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07/11/2005

Quel Misanthrope !

La troupe les Têtes Heureuses ose monter Le Misanthrope de Molière.
Et son audace nous rend heureux.
Défi totalement relevé, en effet, par le metteur en scène Rodrique Villeneuve, son équipe et ses comédiens et comédiennes, tous plus excellents les uns que les autres. Christian Ouellet, dans le rôle d'Alceste, un homme très jeune, comme l'a pensé Molière, incapable de s'adapter aux us et coutumes du monde, souffrant de cette incapacité et s'y enferrant tout à la fois, se montre intense, tourmenté, transformant les dialogues avec les autres personnages en monologues rageurs. On suit tous les mouvements de son âme, qui paraissent sur son visage, dans son corps. Cette totale inadéquation au monde se manifeste à travers sa jalousie, exacerbée, qui finit par détruire l'amour que Célimène lui porte. Superbe Célimène de Marie Villeneuve, cheveux blonds, visage à la Catherine Deneuve: elle aime Alceste, mais d'un amour qui ne la rend pas aveugle. Cette jeune veuve de 20 ans, à l'âme légère, prête à tout sacrifier pour le plaisir de faire un bon mot, voudrait aussi s'amuser et profiter des joies que le monde peut lui offrir. Le visage mobile de la comédienne traduit bien lui aussi les moindres nuances de ce que ressent Célimène.
Pas de décor, sinon des chaises, des lustres, une aire rectangulaire au milieu de la scène. En toile de fond, un grand écran sur lequel des projections où on voit Alceste, en gros plan et en noir et blanc, assurent les transitions entre les scènes.
Un misanthrope donc plus jaloux, plus malheureux que ce qu'on a l'habitude de voir, qui va jusqu'à se rouler par terre, de désespoir et de douleur, mais c'est une vision permise par le texte de Molière: Villeneuve n'a rien inventé, il est fidèle au texte. Les jeunes comédiens disent leur alexandrins avec naturel, ce qui est un exploit en soi. Les éclairages nets et intenses d'Alexandre Nadeau sculptent avec brio les scènes, les mouvements, les visages.
Une équipe allumée qui encore une fois, se donne totalement à la réalisation de cette production de grande qualité. Ce Misanthrope pourrait s'exporter à Montréal et ailleurs sans aucun problème.

Le samedi 5 novembre 2005, une belle première a réuni environ 250 personnes au Petit théâtre du Pavillon des Arts, Université du Québec à Chicoutimi. Il y a des représentations jusqu'au 20 novembre. Courez-y tous!

Ma note: 9.5/10

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