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31/12/2006

Bonne année!

2006 est déjà terminé. Pour moi ce fut l'année de ma retraite. Pour le monde, encore son lot de drames, de guerres, de morts, d'injustices.
Ce qui me travaille aujourd'hui, c'est la façon dont des humains ont été traités, hier comme aujourd'hui, par d'autres humains qui prétendent détenir les clefs du bonheur, de la correction, du droit chemin moral et politique.
Les orphelins dits de Duplessis en sont un exemple ici même au Québec. Traités comme des non-humains, taxés de folie, victimes d'exactions dans des institutions prétendument catholiques, sous la pression du clergé et de la bonne société, parce qu'ils étaient nés hors mariage. Et l'Église qui refuse de s'excuser pour cette conduite inqualifiable, indigne de l'humanité, indigne des enseignements de Jésus-Christ.

Malgré tout, je souhaite une

  Bonne année 2007


à tous mes visiteurs!

29/12/2006

Les faits et les croyances

medium_marcelProust.jpgBien sûr il y aurait moins de problèmes et de heurts à propos des accommodements raisonnables s'il n'y avait pas de religion!
La foi et la croyance religieuses, quelle que soit la religion, sont des béquilles déguisées en certitudes : bien que sans aucun fondement dans la réalité, ces croyances évitent aux fidèles de s'interroger sur eux-mêmes, sur leurs choix, sur le système, sur la société. La religion ne sert à rien, sinon à se créer un refuge fantasmagorique confortable, un ensemble de croyances qui nous permet de fermer les yeux sur la réalité, sur les faits.
La hiérarchie religieuse, elle, tout en faisant mine de promouvoir ces croyances, érige un système politique basé sur des faits, ou du moins sur une réalité observable, relative à l'argent, au comportement des masses, et profite de la crédulité des fidèles pour établir son pouvoir et sa domination. C'est cela que les églises, souvent en collusion avec les États, offrent à leurs fidèles: un système, un réseau, une église dans laquelle la place de chacun est prévue, un lieu confortable si on accepte les contraintes imposées en retour, un ensemble de règles tournant aurtour de la sexualité, des obligations sociales, des interdits.
Il faut bien admettre cependant que, même en cas d'éradication totale de la religion sur toute la terre, un objectif fort louable en soi, la question de la croyance demeurerait la même.
Car, ainsi que l'a écrit Marcel Proust:

"Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille, ne la fera pas douter de la bonté de son dieu ou du talent de son médecin."

(À La recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann)

25/12/2006

Meilleurs voeux!

medium_nativBleu.jpegmedium_rougeNati.jpeg
Bon, bien tout de même, je souhaite un

  Joyeux Noël

à tous ceux qui passeront par mon site ces jours-ci!

23/12/2006

Tout le monde en parle ...trop

J'admets que pour un journaliste, l'affaire Myriam Bédard représente ce qu'on appelle une bonne histoire. Du bonbon à cueillir dans l'arbre de Noël, en une période de l'année où les nouvelles se font rares. Et les journalistes ne se gênent pas: ils nous tartinent Myriam Bédard à pleines pages. Ils nous rappellent sa carrière, brillante, ils accusent son conjoint sans aucune preuve, ils interrogent des gens de son entourage.
Et ces gens, à mon avis, ils parlent trop. Les parents de Myriam notamment affirment, devant les caméras, qu'elle va revenir et que tous les problèmes seront réglés, avant même de lui avoir parlé, de savoir ce qui s'est passé. Ils semblent croire qu'une fois séparée de son actuel conjoint, elle changera d'avis et d'attitude. Rien n'est moins sûr.
En tout état de cause, ils devraient faire preuve de plus de retenue. Mais les médias sont là, comme une meute qui attend le moindre commentaire, qui les incite à parler, qui les y force presque. Bouleversés et inquiets, ils n'ont peut-être pas le recul nécessaire pour évaluer l'impact possible de leurs déclarations.

