit et présenté, qui aura fait réfléchir les quelques spectateurs assez fous pour aller s’enfermer dans cette salle par une soirée torride.

Pour l'autre expérience, revenez sur ce blogue dans quelques jours...

17/06/2008

Offrande musicale

pochetteJF.jpgMatériel abondant

J’ai tellement fait, vu et entendu de choses récemment que... je n’ai pas eu le temps d’écrire, et tout cela se bouscule dans ma tête au moment d’en parler ici. Alors ne paniquons pas et procédons par ordre. Je compte parler d’ici quelques semaines de restaurants à Montréal, d’expositions à Montréal et à Chicoutimi, de livres un peu partout, et de spectacles vus à Montréal au cours de la dernière semaine.
Les expositions sont pour la plupart actuellement en cours, et j’imagine que les restos vont rester là un bout de temps eux aussi, je commence donc par les spectacles, qui sont déjà choses du passé.
Jean-François Lapointe (ci-contre, la pochette du disque Chausson-Duparc qu'il a enregistré avec Analekta) a offert à Montréal l’un des rares récitals qu’il puisse donner, compte tenu des exigences de sa carrière à l’opéra. (Musicien polyvalent, il assume en outre la direction musicale de l'opérette La Belle Hélène, de Jacques Offenbach, qui sera présentée à Rimouski les 27, 28 et 29 juin prochains).

Invité par la Société musicale André-Turp pour son dernier concert de la saison, le baryton a proposé un programme en deux parties contrastées.

Mélodie française

Grand spécialiste de la mélodie française, possédant l’art et la science de la scène, il sait comment insuffler un supplément de vie à chaque pièce, grave ou joyeuse, par une expression du visage, un geste de la main, quelques pas, un sourire, en jouant avec maîtrise de sa voix au timbre très typé.
L’auditorium  de la Grande Bibliothèque, à Montréal, était l’écrin idéal pour ce petit bijou de concert qu’il a offert avec l’excellente pianiste Louise-Andrée Baril, une complice de longue date avec laquelle il dialogue du début à la fin. Le critique de La Presse Claude Gingras a fait l'éloge de l'artiste et de son récital.
Verlaine.jpg En première partie, les Chansons grises, poèmes de Verlaine (à gauche, un portrait du poète peint par Frédéric Bazille) mis en musique par Reynaldo Hahn: les images sombres (automne, sanglots longs, vent mauvais, feuille morte) alternent avec des évocations de l’amour idéalisé (ciel divin, sens extasiés, vaste et tendre apaisement, heure exquise), dans ce cycle comme dans les quatre mélodies de Duparc (sur des textes d’autres poètes) qui suivent.

Souffle et nuances
La mélodie de l’un et de l’autre se marie aux nuances du texte, respire au rythme du sens, accueille volontiers les silences, alterne le fort et l’à peine audible. Le baryton saguenéen (ou jeannois, puisqu’il est natif d’Hébertville au Lac-Saint-Jean), manie le souffle, le cri, le murmure, les syllabes qui meurent et celles qui éclatent, son phrasé  épouse parfaitement les méandres de ces chants d’amour, de désespoir, de feuilles vert tendre: comme une offrande, la beauté.
Paillardises
La deuxième partie du récital se présente comme la vision inversée, l’autre versant du même sujet: l’amour. Au romantisme exacerbé succèdent des propos égrillards et joyeux, d’abord avec les Chansons gaillardes de Francis Poulenc (sur des textes anonymes du 17e siècle), où il est question de maîtresse volage, de pucelle et de chandelle, de fille sans tétons, de couplets bachiques et autres badineries : autant de  propos politiquement incorrects et de musique vive servis avec la légèreté coquine et l’agilité vocale qui conviennent.
Continuant à déployer un véritable talent de fantaisiste, le chanteur offre en conclusion la Fantaisie dans tous les tons de Lionel Daunais, qu’il a chantée à Alma il y a quelques années. Virtuosité du verbe et de la voix (sans oublier celle du clavier!) sont au rendez-vous pour rendre la couleur et le style de chaque courte pièce:  jazz, chanson française, mélopée, madrigal. Le baryton sourit à la fin de chacune, confirmant la belle complicité qu’il a su établir avec son public.petNavire.jpg

