Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/02/2007

Capote

medium_TrumCapote.jpegC'est du film que je parle, pas de la chose en latex! J'ai beaucoup aimé ce film de Bennett Miller, parce qu'il est totalement hors normes: une tranche de vie dans la vie d'un écrivain, Truman Capote, lui-même un être bizarre, efféminé à la voix haut perchée, qui a basculé dans l'alcoolisme et la dépression après avoir écrit son livre In cold blood (De sang-froid). La prestation du comédien Philip Seymour Hoffman est absolument époustouflante, il a bien mérité son Oscar. Il est vraiment devenu Capote, et il nous fait comprendre le trouble, l'obsession de celui-ci pour Perry Smith, l'un des deux hommes qui, en 1959, ont froidement assassiné une famille de quatre personnes dans une maison isolée du Kansas.
La film a pour moi une saveur particulière, car j'ai lu De sang froid, publié en 1966, quand j'avais environ 20 ans. Sorte de roman-vérité, une description nette, précise et froide de tous les gestes posés par les meurtriers et leurs victimes, le livre est devenu un best-seller mondial et a valu à Truman Capote une incroyable célébrité.
Mon père avait acheté ce roman, en anglais si je me souviens bien, et toute la famille l'a lu. C'était troublant et fascinant, le genre de chose qu'on n'oublie pas. En même temps, cela demeure un objet étrange, un récit brut, chirurgical, dont on ne peut tirer ni message, ni émotion.
Le film m'intéressait donc pour cette raison, et il ne m'a pas déçue. Il m'a fait découvrir des éléments que j'ignorais totalement, entre autres la façon dont Truman Capote a été mis en contact avec cette histoire et l'impact terrible qu'elle a eu sur sa vie d'homme et d'écrivain.

19/02/2007

Heureux hasards

medium_curzi.jpegJ'étais contente que Bon cop, bad cop ne rafle presque rien hier à la soirée des Jutra. J'ai aimé le bel hommage à Pierre Curzi (photo) et son discours, plein d'émotion et certainement très sincère, celui d'un homme de haute stature et digne de respect et d'admiration. Ceci dit, la soirée était ordinaire, les numéros sans grand rapport avec le sujet, la parodie de Roméo et Juliette avec Marc Labrèche imitant Jeanne Moreau était amusante, mais enfin c'était plutôt sage. Et puis un peu déséquilibré, comme d'habitude, alors que Congorama a tout raflé, ou presque, laissant dans l'ombre des films qui auraient mérité quelque chose, par exemple le prix du meilleur acteur aurait dû aller à Luc Picard dans Un dimanche à Kigali.
Hasard: le prix du court métrage accordé à Guy Edoin pour le film Les Eaux mortes. Or il se trouve que j'ai vu ce film dimanche dernier (11 février), alors que j'assistais à une projection à Chicoutimi dans le cadre de l'événement Regard sur le court métrage au Saguenay. Excellent film, très émouvant, mettant en scène un vieux couple incarné par Gabriel Gascon et Monique Miller. Un regard plein d'amour sur la vieillesse et la mort.
Il y a quelques jours, aux prix Génie, où là Bon cop... a vraiment triomphé, pour notre plus grande honte, car c'est un navet, sympathique, mais un navet tout de même, le prix du meilleur court métrage est allé à Maxime Giroux, pour Le rouge au sol: or, il se trouve que j'ai aussi vu ce film lors de la séance du festival Regard... à laquelle j'ai assisté dimanche dernier à l'auditorium Dufour. Excellent, lui aussi, dans un registe différent, qui montre un homme véritablement paumé.
Et puis hier après-midi (18 février) j'ai été voir du tennis: la finale du tournoi Challenger BN, au club Saguenay Arvida. Un endroit que j'ai beaucoup fréquenté dans mon adolescence et ma jeunesse (pour le ski, le golf, les marches en forêt), et où je n'avais pas mis les pieds depuis nombre d'années. Un beau match entre deux Allemandes de 17 et 19 ans, très bonnes joueuses. La plus jeune et la plus spectaculaire, Sabine Lisicki, s'est inclinée en deux manches contre la solide Angelique Kerber.
Une heure de pur bonheur pour moi.