21/12/2006

Prostitution et viol

Virginie Despentes, dans son essai décapant King Kong Théorie, assimile le mariage à la prostitution: un échange de services: l'homme apporte l'argent, le confort, la femme offre le sexe à domicile -et à volonté-. Même si aujourd'hui, l'échange se fait dans les deux sens, cela demeure une intéressante façon de voir les choses.
Autre sujet, pourtant relié: il est extrêmement difficile pour une femme de dévoiler pulbliquement un viol qu'elle a subi: malgré les messages officiels de compassion et de sympathie qu'elle reçoit, malgré la punition éventuelle infligée au(x) coupable(s), plusieurs, sans oser se l'avouer, la considèrent comme «marchandise avariée», impropre à la consommation, candidate défaite au mariage ou à l'union stable.
S'interroger sur nos certitudes, nos attitudes bien-pensantes, remettre en doute tout ce que l'on sait, demeurer vigilants face aux messages véhiculés dans les médias et la société: voilà ce que ce livre nous incite à faire.

20/12/2006

Quelques mots

Noël et les Fêtes ne m'inspirent guère. Même que cette période me paralyse, me rend muette. Alors pour aujourd'hui, je vous offre deux haïkus qui n'on rien à voir:


né dans la misère
en route vers le nirvana
le chien de Pavlov






trop de lignes blanches
retournons à la maison
sous une avalanche

17/12/2006

Entre deux chaises

Les problèmes rencontrés avec des membres de communautés religieuses différentes mettent en lumière l'inconfort des Québécois face à la religion. D'un côté nous nous percevons comme une société laïque, débarrassée des bondieuseries et de l'omniprésence de la religion longtemps subies. D'un autre côté, nous avons conservé des symboles hérités du temps où les curés dominaient toute notre vie: par exemple, à l'hôpital de Chicoutimi, il y a un crucifix dans plusieurs chambres (je ne sais pas si c'est toutes les chambres, car je ne les ai pas toutes visitées!) et des personnes passent régulièrement pour offrir aux malades de communier s'ils le désirent. Et il y a aussi les traditions de Noël, le sapin, la crèche, le petit Jésus, que nous avons conservés, puisqu'ils étaient déjà là. La messe de minuit : certains y vont parce qu'ils sont croyants, mais plusieurs y assistent tout simplement parce que c'est une sortie agréable, un beau spectacle. La tradition est encore là, avec son cortège de symboles, mais la foi qui soutenait l'édifice est disparue, ce qui rend ce dernier extrêmement fragile.
Par ailleurs, les gens d'autres religions installés ici, les musulmans et les juifs, entre autres, nous apparaissent comme de fervents croyants: nous avons donc tendance à nous incliner devant la force de leurs convictions religieuses, car nous n'en avons pas de semblables à leur opposer.
Et eux, ils observent les préceptes moraux de leur religion, tandis que nous nous moquons de ceux que nous respections autrefois : tenues légères ou indécentes telles strings apparents ou décolletés plongeants, sexe avant le mariage, union homosexuelle, adultère, divorce: tout cela est condamné par la morale catholique, mais accepté (plus ou moins dans certains cas, mais on peut en débattre publiquement) par l'appareil social et la conscience individuelle.

15/12/2006

Mon beau sapin

medium_beausapin.jpgC'est bizarre que l'expression accommodement raisonnable fasse grimper tant de monde dans les rideaux. Des gens de gauche, de droite, des athées, des croyants dénoncent, on pointent du doigts des gestes posés par des individus ou organisations pour tenter d'harmoniser une cohabitation avec des gens de cultures différentes, en répondant à des demandes qui, à prime abord, leur ont semblé légitimes. Des humains tentent de vivre en bonne entente avec d'autres humains. Gestes qui, pour cause de médiatisation éhontée de tout, se retrouvent dans les journaux, à la une, sur les tribunes radiophoniques où ils n'ont pas d'affaire.
Demandes un peu exagérées, maladresse dans les réponses, peut-être. Mais va-t-on en faire tout un plat? C'est comme dans un couple: pour que l'harmonie règne, il faut faire des concessions, accepter des conduites, des propos avec lesquels on n'est pas nécessairement d'accord. Tout cela est toujours en mouvement, oscille d'un côté, puis de l'autre: il s'agit de savoir quand ça va trop loin. Et même alors, dans bien des cas, il est possible de revenir en arrière, de se réajuster, de pardonner.
Tout est une question de bon sens et de limites: on n'adoptera pas les conduites venues d'autres cultures et que nous jugons incompatibles avec le système social adopté ici (qui, soit dit en passant, est loin d'être parfait), ni des façons de faire qui mettent à mal les libertés individuelles. Cependant, les gens qui viennent d'ailleurs n'ont pas toujours la partie facile, et on peut comprendre qu'ils soient heurtés par certaines pratiques ayant cours ici, que leur tradition millénaire leur a fait envisager comme mauvaises ou dangereuses.
Mais il y a aussi, parmi eux, des petits malins qui demandent des choses juste pour voir ce que vont faire les Québécois «de souche», pour voir s'ils vont se laisser passer ce sapin...