En rappel, Jean-François Lapointe interprète La légende du petit navire, d’Edmond Missa, une version absolument fabuleuse de la chanson traditionnelle Il était un petit navire, qui se termine sur la dernière syllabe, chantée très haut, du mot

paradis!!!

 

12/06/2008

Grande Butterfly

butterflScen.jpg

Bref et intense séjour à Montréal en fin de semaine dernière. Incroyable le nombre de choses qu’on peut faire en un si court laps de temps à “l’étranger”, par comparaison avec nos activités en temps normal, à la maison.
En premier lieu, but principal de ce voyage, Madama Butterfly, à l’Opéra de Montréal. Probablement la meilleure production que j’aie vue dans cette salle (même si j’ai un bon souvenir de Jenufa,  Ariane à Naxos et La Veuve joyeuse). J’ai déjà vu cette oeuvre à Québec et à Montréal, mais cette production est exceptionnelle, notamment grâce à l’interprète principale. Ce n’est pas tous les jours qu’on a une Butterfly chantée par une interprète japonaise. Mais son origine n’est pas - loin de là - la seule qualité de Hiromi Omura, une soprano extraordinaire, qui assume totalement la culture opératique européenne, mais qui sait aussi mettre subtilement en valeur son héritage ancestral, ce qui confère du poids et de la valeur à sa prestation.
C’était la dernière représentation samedi soir (7 juin) à Wilfrid-Pelletier, et l’ovation finale à son endroit a duré une bonne quinzaine de minutes.
Par ailleurs: très belle mise en scène, totalement respectueuse de l’oeuvre, non seulement une tragédie de l’amour, mais aussi une dure critique envers les colonisateurs américains, et, plus largement, envers la pratique même du colonialisme. Butterfly est totalement dominée par un Pinkerton inconscient de ce qu’il fait, du drame qu’il provoque en l’épousant puis en la quittant. La marier est un jeu qu’il regrettera peut-être plus tard, mais néanmoins, il considère que sa véritable épouse, c’est l’Américaine. Et il se croit en droit de venir réclamer son fils  à Butterfly.
Curieux effet: quand Hiromi Omura et Richard Troxell, qui incarnent Butterfly et Pinkerton, s’embrassent après la représentation sous les applaudissements de la foule, une idée vient spontanément à tous les spectateurs: c’est trop tard! Genre il aurait dû faire cela avant, pendant l’opéra, pour éviter la fin terrible de Cio-Cio-San. Très bizarre cette collision entre l’imaginaire et le réel.

Comme décor (très peu visible sur la photo ci-haut, que j’ai prise moi-même), un grand plancher de bois laqué, posé sur une eau dont le fond est bleu, forme une croix dont les bras se perdent dans les ouvertures des murs,  panneaux de tissu et de bois qui s’ouvrent se ferment, s’éclairent ou s’assombrissent, simulant une infinité de portes, utilisées ou non par les chanteurs. Merveilleux jeux de lumière qui découpent les visages et allument le ciel, les étoiles, la lune, les fleurs. Les serviteurs: personnages insolites et quasi transparents, au visage à demi couvert d’un bandage, comme des être brisés en cours de réparation...  Tons de rouge et subtil geste prémonitoire quand elle mime la façon dont on épingle les papillons.
Sans oublier l’excellente direction musicale de Yannick Nézet-Séguin, parfaitement à l’aise avec la scène comme avec la fosse, dans laquelle son Orchestre Métropolitain sonne fort bien.

Bref, une réussite totale.