13/02/2007

Ma fille ... je n'en peux plus!

Je n'ai pas encore vu le film Ma fille, mon ange, peut-être qu'il est très bon, mais au moment d'écrire ces lignes, je suis sûre d'une chose: je n'ai pas envie d'aller le voir. Pour cause de matraquage éhonté. Karine Vanasse et Michel Côté, qui jouent un père et une fille dans le film, sont sur toutes les tribunes. Ils expliquent que dans le film, le père, en surfant sur Internet, découvre que sa fille tourne dans des films pornos. Et qu'il en est bouleversé.
Alors, que reste-t-il à découvrir pour l'éventuel spectateur du film? Il sait déjà tout, ou presque.
Michel Côté, Karine Vanasse et les autres sont d'excellents comédiens, mais ils sont nuls dans le rôle de vendeurs itinérants pour film québécois à gros budget.
Comment peut-on dire autant de choses, couvrir des pages entières de photos et d'interviews, prendre d'assaut les ondes avec les mêmes propos répétés dix mille fois, tout en demandant aux journalistes-interviewers de ne pas émettre leurs commentaires, leur vrai jugement, leur critique, avant une certaine date? Ça me déprime et ça me dépasse.
Peut-être d'autant plus que j'ai moi-même joué à ce jeu médiatique pendant plusieurs années. Si je puis en parler de cette façon, c'est que j'en suis sortie...

10/02/2007

En feu!

medium_incendAffich.jpegJe suis encore sous le choc du magnifique Incendies, de Wajdi Mouawad, que j'ai vu hier soir (vendredi 9 février) à l'auditorium Dufour. Du théâtre vrai, profond, actuel, une mise en scène (signée Wajdi) redoutable d'efficacité sur une scénographie où chatoient les couleurs du sang, de la colère, de l'apaisement. La primauté d'un texte riche, limpide, percutant, teinté de quelques rares notes d'humour, est assurée par tous les éléments de la pièce: décors, trame sonore, déplacements, accessoires, éclairages. Et quel texte! En authentique dramaturge, Mouawad puise à des sources très diverses: sa culture libanaise, les grandes tragédies grecques, Shakespeare. Sa pièce concerne l'identité, la haine, la violence, la guerre, l'amour. Des personnages en quête d'eux-mêmes et du monde, aux prises avec des émotions intenses provoquées par le choc d'événements et de rencontres dramatiques, sont incarnés par des comédiens sublimes qui, comme on le sait, on participé à l'élaboration de la pièce. Et ils sont tous de retour dans cette reprise assurée par le TNM et présentée en tournée.
C'est un spectacle qui vient nous chercher, nous troubler, nous remettre en question, comme individu et comme être humain. Voilà: c'était une expérience à vivre absolument, je l'ai vécue, elle me nourrira longtemps et j'en suis heureuse.

06/02/2007

Gui... Gui... Guillaume!