11/12/2006

Ciao Roberto

medium_alagna.jpegJ'écoutais samedi soir l'émission de Michel Drucker, sur TV-5, un spécial Roberto Alagna, probablement présenté en rediffusion. Le ténor français, une véritable star dans son pays, et qui se prête volontiers au jeu médiatique, a accueilli des des invités, chanté du classique, du jazz, de la pop, avec Patrick Bruel, Lyne Renaud, Paul Anka, Lara Fabian, et sa femme, la soprano Angela Gheorghiu. Émission un peu longuette, mais sympathique. Je ne suis pas une fan d'Alagna, mais j'écoute parfois son Va pour Kleinzach (tiré des Contes d'Hoffman, d'Offenbach), que j'aime bien, et, en DVD, L'elisir d'amore, de Donizetti (Opéra de Lyon), où il donne justement la réplique à Angela.
Or voici que dimanche, le ténor, qui chantait le rôle de Radamès dans Aïda de Verdi à la Scala de Milan, a quitté la scène tout de suite après avoir chanté son premier air: Celeste Aïda, qui fut ponctué par des huées provenant du public. Il a eu peur de briser sa voix en continuant à chanter dans cette atmosphère houleuse, a-t-il expliqué ensuite. Les critiques avaient émis quelques réserves sur sa prestation, lors de la première jeudi dernier, tout en encensant le reste de la distribution, ainsi que la direction musicale et la mise en scène, signée par nul autre que Franco Zefirelli.
C'est un geste tout à fait exceptionnel qu'a posé là le ténor français. Difficile à expliquer, compte tenu de sa grande expérience, du fait qu'il a certainement connu tous les cas de figure. Mauvaises critiques, public hostile ou indifférent, conditions difficiles, tout ça fait partie de la vie d'artiste. Il connaissait certainement le phénomène des loggionisti, sorte de hooligans qui occupent des loges à la Scala et qui font la pluie et le beau temps. Ils ont déjà hué la Callas, et Pavarotti, entre autres.
Je ne veux pas donner tort ou raison à Roberto Alagna, je n'étais pas là, et je ne sais rien de sa performance. Mais ce que je sais, c'est que je n'aurais jamais su qu'il chantait cette oeuvre à la Scala s'il n'avait posé ce coup d'éclat. Une façon -sans doute pas la meilleure- de faire parler de lui dans les médias du monde entier...

08/12/2006

Chef-d'oeuvre?

medium_piercLarry.2.jpgUn livre formidable, que ce Piercing de Larry Tremblay. Pas loin du chef-d'oeuvre, me semble-t-il, et je ne dis pas ça parce que l'auteur est originaire du Saguenay. La première des trois nouvelles, intitulée La hache, est remarquable. J'ai été jetée par terre par les dix premières pages, une sorte d'analyse du monde moderne, en raccourci, avec des images fortes et des considérations percutantes. Le dernier texte, Anna à la lettre C, peut-être déjà publié ailleurs, est excellent aussi: le ratage d'une rencontre dans toute son horreur. Piercing est peut-être un peu plus faible, mais très intéressant aussi: la dérive d'une jeune fille qui quitte son Saguenay natal pour vivre à Montréal. Larry Tremblay est un auteur de grande qualité, il sait écrire, et il connaît la force des mots. Il a écrit des pièces de théâtre formidables, comme The Dragonfly of Chicoutimi, pièce à un seul personnage magnifiquement joué par le comédien Jean-Louis Millette, que j'ai eu la chance de voir au Petit théâtre de l'Université du Québec à Chicoutimi quelques semaines seulement avant sa mort, Le ventriloque, vu en lecture publique à Jonquière, de même que Le déclic du destin, La leçon d'anatomie, Le mangeur de bicyclette, des textes magnifiques que j'ai lus en imaginant ce que cela pourrait donner sur scène.