medium_gcoteDans.jpegmedium_guillFace.jpegDimanche après-midi (4 février 2007) j'ai assisté au spectacle donné par Guillaume Côté, un magnifique danseur natif de Métabetchouan: à 23 ans, il est depuis deux ans est premier danseur du Ballet national du Canada. C'était à l'auditorium d'Alma, il avait pour partenaire Tina Pereira (native du Trinidad). C'était un spectacle de l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, placé sour la direction de Toshiaki Hamada.
Très dynamique, celui-ci a bien conduit ses troupes, malheureusement mises au régime minceur en ce qui concerne le nombre de musiciens. Ceci dit, les gens qui remplissaient la salle étaient là pour le danseur plutôt que pour l'orchestre, qui a pourtant vaillamment livré des versions acceptables du Danube bleu et de l'ouverture de la Chauve-Souris de Johann Strauss. Et une fort belle, dansante et échevelée suite de Darius Milhaud: Le Boeuf sur le toit.
Ah Guillaume! Quel danseur! J'étais assise dans la rangée B, je l'ai vu de très, très près. Tous les muscles qui travaillent sous son collant blanc, mais aussi l'expressivité du visage, la joie de danser qui s'exprime à chaque instant, la technique extrêmement solide, les mouvements fluides, l'élégance, la grâce. Arrêtez-moi, je ne me peux plus!
Non, sans blague, j'ai vraiment apprécié. Les danseurs avaient choisi des pièces très accessibles, Roméo et Juliette (de Prokofiev, scène du balcon) et le Lac des cygnes. Du beau ballet classique, livré par deux danseurs à la fois élégants, gracieux et d'une lumineuse jeunesse.
Ensuite le jeune homme a proposé une chorégraphie plus moderne, qu'il a lui-même conçue sur une musique qu'il a aussi composée. Cette fois vêtu d'un simple pantalon de toile, il nous a vraiment éblouis: désarticulé, sautant, athlétique, fort, un tourbillon qui a littéralement emporté toute la salle. Il a terminé sa prestation là où il l'avait commencée, assis sur le banc du piano, après une superbe glissade sur l'instrument.
Enfin il est revenu avec sa partenaire, toujours aussi belle, souple, et légère, pour un pas de deux plus vif et et livré avec un certain humour.
J'ai vraiment savouré mon après-midi à Alma.

04/02/2007

La Rubrique: bravo!

L'automne dernier, j'ai un peu manqué à la résolution que j'avais prise d'assister à beaucoup de spectacles donnés dans la région. Mais cette fois j'ai décidé de m'y remettre, je suis donc allée voir la pièce proposée par le Théâtre La Rubrique, en collaboration avec le Théâtre du Double signe de Sherbrooke, et intitulée Je ne pensais pas que ce serait sucré. Difficile de créer un texte original, en l'occurrence celui de Catherine Cyr, et pourtant, c'est mission accomplie pour les deux troupes. Énergie, talent, intelligence, travail convergent de tous les acteurs et autres artisans parviennent à créer une un spectacle très séduisant visuellement, axé sur un texte à la fois poétique et original, qui pose quelques questions essentielles.
C'est donc l'histoire de Lucifer, qui ne trouve plus sa véritable place dans le monde et qui va consulter une psychanalyste. Il noue un lien très fort avec la fille de cette dernière, Rose, 13 ans, qui l'aidera à re-trouver ses repères, tout en acquérant elle même un peu plus de maturité.
C'est une variation sur le thème du dieu ou du démon tenté par la condition humaine, le langage est intéressant, la jeune fille parle de façon moderne (nonobstant quelques tics un peu agaçants). La métamorphose du papillon (sur laquelle le texte insiste parfois un peu lourdement) est mise en parallèle avec celles de la jeune fille et de Lucifer. Apparaissant sur sa barque dorée, le personnage de Perséphone vient, faire le lien entre Lucifer, le démon des chrétiens, et Hadès, le Dieu des Enfers de la mythologie grecque.
Belle scénographie signée Serge Lapierre, à la fois simple et subtile via moult détails astucieux, et superbes costumes signés Hélène Soucy. La mise en scène est de Patrick Quintal, et Benoît Lagrandeur, directeur artistique de la Rubrique, campe avec assurance et humour ce Lucifer un peu mêlé. Guylaine Rivard est sublime comme d'habitude, et les deux comédiennes de l'Estrie, Lysanne Gallant et Marianne Roy, complètent la distribution de façon très efficace.
La seule réserve que j'aurais concerne la fin de la pièce: elle devrait se terminer au moment où Lucifer monte dans la barque de Perséphone et s'en va avec elle. Les deux scènes suivantes sont redondantes par rapport à tout ce qui a précédé.
Ceci dit, c'est un très bon spectacle, qui séduit et qui, avec humour et délicatesse, nous amène à réfléchir sur le sens de la vie.